Homélies des mois de Janvier à Juin 2018


Vendredi 29 juin : Solennité de St Pierre et st Paul

Ac 12, 1-12 : L’arrestation de Pierre et sa délivrance miraculeuse.

Ps 33

2Tm 4, 6-8.17-18 : Recommandations suprêmes.

Mt 16, 13-19 : Profession de foi et primauté de Pierre.

 

Pierre et Paul sont des exemples éminents pour celles et ceux qui se laissent saisir par l'Amour ; ils étaient, d’ailleurs, tout proches de la source, ayant été pour l'un, compagnon de Jésus, avoir été jusqu'à sombrer dans la mer et avoir renié trois fois et pour l'autre, tombé sur sa route qui le conduisait à Damas alors que nous ne sommes pas complètement sûrs qu'il ait rencontré Jésus de son vivant (vivant de Jésus, du moins avant sa passion) mais il l’a rencontré, ressuscité, sur ce chemin de Damas.

L’un et l’autre se sont convertis, (retournés comme des crêpes) et c'est ce qui fonde la beauté de leur ministère.

 

Je voudrais attirer votre attention sur trois formes de mort que peuvent connaître les pasteurs.

Les apôtres ont tous été martyrs et toute forme de pasteur et de baptisé parce que par leur baptême, par notre baptême, nous sommes prêtre, prophète et roi.

La première mort et celle que nous célébrons aujourd'hui, c'est celle du martyre, complètement comme Irénée, hier.

Le martyre témoigne de sa foi, reste fidèle à cette source d'Amour dans un milieu hostile ; nous avons connu le père Hamel, il y a deux ou trois ans, en France ; nous voyons ce que ça veut dire.

La deuxième, c'est la mort à soi-même ; c'est comment l’exercice

du ministère,

de la mission,

de l’apostolat, par fidélité au Christ conduit à bien des renoncements, bien des transformations personnelles ;

des orgueils qui peu un peu, s’effritent ;

 des certitudes qui sont de moins en moins certaines

et des durcissements qui finissent par devenir plus malléables, brûlés au soleil de l'Amour.

C'est une mort et une grande souffrance, ce n'est pas toujours une immense joie : la deuxième mort.

 

Et la troisième mort c'est : celles et ceux qui, par incohérence, exercent un ministère, un service de leurs frères au nom de l'Évangile, ont l’apparence de brebis mais sont et demeurent des loups féroces, à l'intérieur.

Ils finissent tôt ou tard par être retranchés, par mourir.

 

Nous célébrons Pierre et Paul qui étaient plutôt les premiers et aussi, beaucoup, les deuxièmes ; je vous rappelle, les premiers : le martyre, deuxièmes : mort à soi-même.

 

Prions très fort pour que les pasteurs ne fuient pas la première mort, si elle venait à paraître sur leur route.

Prions très fort pour qu'ils aient le courage d'affronter la deuxième et qu'elle arrive bien vite dans leur ministère et dans la vie de chacun des baptisés, cette mort à soi-même et que Dieu nous écarte de la troisième.

 

Amen.


Jeudi 28 juin : st Irénée

 

La lecture qui a été proposée en première lecture est un extrait d'une lettre que Paul adresse à Timothée, est tronquée (je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs) ; il aurait fallu lire aussi le verset qui est juste avant mais il n'était pas sous tes yeux, donc, tu ne pouvais pas le lire, Delphine.

Paul écrit à son disciple Timothée : "rejette les passions de ta jeunesse" et donc il va poursuivre en disant : "mais cherche plutôt à vivre dans la justice, la foi, l'amour et la paix".

"Les passions de la jeunesse" ; il ne dit pas : ‘rejette les passions’; il ne dit pas : ‘éteints le désir en toi’ ; il dit : " rejette les passions de ta jeunesse" et quand il va poursuivre en disant : " mais recherche plutôt à vivre la justice, la foi, l'amour et la paix", pourvu qu'il y ait de la passion à l'intérieur parce que sinon, tu vas être un pasteur et un témoin de l'Évangile sans saveur.

Rappelez-vous : il faut avoir du sel.

 

Il y a une image dans les littératures spirituelles qui pourrait vous parler, c'est celle de l'arc (un arc avec des flèches).

Un arc dont la corde n'est pas tendue ou une cithare, une lyre dont les cordes sont pas suffisamment tendues, ne donneront rien ; un arc pour chasser, avec une corde qui n'est pas tendue, n'a aucun intérêt.

Il faut tendre l'arc de désir sans quoi : d'abord, on risque d'être triste

et puis ce n'est pas impossible que l'on sombre dans une forme de dépression

ou que toute chose que l'on pourrait produire soit très laborieuse et n’entraîne ni soi-même ni les autres.

 

Mais alors, le danger (parce que tendre la corde de l'arc, c'est une chose), c'est qu'elle casse ; c'est un autre danger.

Effectivement, un désir excessif finit par briser la personne même mais les autres, aussi (soi-même ou les autres).

On peut prendre un exemple : je vois que vous êtes deux coureurs, je sais que Muriel (c'est Delphine qui m'en a beaucoup parlé) court avec toi, Delphine.

La course : on était à une soirée avec toi, Xavier, il y a quelques semaines où il était question de marche à pied.

Donc, il y avait un coureur (un marcheur sportif, dirions-nous) qui, lors de cette soirée, disait que ceux qui font de la grande compétition, (notamment dans la marche), le font aussi pour les effets que ça produit sur le corps : la marche en compétition, produit des endorphines (ça produit une sorte de bien-être, à la fin ; on est très satisfait d'avoir fourni un gros effort).

Le danger, c'est toujours de pousser le curseur toujours un tout petit peu plus loin : on est très satisfait, est-ce qu'on pourrait être très, très satisfait la fois suivante?

Et encore plus les fois d'après ?

Attention à la rupture de la corde !

 

Le désir, c'est ce que tous nos frères et nos sœurs qui vivent de l’Evangile, en situation de persécution, en situation de pauvreté, en situation de première annonce (donc d'indifférence); c'est-à-dire : au fond de leur cœur, un amour puissant, qui ne peut pas rester pour eux-mêmes et qui est un amour de première main (c'est-à-dire que ce n'est pas une longue transmission qui date de millénaires perdus), un amour frais ; et cet amour-là, il n'y a rien qui puisse le diffuser, le transmettre à notre tour si nous ne nous y mettons pas.

Transmettre un amour ce n'est pas uniquement une affaire de paroles, c'est une affaire de toute la vie.

 

Se tend alors l’arc du désir : qu'est-ce que je vais faire avec ce trésor ?

Il faut que je fasse quelque chose !

Sans quoi, deux choses : (je vous le rappelle) la corde n'est pas tendue et je peux perdre (un peu comme on met du vin nouveau dans des outres vieilles), je peux perdre et cet amour et je peux me perdre aussi.

Ou bien alors, si cet amour vivement présent en moi, je veux le transmettre en dehors de toute liberté de quiconque (la mienne et celle des autres), la corde va se briser ; c'est-à-dire qu'il n'y aura personne pour le recevoir malheureusement et je vais finir soit par être déçu de cet amour soit, (qui sait ?) ne plus aimer la vie.

Si personne ne peut recevoir cet amour dans ce bas-monde, je vais vouloir rejoindre le ciel très vite.

 

Un martyre, ce n'est jamais quelqu'un qui a provoqué sa mort, attention !

Il n'a pas provoqué sa mort.

 

Alors, "rejette les passions de ta jeunesse", (je finis par là)

Qu'est-ce qu'un jeune, au fond, dans une littérature spirituelle ?

Qu'est-ce que serait cette jeunesse dont parle Paul à Timothée ?

C'est celui qui ne sait pas tendre la corde de son arc : il va osciller entre découragement, mollesse et excès.

C'est quelqu'un qui cherche encore sa mesure, c'est quelqu'un dont l'amour en lui, est encore un peu trop extérieur à lui ou encore méconnu de lui, pas suffisamment connu de lui.

Cette jeunesse-là peut être à tous les âges de la vie ; Claude-Annie, je pourrais très bien dire : ‘Claude-Annie, rejette encore enfin les passions de ta jeunesse, rentre dans ta mesure, Claude-Annie’.

Je peux dire ça, ce n’est pas que pour un adolescent !

 

Il y a plusieurs petites recettes.

Si je dis : ‘demeurez en Christ’, j'ai tout dit et je n'ai rien dit.

Bien sûr, il faut demeurer en Christ, on est d'accord mais comment ?

Il y a des choses très, très pratiques ; (on se le redit) : jamais ‘pour soi’ mais ‘toujours avec’ en toute chose, en paroisse ou à l'extérieur.

Vraiment donner du temps, même si on a l'impression d'en perdre, en se disant : ‘mais il y a des choses plus importantes, plus urgentes, je n'ai pas le temps, je ne sais pas, …non !

On sait, c'est toujours important de placer un rendez-vous avec la lecture de l'Ecriture même si c'est trois versets.

Pratiquer ces fameuses vertus ; ne pas les chanter ni les dire mais les pratiquer : justice, force, tempérance, prudence.

Quelqu'un qui n'est pas prudent, c'est quelqu'un qui ne tend pas sa corde ou qui la tend trop, par exemple, (qui est encore dans "les passions de sa jeunesse" ; ne mange pas le soir, par exemple).

Pratiquer le pardon.

Quand on va dire : ‘je pardonne tout, sauf ça’ ; eh bien oui, il manque encore des choses.

L'humilité ; l'humilité plus on en parle moins on est humble (vous le savez), c'est aussi le problème.

Une dernière chose : la corde de l'arc est suffisamment tendue quand nous avons conscience que nous sommes en chemin : on est mieux aujourd'hui qu'on ne l'était hier et peut-être, ce sera mieux demain et peut-être que je tomberai demain mais je me relèverai après-demain.

Mais si j'ai conscience que je suis en chemin, la corde est tendue comme il faut.

Mais si je n'ai plus conscience que je suis en chemin ou que je crois que je suis arrivé ; eh bien la corde : ça ne va pas. "

"Rejette les passions de ta jeunesse".

Amen.


Dimanche 24 juin : solennité de la naissance de st Jean-Baptiste

Is 49, 1-6 : Deuxième chant du Serviteur.

Ps 138

Ac 13, 22-26 : La prédication de Paul devant les Juifs à Antioche de Pisidie.

Lc 1, 57-66. 80 : Naissance de Jean-Baptiste.

 

La directrice de l'école Sainte-Thérèse s’appelle Madame … et son prénom : Marie Elisabeth ; deux femmes qui se rendirent visite.

 

Je raconte l'histoire pour comprendre ce qui se passe, aujourd'hui : Marie reçoit la visite, un jour, d'un ange (Marie est une jeune femme encore vierge, très jeune) et l’ange lui annonce qu'elle va porter dans son ventre, un enfant qui sera le Sauveur, le Messie tant attendu, Jésus, Emmanuel : ‘Dieu avec nous’.

Elle se dit : "mais comment cela se fera-t-il ? "

"Tout est possible à Dieu ; d'ailleurs, ta cousine Elisabeth (une femme très âgée et stérile) attend un enfant, elle en est à son sixième mois".

Marie répond : "qu'il me soit fait selon ta parole".

Rencontre finie avec l'ange.

 

Joseph a aussi une visite ; lui, c'est pendant sa nuit : ‘celle avec qui tu es fiancé est enceinte, c'est de l'Esprit Saint.

Tu vas donc avoir un fils’.

 

Marie part en hâte en direction de chez sa cousine qui habite en Judée ; elle va donc voir Elisabeth.

À peine arrivée l'une près de l'autre (Elisabeth qui a un enfant dans son ventre depuis déjà six mois, Marie, à peine quelques jours), dans les matrices maternelles, aussi étonnant que cela puisse paraître, l'enfant que porte Elisabeth se met à danser de joie : il tressaille, il danse de joie.

Pourquoi ?

Parce qu'il a repéré après à travers les membranes, les peaux, il a repéré dans le ventre de Marie : il y a le Sauveur.

Alors Elisabeth accueille Marie : "comment m'est-il donné à moi, de recevoir celle qui sera la mère de mon sauveur ? "

 

Trois mois plus tard, Jean-Baptiste naît et six mois plus tard Jésus naît, (ça va être donc en décembre).

 

La rencontre avec Elisabeth, suivie de cette naissance de Jean-Baptiste, nous en avons le récit qui a été fait aujourd'hui : tout le monde s'étonne, comment est-ce possible ?

Cette femme âgée et stérile qui a pu avoir un enfant !

Zacharie, qui est le père, s'en étonne lui-même et voici que la question est : qu'est-ce que cet enfant va devenir ?

Et surtout quel nom va-t-on lui donner ?

La tradition voulait que l’on donne le nom de quelqu'un de connu dans la famille.

"Il s'appellera comme son père : Zacharie".

"Non ! "

 

Pourquoi Zacharie doit-il écrire sur une tablette le nom de son fils ?

Je vous redis un élément que vous avez peut-être oublié : c'est parce que Zacharie ne croit tellement pas que ça puisse être possible qu’il devienne papa, qu’il va devenir muet.

Et au moment de donner le nom à son enfant, il va donc devoir utiliser une ardoise et sur cette ardoise, il va écrire le nom de l'enfant : "son nom est Jean".

Un autre nom, un nom qui n'existe pas encore dans la famille ; ça ne sera pas Zacharie comme le père, ce sera Jean.

Voilà pour l'histoire.

 

Trente ans plus tard, Jean-Baptiste est prophète dans le désert: il propose aux hommes et aux femmes qui veulent changer de vie, se préparer à la venue du Messie, (à celui qui était tant annoncé, tant attendu),  il leur propose le baptême :

‘vous voulez changer de vie ?

Vous voulez que vos vies soient moins médiocres, qu’elles aient plus de goût,

plus de sens,

plus belles ?

Eh bien, pas de problème, venez vers moi : je vous plonge dans l’eau, (c'est l'eau du Jourdain)’ et alors ces hommes et ces femmes sont prêts à recevoir la venue du Messie.

 

Jean-Baptiste accueille à un moment donné, son cousin Jésus.

Est-ce que Jésus a besoin de changer de vie ?

Non.

Au moment de son baptême, une voix vient, accompagnée d'une colombe et d’une lumière : "celui-ci est mon Fils bien-aimé".

Jean-Baptiste d'ailleurs, va reconnaître qu'il n’a pas à baptiser Jésus ; il n'a pas à le baptiser car il est le Messie et Jésus dit : "si ! Laisse faire, laisse faire".

Et il le baptise.

 

Pourquoi écoute-t-on ces textes, aujourd'hui ?

Quel sens peuvent-ils avoir pour nous ?

Est-ce que ça vous est déjà arrivé de vous demander : ‘est-ce que ce qui arrive dans ma vie, c'est écrit quelque part ?

Est-ce que ce qui arrive dans ma vie, c’était prévu ?

Est-ce que ce qui arrive dans ma vie, je peux le changer ?

Suis-je libre de l'orientation de ma vie ?

Est-ce que ça vous est déjà arrivé de penser qu'il existe une prédestination : c'est-à-dire que quoi que je fasse, quels que soient mes choix, je vais là où une force supérieure (voire même le bon Dieu lui-même) m’aurait prédestiné ?

 

Les chrétiens croient en la prédestination ; ils pensent que nous sommes prédestinés à devenir fils et filles de Dieu, c'est clair et nous croyons que Dieu parle aux oreilles de chacun, quoiqu'il se passe, quelles que soient les circonstances de leur vie.

Et que certains écoutent, entendent, se réveillent, accueillent cette parole, d'autres non !

Peu importe !

Mais nous sommes tous  prédestinés à devenir comme Jésus : fils et filles de Dieu.

 

Notre vie c'est un petit peu comme un chemin et sur ce chemin il y a des carrefours ; à ces carrefours, de nombreuses routes partent à droite, à gauche, au milieu, des obstacles (il faut monter, il faut descendre, il faut contourner) et à chaque carrefour, chaque obstacle, chaque question qui se pose, il nous faut faire des choix, c'est sûr !

Mais nous croyons que dans ces carrefours, ces obstacles, ces lieux à contourner, le Seigneur nous fait signe.

Il n'y a aucun arbitraire sur notre route, le Seigneur nous fait signe.

Nous pouvons ne  pas voir les signes, ce n'est pas grave si nous n'avons pas peur !

Et nous pouvons les voir, les détecter, les comprendre et les franchir avec la foi ; c'est bien et c'est même mieux, d'une certaine façon.

 

Si notre route est comme un chemin avec ses obstacles et ses contours, la dernière question qu'on peut se poser, c'est comment faire pour ne pas avoir peur et pour avoir confiance ?

Il y a trois situations : la première situation, c'est ceux qui ont du mal à savoir où ils vont.

Ils avancent et plus ils avancent, plus ils saisissent ce qu'ils sont.

‘Moi qui suis petit, je voudrais devenir astronaute et puis je grandis et je veux devenir professeur et je grandis et on me dit qu'il faut que être bon en maths, alors je vais changer, je vais devenir mécanicien et puis je continue et puis je me rencontre que je préférerais être libraire et j'avance en fonction des rencontres que je vais faire, des situations qui se présentent à moi.

Ma vie, je la découvre en avançant’ : première situation.

Ça c'est à tout le monde, c'est le cas de tout le monde.

 

La deuxième situation c'est le cas de Jean-Baptiste : Jean-Baptiste lui, il avait beaucoup d'intuition, il savait très bien où allait son chemin, il était clairvoyant, il voyait loin, loin, loin mais il était prudent Jean-Baptiste et bien qu’il voyait loin, il avançait prudemment.

 

Et la troisième situation, c'est Jésus : Jésus, lui,  sait qui il est, il n'a pas besoin d’accélérer sa route ni même de freiner son pas.

Il sait qu'il est Fils de Dieu depuis toujours et il avance avec confiance.

Nous croyons que ça, c'est avoir de la joie.

Celui qui avance avec confiance sans savoir forcément d'avance, où l’emmène son pas ; celui-là, celle-là est dans la joie ; il est dans la joie profonde.

Et nous pensons que Jésus était dans la joie, tout le temps, parce qu'il savait.

Il était dans la confiance du  Père.

 

Alors, en cette fête de Jean-Baptiste, nous pouvons demander que Jean-Baptiste nous fasse signe, qu’il nous aide à écouter la parole, qu’il nous aide à reconnaître la présence de Jésus afin que, sur notre route, nous ne soyons pas trop effrayés par ces tournants,

ces détours,

ces obstacles,

ces carrefours et que, lorsqu'il y a des choix à poser, nous puissions nous mettre en prière : demander au Seigneur qu'il nous donne sa confiance,

qu'il éclaire notre route,

qu'il rassure notre pas.

 

Cette fête de Jean-Baptiste c'est la fête de tous ceux et de toutes celles qui ont des choix à faire dans leur vie.

Que le Seigneur leur donne confiance : "que ce sera donc cet enfant ? "

Peu importe, il est dans le cœur de Dieu et il jouit de sa confiance.

Que ce soit pareil pour nous, que ce soit pareil pour ces jeunes que vous formez, à l'école Sainte-Thérèse et tous ceux et toutes celles qui sont en responsabilité d’éducateur.

Apprenez-leur à être à la fois, très libres et en même temps, dans une immense confiance.

 

Amen.


Vendredi 22 juin 2018

 

Les mites, les vers qui dévorent, qui rongent, les voleurs qui volent, et percent les murs, et l’œil qui peut être opaque. Il ne faut pas attendre de mourir et de peut-être aller au ciel pour être préservé une fois pour toutes de ce qui ronge et de ce qui est opaque. Nous pouvons nous préserver dès maintenant de ce qui ronge et de ce qui est opaque par la propre mesure que nous employons dans notre vie, vis-à-vis de nous-mêmes et vis-à-vis des autres. Notre mesure est notre ciel. Nous éprouvons notre liberté à utiliser cette mesure. Plus nous utilisons notre mesure, une mesure qui nous permet de nous tenir à distance de ce qui ronge et de ce qui est opaque, plus nous utilisons cette mesure, eh bien, plus nous sommes préservés de ce qui ronge et de ce qui est opaque.    

 

Et ce qui ronge et ce qui est opaque est différent selon chacun. Personne ne peut dire : « Voilà universellement ce qui ronge tout homme, voilà universellement ce qui est opaque dans la vie de chacun ». C’est un héritage lointain du péché des origines. Une fois que nous avons souffert de ce qui ronge et de ce qui est opaque, nous pouvons nous en méfier. C’est un peu comme « Il faut être pris pour être appris » ou bien encore « c’est après avoir touché ce qui brûle que l’on sait ce que c’est que brûler ». Si nous avons fait l’expérience dans nos vies de quelque chose, qui nous ronge ou de quelque chose qui nous rend opaque, eh bien, tout simplement, au lieu de nous en plaindre ou d’accuser autrui, autant se méfier de ce qui ronge et de ce qui rend opaque.

 

Alors nous pouvons nous appuyer sur deux choses : la première, c’est la confiance très forte en Jésus-Christ, il nous a sauvés ; il nous a sauvés ! Car lorsque nous commençons à nous éloigner de ce qui est source de souffrance dans notre vie, lorsque nous voulons utiliser la mesure qui nous préserve de ce qui ronge et qui rend opaque, nous pouvons ressentir en nous de la honte : « Mais pourquoi me suis-je laissé faire ? » Le Christ nous sauve de cette honte-là, et toute l’humanité, en remontant jusqu’à Adam, nous pouvons nous appuyer sur ce Christ qui nous sauve.

 

 

La deuxième chose, c’est d’user de la vigilance, de la force, de la prudence, de la tempérance et de la justice pour ne pas nous laisser séduire, et si je remonte aux origines, ne pas nous laisser séduire comme Eve qui s’est laissée séduire par le Séducteur. Car ce qui ronge et ce qui est opaque dans notre vie, c’est le Séducteur qui en est l’acteur. Vous voyez donc venir à nouveau Force, Tempérance, Justice, Prudence, pour ne pas nous laisser aller à outrepasser notre mesure personnelle pour rester dans notre ciel, pour ne pas souffrir davantage, et ne pas faire davantage souffrir les autres. Quels en sont les fruits ? Les fruits de celui qui reste dans sa mesure, dans son ciel, qui ne se laisse pas ronger, dont l’œil ne devient pas opaque ou ne veut pas le devenir à nouveau. Cela va être la maîtrise de soi, la crainte de Dieu, et ça va être l’Amour.

Amen.


Jeudi 21 juin 2018

 

La traduction du Notre Père telle qu’elle nous est offerte aujourd’hui en Saint Matthieu rabote un peu la version qu’on peut trouver dans l’Evangile. La prière du Notre Père, c’est la prière de Jésus qui formule tout ce qu’il a vécu lui-même en se faisant l’un des nôtres. Lorsque Dieu, en Jésus, est venu nous visiter, tout ce qui a été renoncement, tout ce qui a été bonté, tout ce qui a été pédagogie de Dieu envers nous, tout ce qui a été patience, tout ce qui a été enseignement, sanctification, chasser les démons, faire découvrir le Père, tout cela c’est condensé dans ces mots du Notre Père. Jésus dit par ailleurs : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté du Père ». Tout cela, sa mission, sa vie, c’est condensé dans ces mots et nous donne un peu la clef. J’espère que l’on prend conscience que comme il est rappelé chez Saint Jean, « Dieu, nul ne l’a jamais vu ». Mais on a vu Jésus qui connaît le Père ! Et on s’adresse donc avec Jésus au Père, on dit « notre Père ». C’est la prière de Jésus. Jésus est dans l’intimité du Père, il le connaît à fond…

 

Alors, on ne tord pas la prière du Notre Père, on ne lui fait pas trop de mal si jamais, pour s’aider à entrer encore mieux dans cette prière, si, à la place de « Père », on met Jésus, le Fils. Déjà, si nous, dans notre relation avec le Fils, nous avons la même fidélité, la même obéissance, la même reconnaissance que celle que le Fils a pour le Père, c’est déjà quelque chose. Mais c’est pour mieux entrer dans la relation que Jésus a avec son Père. Et on ne tord pas non plus, on ne fait pas trop de mal à cette prière, si, quand il est question du Règne, du Royaume qui vient, on met l’Esprit Saint. C’est l’Esprit du Père et du Fils qui nous est promis. A tous ceux et celles dont il est question au début du discours de Jésus sur la montagne, dans les Béatitudes, les pauvres de cœur par exemple à qui le Royaume de Dieu est promis, si nous sommes comme tous ceux-là dans le Royaume promis, c’est que nous vivons de l’Esprit Saint. Et qu’est-ce qui nous fait vivre de l’Esprit Saint ? C’est l’Esprit Saint lui-même. On le demande cet Esprit Saint. Plus on le demande, plus il nous est promis, plus il nous est promis, et plus nous y entrons.

 

Autre chose : il est question de pain. « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». On peut se dire que ce pain il a plusieurs formes. D’abord le pain quotidien, ce que nous allons manger… Mais il y a aussi un autre pain, le pain de Jésus. Je vous rappelle que la nourriture de Jésus c’est de faire la volonté de son Père. Qu’est-ce qui a mobilisé Jésus pendant toute sa vie parmi nous ? C’est de s’adapter à ce que nous sommes et nous faire connaître le Père. C’était sa mission, sa nourriture, son pain. Alors quel est notre pain, à nous s’il n’est pas que le pain que nous allons avoir dans notre assiette ? Notre nourriture à nous, quelle est-elle ? Nous avons la réponse juste après : remettre les dettes à nos débiteurs, délivrer les uns et les autres des fardeaux que nous déposons sur leurs épaules, cela, c’est notre pain, c’est notre nourriture à nous.

 

Bien sûr, il y a encore un autre pain, c’est le pain de l’Eucharistie, que nous allons recevoir dans quelques instants. Mais le pain de Jésus, jusqu’à sa mort, c’est nous faire connaître le Père ; notre pain à nous, c’est d’ôter les fardeaux les uns des autres par ce pardon que nous nous échangeons. Il y a le pain du travail de chaque jour, et puis le pain eucharistique qui s’offre là sur cet autel, par la vie de Jésus offerte et par nos vies. Mais prenons conscience que c’est d’abord la prière que Jésus a eue, tourné vers son Père.

 

Je ne vous ai pas parlé du prophète Elie. Qui était le prophète Elie ? Très vite on a estimé que c’était certainement celui qui préparait la venue du Messie et puis ensuite on s’est même demandé si Jean-Baptiste n’était pas Elie lui-même, et après c’était : « Jésus, ne serait-il pas Elie ? Et Jésus a vu Elie et Moïse à la Transfiguration. Elie est une figure qui, à quelques jours de la Nativité de Jean-Baptiste, nous permet de tourner nos regards vers l’Agneau de Dieu, vers ce fruit qui nous est offert par le Père, en Marie.               


Mardi 20 juin 2018

 

Aumône, prière, jeûne, ces trois piliers dont nous entendons parler au début du Carême. Trois prescriptions que nous donne Jésus dans le prolongement du discours de Jésus sur la montagne, et qui peuvent raviver en nous l’amour.

Ce qui revient en permanence, c’est le conseil de se défier du regard des hommes et plutôt de rechercher le regard du Père qui est dans le secret. Et j’oserai rajouter, je ne pense pas que ce soit un mauvais de rajouter cela, j’ai envie de rajouter le regard de Marie. Mais Dans les deux cas, le regard du Père, le regard de Marie, dans le secret, nous permet de remettre en route l’amour.

Un amour en panne est un amour qui cherche le regard des hommes. Un amour en route, un amour vivant, actif, est un amour qui quête le regard du Père dans le secret. Celui qui souffre d’acédie, d’un amour en panne, va chercher le regard salvateur de ses frères. Celui qui n’est pas dans l’acédie, celui qui est dans la mesure, dans la vie spirituelle vivante, celui qui est dans la relation du Père, du Fils et de l’Esprit, va aimer le désert, la cellule, le secret, le caché. Non pas qu’il disparaisse de la vie des hommes, mais son centre de gravité, le lieu de son repos, le lieu de sa joie, c’est le regard du Père, peut-être celui de Marie, dans le secret.

Alors comment faire s’il ne s’agit pas de s’enfermer dans nos chambres du matin jusqu’au soir et du soir au matin ? C’est peut-être tout simplement l’exercice de la mesure, l’exercice de la tempérance, l’exercice du jeûne, de la prière, de l’aumône, la pratique des vertus, toutes ces pratiques, qui vont nous mettre à distance de ce regard des hommes qui ne vient rien faire d’autre que d’exciter en nous le plaisir de soi.

 

Mais plutôt rechercher seulement le regard du Père et la présence de Marie. C’est cela l’amour qui dépasse la panne, c’est cela la fuite de l’acédie. C’est un don du Père, nous ne pouvons pas le décrire tout seul. Demandons-le au Seigneur. Qu’il daigne nous aider à mettre en place dans nos vies cet amour-là. Amen. 


Mardi 19 juin 2018, en la fête de Saint Romuald ermite

 

L’érémitisme nous semble une chose très étrange car nous pensons avoir besoin de relations, notamment avec les moyens que l’homme moderne s’est construits pour mettre en relation les personnes entre elles. C’est oublier d’ailleurs que le sentiment de solitude n’a jamais été aussi élevé, dans les villes modernes.

 

La vie érémitique est une étrangeté, mais surtout une interpellation. C’est d’abord une vocation, un appel du Seigneur, à partir au désert avec le Christ, les quarante jours qu’il a vécus au désert, se situent, dans la liturgie, au moment où nous entrons dans le Carême. Et bien pour un ermite, c’est le cœur de sa spiritualité. Ce désert est aussi présent dans l’Ancien Testament et nous avons par exemple cet extrait que nous avons entendu du livre d’Osée, qui nous rappelle également que dans le désert le Seigneur parle.

 

Et pourquoi parle-t-il dans le désert ? Parce que dans le désert nous pouvons oublier que notre corps est, en fait, notre serviteur, et non pas nous-mêmes les serviteurs de notre corps. Dans une vie quotidienne, dans un monde ordinaire, sans faire attention, nous devenons des serviteurs de notre corps. Nous nous employons à tout faire pour répondre à toutes ses nécessités. C’est le fameux « je dois travailler pour vivre ». « Comme j’ai faim, il faut que je trouve à manger ». « Comme j’ai des désirs il faut que je puisse les assouvir ».

 

L’ermite est celui qui va inverser l’ordre des choses pour, selon la Parole de Dieu, faire du corps son serviteur, et rappeler également, de manière analogique, que nous ne sommes pas au service, ou plutôt que nous ne sommes pas dans une relation de servitude les uns par rapport aux autres. Nous sommes dans une relation de service mue par l’amour. Nous ne sommes pas dans une relation de nécessité. Je n’utilise pas les autres pour mon propre plaisir personnel : « J’ai peur d’être seul, j’ai besoin d’un autre » ; « J’ai peur du noir, j’ai besoin de quelqu’un d’autre » ;  « J’ai peur de ne pas avoir suffisamment à manger, j’ai besoin encore de quelqu’un d’autre ».

 

 

Non, les autres sont là pour que je les aime. Et je suis là pour les autres, pour qu’ils m’aiment. Mais cela n’est pas une relation domestique, l’ermite nous le rappelle. Comment fait-il, l’ermite ? Il y a quatre attitudes (?) qui nous l’enseignent : la prière, la paix, la tempérance et l’amour. L’ermite qui ne peut pas vivre dans le monde ne peut pas être ermite. Celui qui est ermite est d’abord quelqu’un qui sait déjà vivre et se laisser vivre. Alors il peut être ermite et, étant ermite, il va rappeler au monde que le fondement de tout, comme cette tour, qu’il faut construire, c’est l’amour et non pas la nécessité.

Amen.


Dimanche 17 juin : professions de foi

Ez 17, 22-24 : Allégorie de l’aigle

Ps 91

2Co 5, 6-10 : Tribulations et espérances du ministère.

Mc 4, 26-34 : Parabole de la semence qui pousse seule et du grain de sénevé.

 

Je remercie le père Jean-Marie Antoine qui a lu cet Évangile ; beaucoup parmi vous, le connaissent : c’est un natif de Champignol les Mondeville ; il est en famille avec l'un de ces jeunes qui fait sa profession de foi, en ce jour.

Merci à Jean-Marie d'être présent parmi nous.

 

Jésus qui cherche à instruire les uns, les autres par des paraboles, se pose la question : comment vais-je pouvoir parler du Royaume et m'adapter à chacun des auditeurs?

Jusqu'à quelle mesure Jésus peut-il donc s'exprimer de sorte que les uns, les autres grandissent peu à peu dans la connaissance du monde invisible ?

C'est ce que nous essayons de faire avec ces jeunes qui sont devenus adolescents et qui ont commencé la catéchèse il y a quatre ans, alors qu'ils étaient globalement pour la plupart, encore en CE2.

Effectivement la métaphore est facile à faire : voici telle graine qui a poussé ou un arbre qui est devenu très grand ; ces jeunes étaient petits, ils sont devenus grands et les voici devant nous, aujourd'hui.

 

Mais hier, lorsque nous étions réunis pour faire la profession de foi de chacun, nous nous sommes rappelés que c'est pour eux le jour de leur maturité religieuse.

Et qu'est-ce que ça veut dire ?

Ça veut dire que jusqu'à approximativement maintenant, les émotions que ces garçons et ces filles pouvaient ressentir en eux (des émotions tristes comme des émotions joyeuses, des émotions de confiance comme des émotions de peur et toutes les déclinaisons possibles des émotions que quelqu'un peut ressentir en lui), toutes ces émotions, ces jeunes avaient dans leur giron, un adulte ou plusieurs adultes à qui ils pouvaient les confier ou auprès de qui ils pouvaient s'abriter car une émotion, ce n'est jamais une chose facile à porter.

Alors ces personnes adultes c'est assurément la famille, parfois le papa, parfois la maman, parfois d'autres.

 

 La maturité religieuse signifie qu'ils ont découvert pendant ces quatre années de catéchèse, que leurs émotions pouvaient prendre place dans leur relation avec le Christ car dans leur relation avec le Christ, il y a aussi des émotions joyeuses, des émotions plus tristes, des émotions de grande confiance et des émotions de crainte ; ils pouvaient (pour dire les choses encore plus simplement) assumer de plus en plus seuls, leurs propres émotions en les confiant dans leur relation intime au Christ, à celui qui est le Père du Ciel.

Jusqu'à à peu près maintenant, ces jeunes ont eu beaucoup besoin de vous pour trouver leur confiance et leur équilibre ; à partir de maintenant, peu à peu, ils vont commencer à prendre le large, assumer de plus en plus par eux-mêmes, ce qui les traverse.

Ils auront encore besoin de quelques clefs et de quelques codes pour pouvoir se situer dans ce vaste  monde et continuer à avancer au large mais en professant leur foi, ils disent, comme s'ils en avaient l'intime conviction déjà, que dans le monde de la foi, ils peuvent trouver les clefs et les codes pour assumer seuls, leurs émotions.

Ce désir qui les traverse, devient en eux émotion, comment le vivre ?

Comment cela peut-il produire du fruit ?

Eh bien, ils le découvriront chemin faisant, sûrs qu'ils peuvent maintenant assumer de plus en plus seuls, ces émotions dans leur relation au Christ et dans le secret du Père.

 

Quand ils ont récité leur profession de foi hier, (nous qui étions là pour les entendre, comme une sorte de litanie incessante) nous entendions ‘je crois en Dieu le Père tout-puissant…’ et peut-être s'est dessiné dans nos têtes, une sorte de trajectoire ;

(Vous savez ?)

Je crois en Dieu le Père tout-puissant,

son fils Jésus-Christ unique qui est né de la vierge Marie,

a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, est descendu aux enfers

 et le troisième jour est ressuscité, est monté au ciel, est assis à la droite du Père d'où il viendra ; une trajectoire, une parabole : on descend et on remonte.

 

Dans nos imaginaires, (parfois, ça dépend des êtres), quand on descend, ça peut signifier la perte, l'abandon mais ça peut aussi signifier, le concret, le réel et chez d'autres, monter, ça peut signifier la peur et le vertige comme ça peut signifier la promotion, la confiance et la supériorité (ce qui n'est pas forcément négatif, d’être supérieur).

 

Si en eux, il y a comme un manque de confiance, ils pourront découvrir que Jésus, lui, qu'il soit descendu ou qu'il soit monté, a une totale confiance en son Père, dans l'Esprit Saint.

C’est pour nous, une sacrée école de vie.

 

Disons qu'en ce jour, en les regardant, nous voyons une croissance en train de se réaliser, qui interroge notre propre croissance personnelle.

Où en sommes-nous dans nos fondements intérieurs ?

Où en suis-je dans ma capacité à assumer seul, ce que je suis ?

Je peux compter dans la prière, sur le Christ qui est dans l'intimité du Père.

 

Amen.


Vendredi 15 juin 2018

 

On l’aura compris, l’adultère en lui-même est proscrit, quoiqu’il en soit, mais aussi une autre forme, dans la bouche de Jésus, de ce que, dans la tradition catholique est concerné par le neuvième commandement. C’est tout ce qui va concerner la concupiscence charnelle. C’est un mouvement de notre sensibilité qui vient contrarier notre liberté, qui vient contrarier l’œuvre de notre raison. La concupiscence charnelle est ce que l’on appelle dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique une forme véhémente du désir humain. Nous savons tous ce que cela signifie. La concupiscence en soi n’est pas un péché, mais, par sa véhémence, par sa force, son caractère irrépressible, elle nous y entraîne. C’est la raison pour laquelle nous appelons également cette réalité de nos vies, de nos corps, nous la désignons comme une lointaine racine du péché des origines.

 

Quelques pistes pour que nous puissions nous mettre à distance de ce désir si fort qui traverse nos corps : les Béatitudes, au début du chapitre V, le sermon de Jésus sur la montagne, c’était il y a déjà quelques versets, lundi dernier. Dans ces Béatitudes, Jésus loue celui qui a un cœur pur. Celui qui reste à distance de ce mouvement, de cette force, c’est quelqu’un qui est un cœur pur.

 

Comment cultiver, entretenir, comme un bon jardinier, un cœur pur ? D’abord, aimer, s’efforcer d’aimer, se faire aimer pour aimer, d’un cœur droit et sans partage. On appelle cela la chasteté. On peut aimer, on peut toucher, on peut embrasser, d’un cœur droit et sans partage. Ne pas chercher à avoir plusieurs désirs qui se superposent, ne pas chercher à avoir plusieurs chances, aimer d’un cœur droit et sans partage. Avoir une intention pure, la force d’un regard, lui aussi, pur. Prier, demander dans la prière la pureté d’intention de ce cœur, la pureté d’intention de ce regard. Par exemple la belle prière que Tobie et son épouse formulent juste avant leur union (on peut la trouver dans le livre de Tobie).

 

Enfin la pudeur. La pudeur de soi, par rapport à soi, mais aussi par rapport aux autres et la pudeur également de notre regard. Que notre regard soit pur est une chose, qu’il ne soit pas scrutateur en est une autre. Méfions-nous de tout ce qui viendrait détourner notre regard de cette pureté.

Que ces différentes lignes nous aident à ne pas nous laisser envahir par ce courant, cette force. Et  que notre amour, car c’est cela la finalité, que notre amour soit toujours dirigé vers le bien. Sans quoi, si nous nous laissons empêtrer dans une vie double, un cœur double, un regard double, nous finirons par avoir honte des mots et comment pouvons-nous avoir honte d’aimer puisque c’est notre vocation ?

Amen.


Jeudi 14 juin 

1R 18, 41-46 : la fin de la sécheresse.

Ps 64

Mt 5, 20-26 : La justice nouvelle supérieure à l’ancienne.

 

Cette offrande que l'on vient déposer à l'autel et qui nous contraint de la laisser là, si jamais nous avons quelques griefs contre un frère, peut être mise pour l’eucharistie : cette démarche que nous avons ce matin, de rendre grâce au Seigneur.

Si nous sommes présents et si nous sommes présents jusqu'au bout, peut-être alors, cela signifie-t-il que nous avons pardonné à nos frères,

que nous avons demandé pardon à nos frères !

 

En tout cas, c'est cette exigence qui fait suite à l'Évangile que nous avons entendu hier et puis, dès le début du chapitre cinq de Matthieu.

Hier, j'évoquais pour ceux qui ont entendu, qu'il y avait comme trois lois ; la troisième était, sans doute, la plus belle et la plus exigeante : c'est cette fameuse loi de la grâce, où il ne s'agit plus seulement de considérer le prochain comme soi-même,

ni d'aimer le prochain comme soi-même

mais dans cette loi de la grâce, en Jésus, c'est d'aimer le prochain plus que soi-même parce que nous avons trouvé notre trésor dans le prochain.

 

Et d'ailleurs, il est le visage du Christ comme dans la fin de l'Évangile de Matthieu ; par exemple, au jugement dernier : ‘quand est-ce que nous t'avons vu nu, malade, en prison ? ‘Mais c'est chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont les miens’.

Le Christ qui prend le visage du frère, ce qui explique d'ailleurs, cette exigence très, très grande de recourir en permanence au pardon car nous risquerions de passer à côté du Christ, du coup.

 

On pourrait prendre l’image du jardin.

La loi de la grâce, cette loi qui consiste à aimer son prochain plus que soi-même, est très difficile à mettre en œuvre et à atteindre car, dans le monde et dans le monde qu'il y a en nous-mêmes, beaucoup de choses nous en empêchent, beaucoup de distractions, beaucoup d'oppositions.

 

On pourrait donc prendre l'exemple du jardin : dans notre jardin, si nous voulons que quelque chose pousse, il nous faut évidemment, entretenir ce jardin,

éliminer ce qui convient de l’être, 

privilégier ce qui convient de croître, 

être patient,

revenir et revenir sans cesse,

se réjouir de ce qui pousse malgré nous

et récolter ce qui nous est donné.

C'est un travail, c'est un travail important.

 

Ce jardin-là, ça peut être la parole de Dieu lue,

relue,

écoutée,

les versets et les mots traversés pour aller à la rencontre d'un visage (pas uniquement des prescriptions, pas uniquement des histoires) mais, parvenir au visage du Christ qui nous fait signe derrière les versets, derrière les mots.

C'est pareil, ou ça devrait l'être, avec nos frères ; y revenir sans cesse pour,

au-delà du caractère,

au-delà du visage

et au-delà de ce que notre mémoire nous rappelle de ce frère, nous puissions accueillir le visage de celui qui nous fait signe sur notre chemin.

On peut prendre l'exemple d’Emmaüs, à la fin de l'Évangile de Luc, cette fois-ci, c’est un travail.

 

Que cette loi de la grâce puisse produire son fruit : il nous faut à la fois l'atteindre et nous laisser profondément travailler par elle.

Il faut commencer par le demander dans notre prière et ne pas résister à tous les déplacements qu'elle nous obligera à faire, cette grâce, dans notre vie.

 

Amen


Mercredi 13 juin 2018  (Matthieu 5, 17-19)

 

Il est question de loi et de ce que les prophètes ont dit communément, dans cet évangile de  Saint Matthieu où nous lisons que Jésus va accomplir en lui-même la loi et les prophètes, en particulier la loi de Moïse, celle que ses interlocuteurs attendent de respecter à la lettre dans leur vie. Nous pouvons approfondir un petit peu plus, nous rappeler que lorsqu’on parle de loi quand nous sommes chrétiens, nous pouvons en entendre au moins trois dans notre tête, et pas une seule.

 

La première est celle dont le pape parle le plus souvent quand il s’adresse au monde entier. C’est la loi qui est inscrite dans les cœurs, qu’on appelle parfois la conscience ou le cœur et c’est cette capacité qu’ont tous les hommes, croyants ou non croyants, de découvrir par eux-mêmes ce qui est le plus universel, le plus commun entre les hommes : celui qui va agir selon le bien, c’est celui qui va servir cette unité, cette commune humanité, de sorte que, riche ou pauvre, noir ou blanc, croyant ou non, d’une autre religion que chrétien, nous pouvons nous entendre sur une sorte de petit dénominateur commun pourrions-nous dire. Mais ce n’est pas parce que ce dénominateur commun est petit qu’il est ridicule. Il est fondamental. Nous pensons que c’est Dieu lui-même qui parle au cœur de la conscience. C’est une loi, une loi inscrite dans les cœurs.

 

Il y a une deuxième loi, celle dont nous pouvons rapprocher les propos de Jésus aujourd’hui. C’est la loi religieuse, la loi de l’Eglise, c’est la loi des prophètes, même toute loi que nous recevons depuis notre catéchisme : « il est bien de faire ceci, mal de faire cela, attention à ne pas dépasser telle ou telle ligne rouge. » Pour le coup, elle n’est pas inscrite dans notre conscience, ou alors il faut que nous l’inscrivions nous-mêmes, que nous nous laissions travailler par le Seigneur pour qu’il inscrive au cours de notre vie ces préceptes. Quelle est la finalité de cette loi-là ? Nous apprendre à aimer, creuser en nous le désir, le désir d’aimer. Alors avec cette loi-là, nous allons apprendre à aimer les autres ou Dieu lui-même. C’est le fameux « aime ton prochain comme toi-même ».

 

Et puis il y a une troisième loi pour un chrétien. C’est la loi de la grâce. C’est aimer par grâce et en Jésus. C’est toujours de l’ordre du désir, mais un désir qui doit dépasser le « comme toi-même », c’est un désir qui va traverser toutes les pesanteurs de notre commune humanité. Pour le coup, on n’en restera pas à un petit dénominateur commun mais on va pouvoir aller au-delà. Ne pas se considérer soi-même comme la mesure de l’amour que nous pouvons donner ou recevoir, mais concevoir cette mesure à la mesure de Dieu lui-même. Nous croyons que c’est la façon dont Jésus a aimé, lui, et que cette façon dont il a aimé, lui, elle peut venir nous transformer. Nous pouvons, au cours de nos années de vie, nous adapter cette mesure, non pas à l’effort du poignet, mais par cette mesure elle-même. Jésus nous aime et parce qu’il nous aime il nous donne de grandir dans cet amour-là. Nous pouvons aller au-delà de nos propres capacités. Du coup, avec cette troisième loi, nous n’aimons pas comme nous-mêmes, nous aimons au-delà de nous-mêmes. La loi de la grâce…

 

Quand Jésus dit qu’il va accomplir la loi, nous pouvons entendre ces trois lois-là : la première, la deuxième et la troisième. Comme si la troisième était, pour le coup, une sorte d’accomplissement. Demandons au Seigneur qu’il nous permette d’aimer de cette façon.

Amen.


Mardi 12 juin 

1R 17, 7-16 : A Sarepta. Le miracle de la farine et de l’huile

Ps 4

Mt 5,13-16 : Sel de la terre et lumière du monde

 

Avoir du goût ou être lumineux c'est un appel qui nous est adressé mais qui se distingue très fort de l'ostentation, l’ostentation qui pourrait être équivalente à du sel sans saveur et à une ville cachée, même si nous prétendons nous montrer.

L'ostentation, (vous le savez), ce sont ces maux qui reviennent souvent, à la fois la suffisance de soi-même (l'orgueil) vis-à-vis de Dieu et la suffisance de soi-même vis-à-vis des autres (que l'on pourrait appeler la vanité).

La conjonction des deux, l'ostentation, c'est se montrer et se montrer encore ; eh bien, ceci n'est pas équivalent à du sel qui a du goût ni à une ville qui se montre ; ce qui a du goût, ce qui est lumineux, c'est la charité et c'est tout le contraire : c'est un cœur qui meurt à soi-même.

 

Si nous reprenons cette triade de la foi, de l'espérance et de la charité, nous avons été semés par le Père dans le terrain du monde et dans le terreau de la foi, nous sommes enracinés tels les épis de blé.

Dans le moulin, nous sommes moulus tels les épis, c'est le moulin de l'espérance mais il nous reste à être cuits, à être bien cuits, être passés au feu (et c’est celui de la charité) et inévitablement, nous ne pouvons pas être cuits si nous ne passons pas avec Jésus, de la mort à la vie.

Il y a un renoncement, il y a une mort obligatoires pour être savoureux et pour être lumineux, sans quoi ce que nous montrons de nous-mêmes, est semblable à un airain qui sonne, une cymbale retentissante mais nous ne sommes ni lumineux de la lumière du Père ni savoureux de son sel.

 

 

Demandons au Seigneur, alors, qu’il ne lâche pas notre main car le passage par le feu n'est jamais chose facile mais avec lui, nous pouvons y parvenir.

Amen.


Dimanche 10 juin 

Gn 3, 9-15 : Le récit du paradis.

Ps 129

2Co 4, 13- 5,1 : Tribulations et espérances du ministère apostolique.

Mc 3, 20-35 : Démarche des parents de Jésus. Calomnies des scribes.

 

Cet épisode du livre de la Genèse :

"Où es-tu donc ?

J'ai entendu ta voix dans le jardin", répond Adam au Seigneur, créateur

"et j'ai pris peur parce que je suis nu".

La nudité dans la Bible renvoie à notre expérience fondamentale, originaire (et souvent, qui fait très peur) de la solitude car, hormis entre deux êtres qui s’aiment (même avec, tout de même, un peu de pudeur), la nudité (la nôtre) est rarement totalement exposée à quelqu'un.

Le seul qui connaisse bien ce corps, c'est celui qui porte ce corps, lorsqu'il a à lui prodiguer quelques soins, se laver etc.

La nudité vit souvent la honte, comme si celui ou celle dont le corps a été exposé au regard d'un autre, se trouvait entamé dans son intégrité.

 

Vous avez par exemple, l'expérience de Noé.

Noé, juste après qu’il y ait eu le déluge (40 jours, 40 nuits), l'eau redescend et puis Noé, sa famille et tous les animaux qui sont dans l'arche ressortent de l'arche et Noé va vaquer à ses occupations.

La Bible nous dit : il est agriculteur et il a entre autres, quelques vignes ; et un jour (le premier de sa vie), il va boire de trop, sans modération, il va devenir saoul, saoul au point d'être complètement nu, là où il ne faut pas et endormi.

Il a trois enfants, le brave Noé : Sem, Cham et Japhet.

"Cham voit la nudité de son père" ; ça va provoquer (son père va le savoir on ne sait pas comment) et chez son père et chez Cham une honte terrible ; la raison pour laquelle Sem et Japhet, lorsqu'ils vont savoir que le père est nu, ils vont chercher à le revêtir d'une étoffe en marchant en marche arrière, pour ne pas voir la nudité du père.

Cette nudité donc (ce petit exemple, je vous ai évoqué tout à l'heure Job : "je suis sorti du ventre de ma mère, nu et j'y retournerai nu") cette nudité va donc renvoyer à notre expérience de solitude ; les uns et les autres, seuls, nous connaissons parfaitement la nudité de notre corps.

 

La solitude, pour nous et pour l'homme de la Bible, est une chose qui est à la fois, pas normale (car il y a une dimension sociale, collective dans la Parole de Dieu), nous sommes rarement tout seuls.

Nous sommes rapprochés les uns des autres, soit pour fonder  famille, pour se multiplier, être féconds soit parce que nous appartenons (dans l’Ancien Testament) à une tribu, un clan, à une famille (dans le Nouveau Testament, même les disciples sont rarement tout seuls, ils sont 12) ; néanmoins, il se trouve que chacun va faire dans sa vie, une ou plusieurs fois l'expérience d'une solitude très grande à l'occasion d'une maladie,

à l'occasion d'un malheur,

à l'occasion d'un mal (quel que soit ce mal qui survient dans sa vie) qui va produire chez lui (ou chez elle) ce sentiment de solitude.

 

Un sentiment qui va être à la fois comme une malédiction (quelque chose de pas juste), que l'Ancien Testament va attribuer au péché, une sorte d’affleurement à la conscience, d’une honte primitive et en même temps cette solitude.

Pour nous en sortir et pour ne pas nous laisser aller à une sorte de vertige, nous sommes appelés à l'assumer.

 

C'est là que l'on peut arriver à Jésus, dans  cet Évangile.

Jésus, finalement est fondamentalement seul.

On parle de ses frères et sœurs dans cet Évangile-là mais d'abord, ses disciples ne vont pas le soutenir dans les moments les plus importants de son ministère public.

Prenez l'exemple de l'agonie à Gethsémani : ils vont s'endormir ;

prenez l'exemple du moment où il va mourir, il va être seul sur la croix.

Les moments les plus intenses mêmes, donnent l'impression que son Père l'a abandonné, même si nous croyons qu'il n'a pas été abandonné par son Père.

 

Et dans l'Évangile que nous venons d'entendre tout vient contre lui : sa famille, qui dit qu'il a perdu la tête et ses détracteurs qui pensent que, dans le fond de son être, ce n'est même pas le Père, c'est Satan.

Voyez cette expérience inouïe de solitude : Jésus qui est renvoyé à une sorte d'isolement complet ; il est seul contre tous et même ceux qui pourraient être les plus proches de Jésus, sa famille : "Il a perdu la tête" !

 

Jésus rencontre aussi des personnes seules, ça lui arrive par exemple de prendre seul à seul des disciples, (un disciple ou l'autre) ; ça lui arrive également de rencontrer des personnes qui ne sont pas des disciples, par exemple : les malades ou des pécheurs (prenez l'exemple de celui qui est sourd-muet : il va le prendre à l'écart ; prenez l'exemple de la pécheresse, il va la prendre à l'écart) ;  expérience de solitude qui peut renvoyer, (nous renvoyer les uns, les autres) à la relation personnelle que le Christ peut avoir avec nous, dans ces moments de notre vie où nous sommes renvoyés à notre solitude.

 

Et puis, nous avons cette parole extraordinaire : ce grain de blé qui tombe seul dans la terre.

On pourrait avoir l'impression que ce grain de blé qui tombe seul sur la terre, est maudit et stérile et qu'il mourra sans rien produire (c'est ce qui nous fait peur, lorsque survient dans notre environnement, la maladie, la mort et le malheur) : ‘mais vais-je être seul à assumer ces instants les plus douloureux ?’

Le grain de blé ; eh bien, même seul dans la terre, ce grain de blé ne l'est pas et c'est la bonne nouvelle de la résurrection ; il va comme mourir solitaire mais il va porter du fruit en grand nombre ; il va germer.

 

Finalement, Jésus promet à ses disciples que chacun passera par cette expérience de la solitude coûteuse ; c'est notre passion à chacun.

 Notre résurrection est toujours collective et le don de l'Esprit Saint est vraiment toujours promis à tous ; il le promet d’ailleurs, les disciples ne seront jamais seuls : "je serai avec vous tous les jours, jusqu'à la fin des temps".

Jésus leur promet son Esprit ; par contre, l'expérience de la mort et de la solitude est individuelle, personnelle : chacun est renvoyé à sa propre solitude.

 

Si une communauté chrétienne est cohésive dans la communion, dans la bonté de la prière et du service, rayonnante, c'est aussi parce que chacun de ses membres se laisse prendre par la main, délicatement, comme la pécheresse ou comme le sourd-muet (ils sont emmenés à l'écart par Jésus, seul à seul ; au désert, comme Jésus l’était lui-même pendant 40 jours), seuls avec Jésus et seul avec Jésus, chacun est appelé à mourir pour ressusciter.

Une communauté vivante c'est la résurrection de chacun et de tous ensemble ; chacun, mort à lui-même ; tous, ressuscités en communauté.

C'est ce qu'il nous promet : de rassembler celles et ceux qui étaient dispersés par sa mort et sa résurrection.

 

Dans l’eucharistie, ce qui va produire ce corps et ce sang que nous allons recevoir, c'est la mort d'un seul, tombé en terre, le Christ, mais c'est la résurrection et le rassemblement de tous lorsque nous allons communier et recevoir le corps du Christ.

 

Alors, "qui sont ma mère et mes frères ? "

"Ce sont ceux qui écoutent la parole de  Dieu" qui vient tomber seule, dans le cœur solitaire de celui qui l’écoute ; pour que cette parole, dans ce cœur solitaire, produise du fruit.

Nous quittons le vertige et la peur pour entrer dans la confiance et l'abondance.

 

Amen.


Confirmations : Bar-sur-Aube-Vendeuvre

Bossancourt - 9 juin 2018

 

Introduction

 

C’est une vraie joie de vous voir vous annoncer à l’appel de votre nom, car c’est le signe de votre volonté de vous engager sur la route du Christ. En recevant le sacrement de la confirmation, vous ne quittez pas votre route d’homme, mais vous y êtes accompagné par l’Esprit du Christ qui vous donne sa force et son courage. De cela nous nous réjouissons pour vous et avec vous, car nous en recueillons aussi quelques fruits. Alors, chers amis qui allez être confirmés, soyez sûrs que nous sommes à vos côtés au moment de votre démarche, d’autant plus que nous-mêmes avons conscience de la nécessité de renouveler nos propres engagements d’hommes et de chrétiens.

 

 

Homélie  Jn 14, 15-17

 

 Déjà dans la première lecture et tout à l’heure au moment de la prière de l’imposition des mains, on parle beaucoup de l’Esprit, l’Esprit de sagesse et d’intelligence, l’Esprit de conseil et de force, l’Esprit de connaissance et d’affection filiale, l’Esprit d’adoration. Cet Esprit Jésus dans l’Evangile l’appelle le Défenseur. Pourquoi ce nom ? En fait, ça veut dire que l’Esprit nous donne les moyens de faire face, les moyens de témoigner ce qui donne sens à notre vie.

En écrivant vos lettres pour demander à recevoir le sacrement de la confirmation, vous étiez déjà remplis de l’Esprit, puisque vous avez essayé d’exprimer ce qui donnait du sens à votre vie. Vous avez parlé d’amitié, mais aussi de lutte contre l’injustice, d’aimer, d’aider les autres à découvrir le Christ, de rendre grâce à Dieu en faisant de la musique. Vous avez sûrement remarqué que ce qui donne du sens à la vie, c’est ce qui relie avec les autres, ce qui nous sort de nous-mêmes et nous fait découvrir la richesse du cadeau qu’est l’autre. Je cite une de vos lettres : « La technologie, les petits appareils que vous connaissez bien remplacent les amis et parfois la famille », disait-elle en le regrettant.

Au fond la grande question, au moment où vous allez recevoir le sacrement de la confirmation, c’est que chacun de vous puisse se dire pourquoi vous avez besoin de l’Esprit et mieux encore comment l’Esprit peut vous aider à réaliser ce que vous considérez comme important dans votre vie et c’est là que cette idée d’un défenseur dont parle Jésus prend son importance. Il vous défendra contre tout ce qui vous empêche d’être sur le bon chemin, il vous montrera que ce chemin n’est jamais le chemin de l’injustice, du repli sur soi, de l’égoïsme. Il vous fera connaître à vous et aux autres que dans les choix que vous faites, vous êtes sur le bon chemin. Et quel est ce bon chemin ? Le bon chemin c’est le Christ qui nous a montré ce que veut dire aimer, qui a donné sa vie pour montrer aux hommes combien Dieu les aime.

Dans vos lettres, il y a de nombreux projets. Chacun de vous a un projet qui le motive. Ce que l’Esprit vous donne en plus, c’est de vous faire découvrir que ce projet peut être quelque chose pour vous, mais aussi une manière d’aimer les autres, comme Jésus vous a aimés. Si vous allez jusqu’au bout de ce que vous faites, comme un sapeur-pompier volontaire ou non qui ne s’arrête pas tant que l’incendie n’est pas éteint, comme un coureur ou un nageur qui a pour but la ligne d’arrivée, comme un chercheur qui n’arrête pas de chercher tant qu’il n’a pas trouvé, vous découvrirez que vous ne vous contentez pas de faire quelque chose, mais que vous vous donnez pour qu’advienne quelque chose de plus beau, de plus juste, de plus vrai. Et c’est comme cela que le Christ nous a aimés et il veut qu’advienne pour nous le plus juste, le plus vrai, le plus beau, l’amour qui fait grandir et qui fait vivre.

Un mot, un seul résume ce que c’est être chrétien, c’est le mot AIMER, en admettant qu’on n’a jamais atteint les limites de ce qu’aimer implique. Aimer, c’est aller toujours plus loin, comme l’a écrit l’un d’entre vous. C’est aller toujours plus loin dans les engagements qu’on prend et dans la joie qu’on donne. On donne souvent une autre définition de ce que c’est être chrétien : être chrétien c’est annoncer l’Evangile. Je dirais que c’est annoncer l’Evangile en aimant, évangéliser par l’amour. Mais on ne pourra vraiment aimer les autres et s’aimer soi-même (car il ne faut pas nous oublier), que grâce à l’amour de Dieu qu’il nous manifeste aujourd’hui en nous donnant son Esprit.

 

+Marc STENGER

 

Evêque de Troyes


Samedi 9 juin : Messe sur la colline, Cœur immaculé de Marie.

Is 61, 9-11 : Vocation d’un prophète.

Cantique 1 S 2

Lc 2, 41-51 : Jésus parmi les docteurs de la Loi.

 

On pourrait imaginer que Jésus, à 12 ans, a fugué.

Qui a 12 ans parmi vous ?

Vous êtes un certain nombre.

Vous avez vu que dans l'Évangile, Jésus fugue pour aller dans le temple.

Si jamais un jour, on vous cherche et on vous retrouve dans l’église, c'est bien ! mais c'est encore mieux de ne pas fuguer ou alors, dites à vos parents où vous êtes pour qu'ils viennent vous chercher directement au bon endroit.

 

On va faire un petit exercice de vocabulaire : la différence entre le contenu et le contenant.

Qui veut bien me donner un exemple entre ce qu'est un contenu et un contenant ?

Axel : un contenu c'est ce qu'il y a dans un contenant.

Peux-tu donner un exemple d'un contenu, d'un contenant ?

Un verre c'est un contenant et de l'eau c'est un contenu ; voilà très bien.

Un autre exemple : le vin c'est le contenu et la coupe c'est le contenant.

Autre exemple contenu-contenant : le jus de fruit c'est le contenu et le contenant c'est la bouteille.

 

Autre exemple : le corps et l'âme, c'est ce qu'il y a dedans.

Jacob : le contenant c'est le fruit et le contenu c'est la graine ; ça devient de plus en plus travaillé.

Quoi d'autre encore ?

Les grandes personnes ont droit aussi de si risquer.

Ce n'est pas si simple, vous allez voir ; par exemple : des pièces d'or ?

Les pièces d'or sont le contenu et tu le mettrais dans quel contenant ?

Une boîte.

N'importe quelle boîte ? Une boîte en carton ?

Un coffre, une cassette, une tirelire, un trésor.

Un trésor, dans quel contenant mettrais-tu ton trésor?

Ça devient intéressant.

Le trésor, ça serait un endroit où on conserve les pièces, c'est ça que tu veux dire ?

Un autre exemple, si on part dans autre chose.

 

Je vais vous proposer un contenu et un contenant.

Le contenu : de l'huile, c'est subtile. De l’huile,

Pour un chrétien, quand il lit la Bible, il sait que l'huile c'est à la fois ce qu'on utilise pour pénétrer le corps et lui faire du bien, (éventuellement pour cuisiner) mais aussi pour voir clair parce que, avant qu’il y ait l'électricité et avant qu'on ait découvert le pétrole, on était bien content d'avoir de l'huile dans laquelle on mettait une mèche et qu'on allumait et l’huile produisait le combustible pour que la mèche reste allumée.

Dans quoi pourrait-on mettre l'huile si elle est si précieuse que ça ?

Si vous n'avez pas d'huile, vous ne pouvait pas vous éclairer, vous ne pouvait pas cuisiner.

Dans une lampe à huile, dans une bouteille.

Vous avez compris que l’huile était précieuse, c'est comme les pièces d'or que vous mettez dans une cassette, un coffre-fort, etc.; parce que si vous perdez cette huile ou si vous ne l'avez pas, vous ne pouvez pas vous éclairer.

 

Si l’huile est la parole de Dieu (parce qu'on pense que la parole de Dieu vient éclairer notre vie, elle est précieuse, elle vient pénétrer aussi notre corps et notre cœur pour nous faire du bien) ; dans quoi faudrait-il la mettre, cette parole, pour qu'elle ne se répande pas, pour qu'elle ne s'évanouisse pas, pour qu’on ne la perde pas ? 

C'est plus compliqué ; quel contenant pourrait-on utiliser ?

Un livre, effectivement, quoi d'autre encore ?

Le cœur-mémoire.

Quoi d'autres encore ?

Les jeunes, écoutez les aînés parce que là, ça sent l'expérience.

Tu mettrais la parole de Dieu dans ta chambre ? Why not !

Les aînés, dans quoi mettriez-vous la parole de Dieu, cette huile précieuse, pour qu'elle ne soit pas perdue ?

Dans ta confiance, pourquoi pas ?

Dans ta foi, tu dis Jacob.

Dans notre intelligence.

Anne, tu mettrais la parole de Dieu dans quoi donc, toi ?

Dans ton esprit.

Il ne faut pas l'enfermer, il faut qu'elle soit répandue.

Ah ! comment faire, pour qu'elle soit à la fois conservée et en même temps pas enfermée.

Ça c'est dur.

Dans la bouche.

Vous avez entendu les collégiens ?

En quoi pourra-t-on mettre la parole de Dieu à la fois pour qu'elle soit protégée et conservée mais sans être enfermée ?

Mettre à la fois dans le cœur et la partager.

Dans notre parole à nous,

en nous.

Tout ça, ce sont des bonnes réponses, en tout cas ce sont les vôtres.

 

Je vous en propose encore une autre mais qui est complémentaire ; elle ne vient pas effacer toutes les autres, elle est en plus : vous pouvez conserver la parole de Dieu dans une vie droite, dans de bonnes habitudes.

Par exemple (vous l'avez dit, les uns, les autres à votre façon) : si vous conservez la parole de Dieu en vous et que vous êtes méchants, aigris, que vous attaquez, vous jugez et que vous avez un visage tout fermé ; la parole de Dieu sera conservée mais elle risque de moisir un peu ; donc dans de bonnes habitudes.

 

Ça se travaille, c'est comme un potier qui va vraiment façonner son vase, son vase en terre, progressivement ; ça s'apprend.

Si vous avez dit comme Jacob et d'autres : le cœur ; le cœur se travaille.

Il n'est pas donné une fois pour toute.

Ce que vos parents ne vous ont pas donné tout fait, (vos parents vous ont donné votre corps, votre tête, ils vous donnent à manger et ils vous préservent un minimum pour que vous restiez vivants et que vous soyez en sécurité) c'est à vous, avec tout ce que vous pouvez glaner autour de vous, récolter, (notamment de la part de vos parents et d’autres grandes personnes), c'est à vous de travailler votre cœur pour qu'il devienne un bon contenant.

Si vous avez un cœur fissuré, ça ne va pas trop.

 

On croit que Marie était ce cœur-là : elle a reçu la parole dans sa vie, Marie ; c'est un exemple au-dessus de tous les autres exemples.

 

Les quatrième-année-de-KT, professions de foi, ça signifie, ça sent un peu la fin du KT mais c'est le début du travail du potier ; c'est le moment où vous allez travailler et façonner votre vase.

Ça y est, vous avez tous les ingrédients pour le faire avec l'aide du Seigneur et de notre communauté.

Amen.


Mercredi 6 juin 

2 Tm 1, 1-3.6-12 : Les grâces reçues par Timothée.

Ps 122

Mc 12, 18-27 : La résurrection des morts.

 

Peut-être l'avez-vous perçu, à la lecture de cet Évangile, un petit peu également dans cette lettre de Paul à Timothée, transparaît le thème récurrent de la puissance.

 

Ça commence par la puissance contrariée de ce frère qui meurt et qui a besoin, selon la loi du lévirat, d'obtenir le secours de ses frères pour que sa puissance ne puisse pas être contrariée jusqu'au bout (sous-entendu : qu'il puisse avoir une descendance).

Manifestement, sa puissance sera contrariée jusqu'au bout ; lui et ses six frères ne parviendront pas à donner une descendance.

La femme va donc partir, elle aussi, sans avoir pu procréer.

 

Et de cette puissance-là, nous montons à une autre puissance qui est un jeu, c'est cette puissance de Dieu : "Vous méconnaissez l'Ecriture et la puissance de Dieu. "

"Ravive en toi le don de Dieu, cher Timothée, que tu as reçu par l'imposition des mains.

Ne méconnais pas la puissance de Dieu" comme elle est à l'œuvre dans celui qui écrit cette lettre, Paul lui-même ; il croit en cette puissance de Dieu à travers son ministère.

 

La puissance de Dieu vient croiser une autre puissance, la nôtre, mais pas sexuelle, celle-ci : c'est notre capacité à mettre en œuvre dans notre vie, par fidélité et obéissance, les vertus (j'en reviens à ces fameuses vertus puisqu'elles sont présentes, plusieurs d'entre elles, dans cette lettre de Paul à Timothée).

 

Il y a la maîtrise de soi, que l'on appelle aussi la tempérance.

Je vous répète : la prudence,

la justice

et la force.

L'homme,

la femme,

le disciple,

le baptisé qui va mettre en œuvre, dans sa vie, tout à fait librement, comme il peut (toujours) mais en cheminant, les vertus, est quelqu'un qui est puissant.

Il est puissant, ce n'est pas la force d'Hercule, c'est sa puissance de baptisé et il est apte à recevoir une autre puissance, puissance de celui qui donne, la puissance de Dieu qui donne.

Et cette puissance, c'est la grâce et c'est en même temps la foi en la résurrection, (la résurrection, qui est la puissance de celui qui donne) et le baptisé manifeste sa capacité à recevoir et son aptitude, par ce qu'il va essayer comme il peut, de mettre en pratique les vertus (il est question-là de maîtrise de soi, la force également) mais il y a la puissance de celui qui donne.

 

Celui qui croit en la résurrection (la puissance de Dieu qui donne) est aussi celui qui met en pratique cette puissance dans sa vie et la conjonction des deux est merveilleuse.

On est bien au-delà de questions de stérilité, de descendance (quoique fort importante) ; nous sommes dans le dynamisme spirituel, un dynamisme vertueux à son tour c'est-à-dire, qui peu un peu, croît (au sens du verbe croître) et fait croître toutes les potentialités du disciple.

Et c'est de cette façon que le Seigneur nous tire de la terre glaise et nous permet d'être des hommes et des femmes debout, (en position debout), capables de marcher à sa suite.

 

Amen.


Mardi 5 juin : Saint Boniface

2P 3, 12-15a. 17-18 : Nouvel appel à la sainteté.

Ps 89

Mc 12, 13-17 : L’impôt dû à César.

 

L'hypocrisie apparaît souvent dans l'Évangile, semble attribuée toujours aux mêmes adversaires de Jésus ; on pourrait penser qu'il n'y a qu’eux qui sont hypocrites dans l'Évangile mais je crois que ça n'est pas le cas.

 

L'hypocrisie, c'est l'affectation de l'amitié, c'est une haine maquillée, une fausse vertu : derrière l'apparence de colombes, se cache des loups ; c'est l'hypocrisie.

L'hypocrite, c'est celui qui se trompe et de cause et de but.

 

Nous avons tous, cachée au fond de nous-mêmes, une même origine et une même  finalité que l'on attribue à celui qui est source de tout amour ; disons que les personnes hypocrites ne sont pas allées jusqu'à cette strate bien profonde où se cache cette source de l'Amour et en sont donc restées à quelque niveau supérieur ; elles n'ont pas encore atteint cet Amour-là et donc se trompent et vont vouloir rejoindre chez autrui (chez les autres) ce niveau-là, ce niveau de la méchanceté,

du maquillage,

de la feinte,

de l'affectation.

 

Alors, ne nous trompons pas, les hypocrites ne sont pas que les scribes et les pharisiens.

Nous sommes tous des parents d'Adam et d’Eve et dans ce texte que nous entendrons dimanche prochain, la parole, après s’être faite créatrice, (et "avoir créé le ciel et la terre et tout son peuplement") elle se fait salut ou re-création.

 

Quelle est la parole du Seigneur dans le jardin?

"Où es-tu ? "

L'hypocrite, c'est celui qui se cache à lui-même et se cache de son Seigneur ; il n'ose pas aller jusqu'à l'Amour, il ne sait pas aimer, il est en panne d'amour.

 

La parole de Dieu, elle, va jusqu'au fondement ; elle va jusqu'au sous-sol, aux caves bien enterrées de notre existence ; la parole de Dieu connaît toute chose ; nous, nous ne connaissons encore pas toutes choses de nos vies : il y a des strates qui nous demeurent inconnues et justement là, où demeure l'Amour.

 

Un remède à l'hypocrisie: c'est la parole de Dieu, lue pour elle-même.

Normalement, il faudrait y ajouter le conseil, (le conseil spirituel), pour qu'un maître nous conduise là, où la Parole nous attire et notre propre parole (à nous-mêmes) en réponse à la parole de Dieu que nous avons lue.

Nous pouvons revenir à la source de l'Amour, nous dire qu'il y a en nous-mêmes, une demeure cachée et que le Seigneur, dans sa bienveillance, veut nous y conduire.

 

Il a beaucoup été question de vertu, ces dernières semaines ; la vertu peut être aussi menée et mise en œuvre par l'hypocrisie, lorsqu'elle se fait (nous le savons !) vaine gloire.

Mais il ne faut pas perdre le fil de la vertu, pour autant, jamais.

 

Disons que cet Évangile nous invite à nous replonger à frais nouveau dans la Parole qui est toute puissante et telle une épée, vient rejoindre les moelles et les articulations de nos vies, vient nous conduire dans ces strates inférieures où bat le cœur de Dieu.

 

Amen.


Dimanche 3 juin : Fête du Saint Sacrement et premières communions

Ex 24, 3-8 : Conclusion de l’Alliance.

Ps 115

He 9, 11-15 : Le Christ pénètre dans le sanctuaire céleste.

Séquence : Lauda Sion

Mc 14, 12-16. 22-26 : Préparatifs du repas pascal. Institution de l’Eucharistie

 

Nous avons ici, devant nos yeux, ce que nous avons appelons un meuble, c'est un autel et cet autel, pour nous, ce n’est pas un objet comme les autres, c'est un meuble que l'on peut avoir par exemple, chez soi.

 

Si nous faisons un petit histoire à partir des textes que nous avons entendus : imaginez nos aïeux dans la foi, (c'est-à-dire bien avant Jésus-Christ, quelque part en Mésopotamie, environ 1000 ans avant Jésus-Christ), des nomades du désert, des caravaniers, qui allaient, au gré des saisons et du commerce, repliaient leur campement, le réinstallaient ici ou là) ; lorsque ces aïeux (des descendants d'Abraham), lorsque ces aïeux avaient dans leur vie (et ce qui arrive à tout le monde, les grandes personnes, vous le savez, c'est la grande différence avec les enfants) comme du malheur dans leur vie, (quelque chose qui n'est pas désiré et qui survient malgré tous nos efforts pour échapper au malheur car ce que nous désirons chacun, c'est vivre dans le bonheur) ; lorsque malgré notre désir, tous les efforts que nous allons déployer pour organiser du bonheur dans notre vie et dans celle des autres, lorsque malgré tout cela, survient quelque chose qui vient nous faire mal, qui produit un désordre et nous bouscule (appelons ça donc, du malheur), ces aïeux dans la foi que faisaient-ils ?

Ils prenaient ce qui leur coûtait le plus, c'est-à-dire du bétail (et vous avez entendu : des jeunes taureaux, sans tare) et ils les amenaient au prêtre, (il n'y avait pas encore de temple à cette époque : vous avez entendu, c'est surtout dans la deuxième lecture, qu’est évoqué une tente), le lieu du rassemblement était itinérant ; l'autel était donc un monticule de pierres et ces animaux étaient offerts un sacrifice.

Ils étaient (excusez-moi) découpés et le sang était projeté sur l'autel et comme sur les personnes et le but était d'attirer les faveurs du Très-Haut et éloigner le plus loin possible le malheur ; c'était pour raccommoder une alliance, un lien qui semblait vital entre nous et le Ciel : plus ce lien été raccommodé, plus le malheur était éloigné.

 

Ça a duré, ça a duré et Jésus, par exemple, lorsque vous avez en mémoire l'épisode où il chasse les marchands du temple (cette fois-ci, il y a un temple construit sous le roi Salomon à Jérusalem dont il ne reste aujourd'hui que l'esplanade des mosquées : le mur des lamentations) ; eh bien dans ce temple, Jésus chassait tout ce commerce presque normal qui était organisé pour vendre des animaux qui étaient offerts en sacrifice aux mêmes fins : renouer l'Alliance.

 

Lorsque le jour de la fête de la Pâque, Jésus rassemble ses disciples, il prend du pain et de vin et dit : "ceci est mon corps, ceci est mon sang versé pour la multitude".

Il prononce une parole inouïe ; pourquoi est-elle inouïe ?

Parce que Jésus va prendre la place des animaux, il va prendre la place de ces taureaux, de ces boucs, de ces agneaux et désormais il va dire : ‘celui-là seul qui peut, de manière définitive, raccommoder ce lien entre Ciel et terre (ce ne sont plus des animaux, ce ne sont plus les prophètes), c'est moi.

Dans ma vie, je me m’offre pour vous tous et c'est définitif ; plus personne n'aura à offrir quoi que ce soit après.

C'est moi, dans ma vie : j'offre mon corps et mon sang, j’offre ma vie par amour, pour le monde, pour vous et librement.

Personne ne prend ma vie, je l'offre à qui je veux et je l'offre pour vous’.

Alors, c'est inouï, oui, parce que chaque fois que, dans mon existence, je cherche à connaître le bonheur et éloigner tout ce qui serait de l’involontaire,

ce qui serait du péché

et ce qui serait de l'inconfort,

tout ce qui serait de l'inattendu et qui vient bousculer ma recherche fragile de bonheur pour moi et pour les autres ; eh bien,

ce ne sont pas les médicaments,

ce n'est pas le sacrifice des animaux,

ce ne sont pas les sciences occultes, c'est le Christ et le Christ chaque fois que je vais le rencontrer dans l’eucharistie : ‘chaque fois que vous prendrez mon corps et mon sang dans ce pain et ce vin devenu Corps et Sang, vous connaîtrez cette Alliance à nouveau raccommodée entre Ciel et terre.

 

Permettez-moi un exemple : les orages.

Nous avons eu des orages dans notre région (et malheureusement on en aura encore).

Lorsque ces orages ne sont pas dévastateurs, ces orages sont un bon exemple.

Que se passe-t-il avant un orage ?

Les hirondelles volent bas, il y a de la tension dans l'air, de l'électricité, le ciel est noir, le vent se lève, on est un petit peu nerveux, certains ont peur.

L'orage survient et tout de suite après, le calme.

 

Le sacrifice du Christ, c'est pour nous donner dans l'Amour, l’Amour ; c'est pour donner à la place de la tempête, de la violence et de la vengeance, le calme.

Je sais qu’avec des parents de deuxième année de catéchèse, nous avions eu la semaine dernière, le texte de Caïn et Abel et de la femme adultère.

On avait parlé de la vengeance, on avait parlé de la colère et au lieu de la colère et de la vengeance, le calme, le pardon en Jésus, en Jésus : il prend sur lui et il nous donne le calme.

C'est bien ce que nous cherchons, non ?

Ça fait partie de notre quête de bonheur.

 

Une dernière chose : Jésus est celui qui s'est offert une fois pour toutes et il ne nous dit pas de faire pareil ; il ne nous dit pas : ‘mettez-vous sur une croix ou donnez votre sang, offrez votre chair’.

Il ne dit pas ça.

‘Si vous voulez faire comme moi, servez vos frère et aimez-les’.

De cette façon-là, vous aussi vous contribuerez à passer de la vengeance à la colère, au pardon, au calme dont nous avons besoin dans nos familles.

 

En attendant, ces enfants, tout à l'heure, vont communier pour la première fois et je les invite à faire comme eux, c'est-à-dire qu’en recevant le corps du Christ, vous ne venez pas recevoir un remède, vous ne venez pas recevoir un petit morceau de quelque chose, vous venez déposer sur l'autel, ce qui est fardeau pour vous et vous allez recevoir en retour, l'Amour ; voilà ce que vous recevez quand vous recevez le Christ : l'Amour.

 

Pendant ces deux années de KT, vos enfants auront appris beaucoup à découvrir que, dans leur vie, il y a de la tempête et dans leur vie, il y a aussi du calme et cet Amour, ils peuvent le recevoir en Jésus.

 

Amen.


vendredi 1er juin : saint Justin

1P 4, 7-13 : Dans l’attente de la Parousie.

Ps 95

Mc 11, 11-25 : Le figuier stérile.

 

Nous reconnaissons l'épisode de la purification du temple avec cette mention que saint Jean ne fait pas de ce figuier stérile (tout du moins un figuier qui hors saison, tout naturellement, ne donne pas de fruit) mais Jésus parle à ce figuier comme à une personne.

Il est question dans cet ensemble qui vous est proposé, à la fois de fruits, ou d'absence de fruits et puis de centre, d’un centre perverti (ou en tout cas qui a perdu son centre de gravité) : le temple.

 

Je vous propose de poursuivre cette petite méditation sur l’Amour qui nous accompagne, depuis le début de la semaine.

La recherche active (retenez ce mot ‘active’, pas uniquement dans la tête) mais la recherche active du bien pour soi (déjà) et autour de soi,(les deux), la recherche active du bien pour soi (parfois, on recherche trop de bien pour soi et pas de bien autour de soi et parfois c'est l'inverse, surtout dans notre culture : être chrétien, c’est rechercher le  bien autour de soi, au prix d’un oubli de soi-même ; les deux), la recherche active du bien pour soi et autour de soi, ça s'appelle l'Amour, ça s'appelle l'Amour ; recherche active.

 

Et quiconque a trouvé cet Amour, y a goûté ne serait-ce qu'un tout petit peu, à la pointe de cet Amour qu’il a entraperçue (rappelez-vous une fois de plus, cette parabole de cet homme qui a trouvé un trésor dans un champ) ; celui qui a trouvé ça, va se mettre en route.

Je vous rappelle que cette recherche active du bien pour soi et autour de soi, c'est le résultat de quelqu'un qui désire le Seigneur et qui est, en même temps, uni à lui.

 

Ce n'est pas : obéir à une injonction ;

ce n'est pas : aimer, il faut aimer, absolument aimer puis hop ! j’aime ! Non !

Quelqu'un qui désire très fort le Seigneur et qui, tout en le désirant, est uni à lui.

Celui qui a goûté un peu à cela, se met en route.  

Et c'est déjà quelque chose qui est de l'ordre de la foi parce que comment  peut-on être uni au Seigneur ou le désirer, si on ne croit pas ?

 

Je me mets en route vers ce trésor qui est l'Amour et je suis dans la foi ; chemin faisant, je découvre que la foi m'a précédée et que la foi, je vais la rencontrer sur la route et chemin faisant, je vais découvrir aussi que la foi est aussi à l'horizon.

C'est un peu ce désir qui me met en route, dans la quête de ce trésor.

 

Celui qui est en route de manière dynamique (on avait essayé de faire de l'analogie avec la biographie de Jeanne d'Arc, il y a deux jours, souvenez-vous), elle était en route jusqu'au but et à ce but, sur le bûcher, elle a dit : "Jésus".

En celui qui est en route, va se creuser en lui, comme une sorte de temple, d'intériorité, de puits solide ; ce temple ou cette tente, là où le Seigneur vient ; c’est quand même la plus belle des choses qui puisse nous arriver !

Et celui qui toujours est en route, dans ce mouvement vers le centre de sa vie, vers l’Amour et dans l'Amour, produira des fruits, (à l’inverse du figuier) que sont la bonté et le pardon.

 

C'est accessible à tous, à tous ; de même que dans la foi est accessible à tous, de dire à cette montagne : ‘va dans la mer’ mais cette bonté n'est pas réservée qu’à Jésus seul ou qu’à des saints comme saint Justin, par exemple.

Encore faut-il que nous y croyons !

 

On ne peut pas toujours justifier nos comportements par des tas de déterminismes, d'excuses, de péchés.

Si vraiment nous sommes dans ce mouvement, mus par l'Amour parce que nous y avons goûté, nous le cherchons, nous sommes unis dans la foi, à Jésus, il y a nécessairement (et ce que je dis n'est pas idéaliste), il y a nécessairement des fruits de bonté et de pardon.

 

 

Ne nous cachons pas toujours derrière des excuses, avançons !


Jeudi 31 Mai 2018

 

Voilà trois belles choses que nous pouvons extraire de cette fête, cette rencontre entre Marie et sa cousine Elisabeth, entre le Précurseur et le Sauveur, entre une Alliance et une autre, définitive.

La première chose c’est que tout don, tout talent, tout cadeau reçu du Seigneur, toute grâce, retourne au Seigneur. Ces deux femmes ont la simplicité, l’humilité de reconnaître, d’être pleines de reconnaissance et de rendre grâce pour tout ce qu’elles ont reçu. C’est ce que nous faisons à chaque Eucharistie, d’ailleurs, reconnaissant l’auteur de tout bien dans leurs vies, elles s’éloignent de ce que j’appelais hier la colère de Dieu, cette âme enflée d’elle-même qui pense qu’elle est l’auteur de tous les biens, ce qui n’est le cas ni de Marie, dans ce cantique, ni d’Elisabeth, dans ce cantique.

La deuxième chose, c’est que, vous vous souvenez que la finalité de toute vie attachée au bien, attachée au Seigneur, la finalité d’une vie vertueuse, telles que peuvent l’être Elisabeth et Marie, cette finalité c’est l’amour. Autant dire que ce n’est pas le bien pour le bien ou la vertu pour la vertu, mais c’est l’amour. Et l’amour est comme une sorte de résultat, mais aussi un point de départ, c’est ce plaisir, issu d’un désir du  Seigneur et d’union à l’autre. Et nous voyons bien que pour l’une comme pour l’autre c’est ce qui se passe. L’amour, finalité de tout bien.

 

La troisième chose, c’est que nous pouvons voir en ces deux femmes des femmes profondément pétries par l’Esprit Saint. Alors cette belle réponse avec Marie, celle aussi chez Elisabeth. Les sept dons de l’Esprit Saint, lorsqu’ils font leur œuvre en nous-mêmes comme ils l’ont fait entre autres en Marie et Elisabeth permet qu’une vie, qu’une âme manifeste clairement la vérité. Une vie qui est pétrie par l’Esprit Saint est une vie qui est vraie, qui est presque, on pourrait dire transparente, non pas inconsistante, mais transparente à la lumière. Et quelle est la vérité que manifestent ces deux femmes ? Eh bien l’alliance est définitive, sans cesse renouvelée et sans cesse définitive, de tous les âges, depuis le début, Abraham, bien avant encore, Noé, bien avant encore, Adam. Cette alliance se renouvelle et elle est définitive dans la mesure où le Sauveur est venu la sceller par son sang. Et c’est ce que nous allons fêter dimanche en cette fête du Saint Sacrement. Voilà au fond la vérité du Christ qui traverse tous les âges, d’ailleurs et qui est en œuvre dans cette belle rencontre entre le Précurseur et Jésus... Rendons grâce pour ces cadeaux ; rendons grâce parce que toute grâce reçue est une grâce qui nous vient d’en haut, rendons grâce pour cet amour dont il est l’auteur et qui nous permet aussi d’être nous-mêmes acteurs et rendons grâce aussi pour notre pauvre chair qui nous fait temple de l’Esprit, travaillés par les sept dons  que nous soyons des… transparents à la vérité, tous les jours.

Amen


Mercredi 30 mai : Sainte Jeanne d’Arc :

Sg 8, 9-15 : la Sagesse indispensable aux souverains.

Ps 26

Mt 16, 24-27 : Conditions pour suivre Jésus.

 

Sous la plume de plusieurs biographes de sainte Jeanne d'Arc, on peut repérer un certain nombre de vertus qui sont dérivées de celles que nous connaissons : la simplicité,

la justesse,

l'authenticité,

la chasteté,

tendresse,

prudence,

courage,

force, et cette femme, qui en si peu de temps, n'a cessé de traverser,

de courir,

d'avancer.

 

Et  malgré toutes les vertus qu'elle déployait, qui étaient remarquées, elle n'a pas cessé d'aller vers celui qui est la source de tout bien dans sa vie : c'est ainsi que sur le bûcher, on entendit de sa bouche, crier : "Jésus, Jésus".

 

Prendre l'existence de cette femme comme une forme de modèle spirituel pour nous, c'est ce rappeler que Dieu nous fait la grâce, à un moment donné dans notre vie, de connaître :

l'infini des vertus,

la puissance qu'elles peuvent produire pour nous-mêmes et pour les autres,

l'éclat et en même temps, la limpidité qu'elles produisent,

cette grâce de passer d'une foi cérébrale,

abstraite,

une foi torturée (parfois, beaucoup sur la base de l'imploration) à une foi confiante,

pratique

et en action ;

la connaissance de Dieu va s'allier, (tel un alliage subtil), à l'action, la pratique, telles Marthe et Marie pour celles et ceux qui connaissent à un moment dans leur vie, cet infini des vertus.

 

Et quiconque le découvre, se met à avancer pour continuer à le découvrir davantage et en profiter.

Il est vraiment comme celui qui a trouvé sur sa route, son Bien-Aimé ou bien encore ce fameux champs avec le trésor au milieu ; il va continuer à avancer; il ne va pas s'enfermer sur les vertus déjà acquises comme si une âme orgueilleuse pouvait imaginer que ce qu’elle a déployé, ce qu'elle a acquis, venait d'elle-même.

Celui qui a découvert la puissance de cette action, mêlée à la connaissance de Dieu, continuera à avancer, même à courir, droit vers le but.

 

Si jamais il s'arrête, il oublie le but,

il oublie aussi d'où viennent ses qualités,

les trésors au cœur de sa vie ; qu'il se méfie, s'il s'arrête !

Ce n'est pas qu'une question de morale, du genre : ‘ce n'est pas bien d'être orgueilleux’ (voyez-vous, ce n'est pas de ce genre), l'enjeu n'est pas là ; l'enjeu n'est  pas : ‘C'est bien ou ce n'est pas bien d'être orgueilleux’ ou ‘de ne pas être orgueilleux’.

La question, c'est : celui qui s'arrête peut connaître la colère de Dieu.

 

La colère de Dieu existe, la colère de Dieu c’est ce que ressent, quiconque a oublié sa faiblesse.

Quiconque a oublié sa faiblesse et qui tout d'un coup, lui explose de nouveau à la figure, peut avoir très mal ; cela équivaut à la colère de Dieu car tout ce que quelqu'un a pu mettre en œuvre dans sa vie, ne vient pas de lui-même.

Tout d'un coup, il découvre qu'il s'est construit une tour semblable à celle de Babel et va devoir re-poser les pieds sur terre, cet humus dont il est originaire, comme Adam.

 

Le Seigneur ne veut pas faire de nous des anges,

des parfaits,

des statues sur un piédestal ; il veut faire de nous des vivants qui marchent et qui avancent, même, qui courent vers l'unique but.

 

L’âme enflée d'elle-même, le jour où elle explose, connaît cette souffrance  caractéristique de ceux qui, comme le fils prodigue, se sont éloignés dans un pays de perdition ; alors ils reviennent et ils connaissent la tendresse mais il faut qu'ils rentrent en eux-mêmes.

 

 

Nous pouvons regarder dans l'exemple de Sainte Jeanne d'Arc, celle qui, ayant trouvé le trésor de sa vie, a avancé et n'a pas cessé d'avancer sans se gratter la tête pour savoir si elle avait raison ou tort ou si ça venait d'elle-même ou d'un autre ; elle a avancé, toujours dans l'action de grâces et en disant : Jésus, Jésus".


Dimanche 27 mai : fête de la Sainte Trinité

Dt 4, 32-34. 39-40 : Grandeur de l’élection divine.

Ps 32

Rm 8, 14-17 : Enfants de Dieu grâce à l’Esprit.

Mt 28, 16-20 : Apparition en Galilée et mission universelle.

 

Allez, baptisez, apprenez.

« Allez de toutes les nations, faites des disciples ; baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ; apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé ».

 

Baptiser, faire des disciples, c'est ce que nous essayons de vivre en paroisse lorsque par exemple, une famille frappe la porte de la communauté et dit : ‘nous voudrions faire baptiser notre bébé’.

Est-ce que vous savez comment cela se passe ?

Cette famille est accueillie, elle est invitée à venir un soir, en semaine, avec d’autres familles et des laïcs de la paroisse, ainsi que moi.

Nous nous présentons et nous ouvrons la parole de Dieu.

Cette semaine, par exemple, une rencontre comme celle-là a eu lieu et nous avons lu ensemble le passage de l'Évangile où Jésus marche sur l’eau et Pierre veut le rejoindre ; ce qui est l'occasion, pour les couples qui sont présents, de parler,

d'être écoutés,

d'ouvrir la parole de Dieu

et essayer de lever le voile sur leur foi.

Ensuite, ces familles sont visitées chez elles comme Marie visite Elisabeth, à une date qui a été convenue, pour continuer à préparer cette fois-ci, individuellement, la célébration du baptême.

Et puis ensuite, encore une troisième rencontre, cette fois-ci, c'est moi qui vais visiter les familles pour se mettre d'accord sur le déroulement de la célébration.

 

Lorsque des parents demandent que leurs enfants soient catéchisés (pendant quatre années, leurs enfants sont catéchisés), des réunions avec les parents ponctuent ces quatre années où l’on ne parle pas uniquement de questions matérielles et financières mais où on essaie d'ouvrir la parole de Dieu.

Cette semaine, par exemple, une rencontre comme celle-là a eu lieu pour des parents de deuxième année de catéchèse ; nous avons lu l'épisode de Caïn et Abel dans le livre de la Genèse et nous avons lu l'épisode de la femme adultère dans l'Évangile de Jean.

 

Lorsque des personnes demandent le mariage, elles frappent à la porte de la communauté, que se passe-t-il ?

Nous ouvrons l'Évangile.

Une rencontre comme celle-là a eu lieu au mois de mars ; nous avons travaillé sur les disciples d'Emmaüs et puis 3-4 rencontres suivent, pour chacun des couples.

 

Pour les personnes qui demandent la célébration des obsèques, nous ouvrons la parole de Dieu pour choisir les textes qui seront lus pour la célébration et nous écoutons la peine des personnes mais aussi ce qu'elles retiennent dans l'espérance, de la personne qui est partie.

 

Allez, baptisez, apprenez.

Qu'est-ce que nous devons apprendre aux hommes et aux femmes que nous rencontrons ?

De quel témoignage devons-nous être porteurs, les uns et les autres ?

 

Je vous propose deux paraboles que nous entendons dans l'Évangile :

la première parabole, c'est cette parabole où Jésus évoque cinq vierges sages et cinq vierges folles ; toutes les 10 attendent la venue de l'Epoux.

Cinq d'entre elles ont mis un peu d'huile dans un vase, pour que la lampe puisse s'allumer au moment où l'Epoux viendra car l'attente est longue ; les cinq autres n'ont rien prévu du tout, elles se laissent surprendre, elles ratent la rencontre avec l'Epoux.

 

Pourquoi est-ce que je vous propose cette parabole ?

Parce que ce que nous avons à témoigner et à enseigner, c'est l’attente.

Jésus nous promet qu'il est avec nous jusqu'à la fin du monde et nous attendons également son retour.

Il est là et il va venir.

Il est dans nos cœurs et il se révèle à nous.

Nous le connaissons mais nous avons beaucoup à apprendre de lui.

Dans cette attente il nous faut un peu d'huile pour notre lampe.

 

Qu'est-ce que cette huile signifie ?

Elle signifie s'attacher très, très fort à Jésus, ce que nous connaissons de lui ;

mettre une garde à notre cœur pour que toutes les paroles que nous avons reçues de lui nous ne les oublions pas (qu'elles ne s’évaporent pas) ;

que nous soyons attachés à lui comme un phare sur un rocher.

 

Une deuxième parabole, (vous me permettez ?).

Cette deuxième parabole c'est l’intendant fidèle : le maître d'un domaine part pour un très, très long voyage, il confie sa maison et ses domestiques à son meilleur intendant ; il lui demande de gérer la maison et tous ses biens, pendant son absence.

L'attente sera longue et l'intendant doit garder le tablier autour de sa taille.

Qu'il ne s'endorme pas, l’intendant car c'est à l'heure où il ne l'attend pas que le maître va revenir.

 

Que signifie ce tablier autour de la ceinture de l'intendant ?

C'est la gratuité, l’inconditionnalité.

La foi que nous avons reçue, est gratuite, le service qui nous est confié est gratuit.

Ne devenons pas des administrateurs,

ne devenons pas des commerçants du temple ; toujours le tablier de l’inconditionnalité ; un peu d'huile, notre tablier autour de la taille.

 

Pourquoi faut-il garder cette disposition du cœur et du service ?

Parce que chaque fois que nous allons rencontrer des hommes et des femmes autour de nous, c'est pas ces dispositions-là que nous leur rappelons, (ces personnes-là), qu’elles ne sont pas uniquement des individus, des anonymes, elles ne sont pas uniquement des rivales ou des anonymes inconnues, (comme ça, entr'elles) ; toutes les personnes que nous rencontrons, sont des personnes aimées du Père, sauvées par Jésus, temple de l'Esprit Saint.

 

Si nous ne gardons pas les paroles de Jésus dans notre cœur, si nous ne sommes plus des hommes et des femmes d’inconditionnalité, alors les relations que nous aurons entre nous, seront des relations intéressées,

payantes (donnant-donnant),

calculées,

manipulatrices même,

ou alors, le contraire : l’indifférence totale.

 

Mais nous ne sommes pas de ces relations-là ni dans la communauté ni à l'extérieur ; nous avons affaire à des personnes aimées du Père, sauvées dans le Fils, temple de l'Esprit Saint ; nous n'avons pas affaire à des numéros sur des cartes d'identité.

 

Si nous gardons la ceinture et le tablier de la gratuité et du service, l’huile de la garde du cœur et de la vigilance, attachés à Jésus, alors, toute rencontre que nous ferons, rappelleront à chacun qu'il est digne.

La dignité, c'est peut-être le plus grand trésor que la foi chrétienne a inspiré à l'intérieur de la culture européenne, occidentale ; la dignité de toute personne.

Ça nous vient de notre foi en Jésus dans le Père et l'Esprit Saint.

 

Une dernière chose : à la fin de l’eucharistie, je vais prendre le pain, je vais prendre le vin ; ils seront déjà Corps et Sang ; je vais les élever et je vais dire : « par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant dans l'unité du Saint Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ».

Et tout le monde dira : « amen ».

Et nous regarderons le Corps et le Sang de Jésus et le ‘par lui, avec lui et en lui’, c'est Jésus mais c'est aussi le Père et c'est aussi l’Esprit Saint : la très Sainte Trinité.

 

Quand nous allons communier, quand nous allons vivre l'offertoire, je vous invite à faire la chose suivante : rappelez-vous, vous êtes presque tous dans l'assemblée, baptisés, n'oubliez pas votre baptême.

Par votre baptême, vous ou vos parents ont dit : ‘toi, tout ce que tu vivras, tu le vivras en Christ ; pas ‘à côté’, avec lui et en lui ; tout ce que tu vivras.

Tout ce qui est digne de louanges et de merci mais tout ce qui est un peu plus compliqué : tu le vivras en Jésus, tu le vivras en lui.

Ta liberté sera la sienne, sa liberté sera la tienne.

 

Avec lui, tu iras de la Galilée jusqu'à Jérusalem ;

avec lui, tu rencontreras des personnes ;

avec lui, tu leur parleras ou tu les aideras ;

avec lui, tu prieras;

avec lui, tu auras la tenue de service ;

avec lui, tu n’oublieras pas le Père ;

avec lui, tu souffriras ;

avec lui, tu connaîtras l’épreuve.

À travers le Corps et le Sang de Jésus dans l’eucharistie, à l'offertoire et à la communion, dites-vous : ‘Seigneur, avec toi j'ai tout donné mais pourquoi m'arrive-t-il encore de subir des événements que je n'ai pas choisis ?

Pourquoi m'arrive-t-il encore de connaître des moments compliqués ?

Pourquoi est-ce que je ne comprends pas toujours ce que tu veux me faire vivre et me dire?

Pourquoi tout ceci est-il encore mystérieux à mes yeux ?

 

Tout ceci, déposez-le dans le Corps de Jésus : ce corps a porté solidement la croix, la sienne et la vôtre.

Tout ceci, déposez-le dans son Sang : sa coupe a accueilli la souffrance, la sienne et la vôtre.

Vivez votre vie en lui, par lui et avec lui de sorte que vous ne soyez pas seuls.

 N'oubliez pas votre baptême mais que dans cette eucharistie, vous soyez régénérés en lui.

C'est grâce au Père et à l'Esprit Saint.

Rentrez en lui.

 

Quand vous communierez, vous recevrez son Corps, son Sang et vous recevrez surtout sa vie, votre vie.

 

Amen.


Vendredi 25 mai :

Jc 5, 9-12 : L’Avènement du Seigneur.

Ps 102

Mc 10, 1-12 : Question sur le divorce.

 

Souvenons-nous, cela fait déjà quelques temps qu'on a lu cette parole : il nous faudrait remonter avant le Carême, ( même au début du Carême) pour entendre cette affirmation de Jésus pendant son discours sur la montagne dans l'Évangile de Matthieu, chapitre 5-6-7, lorsqu’il dit : "je ne suis pas venu abolir la Loi mais je suis venu l'accomplir".

 

Vous savez qu'il a des détracteurs parmi lesquels, les docteurs de la Loi, personnes qui sont soucieuses, pour elles ou pour d’autres, de sanctifier leur vie, de la sanctifier au sens en son extrême : l'application de la Loi, des lois reçues par Moïse au sommet de la montagne.

Vouloir sanctifier sa vie, il n'y a rien de mieux et Jésus ne cherche pas à interrompre dans le cœur de ces personnages, ce désir, à condition que cela ne fasse pas d’eux, des hypocrites.

 

Et parfois la Loi peut être instrumentalisée, non pas au bénéfice de la sanctification de sa propre vie, mais instrumentalisée pour mieux détruire le Fils de Dieu (ce qui va se passer dans le drame qui conduira  Jésus sur la croix) et Jésus à chaque fois, répond et débusque  cette intention cachée dans le cœur de ses adversaires.

Par exemple, dans ce cas d'école qui est exposé par les pharisiens, les docteurs de la Loi à Jésus : voilà si un homme renvoie sa femme, est-ce que cela est permis?

 

La théologie du mariage, chez les chrétiens a été fondée beaucoup, à partir de ce que Jésus répond ; je vous le redis : dans les célébrations du mariage, ce verset est repris : "ce que Dieu a uni que l'homme ne le sépare pas".

 

Nous pourrions effectivement l'oser, sur ce que Jésus nous apprend du mariage mais je vous propose de déployer un autre aspect de sa réponse : "au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme".

"Au commencement de la création", c’est-à-dire que Jésus remonte au-delà de Moïse ; il a ce toupet, d'une certaine façon.

Il remonte à l'acte créateur lui-même, non pas pour prendre au piège ses adversaires mais pour tout auditeur de Jésus : ‘Osez remonter à la création, au Créateur et au Père lui-même’.

C'est une activité permanente de notre vie spirituelle : nous pouvons rester constamment sur les acquis et sur les lignes d'arrivée dans notre propre vie et montant en épingle tous ces acquis et toute cette expérience que nous accumulons, nous en faisons une loi.

‘Regardez mon expérience, elle s'impose’, ‘regardons les expériences des uns et des autres, elles font loi’ ; ce n'est pas ce que Jésus dit.

Ce que Jésus dit c'est : ‘remontez chacun à votre propre Père (vous avez encore du chemin à faire, vous avez encore beaucoup à apprendre),

ne stationnez pas sur vos propres lignes d’arrivée,

ne faites pas de surplace,

ne vous enorgueillissez pas de votre expérience,

soyez comme un bon jardinier (pas un cultivateur) qui va

par son effort,

par sa fidélité,

sa constance, toujours désherber son propre cœur.

Si vous restez sur vos lignes d'arrivée et si vous contemplez vos propres expériences, vous êtes semblables à celui qui a renoncé à travailler le jardin de son cœur : les herbes folles viennent l'envahir.

Si vous continuez à avancer, à monter vers le Père lui-même, vous êtes semblables à ce jardinier qui travaille le sol, va le désencombrer et permettre plusieurs choses :

 

la première déjà, beaucoup limiter, chasser tout ce qui peut être orgueil, mais surtout être toujours disponibles au don de Dieu ; car si je stationne sur mes propres expériences et acquis, qu'est-ce que Dieu pourra encore me donner ?

Pas grand-chose.

L'enjeu c'est d'être toujours fidèle à la parole qui fait Loi dans notre vie et vous voyez que si je deviens sourd à cette parole, je vais accorder beaucoup d’autorité à des lois qui finalement, ne méritent pas d'être suivies.

 

La seule Loi qui vaille, c'est l'Amour mais elle peut passer au second plan et mettre au premier plan, un certain nombre de cas d'école, de détails matériels, de blessures personnelles que l'on va mettre au fond de nos existences.

Tout ceci est valable mais doit être au second plan.

 

L'écoute de la parole,

tenter de mettre en oeuvre l'Amour,

ne pas faire de surplace,

être sensible aux dons de Dieu dans notre vie

et ne pas s'enorgueillir.

 

 

Jésus ose : "au commencement…


Jeudi 24 mai :

Jc 5, 1-6 : Avertissements aux riches.

Ps 48

Mc 9, 41-50 : Charité envers les disciples.

 

Ça fait partie des paroles de Jésus, assez sévères ; (si nous avons bien entendu), il n'y va pas par quatre chemins : il s'agit de retrancher, de couper.

Ce texte paraît sans doute  assez sévère ; nous avons parfois, dans les expressions populaires, l’une ou l’autre idée de ce texte  revient.

On aurait peut-être aussi envie de penser à l'actualité de celles et ceux qui commettent des abus, en dehors de l'Eglise et dans l'Eglise, au nom de leur pouvoir.

 

Mais je vous invite aussi à vous laisser instruire par ce que cela nous rappelle de fondamental dans notre vie.

Vous savez que, notamment, sous la plume de Saint-Paul, nous avons coutume de dire qu’en l'humain (si je te prends, toi, P., par exemple et moi) il y a comme deux parties ; parfois c'est appelé : la chair et l’âme, parfois, l'esprit et le corps (deux parties) et il se peut parfois, que nous envisageons que ces deux parties soient en combat l'une contre l'autre ; d'ailleurs, Paul peut paraître ambigu quelques fois, lorsqu'il en parle.

Il va dénoncer les fruits de la chair, il va faire des listes des fruits de l'esprit, il va dire qu'il y a comme une sorte de combat.

Nous, nous pourrions durcir les traits, imaginer qu'il y a même une sorte de ..., deux blocs qui s'affrontent : la pureté, la perfection contre la bassesse, le ‘pas beau’ de ce qu'il faut cacher.

Peut-être même d’ailleurs, que la lecture de l'Évangile que nous faisons là, aujourd'hui, pourrait vous entraîner dans ce sens-là.

 

En réalité, c'est vrai mais c'est infiniment plus subtil, en nous-mêmes.

Je pense que l'on peut avancer en se disant ou en regardant un peu autrement ce qui combat en nous ; par exemple, en se disant la chose suivante : ‘par notre baptême, nous avons accepté de faire partie de la famille des enfants de Dieu et nous sommes morts et ressuscités avec Jésus, nous entrons aussi dans le cœur de Dieu’ ; mais on peut dire que ‘par notre baptême, nous acceptons aussi, dans notre vie, volontairement, délibérément, de nous mettre à la suite de Jésus et d'accepter comme des peines, tout ce qui constituerait l'imitation de Jésus’.

 

Voilà, imiter Jésus, ça ne va pas de soi, ça engage à un certain nombre de dépouillements et de morts à soi-même, des renoncements qui peuvent être coûteux et cet aspect coûteux-là, nous l'acceptons parce que nous aimons Jésus et par notre baptême, nous acceptons cela.

Suivre, mettre en pratique, obéir aux vertus dans nos vies, peut être douloureux mais il y a une sorte de volonté, de liberté : nous y consentons.

Et plus nous suivons ce chemin de la perfection, à l’imitation de Jésus, plus nous pouvons avoir dans notre vie, d'autres combats qui apparaissent.

Prenez l’exemple : vous soignez une plaie ; le but du jeu, c'est que la plaie soit guérie (n’est-ce pas ?) mais en la soignant, vous avez encore plus mal.

 

En suivant le Christ, (je vous ai parlé, il y a quelques instants, que volontairement), on accepte parfois, quelques difficultés, mais en réalité, certaines peuvent en produire d'autres ; c'est qu'il n'y a pas le que le baptême de Jésus dans notre vie, il y a aussi sa coupe, la coupe de Jésus, la coupe qui s'est présentée à lui, au moment de son agonie à Gethsémani, la coupe de son sang versé, qu'il a présentée au moment du dernier repas et cette coupe-là, c'est aussi toutes les autres difficultés, tentations et souffrances qui peuvent apparaître (et cette fois-ci, complètement involontairement) : nous ne les choisissons pas volontairement et délibérément, elles apparaissent ; mais parce que nous avons renoncé à autre chose !

Prenez l'exemple : ‘j'ai renoncé à manger du chocolat’, ça me coûte de renoncer à manger du chocolat ; mais après, je vais avoir la tentation de manger plus d'autres choses, comme pour remplacer.

L’exemple du chocolat est joli, on peut prendre d'autres exemples qui sont un peu plus triviaux.

 

La finalité, c'est quand même que cesse en nous-mêmes, la guerre ; qu’en nous-mêmes, nous ayons une foi réconciliée, une foi qui a de la saveur, qui soit saine car si nous sommes en permanence dans ce combat, de nous-mêmes contre nous-mêmes, alors nous sommes plus préoccupés par nous-mêmes, finalement et nous n'avons plus beaucoup de saveur, même si c'est au nom d’une prétendue foi.

Je pense qu'on ne peut pas vivre sans combat, certes, mais que ces combats, ça ne soit pas nous-mêmes contre nous-mêmes mais que ce soit avec le Christ et à cause de lui ; c’est avec sa grâce que nous combattons, mais ce n'est pas sans renoncements (je pense que vous l'avez entendu), pour que notre foi continue à être saine.

 

Prions pour toutes celles et tous ceux qui cherchent au départ à être en relation avec Jésus (ça, il n’y a pas de problème) mais qui finissent par être, au nom de leur foi, de vrais despotes, des contre-exemples ; ils font souffrir le monde entier, peut-être eux-mêmes souffrent-ils mais ils font d’abord  souffrir le monde entier, malheureusement à cause de leur foi.

Prions pour eux et pour tous ceux qu'ils font souffrir.

Amen


Mercredi 23 mai : 

Jc 4, 13-17 : Avertissements aux riches.

Ps 48

Mc 9, 38-40 : La demande des fils de Zébédée.

 

Il y a ceux qui exercent, au nom de l’Evêque, l'exorcisme et puis il y a plus communément, tous ceux qui sont passés par le creuset de l'Amour et qui sont dans une véritable posture de fille et d'enfants du Royaume ; je m'explique : nous sommes tous attachés à ce qui est beau,

à ce qui est désirable,

à du bien,

à du bon et

à du vrai, telles les plantes qui ont besoin de cette lumière précieuse du soleil.

Nous sommes attirés par ces scintillements de tout ce qui, dans notre monde, (les humains et le monde matériel) va attirer notre cœur en étant bien, bon, beau et vrai.

Mais il se peut qu’il y ait un petit peu de brume ou de faux scintillements, il se peut parfois que nous soyons trompés et lorsque nous commençons à découvrir que nous nous sommes trompés dans l'origine de certaines lumières qui nous attirent, nous pouvons soit désespérer très fort, soit, nous en ficher complètement, soit se dire : ‘Vers où Dieu m’attire-t-il ?

C'est alors, que nous pouvons nous laisser conduire dans le creuset de l'Amour, ce creuset de l'Amour qui consiste à dire : ‘Seigneur, je me suis trompé comme ce fils dans la parabole des deux fils, (le plus jeune, celui qui part) : il pensait avoir trouvé le vrai bon, le vrai bien, la vérité, la vraie beauté et il a gaspillé tout son avoir.

Alors il revient après être rentré en lui-même, le creuset le l’Amour.

Ce creuset de l'Amour n'est pas sans quelques souffrances et quelques peines dans l'Amour, comme ce plus jeune fils qui finalement, n'avait pas perdu l'amour de son père, même lorsqu'il était si loin.

Celles et ceux qui sont passés par ce creuset-là, peuvent chasser les démons car ils peuvent démasquer dans toute splendeur, les masques,

les faussetés,

les équivoques,

les ‘faux bon’,

les ‘faux vrai’,

les fausses vérités,

les fausses beautés,

les ‘faux bien’ ; ils peuvent le faire ; ils peuvent aider d'autres à le faire, aussi.

Peut-être que ce disciple, Jean, dans cet Évangile, peut être (je ne sais pas, il est en plein milieu de son apprentissage) peut-être qu'il me ressemble très fort et qu'il y a un soupçon de présomption.

« Nous avons voulu l'en empêcher, Maître, car il n'est pas avec nous ».

À la limite, peu importe ; si quelqu'un chasse les démons au nom de Jésus, il a déjà connu l'Amour dans le pardon, l'Amour qui vient du Père, en Jésus.

Alors, profitons de cette interpellation, pour renouveler notre foi au sacrement de la réconciliation dans notre vie.

Retournant en nous-mêmes, nous pouvons repartir vers la maison du Père.

Dans l'Évangile, des hommes et des femmes qui ont cette capacité-là, ce sont les petits enfants, ce sont les pauvres, ce sont les pécheurs convertis et ce sont les fils du Royaume.

Demandons au Seigneur de renouveler notre foi en cet Amour qui nous gracie et qui nous donne pouvoir sur les démons.

 

Amen.


Dimanche 20 mai : fête de la Pentecôte

Ac 2, 1-11 : La Pentecôte.

Ps 103

Ga 5, 16-25 : Liberté et charité.

Séquence : Veni Sancte Spiritus.

Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15 : Les disciples et le monde. La venue du Paraclet.

 

Vous connaissez peut-être ces expériences, dans certaines familles, (pour des tas de raisons qui sont, en soi, valables), de jeunes adultes qui restent longtemps à la maison ; ça pourrait être par exemple : ‘il n'y a pas de travail’ ou par exemple : ‘c'est compliqué d'aller s'installer ailleurs’, mais ils restent à la maison.

Vous savez qu'il y a un film qui a un petit peu popularisé ça.

 

L'expérience de la Pentecôte, c'est tout le contraire c'est : ‘on sort de la maison; ça y est on n'y est plus’… d'ailleurs vous l'avez entendu dans les Actes des Apôtres : au Cénacle, dans cette maison, le jour du don de l'Esprit Saint en lames de feu, tout s'ouvre.

Le temps béni de la vie, de la sécurité, de la…en compagnie de Jésus, du Maître, celui qui nous conduit de la mort à la vie, ce temps est terminé ; nous sommes tous pourvus des outils nécessaires pour  ne plus être dans le milieu protecteur : les portes de la maison s'ouvrent.

S'il fallait filer la métaphore, on pourrait presque dire que la Pentecôte, c'est pour nous tous, baptisés, un peu comme le moment de nos noces ; nous quittons père et mère et nous sommes introduits dans un autre univers, nous formons une nouvelle famille.

Cette fois-ci, le foyer dans lequel nous nous trouvons, est beaucoup plus large qu’entre ‘papa et maman’, c'est l'univers tout entier, (rien que ça, rien que ça !) le monde lui-même.

Nous quittons notre univers protecteur et nous sommes…

 

L'Esprit Saint est donc cet outil (si je puis m'exprimer ainsi) qui va nous permettre en tous lieux et en tout temps de savoir, en toute sécurité et confiance, nous situer comme il convient, alors que nous portons en nous, la marque de Jésus.

Se situer en tout temps, en tous lieux, comme il convient.

 

Il n'est pas utile d'être dans la reproduction de tout ce que nous avons fait depuis toujours, ce n'est pas utile puisque l'Esprit Saint nous donne les moyens d’inventer ce qui convient d'être, de faire et de  vivre en tous lieux et en tout temps : ça y est nous sommes sortis de notre demeure protectrice avec un horizon : l'Amour et qui dit Amour, dit unité.

L'Amour transforme ce qui est divisé ; le contraire de l'Amour, le mal, divise tout ce qui est rassemblé.

Si notre horizon, c'est le rassemblement, nous comprenons mieux alors pourquoi (si nous portons Jésus dans nos cœurs) nous pouvons être que des outils, des acteurs, des instruments du rassemblement.

 

Trois petits critères et je vais laisser ensuite la parole à Delphine et elle, va parler de son cheminement vers la joie de la confirmation, célébrée hier.

 

Trois petits critères pour être sûrs que l'Esprit Saint, nous ne l'enfermons pas dans une cave, quelque part en nous-mêmes et que nous le laissons porter ses fruits en nous.

 

Le premier critère c'est que jamais, jamais, jamais, jamais, je ne dois choisir de mettre l'autre au rebus, ce n'est pas possible.

Quel que soit le sens de ma vie, ma vocation, ma santé, toutes les blessures que j'ai pu recevoir dans  mon existence (et tout ce que l'on voudra), il n'y a aucune bonne raison pour justifier que je sois un solitaire et que je mette les autres au placard ; ce n'est pas possible.

Alors ce n'est pas possible, entendons-nous, pour celui qui veut vivre de sa foi et laisser l'Esprit Saint agir et fermenter dans sa vie.

 

Le deuxième critère c'est que, tout ce que je vais vivre, faire, comprendre, etc…, avec les autres, c'est toujours en ayant en considération, sa dignité spirituelle.

Si je réduis l'autre à un morceau de viande, (un peu comme ce qu’a dit Paul dans sa lettre, quand il parle des œuvres de la chair), si je réduis l'autre en un compagnon de beuverie, en compagnon de blague (en compagnon de tout ce que l’on voudra,  pas très élevé, ni digne) eh bien, je mets toujours l'Esprit Saint, quelque part enfermé, dans la cave de ma vie.

 

Le troisième critère, (je vous l’ai dit, tout à l'heure), c'est l'Amour, avec autrui; (peut-être pour nous préciser très concrètement), le pardon ; car il y a toujours, toujours, même pour les personnes les plus saintes, l'occasion d'avoir des griefs contre quiconque ou quiconque contre nous.

Prenons le pardon, utilisons-le autant de fois que nécessaire.

Ces trois critères.

 

Nous sommes donc tous pourvus de l'Esprit Saint ; celles et ceux qui, dans leur histoire, n’ont pas pu (là encore, pour plein de raisons) vivre la confirmation dans leur vie, il est encore temps.

Delphine, hier, au moment de la célébration de sa confirmation, il y avait tous les âges, même des âges très avancés ; qu'on se le dise.

Amen.

 

Bonjour, je m'appelle Delphine, j'ai 46 ans, je suis mariée à Philippe et j'ai une fille : Amandine. 

Hier, j'ai reçu le sacrement de la confirmation à la cathédrale de Troyes, avec notre Evêque Marc et notre prêtre Guillaume.

Ma marraine de confirmation : Sœur Yvette, d’Outre-Aube, Pierre-Marie, moine d’ Outre-Aube, aussi.

Les personnes qui m'ont aidée dans mon parcours : ma grand-mère, Ginette, qui m'a confié toute cette foi, mes parents, ma famille, mon parrain, ma marraine et toi, Nora.

Durant un an, j'ai suivi un parcours formidable avec des gens, un partage de rencontres.

Je suis très heureuse d'être chrétienne à part entière.

Pour moi, la confirmation c'était l'accomplissement du baptême qui m'a été donné, bébé.

Je veux témoigner de l'Amour de Dieu dans ma vie de tous les jours, transmettre Jésus-Christ.

Merci à tous.


Vendredi 18 mai 

Ac 25, 13-21 : Paul comparaît devant le roi Agrippa.

Ps 102

Jn 21, 15-19 : Apparition au bord du lac de Tibériade.

 

Ces deux textes nous font apparaître à l'horizon, la glorification de chacun de ces apôtres, par leur mort, leur martyre : Paul, qui progressivement va être accompagné jusqu'à Rome et Pierre dont il est question déjà, par anticipation, de sa mort, dans ce dialogue avec Jésus.

 

Nous avons, depuis le début de la semaine, évoqué les dons de l'Esprit  Saint :

le don d'intelligence,

le don de connaissance,

nous avons parlé du don de conseil,

l'affection filiale,

nous n'avons pas parlé de celui de sagesse ni de force ; aujourd'hui, je vous propose celui de l'adoration, celui que l'on appelle aussi : la piété.

 

Lorsque Jésus est avec ses disciples (on est dans l'Évangile de Jean au chapitre 16) il annonce son retour au Père : ‘vous m'avez aimé (comme Pierre aime Jésus, dans ce dialogue) et vous avez su que je suis sorti de Dieu.

"Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde".

 

Souvenez-vous : Jésus a essayé par des signes (il y avait Cana,

il y avait la guérison de l'aveugle né,

la Samaritaine) a essayé par des signes et par de longs discours de dire d'où il venait.

À un moment donné, il estime que ses disciples, ça y est, savent d'où vient Jésus : "je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde " ; voici qu'il leur annonce de nouveau : "je quitte le monde et je m'en vais vers le Père".

 

C'est vrai aussi en nous-mêmes parce que nous essayons, nous avons essayé et nous essaierons de pratiquer avec le plus de force possible, dans nos vies, les vertus.

Nous aussi, nous accueillons de cette façon-là, Jésus qui vient dans notre monde ; plus nous les pratiquons, plus il nous tourne vers son Père et retourne vers le Père.

 

Mais pourquoi pratiquons-nous les vertus ?

C'est pour être tournés vers notre Créateur, vers celui qui est source de tout bien dans notre vie.

Celui ou celle qui adore Dieu, c'est la créature qui a conscience d'être tournée vers son Créateur.

Plus nous nous attachons à vivre et à pratiquer ce qui est sorti de la bouche de Jésus (parfois, c'est un combat) plus il vient dans notre monde et plus il nous tourne vers son Père,

il retourne vers le Père,

il nous entraîne avec lui ; entendez : qu’être tournés vers le Père et retourner vers le Père, pour nous, ne signifie pas notre mort, signifie au contraire, notre vie ici et maintenant comme des enfants, des créatures tournés vers le Créateur.

 

Celui qui adore Dieu, celui qui adore le Fils unique,

c'est celui qui se rassemble en lui-même,

qui n'est plus dispersé,

qui veut échapper au péché, qui veut et qui échappe le plus possible,

celui qui connaît la liberté des fils et des filles,

celui en qui l’Esprit dit : "Abba, Père".

 

L'Esprit d'adoration, c'est un très beau don et qui est la finalité de toute pratique, même de la charité et du service : nous tourner vers notre Créateur, vers le Père.

Je vous souhaite qu’en ces fêtes de Pentecôte, nous nous laissions renouveler par l'un ou l'autre de ces dons ; demandons au Seigneur avec force qu'il nous renouvelle dans l'un ou l'autre de ses dons afin que nous entrions ensuite dans ce temps ordinaire, comme Moïse, tout illuminé de la rencontre avec le Seigneur.

 

Amen.


Mercredi 16 mai

Ac 20, 28-38 : Adieux aux Anciens d’Ephèse.

Ps 67

Jn 17, 11b-19 : La prière de Jésus.

 

Lundi nous avons été invités à méditer sur ce don de l'Esprit Saint, qui est l'intelligence ; hier nous aurions pu méditer sur celui de la connaissance ; aujourd'hui, à partir du psaume, nous aurions pu nous pencher sur celui de la force; je vous propose plutôt celui du conseil après avoir écouté les adieux de Paul à Milet où il donne quelques conseils.

 

Jésus a été pour nous, le Verbe,

a été Dieu qui est venu nous visiter,

planter sa tente au milieu de nous,

demeurer avec nous et il s'est fait très patiemment, pédagogue.

 

Il nous a donné à voir et à entendre son Père mais très lentement, très patiemment.

Il a  utilisé de la douceur,

il a utilisé des paraboles,

des énigmes,

des explications,

des enseignements ;

il a donné des orientations,

il s’est identifié à toutes ces paroles jusqu'à dire : ‘je suis le chemin, la vérité et la vie ; qui me voit, a vu le Père’.

 

Il a fallu un long temps à ses disciples (nous le savons bien et nous en sommes, d'ailleurs) ; nous voyons que le temps passé à comprendre progressivement, le chemin qui mène vers le Père, jusqu'à ce que nous l’empruntions nous-mêmes, ce temps-là n'est pas du temps perdu, il était nécessaire (peut-être d'ailleurs, ne faut-il pas trop parler au passé).

Jésus s'est fait pédagogue.

 

S'il part vers le Père, nous avons maintenant, dans notre cœur, la clef et le chemin ; il n'y a plus qu'à …(d'une certaine façon) et nous pouvons être de ‘bon conseil’, nous savons quelles sont les recommandations qu'il convient que nous nous fassions à nous-mêmes comme  comme nous pouvons, d'ailleurs, faire à d'autres, pour aller vers le Père.

 

C'est Jésus qui a utilisé son enseignement,

ses paraboles,

ses énigmes,

ses exemples ; nous pouvons faire de même.

Ce don de l'Esprit Saint nous a été donné à la confirmation ; il imprime en nous une marque très, très forte.

 

Si nous sommes appelés à être des témoins dans le monde, c'est aussi pour être comme des maîtres (pas des dominateurs, mais des exemples) ; non pas pour que les autres viennent à nous-mêmes mais pour qu'ils aillent au Père.

 

Que le Seigneur renouvelle en  nous,  ce don du conseil.

Ses recommandations vont atteindre sûrement le but, qui est le Père, en Jésus.

Le Seigneur a été plein de patience et de bonté pour nous l'expliquer,

nous le montrer,

nous le faire entendre ; à nous, de même.

Amen.


Lundi 14 mai : St Matthias

Ac 1, 15-20.20-26 : Le remplacement de Judas.

Ps 112

Jn 15, 9-17 : la vigne, la véritable.

 

Le jour de la Pentecôte, en communion avec les confirmands, nous faisons mémoire des sept dons de l'Esprit Saint que nous avons reçus à notre propre confirmation et qui irriguent toute l'Eglise ; sept dons, sept jours (il nous reste sept jours).

 

Premier jour, premier don : l'intelligence, le don d'intelligence.

On dit que la foi est un acte authentiquement humain parce qu'elle ne peut pas être sans le concours de l'intelligence.

Une foi qui serait obéissance pure, sans que chacun puisse comprendre, parvenir à décider par lui-même s’il lui convient d'accorder sa confiance ou pas, cette foi-là serait une foi qui rendrait l’être servile.

Comment quelqu'un pourrait donc librement, vouloir suivre Jésus, s'il ne peut pas, auparavant, faire comme cet homme de l'Évangile : s’asseoir pour voir s’il a suffisamment pour prévoir la construction d'une tour ; s’asseoir et vérifier ce qu'il convient de faire ou pas et à un moment donné, nous accordons notre confiance et notre intelligence n’abdique pas, elle obéit ; ce qui va être différent.

 

Vous savez que nous disons que Jésus est la parole et l'image du Père, il est son visage ; il nous faut donc comprendre,

déchiffrer,

interpréter cette image et cette parole et c'est ce que nous faisons chaque fois que nous prions,

nous ouvrons l'Évangile,

nous repassons dans notre mémoire ces prières que nous connaissons par cœur ou bien tout simplement

chaque fois que dans notre vie relationnelle, telle ou telle rencontre, tout d'un coup, va allumer en nous un souvenir et en même temps, une sorte de ressemblance avec ce que nous savons de Jésus.

Il nous conviendra alors, de  discerner à quoi Jésus m'appelle, vers quoi le Seigneur, veut-il me conduire.

Chaque fois il est question d'intelligence.

 

Il est bon aussi de se rappeler la différence entre un signe et une signification.

Souvent nous, les chrétiens, nous voyons des signes partout, des signes par milliers comme dirait le cantique or le signe est un problème car chaque fois que nous voyons un signe quelque part, nous ne réfléchissons pas, nous ne réfléchissons plus, car un signe nous renvoie à ce que nous savons par cœur et à ce que l'on nous a appris ; il n'y a rien à réfléchir, il suffit de suivre : un petit bonhomme rouge qui s'allume, on ne passe pas ; le prêtre montre l'hostie, c'est le corps du Christ.

Le problème du signe, c’est qu’il nous empêche d'avancer, de réfléchir ; il se clôt sur lui-même.

La signification c'est tout autre chose, la signification c'est un mouvement permanent et de notre tête mais aussi de notre cœur devant tout ce qui nous interpelle : le prêtre montre l’hostie, c'est le corps du Christ et après ?

Ce corps du Christ, en ai-je besoin ?

Ce corps du Christ, d'où vient-il ?

Pourquoi ai-je faim du corps du Christ ?

Nous nous mettons en route.

 

Les apôtres étaient 12, (nombre sacré : 12 tribus d'Israël) ; les voici 11.

S'ils étaient arc-boutés sur le signe, ils auraient tous abandonné : la perfection était rompue ; ce n'est plus la peine de poursuivre au risque d'agacer Dieu et d'’attirer sur nous les foudres’.

Mais non ! Voici que leur intelligence pratique, inspirée par l'Esprit du Seigneur: ‘Après tout, nous pourrions être à nouveau 12 et après tout, peut-être que le Seigneur continue à écrire une page dans notre vie, même si Jésus est monté au Ciel.

Quelle est la signification, du chemin que nous avons eu avec Jésus ?

Nous pouvons retrouver dans toutes les rencontres que nous faisons et dans tout ce que nous voyons et entendons, des appels.

 

S'ils sont 12, c'est aussi pour vivre de l'Amour, ce n'est pas simplement par souci d'être 12 et puis c'est tout.

Le nombre 12 ne se suffit pas à lui-même, encore faut-il que circule entre eux, quelque chose ou quelqu'un : l'Amour.

Ce n'est pas pour bien paraître, 12 et restaurer ces 12 tribus ; encore faut-il que, dans cette relation à 12, ils puissent apprendre le service et l'Amour.

 

Ce n'est pas en dehors ou à l'extérieur de celui qui cherche qu'il faut chercher le Seigneur mais c'est dans celui qui cherche, que celui qui cherche doit le chercher et assurément, avec le concours de l'Esprit Saint, si nous le lui demandons.

 

Seigneur, que notre intelligence continue à te chercher,

qu'elle ne s'arrête jamais,

qu'elle essaie d'obéir, tous les jours, à la foi des apôtres,

qu'en te cherchant, elle finisse par accueillir avec confiance la foi que nous avons reçue des apôtres.

 

Seigneur donne-nous ton Esprit Saint pour que notre intelligence, toujours, soit en mouvement et te reconnaisse.

 

Amen.


Dimanche 13 mai

Ac 1,15-17a. 20c-26 : Le remplacement de Judas

Ps 102

1Jn 4, 11-16 : A la source de la charité.

Jn 17, 11b-19 : La prière de Jésus.

 

Je vous disais en introduction : je vous propose d'imaginer une minute, à partir de l'histoire suivante, ce qui s'est passé pour les apôtres (mais ce qui se passe pour nous, dans cet intervalle entre l'Ascension et la Pentecôte) ; c'est à partir d’une parabole de l'Évangile ; nous ne l'avons pas entendue aujourd'hui mais vous la connaissez.

 

Imaginez que vous avez trouvé, tout à fait par hasard (vous ne le cherchiez pas forcément, d'ailleurs) un trésor, un truc vraiment considérable qui change votre vie et qui est dans un champ.

Vous l'avez trouvé et vous décidez de consacrer tout le reste de votre existence à ce trésor, pour en jouir, de ce trésor.

La décision que vous allez prendre d’en jouir, va consister à vous dépouiller de tous vos biens pour acquérir ce champ au milieu duquel il y a ce trésor.

Vous êtes toujours dans l'histoire ?

Vous vous êtes dépouillés de tous vos biens, vous n'avez plus rien, plus de réserve :

il n'y a pas de bas de laine,

il n'y a rien sous les matelas,

il n'y a rien en Suisse,

il n'y a rien nulle part,

il n'y a plus rien ; vous avez ce champ et ce trésor, au milieu.

Vous ne pouvez plus reculer (d'une certaine façon) sauf à revendre le champ, éventuellement.

 

Vous y êtes et votre objectif c'est de jouir de ce trésor, sauf que ce trésor vous avez du mal à le retrouver.

Pas de bol !

Vous grattez un peu partout, vous faites des cercles et vous avez un vague souvenir de l'endroit où il se trouve et une sorte d'angoisse vous prend : ‘mais ai-je bien fait ?

Ne me suis-je pas trompé ?

Mais je ne peux pas reculer ! Je ne peux pas reculer parce que j'ai mis tout mon avoir dans ce champ.

Alors, il va falloir que j'organise ce temps qui va consister à retrouver le trésor dans ce champ ; je n'ai pas d'autre alternative.

C'est là qu'il faut bien être dans l'histoire : je n'ai pas d'autre alternative ; il faut que je m'organise et que j'organise mon temps, que je gère mon attente, le temps de retrouver ce trésor’.

 

Alors ce trésor, qu'est-ce que c'est ?

Je vous propose une clef : c’est l’Amour, un Amour extraordinaire, le Christ lui-même.

Christ trouvé son trésor : le père et les hommes.

Ça y est, ses disciples sont dans l'unité, il les envoie à travers le monde ; lui, ça y est, il est auprès du Père.

 

Mais nous, de la même façon, notre trésor, c'est le Christ.

De même que Jésus est dans la communion du Père, nous, nous sommes dans la communion du Christ mais avec quelque chose que le Christ n'a pas : nous, nous sommes dans le monde et lui n'y est pas (ou il n'y est plus).

 

Il va donc falloir apprendre à gérer de ne pas être toujours avec ce trésor.

Nous pouvons être en train de gratter la terre, autour ; nous nous souvenons qu'il y a ce trésor au milieu du champ mais là, présentement, je n'en jouis pas (ou je n'en jouis plus) ; j'en ai profité, mais dans cet instant précis, ce trésor du Christ n'est que souvenir et espérance, aussi.

J’en ai vécu, je vais en revivre à nouveau ; mais là, je gratte la terre ; on peut appeler ça (si vous voulez), l'attente.

C'est ce que vivent les apôtres, ils attendent, dans quelques jours, le don de l'Esprit Saint, sa puissance qui va leur donner force, un Esprit Saint qui va leur permettre de ne pas se décourager dans ce champ qu’ils grattent.

 

Mais cette attente peut être très dangereuse : si vous êtes orientés dans le bon sens, cette attente va être dynamique,

elle va être belle,

elle va vous permettre de ne pas perdre votre temps

et de ne pas perdre espérance, ni foi

mais si vous vous tournez dans le mauvais sens, cette attente peut se transformer en tentations de toutes sortes.

 

Dans le désert, Jésus a connu ces tentations ;

dans la prière du Notre-Père : "ne nous laisse pas entrer en tentation".

Si j'oublie ce que j'attends, je peux finir par m'ennuyer et me laisser aller à une forme d'oisiveté qui va peut-être m’ébranler.

 

Rappelez-vous ces quatre vertus dont il a été question le week-end dernier :

la force,

la tempérance,

la justice,

la prudence (vous savez, ces quatre choses qui sont du catéchisme de nos ancêtres mais qui sont vraiment très efficaces pour entretenir notre attente).

 

N’hésitons pas à  les demander au Seigneur mais si nous sommes conscients qu'il y a à nous de la force,

de la tempérance,

un peu de justice,

de la prudence alors oui, cette attente sera dans le bon sens mais si vous les retournez ces vertus, si vous les mettez dans le mauvais sens, que deviennent-elles?

La force devient de l’inconsistance,

la prudence devient un manque de discernement,

la justice de l'abus,

la tempérance de l'excès.

Partout où il commence à y avoir dans nos vies, un peu d'excès,

d’abus,

d’inconsistance,

de manque de discernement : attention, ça glisse !

Et on va gratter la terre, on va la gratter, le trésor s’éloigne.

Mais je vous rappelle, il n'y a pas d'autre alternative : on a que ce champ.

Nous sommes dans le monde ; Jésus lui, est avec le Père.

Il nous promet l'effusion de l'Esprit Saint.

 

Dans une semaine, nous allons vivre et célébrer la Pentecôte, nous allons être en communion avec ces jeunes de notre communauté qui vont, début juin, être confirmés et nous serons en communion avec Delphine qui, samedi à Troyes, l'après-midi, veille de Pentecôte, sera confirmée (souvenez-vous : ils ont été présentés il y a une semaine) quatre jeunes de notre communauté et quatre autres de Vendeuvre seront confirmés à Bossancourt ; une adulte, à Troyes, Delphine.

Quand l’évêque imposera les mains sur eux, il va prier l'Esprit Saint (cet Esprit que nous avons reçu à notre confirmation ; Vanessa, Laurent, vous l'avez reçu, vous !

C'était quand ? Il y a deux ans ? Deux ans.

Carmen, tu l'as reçu aussi ? Il y a deux ans.

Il y a Ludivine, peut-être bien dans l’assemblée.

Maria, également et puis je ne sais pas s’il y a Ludovic, par là.

D'autres, il y a longtemps.

 

‘Esprit de sagesse, Esprit d’intelligence, Esprit de conseil, Esprit de force, Esprit de connaissance, Esprit d'adoration, Esprit d'affection filiale, Esprit Saint viens sur nous ; mets nous dans la bonne direction, que nous ne soyons pas dans l'excès,

que nous ne devenions pas des hommes inconsistants,

que nous ne soyons pas sans discernement,

que nous ne soyons pas dans l'abus vis-à-vis de nous-mêmes et des autres sinon, nous grattons le sol avec le vague souvenir d'un amour et d'un trésor très grands.

Esprit Saint, viens sur nous’.

 

Cette semaine, on peut prier comme les apôtres, au Cénacle.

Cette attente, qu'elle ne soit pas oubli, que nous soyons orientés dans le bon sens.

Donne-nous ton Esprit Saint.

Je vous propose que nous reprenions nos feuilles de chants et qu'ensemble nous chantions le refrain du chant d'entrée :

 

Viens Esprit Saint, viens embraser nos cœurs,

viens au secours de nos faiblesses

viens Esprit Saint, viens Esprit consolateur,

emplis-nous de joie et d'allégresse.

 

Le champ de notre vie, avec ce trésor au milieu, c'est le Seigneur qui nous l’a donné à notre baptême.

Nous n’avons pas d'autre alternative, nous ne pouvons pas fuir : ‘Seigneur donne-nous ton Esprit pour que nous soyons toujours au plus proche de ce trésor et qu’étant proches de ce trésor, nous soyons proches de l'amour pour nos frères et nos sœurs.

 

Viens Esprit Saint, viens embraser nos cœurs,

viens au secours de nos faiblesses

viens Esprit Saint, viens Esprit consolateur,

emplis-nous de joie et d'allégresse.

 

Le champ, c'est aussi le champ du monde, (pas que notre vie toute seule) mais le vaste monde et dans ce champ du monde, par notre foi, nous savons qu'il y a un trésor.

Tant d'hommes et de femmes cherchent un puits où se désaltérer et n’en trouvent pas.

Nous pouvons nous, nous reposer sur ce puits-là comme la Samaritaine.

Permettons à d'autres de connaître ce puits pourg venir s’abreuver à sa source.

Donne-nous ton Esprit Saint :

 

Viens Esprit Saint, viens embraser nos cœurs,

viens au secours de nos faiblesses

viens Esprit Saint, viens Esprit consolateur,

emplis-nous de joie et d'allégresse.

 

Quand la foi semble s’évanouir comme des ombres fugitives, Seigneur viens renforcer notre foi.

Elle est d'abord un don et cette foi peut être toute petite comme une graine de moutarde ; par ton Esprit Saint, elle peut devenir grande comme un arbre :

 

Viens Esprit Saint, viens embraser nos cœurs,

viens au secours de nos faiblesses

viens Esprit Saint, viens Esprit consolateur,

emplis-nous de joie et d'allégresse.

 

 Cette semaine, prions les uns pour les autres pour que cette Pentecôte, la semaine prochaine, soit une vraie Pentecôte pour notre Eglise locale, notre Eglise diocésaine et le monde entier et rappelons-nous que dans chaque eucharistie (celle que nous allons célébrer aujourd'hui et celle de chaque jour) c'est toujours la première de toutes les messes et que l'Esprit Saint est présent pour être avec les apôtres, les apôtres du dernier repas de Jésus, les apôtres du Cénacle.

C'est l'Esprit Saint qui fait du pain et du vin, le corps de Jésus et le sang de Jésus.

 

Viens Esprit Saint, viens embraser nos cœurs,

viens au secours de nos faiblesses

viens Esprit Saint, viens Esprit consolateur,

emplis-nous de joie et d'allégresse.


Jeudi 10 mai : fête de l’Ascension

Ac 1, 1-11 : Prologue. L’Ascension.

Ps 46

Ep 4, 1-13 : La vie nouvelle dans le Christ.

Mc 16, 15-20 : Apparitions de Jésus ressuscité.

 

Dans ces textes, en cette fête de l'Ascension, nous avons une série de petits enseignements qui valent la peine d'être retenus, aujourd'hui.

D'abord, on a quatre principes de la foi ; si vous les oubliez, vous les retrouverez sur l'édito qui est écrit sur le recto de votre feuille.

 

Premier principe, la foi est par nature communicative mais elle se communique par le témoignage et non pas, par la qualité des propos de celui qui la communique ; c'est la qualité de sa vie.

Si d'une certaine manière on peut dire ça, le témoignage ne se réduit pas uniquement aux gestes et à la manière dont le témoin déambule dans la rue (ça va aussi passer effectivement par ses propos) mais ça n'est pas (la foi qui se transmet) emporter l'adhésion d'une personne ; ce n'est pas ça, ça n'est pas la qualité d'un raisonnement qui va compter c'est plus global : la qualité de sa vie (pourrions-nous dire).

 

La foi est un don qui est fait par Dieu, à celui ou celle qui, au contact d'un témoin de la foi, va être ravi ; mais la foi n'est pas donnée d'homme à homme comme on se donne la grippe ; la foi vient du Père et atterrit dans le cœur de celui qui devient croyant.

 

Le deuxième principe de la foi, c'est que tous les témoins de la foi peuvent être en toute sécurité et confiance : le Seigneur va les défendre de tous les dangers qu'ils peuvent rencontrer sur leur route.

N’ayez crainte, chers amis témoins de la foi ; inutile de se tâter le pouls, il continuera à battre : le Seigneur est là pour défendre ceux qui vivent de lui.

 

Le troisième principe de la foi, c'est un principe unificateur : partout où il y a des gens qui croient en Christ, il ne peut pas y avoir de division.

Le Corps du Christ divisé en mille morceaux c'est un problème de foi, c'est une foi malade, ce n'est pas une foi en bonne santé.

Quand le Corps du Christ est uni, la foi de chacun de ses membres est en bonne santé.

 

Et le quatrième élément de la foi, c'est que celui et celle qui vit cette foi-là, qui l’a reçue du Père ; il est inutile qu'il reste assis à regarder l'endroit dans le ciel où le Christ est monté, il n'est plus là, ce n'est pas compliqué.

Celui qui vit de la foi peut se déplacer en n'importe quel point du globe, partout où l'Eglise a à être ; la foi rend mobile, un principe centrifuge.

Quatre principes de la foi.

 

Après, la question c'est : comment avoir une foi de qualité (pas : des fois de qualité mais une foi de qualité) ?

Alors je vous propose une triade ; ce n'est pas sur vos feuilles, il faut s'en souvenir si ça vous intéresse : l'amour, la tempérance et la prière (la tempérance, c’était une vertu de la semaine dernière).

 

L'amour, c'est tout simple, c'est une injonction de Jésus dans les quatre Évangiles : il ne faut avoir pour aucun homme sur terre de l’aversion, de la haine, de la colère, de l'emportement, ce n'est pas possible ; il faut faire en sorte de ne pas en avoir.

Ça ne veut pas dire que des actes posés par les uns et les autres ne sont pas répréhensibles, à commencer par les miens mais pour les personnes elles-mêmes, (pour les personnes !) ça n’est pas possible d'avoir de l’aversion, de la haine, de la colère, de l'emportement.

 

Eh bien comment faire ?

C’est là qu’il faut passer au deuxième pôle de cette triade : la tempérance.

La tempérance va nous aider à éviter d'aller jusqu'à la haine, la colère, l'emportement ; tout simplement parce que la tempérance va modérer, (va jouer le rôle de modérateur de) nos passions, de nos emportements, de nos excès et également de notre désir.

La tempérance ne vient pas couper tout cela, elle vient les modérer, peut-être même prévenir la survenue de l’un ou l'autre de ces actes : colère, emportement, etc.

 

Et le troisième, la prière.

La prière tourne toujours notre regard vers des réalités plus élevées ou plus profondes, pour ne pas toujours avoir le nez rivé sur le frère que je ne peux pas voir en face.

 Si j'ai le regard levé vers le ciel, ce n'est pas que je suis en train d'ignorer le frère, mais je suis en train de le regarder autrement qu’à travers ses actes qui m'excitent, qui m’agacent.

Quand j'ai envie de tordre le cou à un frère, c'est parce que ses actes m’énervent mais ce n'est pas le frère.

 

Si je suis attaché à ces trois choses : amour, tempérance et prière, ma foi va se polir, va se bonifier, va devenir comme un bon vin, cette foi-là va croître et je vais décoller dans ma vie, les personnes de leurs actes (toutes personnes autour de moi) et il y a autre chose qui se décoller dans ma vie à moi.

Si dans la vie des autres, je vais distinguer les personnes de leurs actes par l'amour, la tempérance et la prière ; dans ma vie à moi, il y a quelque chose qui va se décoller également : c'est mon cœur de tous ses propres excès.

Alors si vous avez en mémoire quelques-uns de ces fameux péchés que l'on appelle des péchés capitaux, ça peut vous aider à vous décoller :

nous ne sommes pas tout entier gourmandise,

nous ne sommes pas tout entier colère,

nous ne sommes pas tout entier envie,

nous ne sommes pas tout entier jalousie,

nous ne sommes pas tout entier luxure,

nous ne sommes pas tout entier avarice ; nous sommes amour, c'est ça notre vocation.

Nous sommes amour et si nous sommes convaincus que nous sommes amour, notre frère est autre chose que ses actes, il est amour aussi.

Mais vous voyez, on ne peut pas séparer l'amour de ce qui va le guider : la tempérance et la prière.

 

Et si nous avons ces trois choses-là, pour sûr, nous serons de bons témoins de la foi, pour sûr.

 

Amen.


Mercredi 9 mai :

Ac 17, 15.22-18,1 : Discours de Paul devant l’Aréopage.

Ps 148

Jn 16, 12-15 : La venue du paraclet.

 

Au commencement, il y a dans notre vie de baptisé, la décision de ne pas en rester seulement à notre baptême mais la décision d'imiter Jésus.

Ceux qui ont pris cette décision dans leur vie, quel que soit leur âge, commencent une aventure de cheminement, ils cheminent ; ils cheminent un peu comme les disciples ont cheminé avec eux Jésus jusqu’à Jérusalem et ensuite jusqu'au lieu où Jésus leur est ravi au regard, au moment où il monte vers son Père.

 

Celui qui décide d'imiter Jésus, va l’imiter dans trois grands domaines de sa vie :

d'abord dans sa manière de faire du bien.

Celles et ceux qui veulent imiter Jésus peuvent imiter Jésus dans sa manière de faire du bien.

Ils peuvent aussi imiter Jésus dans sa patience, on l'évoquait hier à la messe, la patience.

Ils peuvent aussi imiter Jésus dans sa manière de supporter toute chose sans penser au mal, ce que l'on a essayé de contempler au moment de la semaine Sainte ; supporter toute chose sans penser au mal, sans fomenter en ayant envie de vengeance.

Trois choses en Jésus que nous décidons ou nous avons décidé ou nous déciderons, (à chacun, c'est selon) d'imiter.

Ça part de nous : nous décidons.

 

 Mais celui qui s'est mis en route dans cette décision, qui essaie comme il est (c'est-à-dire vaillamment et parfois avec découragement, il se remet en route et  il découvre qu'il n'est pas parfait, il essaie de s’amender, de se laisser émonder, il continue à la suite de Jésus) à un moment donné, celui ou celle qui est sur cette route va découvrir qu'il y a en lui, (à force de vouloir imiter Jésus), qu'il y a de la présomption.

Il va essayer de se défaire de cette présomption ou bien il arrête d'imiter Jésus et il va aussi découvrir qu'il y a de l'envie chez lui.

Il va falloir qu'il fasse avec et s’en défaire autant qu'il peut, un peu, comme ça ; sinon il décide d'arrêter d’imiter Jésus.

Il va découvrir qu'il y a de la jalousie aussi (c'est plus fort encore) et soit il va essayer de faire avec, de s'en défaire autant que possible soit il va décider d'arrêter d'imiter Jésus.

 

Mais c'est là que les choses deviennent intéressantes, (d'une certaine façon), parce qu’au commencement nous avons décidé d'imiter Jésus et tout d'un coup, nous découvrons que bien au-delà de notre décision, Dieu a décidé bien avant nous, de nous aimer.

C'est son Amour qui nous précède et c'est son Amour que nous imitons et même, Dieu nous aime ; il nous aime le premier.

Ça c'est la deuxième étape, disons que c'est là où nous en sommes aujourd'hui, veille de l'Ascension.

 

À la Pentecôte, on arrivera peut-être à une troisième étape, c'est celle de découvrir que c'est l'Esprit Saint lui-même (ce n'est pas rien), l'Esprit du Père et du Fils qui dégage à l'intérieur de nos cœurs, qui nous fait nous découvrir, qui déterre les trésors de l'Amour de Dieu, pas uniquement que pour nous, ni uniquement que pour les autres, ni uniquement pour Dieu lui-même, mais les trésors de l'Amour de Dieu, point ; comme si ce travail de l'Esprit Saint était comme difficile tant qu'il n'y avait pas de notre part une décision originelle de se mettre en route ; et parce que nous nous sommes mis en route, nous découvrons que l'Esprit nous précède : c'est un peu un parcours presque paradoxal.

Mais il faut avoir fait ce chemin ; en tout cas, il faut se laisser guider.

 

"Quand viendra lui, l'Esprit de vérité il vous conduira (nous sommes invités à lire : il nous fera cheminer) vers la vérité tout entière".

Amen.


Mardi 8 mai :

Ac 16, 22-34 : Délivrance merveilleuse de Paul et Silas.

Ps 137

Jn 16, 5-11 : Les disciples et le monde.

 

Les Actes des Apôtres qui a été lu tout à l’heure, c'est un texte qui est joli et qui est presque drôle, en fait.

Est-ce que vous savez pourquoi Paul et Silas sont en prison à ce moment-là ?

 

Le texte nous raconte la libération miraculeuse de Paul et Silas mais ils sont en prison pour une bonne raison qui peut nous paraître surprenante.

Voici que Paul et Silas sont poursuivis par une femme qui est au service de citoyens romains et cette femme a un esprit en elle, qui lui permet de discerner, de voir ce qu'il y a dans les gens : une sorte (on pourrait presque dire) de prophétesse.

Et comme cela arrive déjà pour Jésus dans l'Évangile, elle vient vers Paul et Silas et leur dit : ‘vous croyez en Dieu, vous êtes des disciples’ et elle a raison, (il n'y a pas de problème) mais elle insiste et ils finissent par être assez agacés.

Ce n'est pas du tout parce qu’ils ne sont pas d'accord avec ce qu'elle dit (et puis ça ne va pas forcément leur nuire plus que ça) mais ça les agace donc ils finissent par dire : ‘ça va bien cinq minutes !’ et Paul en particulier, agit pour que l'esprit qui est dans cette femme, cette  espèce d'esprit de divination puisse sortir ; donc la femme perd son pouvoir et du coup les maîtres de cette femme sont tout embêtés parce que ça leur rapportait bien, c’était à leur profit, à leur bénéfice d'avoir cette femme qui voyait dans le cœur des gens ; donc ils sont très agacés à leur tour contre Paul et Silas et ils décident donc de les faire mettre en prison et c'est ce qui se passe.

Les voilà en prison.

Il est aussi dit, comme vous l’avez entendu dans le récit : le geôlier va devenir à son tour, disciple.

 

Permettez-moi de parler d'autre chose en cette circonstance, puisque nous sommes dans l'attente de l'Esprit Saint et dans l'attente du départ de Jésus vers son Père et dans cet intervalle entre Jésus qui va vers son Père et le don de l'Esprit Saint (une dizaine de jours), il est question de patience.

La patience est un excellent exercice pour aiguiser notre amour les uns des autres et pour creuser en nous la paix.

Celui qui est dans une agitation permanente ou dans une impatience qui est chronique, ne peut pas être par artisan de paix et lorsqu'il va parler de l'amour des frères, il va être plutôt dans la formule creuse que dans quelque chose de réellement vécu.

Celui qui prétend aimer Dieu

ou croire en Dieu

ou connaître Dieu

ou pratiquer au nom de sa foi, s'il n'est pas dans l'amour des frères, il ment.

C'est souvent ce qui est reproché d'ailleurs, aux chrétiens : quand ils sortent de l'église après avoir célébré la messe et qu'ils se tirent dans les pattes, ce ne sont pas des artisans concrètement de paix ; on leur dit : ‘mais à quoi ça sert de croire en un Dieu qui est amour si vous ne vous aimez pas’ et qu’en réalité ce qui souvent est une rude épreuve en nous, ce n’est pas toujours nos bonnes intentions, c'est surtout notre capacité à être dans la patience.

 

Il y a deux paraboles dans l'Évangile qui disent la patience, autant la nôtre que celle de Dieu : il y a la parabole de l'ami importun, c'est-à-dire qui en pleine nuit, va frapper à la porte de votre maison alors que vous êtes déjà couchés et qui vous dit : ‘donne-moi du pain car je reçois chez moi, moi-même, un ami qui n'était pas annoncé et je n'ai rien à lui offrir’ et vous vous dites : ‘je n'ai pas envie de sortir de mon lit, je suis décidé à rester au chaud’.

Mais votre ami continue de frapper à la porte ; ça peut vous agacer, (un peu comme cette femme agaçait Paul et Silas) mais même si ça vous agace, votre ami continuera à frapper à la porte ; il faut donc faire quelque chose.

 

Votre patience dans la parabole, c'est plutôt celle de l'ami qui frappe à la porte : la patience qui est mise en avant, c'est celle de celui qui demande, qui frappe; il insiste, il insiste et il a raison d'insister parce que celui qui est dans son lit, va finir par céder et il va lui donner le pain dont il a besoin.

C'est une façon de nous dire : ‘ayez patience,

continuez,

demandez sans faiblir,

frappez à la porte, on vous ouvrira’.

 

‘Ayez patience dans votre prière de la même façon que vous allez être patient avec vos frères’ : celui qui n'est pas patient avec ses frères n'est très certainement pas patient dans sa prière et celui qui prétend être patient dans sa prière, il l’est forcément avec ses frères !

 

Et il faut de la patience pour être dans la paix ; la paix se reçoit dans un cœur patient

 

La deuxième parabole c'est la veuve devant un juge inique ; une femme qui réclame justice dans un village (ça pourrait être Bayel, par exemple) ; imaginez qu’il y a un juge dans le village et le juge ne veut pas se laisser déranger par cette femme qui frappe à la porte, qui frappe à la porte et qui frappe à la porte et qui demande, qui demande et qui demande.

C’est toujours pareil  cette femme aura eu raison finalement d'être patiente et de demander sans se lasser parce que le juge aura bien compris que pour obtenir sa propre paix à lui, il faudra qu'il la donne à cette femme et donc là encore, une parabole qui loue la vertu de patience.

 

C'est une œuvre de miséricorde, la patience, de miséricorde spirituelle : on fait du bien quand on est patient.

On fait du bien, pourquoi ?

Parce que nous n’attisons pas la colère et l'impatience des autres lorsque nous-mêmes, nous sommes dans la patience.

Nous n’attisons pas la discorde lorsque nous-mêmes, nous sommes dans la patience.

Demandons-la pour nous.

Demandons la même patience qu’ont eue les apôtres lorsqu'ils étaient à attendre l'Esprit Saint et demandons la patience qu’ont eue tous les artisans de paix à travers l'histoire et aujourd'hui encore et il en faut, pour demander sans se lasser que la paix advienne.

 

Amen.


Dimanche 6 mai 

Ac 10, 25-26. 34-35. 44-48 : Discours de Pierre chez Corneille. Le baptême des premiers chrétiens.

Ps 97

1Jn 4, 7-10 : A la source de la charité.

Jn 15, 9-17 : La vigne, la véritable.

 

Chers amis, est-ce que vous ne seriez pas d'accord pour dire que c'est un peu paradoxal de donner le commandement de l'Amour, c'est-à-dire d'obliger des personnes à aimer et si elles finissent à cause de ce commandement, par aimer, est-ce que cet amour est aussi savoureux, beau, lumineux, qu'un amour libre, un amour qui n’obéit à aucun commandement et qui surgit tout seul, comme ça, sans aucune prescription ?

Si dans vos couples vous êtes obligés de vous aimer l’un, l'autre, est-ce que l'amour que vous allez recevoir va vous toucher autant que si cet amour était spontané ?

Un peu comme l'anniversaire de vos épouses, Messieurs : si vous offrez des fleurs uniquement parce que vous savez que votre épouse va vous en vouloir très longtemps si vous ne les lui offrez  pas ; est-ce que ce cadeau, Mesdames, que vous allez finir par recevoir, est tout aussi merveilleux que s’il venait seul, comme ça sans que vous l'ayez prémédité ?

Voilà, le commandement de l'amour, très concrètement, notamment dans nos  communautés mais entre deux personnes qui s’aiment d'un amour qui peut les engager pour toute leur vie, est-ce que ça n'est pas paradoxal ?

 

Question, mais en même temps, si nous sommes vraiment des hommes et des femmes d'expérience, nous savons qu'il faut aussi nous tenir à une fidélité et cette fidélité ne vient pas toute seule, il faut la susciter, il faut s'attacher parfois à un règlement, un règlement qu'à défaut de recevoir de quelqu'un d'autre, il faut parfois se l'inventer soi-même, pour demeurer.

 C'est ce que Jésus propose à ses disciples (ou du moins suggère avec force à ses disciples) et nous recevons ce texte à quelques jours de la Pentecôte.

 

Jeudi, lorsque nous serons rassemblés pour célébrer l’eucharistie (fête de l'Ascension), nos regards seront dirigés vers le Ciel mais ces regards dirigés vers le Ciel, peu de temps plus tard (10 jours après), verront l'Esprit Saint descendre et cet Esprit Saint, que vient-il dans nos vies, éclairer, féconder, produire ?

 

Je vous propose aujourd'hui, que nous nous remémorions ce que nous avons appris au catéchisme lorsque nous étions enfants (surtout les aînés parmi nous, parce qu’on n'en parle plus guère aux plus jeunes) ; je pense que Baptiste et je pense que sa sœur, l'un et l'autre, au catéchisme, vous n'en avez pas entendu parler (vous ne savez toujours pas de quoi mais je vais vous le dire) mais vos aînés en ont entendu parler : ce sont les vertus.

 

Vous savez qu'il y a les vertus théologales : foi, espérance, charité mais ce n'est pas de celles-ci dont je vais vous parler, ces vertus qui sont comme des pivots dans nos vies

sont comme des socles solides,

comme des repères que l'on se donne et en même temps que l'on reçoit ; des choses belles.

 

L'homme vertueux c'est celui qui librement, (donc il n'y a pas le commandement derrière), librement va faire le bien (ou tout du moins, le vouloir) pour lui et pour les autres ; ça c'est l'homme vertueux.

 

Mais qu'est-ce qu’une vertu?

Une vertu c'est cet impératif que l'on se donne à soi-même de demeurer,

d'être dans la stabilité,

de se fixer un cap et d'y rester,

d'être sur les mêmes coordonnées,

d'essayer le plus possible d’entretenir une fidélité ; ça c'est la vertu.

 

Et Jésus dans l’Evangile, invite ses disciples à demeurer,

à entretenir (presque à conserver) tout ce qu'ils ont reçu dans la joie de Pâques mais telle une fleur au printemps, tout ce que nous allons recevoir dans la joie de Pâques, finit par se flétrir si nous ne l'entretenons pas d'où l'importance, pour les disciples de se donner à eux-mêmes (sans que ça vienne de l'extérieur) un commandement impérieux : ‘demeurez, 

choisissez de demeurer,

librement choisissez de demeurer dans l'amour que vous avez reçu.

 

Quatre vertus : force, justice, tempérance, prudence.

Si vous allez au réfectoire des moines à l'abbaye de Clairvaux (tout a été refait il y a un an ou deux et ouvert au public), vous verrez dans des sortes d'oculus tout autour, des peintures qui représentent ces vertus et d'autres encore, notamment la pureté.

 

Ces quatre vertus, pour elles-mêmes, nous pouvons en parler dans la prière, (dans notre prière personnelle) ; ça signifie déjà de s’en souvenir et d'en parler au Seigneur :

"Seigneur (au lieu d'être toujours dans un grand mouvement : je t'aime, tu m'aimes, je te prie pour les miens etc.) on peut ajouter un peu d’ingrédients dans nos prières, un peu de liant) Seigneur donne-moi d'être plus dans la tempérance,

donne-moi d'être plus dans la justice,

donne-moi d’être plus présent dans la prudence,

donne-moi plus de force.

Si vous ne savez pas toujours ce que chacune des vertus a comme conséquence, ne vous inquiétez pas, le Seigneur le sait très bien.

 

Ces quatre vertus nous donnent en toute circonstance, dans les bons moments

et dans les moments où c'est moins simple (et c'est surtout dans ces moments-là que ça compte d’être fidèles),

dans les moments joyeux comme dans les orages personnels, nous donnent la possibilité d'être dans la constance.

 

La force, par exemple : il ne s'agit pas d'écraser son adversaire ; la force c'est cette capacité d'une personne, à continuer malgré l'adversité (on pourrait appeler ça le courage, si vous voulez) ; c'est la force car parfois il faut de la force (et ce n'est pas celle d'écraser l'adversaire).

 

La prudence par exemple, ça n'est pas la peur

la prudence, ça n'est pas la fuite

ni la duplicité,

la prudence, c'est l’art, (en toute circonstance, là encore), d'être dans son juste-milieu personnel, comme la tempérance, dans son rapport aux biens matériels, aux autres, et à soi-même; ne pas être dans l'excès mais de pouvoir conserver ce juste-milieu qui nous caractérise et qui est de l'ordre de la modération.

 

La justice, c'est en toute circonstance (et notamment, lorsque nous sommes piqués au vif en nous-mêmes) c'est de donner à chacun et à Dieu ce qui lui est dû.

 

Voyez, chacune des vertus a cette capacité de porter en elle et d'infuser en nous, la mesure alors que les tempêtes,

les orages,

les adversités,

les découragements,

les matins qui ne sont pas comme les autres, auraient tendance à produire en nous l'excès, dans tous les sens.

 

La vertu : librement, je choisis de me donner les moyens de demeurer dans la juste mesure et de fuir l'excès.

La vertu a ceci de particulier, c'est qu’on ne peut pas se la donner soi-même.

On peut décider d’accueillir la prudence, la force, on peut décider (et d'ailleurs, il le faut si vous voulez bien), il faut le vouloir mais nous croyons très fort, chrétiens, qu’il n'y a que le Père et le Fils qui peuvent nous les donner complètement, dans nos vies.

 

Maintenant, j'en viens à la Pentecôte.

Quand nous serons à la Pentecôte, joyeusement réunis, (à Urville le samedi soir, à Bar sur Aube, le dimanche), nous pourrons accueillir l'Esprit Saint comme celui qui va activer dans nos vies, ces vertus (mais si nous le voulons car l'Esprit Saint  ne produit pas dans nos vies ce que nous ne voulons pas).

Il faut demander l'Esprit Saint dans l’intention de le recevoir.

 

Demandez  l'Esprit Saint, qu’il vienne féconder en vous ces vertus : "Seigneur je voudrais tant demeurer en ton amour : donne-moi d'être dans la tempérance,

donne-moi d'être dans la justice,

donne-moi d'être dans la force,

donne-moi d'être dans la prudence mais j'ai besoin de ton aide ; donne-moi ton Esprit Saint.

 

Alors, dans notre prière, on peut se remémorer : prudence, justice, tempérance, force pour demeurer.

Attention, les vertus c'est comme la crème glacée au soleil : plus j'en parle aux autres glorieusement, plus elles disparaissent ; on ne peut pas s'enorgueillir d’avoir des vertus ou de chercher à les développer car sinon, elles disparaissent ; ça ne peut pas être un motif de vaine gloire.

 

Hier, j'ai pu présenter à la messe à Bar sur Aube (mais ils ne sont pas là ce matin) celles et ceux qui vont être confirmés : nous avons quatre jeunes sur notre paroisse qui seront confirmés au début du mois de juin, nous serons à Bossancourt (on avait dit à un moment, Jaucourt mais ce sera Bossancourt) et une adulte, Delphine, que beaucoup connaissent parmi nous, (qui est de Bayel) qui sera confirmée la veille de Pentecôte, à Troyes.

 

On peut également prier pour eux car je pense qu'ils font le choix de vivre avec la force de l'Esprit Saint et développer en eux quelques vertus qui leur permettent de demeurer.

 

Amen.


Jeudi 3 mai : saints Philippe et Jacques

1Co 15, 1-8 : Le fait de la résurrection.

Ps 18a

Jn 14, 6-14 : Dialogue entre Philippe et Jésus.

 

On a un dialogue entre Jésus et Philippe ; il n'y a pas beaucoup dans l'Évangile de Jean, de dialogues aussi soutenus (il y en a quelques-uns, pas beaucoup entre les disciples et Jésus ; on va avoir avoir parfois de longs monologues de Jésus ou la prière de Jésus à son Père ou un dialogue qui va s'amorcer entre Jésus et une personne par l’intermédiaire de laquelle Jésus va accomplir un signe, par exemple : l'aveugle de naissance ou bien encore, les noces de Cana) mais là, c’est avec le disciple.

 

Une question importante en cette fête de Philippe et Jacques, (Philippe qui est un disciple de Jean-Baptiste au départ) c’est: "Montre-nous le Père".

Jésus prétend dévoiler et dévoile toujours, face à des personnages qui ne s'en rendent pas compte, combien il y a derrière lui, le Père.

 

On sait que dans l'Eglise, on a tous la vocation à rentrer dans cette relation intime du Père, du Fils et tous les deux qui donnent l'Esprit Saint.

Il y en a qui, de manière excellente, rentrent dans cette relation et même la contemplent, en vivent et la contemplent, ce sont les contemplatifs.

Nous sommes tous ouverts, potentiellement, à cette découverte de la belle relation entre le Père et le Fils.

 

Ce que Jésus dit, interroge ce que nous connaissons de Jésus, ce que nous connaissons de Dieu.

Vous savez qu'on connaît de Dieu, ses œuvres, sa création ; on connaît surtout ce que Jésus en révèle.

Mais attention nous ne sommes pas dans un monde à deux dimensions, avec Jésus ; nous ne sommes pas dans un monde plat, nous sommes dans un monde de relation et donc, de là, à connaître ce qui se vit dans la relation d'Amour en Dieu à travers Jésus, c'est encore une autre affaire.

Mais pourtant, nous pouvons y entrer.

 

Le Père lui, se connaît lui-même ; il connaît aussi toute sa création (il est le créateur) ; mais nous, les créatures, on connaît quelque chose de la création,

on se connaît un peu,

on connaît vaguement Dieu mais on ne sait pas comment Dieu connaît, ça on ne sait, on ne sait pas bien, ce n'est pas évident, ce n'est pas évident de rentrer dans la façon dont Dieu se connaît lui-même et nous connaît, nous-mêmes, comme créatures.

On pense que c'est par Jésus ; on pense que c’est par Jésus qu'on peut rentrer dans cette connaissance-là et c'est ça qui produit en nous la joie et qui produit en nous la bonté, c'est de rentrer dans cette manière de connaître.

 

Tant qu’on en reste à Jésus seul, on va être dans le registre des valeurs : Jésus était comme ci, il était comme ça, il a dit ci, il a dit ça alors il faut autant que possible, l'appliquer ; c’est d'ailleurs très important.

Mais, connaître comme nous, nous sommes connus, c'est tout aussi important et là on n’est plus dans le domaine des valeurs, on est dans le domaine de la bonté et de la paix.

Quand même, on en a besoin de la bonté, on a besoin de la paix et à force de prier pour la bonté et pour la paix, voilà qu'on nous la propose et pour nous et pour les autres, on va  quand même en profiter ; il s'agit d'entrer dans cette connaissance.

 

Comment faire ?

 

D'abord, ne pas perdre le fil de Jésus ; le peu qu'on connaisse de lui, même si c'est uniquement de l'ordre des valeurs, il faut rester attaché à Lui.

 

Et puis pratiquer autant que possible ce que Jésus dit dans l'Évangile : les œuvres.

Il nous dit : "je vous le dis celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi, il en accomplira même de plus grandes".

 

Quelles sont nos œuvres à nous ?

Eh bien, ce sont les vertus, les vertus : ce qu’on a appris au catéchisme quand on était gamin.

Si vous allez visiter l'ancienne chapelle qui est devenue salle à manger, dans l’abbaye, vous allez voir les vertus qui sont dessinées.

 

Pratiquer les vertus c'est accepter qu'il y a du bon,

du bien,

qu'il y a du vrai

qu'il y a du beau, et que connaître, implique de sortir de nous-mêmes ou de creuser en nous.

Les vertus ont ceci de particulier, c'est qu'elles nous titillent en permanence, elles nous prennent à rebours dans notre manière d’être,

qu’elles sont bonnes et agréables à pratiquer si on le fait avec beaucoup de volonté

et plus nous les pratiquons, plus l’Amour grandit en nous.

C’est curieux, c’est un phénomène étonnant.

 

Alors, il y a les grandes vertus théologales, foi, espérance, charité, que l’on pense être d’ailleurs, un travail de Dieu en nous, le travail de la grâce, (pas sans la grâce mais avec notre volonté), et puis il y a les autres vertus qui en découlent, les vertus humaines, parmi lesquelles le catéchisme va mettre au sommet la prudence, la tempérance, la force et la justice.

Ce sont nos œuvres à nous.

 

Si nous les pratiquons résolument, en étant attachés à ce que l’on croit de Jésus, alors il y a quelque chose qui va se creuser en nous ; quelque chose va se creuser en nous.

Et ce qui va se creuser en nous, c’est la relation d’Amour entre le Fils et le Père.

Ce qui va se creuser en nous c’est la relation d’Amour entre nous et Jésus.

Nous ne serons plus que dans le domaine de l’observance, de la morale, nous serons dans le domaine de l’Amour.

Nous se serons plus des serviteurs, nous serons des amis et un cœur d’ami…

De même que Jésus a une relation d’Amour avec le Père, nous avons une relation d’ami avec Jésus.

De même que Jésus accomplit des œuvres que le Père lui donne d’accomplir, nous, nous accomplissons les nôtres qui sont les vertus.

Tout ceci peut paraître théorique, mais ça ne l’est pas du tout d’ailleurs, parce que c’est ultra pratique, les vertus, on ne peut pas plus pratique quand même (je ne sais pas ce qu’il faut dire d’autre).

 

Après, ça ne dépend que de notre décision mais c’est pour que notre foi n’en reste pas qu’à une dimension purement horizontale (et c’est ce qui avait été reproché si on veut), mais en tout cas c’était le début du dialogue entre Philippe et Jésus, qui était quand même une forme de petit malentendu : « Quoi ! tu n’as encore pas vu le Père à travers moi, Philippe ?

Mais alors bon sang de bonsoir, mais qu’est-ce qu’il faut faire ?

Dépasse la seule relation horizontale et élève-toi un petit peu, ou creuse » (ça dépend) : on creuse ou on s’élève, il me semble que le produit est le même.

 

Amen.


Mercredi 2 mai : saint Athanase

1Jn 5, 1-5 : A la source de la charité.

Ps 36

Mt 10, 22-25a : Les missionnaires seront persécutés.

 

Nous avons deux textes, l'un extrait de cette première lettre de saint Jean, qui va évoquer Jésus-Christ, Fils de Dieu et cette foi en Lui qui nous sauve, (et là pour le coup, nous sommes dans le grand élan et de Noël et de Pâques)

et nous avons cet extrait de saint Matthieu, qui est le seul des évangélistes à évoquer la fuite d'une ville à une autre pour éviter la persécution.

Tous les Évangiles annoncent des persécutions pour les disciples de Jésus, Matthieu nous invite à ne pas forcément rechercher pour elle-même la persécution et en pâtir mais Jésus, chez Matthieu, nous autorise à aller d’une ville à l'autre et cela renvoie sans doute aux exils qu’Athanase a vécus.

 

En tout état de cause, en cette mémoire, nous pouvons nous redire la centralité de cette foi en ce Verbe qui a assumé en lui-même toutes les misères, toutes les souffrances de notre humanité ; il ne les a pas méconnues ; il n'en demeure pas moins le Verbe envoyé par le Père.

Notre foi est toute équilibre et c'est ce qui est toujours lumineux, ce qui est toujours source de profonde contemplation, quand nous osons nous asseoir devant ce Mystère d'un Dieu qui vient visiter l'homme.

Il y a à la fois toute l'horizontalité de l'amour telle que le rappelle saint Jean d'ailleurs, dans son épître, un amour des frères qui renvoie là, beaucoup, à l'Incarnation et en même temps un amour de Dieu qui renvoie (pour le coup), à cette grandeur et à cette beauté des relations que le Verbe entretient avec le Créateur ou le Fils avec le Père ; une dimension plus verticale, si on peut dire.

Et ces deux dimensions sont absolument inséparables.

Alors, parce que nous sommes ce que nous sommes, nous avons du mal à les maintenir ensemble : il y a toujours un excès, soit il y a plus de verticalité dans notre vie, soit il y a plus d'horizontalité.

 

Si le Verbe ne s'était pas fait chair ou à l'inverse, (ce qui va revenir au même, c'est un peu de la logique), si en même temps Jésus n'était pas le Fils de Dieu, dans notre expérience de notre humanité et dans notre misère, nous finirions par conclure que ce qui peut être source de souffrance et de mal dans notre vie, serait lié aux choses et aux personnes qui nous environnent.

Or, il n'en est pas du tout ainsi, les choses (nombreuses) et les personnes qui nous environnent sont ce qu'elles sont, mais si c'est source de souffrance, ça dépend de la mesure que nous employons pour les utiliser ou pour nous appuyer sur elles.

Au fond, la source de la grande souffrance n’est point dans les choses elles-mêmes ou des personnes qui nous environnent mais dans la relation que nous entretenons avec elles.

 

Et c'est là qu'on voit apparaître toute l'importance de l’ascèse d'une part, de la chasteté dans la foi.

En tout cas, la chasteté dans la foi, au nom de cet amour que nous pouvons pourrions entretenir par notre baptême,

à cause de notre baptême,

grâce à notre baptême, l'amour que nous entretenons avec Jésus, Fils de Dieu, la chasteté dans la foi, va introduire en nous cette distance nécessaire pour ne pas (deux choses) : nous laisser meurtrir par ce qui fait souffrir,

mais ne pas rejeter tout ceci sur choses et personnes qui nous environnent.

 

Alors ça nous appelle à une sorte d’entraînement, d'apprentissage de la juste mesure.

La chasteté dans la foi va nous prémunir de deux aspects qui sont comme des écueils : à la fois la haine (risque de haine) et le risque de débauche.

La débauche, on voit à peu près ce que c'est ; si je vous dis : celles et ceux qui parlent de trop, celles et ceux qui mangent trop ou celles et ceux qui sont dans toutes sortes d'excès, (dans le trop, la débauche) ; et la haine c'est tout ce qui va être dans l'avarice, la vanité qui finit toujours d'ailleurs par être complètement exclusif : c'est soi contre les autres.

Par-dessus tout et ce dont il nous faut nous prémunir, (pour éviter de nous faire souffrir, nous et de faire souffrir les autres), c'est l'égoïsme ou la complaisance à soi-même.

 

Mais ça montre qu’être attaché à Jésus, Fils de Dieu, ça fait naître en nous, d'abord, la place de la vie spirituelle (ou la vie intérieure) : nous ne sommes pas que des besoins, nous sommes aussi fils, comme le Fils.

Nous avons une dignité intérieure qui n'est pas que dans la tête, qui est dans tout notre corps et nous sommes dans l'Esprit Saint et par l'Esprit Saint transformés en temple vivant.

On appelle ça la divinisation, l'illumination aussi, mais ce n'est pas sans notre volonté.

Et cette chasteté dans la foi, qui va mouvoir notre volonté, elle n'est donc pas sans la foi et cette foi, c'est s’attacher à Jésus dans ce qu'il va nous révéler de son Père.

 

On comprendra mieux alors les paroles de saint Paul quand il va faire des listes de tous les fruits de la chair et de tous les fruits de l'Esprit.

On peut avoir la tendance à comprendre qu'il les oppose, les fruits de la chair contre les fruits de l'Esprit ; c'est beaucoup plus subtil que ça.

Les chrétiens ne sont pas invités à être des gens clivés ou des gens coupés en deux mais c'est une transformation, (ce qui est quand même un peu différent), pour que notre chair s'approche de plus en plus, de ce qu’a été cette chair de Jésus que nous allons consommer dans l’Eucharistie ou bien encore, la chair de Marie, celle qui mis au monde le Fils.

 

Notre Dieu, à la fois, est le Tout-Haut et en même temps il est homme, il s'est rendu visible.

Demandons au Seigneur dans sa grâce, qu’il nous donne d'être touchés par la totalité du Mystère de Jésus, Fils de Dieu.


Mardi 30 avril 2018

 

Nous avons sûrement en mémoire ce tableau de Jean-François Millet conservé au musée d’Orsay intitulé « l’Angélus ». On voit des travailleurs des champs redressés avec en arrière-plan un clocher et le titre de l’œuvre suggère qu’ils prient l’Angélus. Nous sommes au XIXème siècle. Nous avons peut-être en mémoire d’autres œuvres de Millet comme par exemple « Les glaneuses ». Là aussi, nous sommes dans les champs, mais nous voyons des femmes toutes courbées. Saint Augustin parlait d’une âme tout occupée de choses terrestres, matérielles, en l’appelant une âme courbée. Mais celui qui suit Jésus se redresse, un peu comme ces personnages de « l’Angélus ».

Différentes encycliques des papes se sont succédées sur le thème du travail nous avons « rerum novarum » de Léon XIII, fin XIXème siècle, « Quadragesimo anno », « Centesimus annus », « Laborem exercens », respectivement de Pie XI et Jean-Paul II. Elles parlent à la fois des conditions de travail et de la dignité des travailleurs, mais elles décrivent aussi une mystique du travail, en regardant Jésus, le fils de l’artisan. Son père était charpentier donc Jésus l’était aussi, en tout cas il était fils de l’artisan. Selon la tradition Jésus a passé la majeure partie de son temps sur la terre à travailler de ses mains.      

 

Il va donc louer ceux qui travaillent, comme ce serviteur fidèle qui sera prêt à la venue de son maître et qui se sera occupé des choses de la maison sans faillir. En même temps il condamne les peureux et les paresseux, comme celui qui a enterré son talent. Et puis il dit : Moi et le Père nous oeuvrons. Le Père œuvre et moi j’œuvre aussi. Le Père travaille, je travaille. Je travaille dans les champs du Père. Puis il va dire aussi : chaque disciple travaille car la mission, la moisson de chacun des disciples est un vrai travail. D’ailleurs, un disciple doit mériter sa nourriture, lorsqu’il demeure dans la maison de celui qui l’accueille.

 

Jésus va louer le travail dans la mesure où ce travail permet, paradoxalement, de restaurer en nous notre condition originelle, c’est à dire la condition de l’homme avant l’expulsion du jardin des origines, le jardin d’Eden. Rappelez-vous : Adam et Eve n’avaient guère besoin de travailler. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, dans le jardin des origines. Ils sont chassés du jardin. Eve va devoir souffrir des douleurs de l’enfantement et Adam va devoir travailler à la sueur de son front, souffrir de son travail. Il aura besoin de travailler pour manger.

 

Le travail est ce qui nous permet, en Christ, de retrouver notre condition originelle, de passer de la forme courbée de ces glaneuses des champs à l’image redressée, tout en étant les deux pieds dans la terre, le corps redressé et l’âme tournée vers les réalités du ciel. Il y aurait fort à dire sur la mystique du travail et surtout sur la mystique en général. Mais, au fond, ce dont il est question dans l’Ecriture et dans la liturgie, nous le vivons : le Christ qui œuvre aux affaires de son Père, nous le vivons. Ce n’est pas une idée comme ça, nous le vivons. On sait combien les spirituels et les mystiques ont besoin de travailler, non pas pour gagner leur pain, mais parce que leur travail manuel participe à leur équilibre et à la fécondité de leur prière.

 

 

Ceci étant, rappelons-nous aussi que le travail est la transformation de toute chose et la participation à la vie de la communauté que nous formons sur cette terre. Demandons au Seigneur de nous permettre, par sa grâce, d’entrer dans cette dynamique du travail et de lui redécouvrir toutes ses belles harmoniques ; qu’il bénisse le travail de nos mains, le travail de tous ceux qui, à travers le monde, travaillent ; et qu’il permette que le travail soit plus justement et équitablement réparti. Béni sois-tu Seigneur pour ce que tu nous donnes de faire par nos mains.  


Vendredi 27 avril 2018

 

Ces textes que nous entendons depuis Pâques nous permettent de collectionner un certain nombre de titres de Jésus dans la proclamation faite par les apôtres après la Pentecôte, dans les Actes des Apôtres. Nous entendons des titres donnés à Jésus : le Seigneur, le Christ, le Messie, et puis dans l’évangile de Jean, depuis le début de cette semaine, nous en entendons d’autres, nous avons eu le berger, la porte, et aujourd’hui nous en avons trois : le chemin, la vérité et la vie. Ce sont des titres qui nous disent Jésus. Et ils nous disent Jésus par la bouche des croyants des toutes premières heures, ceux qui sont passés avec lui de la mort à la vie ; ceux qui l’ont quitté un peu avant son procès et qui l’ont retrouvé trois jours après sa mise au tombeau.

Jésus est le chemin. Que pourrions-nous entendre par là ? Le chemin de Jésus, un chemin de détachement et un chemin de don au Père. Un chemin d’appropriation de sa vocation de Fils, un chemin de réponse à l’appel du Père, un chemin de Fils recevant tous ceux que le Père lui donne. Ce chemin-là, c’est un chemin d’amour, un chemin d’écoute, un chemin d’obéissance, un chemin de réponse. C’est un chemin d’amour.

Eh bien, que ce chemin de Jésus soit aussi chemin pour nous. Que notre vie se laisse tout entière envelopper, envelopper, par l’amour, l’amour qui est celui de Jésus Fils au Père et du Père au Fils. Que notre vie se laisse tout entière envelopper. Elle l’est, depuis notre baptême, un peu comme au moment où nous avons été enveloppés de ce vêtement blanc au jour de notre baptême. Mais il nous faut, à nous aussi, fouler ce chemin, avancer et explorer toutes les dimensions de l’amour. Que cet amour, nous le recevions toujours un peu plus et que nous le donnions toujours davantage.

Nous avons deux stations, deux étapes importantes sur notre chemin à nous d’êtres aimés de Dieu :

- le premier chemin c’est la crèche, un moment important d’expérimentation du détachement et de quelques renoncements. Renoncement aux plaisirs, renoncement aux peurs, renoncements aux joies, que nos sens peuvent nous donner. Ce renoncement, ce n’est pas pour être dans la tristesse, non, on se détache de la joie, de la tristesse, du plaisir, pour être dans l’amour, ce qui est tout différent. L’amour du Père et du Fils n’est pas dans la sensualité. L’amour du Père et du Fils est dans le don.

- la deuxième étape de ce chemin de croissance dans l’amour, c’est la Croix. C’est un moment où nous expérimentons la puissance de Dieu dans notre faiblesse. Dans notre faiblesse. Quiconque se cache à lui-même cette faiblesse ne peut guère faire l’expérience de la puissance de Dieu.

Je vous invite donc, dans ce moment où nous disons que Jésus est le chemin, un chemin de croissance dans l’amour, à revisiter ce que nous faisons de nos sens. Comment leur apprenons-nous à nous tourner vers l’amour ?

Le jour de notre baptême, nos sens ont été ouverts à l’eau baptismale, au parfum du Saint-Chrême, à la blancheur du vêtement blanc et à la lumière de la foi. Que faisons-nous de nos sens quelques années plus tard ? Se laissent-ils toucher par la blancheur de la miséricorde de Dieu ? Se laissent-ils toucher par l’illumination de la foi ? Se laissent-ils toucher par la bonne odeur du don du Fils ? Passent-ils, avec l’eau, de la mort à la vie en Jésus ? Jésus est le chemin.

AMEN


Dimanche 22 avril

Ac 4, 8-12 : Pierre et Jean devant le Sanhédrin.

Ps 117

1Jn 3, 1-2 : Vivre en enfants de Dieu.

Jn 10, 11-18 : Le bon Pasteur.

 

Chers amis, il est bon de se redire pourquoi la liturgie nous propose, dimanche après dimanche, ces différents textes et thèmes : nous sommes vraiment dans l'élan de la résurrection, nous sommes en train de déplier toute la beauté et toute la puissance de la résurrection et ça va durer jusqu'à Pentecôte et même après.

Pour nous rappeler que tout ce que nous célébrons dimanche après dimanche, est dans cette lumière du Ressuscité, il y a le cierge de Pâques qui brille.

 

Je vais donc employer une image, (elle vaut ce qu'elle vaut) mais c'est pour essayer de vous faire rentrer dans ces thèmes qui se déploient.

Prenez l'exemple de quelqu'un qui aurait besoin de refaire complètement l'installation électrique de sa très grande maison, toutes les pièces, tous les niveaux, tous les étages et il s'agit pour lui (pour l'idée que je m'en fais, tout du moins), après que ce soit certifié par l'électricien, comme il se doit, vérifier que tout fonctionne très bien.

Alors, ça va être le moment de remettre en route à partir du disjoncteur principal (et ça a été ce que nous avons vécu dans la nuit de Pâques : le disjoncteur principal, nous sommes branchés sur la source, la source pour nous, vitale, de notre fonctionnement en Eglise et puis après), sur le tableau électrique, les uns après les autres, les différents fusibles qui agissent sur des pièces, des gros appareils, des étages (ou que sais-je !).

Eh bien dimanche après dimanche, jusqu'à Pentecôte et même après, nous allumons les uns après les autres, ces différents fusibles et nous voyons comment le mystère de la résurrection donne sens et éclaire un mystère gigantesque que l'on appelle : le mystère de l'Eglise.

 

L’Eglise, c'est un mystère à différentes composantes et la composante d’aujourd'hui, (le fusible d’aujourd’hui, si j’ose dire) c'est le bon Pasteur.

Nous verrons dimanche prochain, comment nous sommes donnés les uns aux autres ;

nous verrons comment, à l'Ascension, nous nous préparons à être des missionnaires ;

nous verrons à la Pentecôte, comment l'Eglise vit de l'Esprit Saint et puis, nous pourrons aller bien au-delà de la Pentecôte jusqu'à l’eucharistie.

L’Eglise, dans ses différentes réalités, est éclairée par une source unique, qui est la résurrection.

 

Alors aujourd'hui, c'est le bon Pasteur (quatrième dimanche de Pâques), dimanche du bon Pasteur, c'est l'occasion, à l'invitation du pape (et des papes successifs : c'est la 55e fois) de prier pour toutes les vocations dans l'Eglise.

Alors, on va déjà regarder ce qui pour nous, est : "le Christ pierre angulaire rejetée par les bâtisseurs", qui est le bon berger.

Cette image du berger, cette image du troupeau peuvent nous paraître un peu désuètes et pourtant elles ont une signification biblique incontournable : Abraham était berger,

Moïse était berger,

David était berger, au sens propre comme au sens figuré.

Ils avaient des troupeaux et ils ont eu un peuple.

 

Et les prophètes ont annoncé la venue du Messie (nous le savons par notre foi, au catéchisme ou notre lecture amoureuse de la Bible) et ce Messie qui doit venir devait être,

doit être,

sera,

le berger qui doit rassembler tous les troupeaux en un seul.

Et nous, pour nous et à l'écoute de ce que nous avons entendu dans l'Évangile de Jean, Jésus est ce bon berger qui rassemble ; il n'est pas un berger à gages (il n'est pas un mercenaire) mais il est celui qui …quoi ?

 

Eh bien nous allons rentrer maintenant, si vous me le permettez dans une sorte de fusée à trois étages.

Premier niveau de la fusée : Jésus est le berger qui… quoi ?

Premier niveau : c'est la vie que Jésus entretient avec son Père, lui le Fils, tourné vers son Père ; Fils et Père se connaissent l’un l'autre, connaissance très grande, beaucoup plus grande que nos capacités à connaître autrui et ils sont l'un l'autre dans un don d'amour réciproque.

C'est pour nous complètement invisible : c'est la vie à l'intérieur de Dieu, à l'intérieur de la Trinité, elle apparaît éventuellement aux mystiques, touchés par l'Esprit Saint; ça nous est inaccessible sensiblement, cette vie interne à Dieu.

Et pourtant, nous en avons parfois quelques éclairs ; dans l'Évangile, c'est par exemple : lorsque Jésus est baptisé ; le Père apparaît furtivement par une voix qui vient du ciel et une colombe.

A la transfiguration : le Père apparaît furtivement par une voix qui vient du ciel.

Nous avons Gethsémani : le dialogue (les disciples eux-mêmes, s’étaient endormis à ce moment-là, l'Évangile nous rapporte) le dialogue entre Jésus et son Père : "Père, si tu veux que cette coupe s’éloigne de moi mais non pas ce que je veux mais ce que tu veux".

Nous avons à la Croix.

J'ai oublié ; Jésus qui exulte sous l'action de l'Esprit Saint au retour des disciples de mission : "je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits".

Et dans l'Évangile de Jean que nous lisons dimanche après dimanche, Jésus dévoile l'intimité de cette connaissance et de cet amour avec son Père, dans ses grands propos, ses longs  propos.

Premier niveau de cette fusée ; il y en a trois.

Nous, l'abstraction, on a un peu du mal.

 

On va passer au deuxième niveau de la fusée : le Seigneur nous donne des bergers.

Il nous en a donné un, l'Unique, le Christ, le bon Pasteur, celui promis,

celui qui donne sa vie pour ses brebis,

qui connaît chacune par son nom et il nous donne des bergers, des pasteurs selon son cœur : des évêques, des prêtres, des baptisés qui, au nom d'un évêque ou au nom d'un prêtre, vont avoir des missions pastorales : des catéchistes,

des responsables d'une équipe pastorale paroissiale,

des personnes qui vont faire de l'accueil,

des personnes qui vont visiter les malades,

des personnes qui, au nom de l'Eglise, vont aider des personnes pauvres (des fonctions pastorales).

Dieu nous donne des pasteurs selon son cœur.

 

Deux choses par rapport à ces pasteurs selon le cœur de Dieu : la première chose c'est que le pasteur par excellence, c'est celui qui célèbre l’eucharistie, don de la vie de Jésus.

Un pasteur, un prêtre,  ça ne peut pas être ‘mon’ prêtre,

le prêtre d'un petit club fermé,

ce n'est pas ‘le beau prêtre’,

ce n'est pas ‘le gentil prêtre’

ou ce n'est pas celui que l'on préfère contre celui qu'on n’aime pas.

Le prêtre renvoie à Christ.

Celui qui ne supporte pas son prêtre, il a de la chance ; ça veut dire qu’à travers lui, il voit plus loin que lui comme Jean-Baptiste ne retient pas l'attention sur lui-même.

Un prêtre n'est pas ‘mon copain’, il est celui qui nous renvoie à Christ : il célèbre l’eucharistie, il ne fait pas un spectacle ; ça c'est le premier niveau du prêtre.

 

Le deuxième niveau du prêtre : il renvoie toujours à une communauté, il n'y a pas un prêtre pour deux personnes où il n'y a pas un prêtre pour une ;

le prêtre renvoie toujours à une communauté,

il renvoie à ‘un nous’,

à un troupeau,

à un peuple.

Ce n'est pas ‘mon’, c'est ‘le nôtre’ ; nous formons un peuple.

Deuxième niveau de cette fusée.

 

Troisième niveau il est bon en cette journée de prier pour des vocations, pour les pasteurs que Dieu nous donne.

Pourquoi prier ?

D'abord, non pas pour attendre de manière un peu pieuse que Dieu nous fasse apparaître ce que nous n’avons pas suffisamment, mais d'abord pour que Dieu fasse naître en nous le besoin de pasteurs selon son cœur.

Avons-nous vraiment besoin de prêtres ?

Avons-nous vraiment besoin d'hommes et de femmes qui donnent leur vie pour le Christ et qui soient une communauté, croyez-vous en avoir besoin ?

Alors, qu'attendez-vous de nous ?

 

La prière peut faire naître ce besoin.

Seigneur, fais naître en nous ce besoin de pasteurs selon ton cœur car si je n'en ai pas besoin, jamais je ne permettrai qu'il y en ait suffisamment, des pasteurs selon le cœur de Dieu.

Pour deux raisons : si vos petits-enfants veulent devenir prêtres, êtes-vous contents ou ne l'êtes-vous pas ?

Si quelqu'un veut construire une autoroute dans vos vignes ou dans votre jardin, êtes-vous contents ou pas ?

 

Mais pour tout homme et toute femme (en ce jour particulièrement) et des jeunes, prions pour eux ; oui, allumons des cierges, prions pour eux pour que le Seigneur, sur leur route, puisse leur faire signe suffisamment, d'abord pour qu'ils puissent risquer leur unique existence à faire quelque chose, à se donner.

Si ça peut être en Jésus, c'est pas mal mais si ça n'est pas en Jésus, c'est d'abord apprendre à se donner : risquer leur unique existence.

Nous parlons souvent des vocations religieuses, nous avons des religieuses dans nos paroisses, nous avons des diacres, prêtre.

Très bien.

Nous avons des laïcs consacrés mais il y a toute vocation non religieuse : par le baptême, vous êtes mariés, pas mariés, servir l'Eglise ou pas et puis il y a ceux qui ne sont pas baptisés mais qui ont du mal à risquer leur unique existence.

Là oui, nous pouvons prier pour eux car nous croyons que c'est la source de la joie.

Et si ces hommes et ces femmes peuvent rencontrer le Christ, c’est bien aussi.

Prions.

 

Cette fusée à trois étages nous fait partir de cette connaissance et de cet amour du Père et du Fils et nous permet d'arriver à cette confiance d'hommes et de femmes qui vont risquer leur vie pour les autres.

 

Amen.


Vendredi 20 avril

 

Dans ce long propos de Jésus, l’Eucharistie apparaît comme signe de la Résurrection ici et maintenant chaque fois que nous la célébrons, présence du Ressuscité où l’on voit aussi l’expérience des apôtres. Le dernier repas de Jésus, c’était avant sa mort ; mais à l’auberge d’Emmaüs et sur le bord du lac, Jésus ressuscité apparaît en lien avec un repas.              

Dans le texte d’aujourd’hui nous entendons une formule que Jésus utilise quelquefois dans l’Evangile de Jean. Il va l’utiliser aussi dimanche prochain dans l’Evangile de la messe. Vous pourrez y être attentifs quand vous l’entendrez dimanche puisque vous l’aurez repérée aujourd’hui. Voici ce qu’il dit : « De même que le Père m’a envoyé et que moi je vis par le Père, de même, celui qui me mange, lui aussi vivra par moi ». Dans le texte grec, on pourrait dire : « comme… ». Vous savez, c’est un procédé littéraire et philosophique que l’on appelle l’analogie.       

Deux choses dans cette analogie : la première chose c’est que Jésus révèle, dévoile les relations qu’il a avec son Père, la source de la vie. Jésus n’en est pas le seul producteur. Ce qu’il nous donne c’est le fruit d’une relation qu’il a avec son Père. Nous l’avons découvert pendant la Semaine Sainte de manière resplendissante sur la Croix. Jésus entretient une relation avec son Père, Celui qui lui a confié sa mission, Celui à qui Jésus a dit : « Me voici, je viens pour faire ta volonté ». Le Père, c’est celui qui a un rang auquel Jésus, le Verbe, a renoncé. Il a renoncé au rang qui l’égalait au Père, il s’est anéanti pour prendre la condition du serviteur. La relation que Jésus entretient avec le Père, c’est une relation d’amour, et de liberté et d’obéissance filiale. On en pense ce que l’on veut mais il n’y a pas de foi chrétienne sans cette relation de Jésus à son Père. Bien sûr, elle est invisible puisqu’elle est la vie interne à la Trinité.  Mais, et c’est là que c’est génial, nous y avons part. Car lorsqu’il dit : « De même que le Père qui est vivant m’a envoyé et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange vivra par moi », ce qu’il vit avec son Père, c’est la relation que nous avons avec Jésus. Pas avec le Père, mais avec Jésus : personne ne va vers le Père sans passer par Jésus.

Notre relation avec Jésus elle va se déployer de diverses façons. Nous connaissons par exemple la prière, nous connaissons la charité, nous allons connaître tout ce qui est expérience de la vie fraternelle sous toutes ses formes, nous avons aussi les sacrements, relation avec Dieu par excellence, au milieu desquels celui de l’Eucharistie. « Celui qui me mange… » Vraiment il y a quelque chose qui n’est pas que de la tête ! C’est aussi le corps. Celui qui me mange vivra par moi. Cela interroge notre foi. Comment est-ce que je reçois le pain et le vin comme corps et sang ? C’est vraiment la question de nos sens qui sont tournés vers les réalités d’en haut, ce que nous avons vu il y a deux jours. Lorsque je mange le pain et le vin qui sont corps et sang, je suis tourné vers le défi de l’amour, un amour qui n’est pas qu’abstrait, mais ultra concret : les frères ! Rappelez-vous le lavement des pieds. Les frères, c’est la dimension que l’on pourrait dire horizontale du sacrement de l’Eucharistie. C’est toute la différence avec la manne dans le désert. Quand on parle de la manne dans le désert et de nos aïeux qui mangeaient la manne, chacun prenait pour lui seul sa provision du jour. Tandis que la multiplication des pains c’est tout autre chose. Jésus prend et bénit,  les disciples le donnent et ils récupèrent ensuite ce qui reste. Ce n’est pas chacun pour sa pomme ! Il y a abondance, et abondance qui dure car la manne dans le désert, en fin de journée, ce qu’il y avait en trop pourrissait. Il y a abondance de pains et de poissons multipliés par Jésus. Dimension horizontale dont les disciples sont les intermédiaires, les serviteurs.

Je nous invite à recevoir l’Eucharistie, à renouveler dimanche après dimanche, jusqu’à la fête du Corps et du Sang du Seigneur ; à renouveler notre pratique de l’Eucharistie pour découvrir comment recevoir le corps du Christ. Je suis dénué de cette complaisance vis-à-vis de moi-même pour me tourner progressivement vers plus grand que moi et pour me tourner vers ceux qui me font signe autour de moi. Je ne pense pas qu’à mon estomac, à sa faim et à sa fin. Je suis tourné vers plus grand que moi et vers ceux qui me font signe autour de moi. Au revoir la complaisance à soi-même… en tout cas jusqu’à demain, peut-être.

 

AMEN


Jeudi 19 Avril

 

Parmi les sept qui ont été choisis pour aider au service de la table dans les Actes des Apôtres, il y en a deux qui ont eu une trajectoire particulière : Etienne qui a été lapidé et  Philippe, dont il est question aujourd’hui, qui semble devoir déployer plus amplement une vocation apostolique, même si ce n’est pas pour cela qu’il a été choisi au départ.

Nous sommes dans la suite de l’Evangile d’hier, chapitre 6 de Saint Jean. La liturgie, dans le choix qu’elle nous propose, nous fait sauter par-dessus le murmure et le scepticisme des auditeurs de Jésus et nous avons la même construction, mais à l’envers, qu’hier. Les mêmes paroles viennent dans la bouche de Jésus, mais à l’envers. Ce qui fait dire à ceux qui lisent de manière savante les textes se disent : « Tiens !.. » Jésus reparle du Père. Il dit que ses auditeurs, s’ils croient en lui, ressusciteront au dernier jour. Il parle de ceux qui viennent à lui, surtout ceux qui croient en lui et il affirme qu’il est le pain de vie. Hier, il avait commencé par dire qu’il était le pain de vie, puis il a parlé de ceux qui venaient à lui, il a parlé de ceux qui croyaient  en lui puis il a parlé de ceux qui seraient ressuscités au dernier jour et il a parlé du Père. Vous voyez, la même chose mais dans l’autre sens. On redit que dans ce temps qui suit la Résurrection de Jésus, la liturgie nous aide à contempler, un peu comme le Rosaire le fait pour Marie, un certain nombre de moments de la vie de Jésus qui sont, comme on pourrait dire, des mystères.

Et là, en tout cas, un beau signe de la Résurrection de Jésus : l’Eucharistie. Jésus est le pain de vie. Et l’Eucharistie une présence du Ressuscité, un peu comme, pendant quarante jours, les apôtres ont été témoins, de différentes façons, de la présence du Ressuscité, entre autres au moment du partage du poisson grillé au bord du lac, ou bien encore à l’auberge d’Emmaüs. L’Eucharistie. Nous sommes revenus sur la façon dont nos sens doivent être tournés vers les réalités du ciel en Jésus. Eh bien dans le même mouvement, comment nos cœurs peuvent-ils être tournés vers la réalité du frère ? Dans le même partage du pain, ce pain dans lequel nous accueillons le corps du Christ. Nos sens qui, en Jésus sont tournés vers les réalités du ciel reconnaissent ce corps.

 

De la même façon nous sommes tournés vers nos frères. Nous recevons ce pain nous recevons le corps du Christ et le vin qui est le sang du Christ donne et en même temps vise l’amour parfait. Dès maintenant. Dans le vocabulaire de Saint Jean, nous voyons « au dernier jour », mais nous sommes au dernier jour ! Dès maintenant. Ce n’est pas pour après-demain, c’est maintenant. L’amour parfait. Quand nous avons communié au corps et au sang de Jésus, c’est à la fois une conversion de notre regard et de tous nos sens par le corps et le sang de Jésus. Et en même temps cela nous aide à grandir dans l’amour parfait. Et alors il n’y a que dans la relation entre frères que l’on peut le vérifier. Les Pères de l’Eglise qui ont toujours des formules bien ciselées nous permettent de vérifier combien nous sommes en devenir dans cet amour parfait : « Il n’a pas encore l’Amour parfait celui qui est encore affecté par le caractère des hommes, qui, par exemple, aime l’un et déteste l’autre, ou qui tantôt aime, tantôt déteste le même homme pour la même raison ». C’est cette espèce de mouvement de détestation-affection. Eh bien nous pouvons encore grandir dans l’amour parfait. L’Eucharistie est un sacrement qui fait grandir la communauté des frères que nous sommes.

AMEN


Mercredi 18 Avril 2018

 

Dans la foi chrétienne, les sens et, en particulier, ici, dans l’Evangile, celui de la vue, ne sont pas suspects, ne sont pas dangereux, mais à quelques conditions.

Ils peuvent nous enfermer sur nous-mêmes et créer en nous des désirs qui ne nous élèvent pas vers les réalités d’en haut. Mais les réalités d’en haut nous sont accessibles par nos sens. Il y a donc un travail à réaliser, sous l’action de la grâce et de l’accompagnement pour que nos corps de chair, avec leurs sens, puissent s’élever progressivement vers plus haut ou alors descendre vers plus profond, et ne s’enroulent sur eux-mêmes par des désirs que nous chercherons à satisfaire, des désirs, comme dirait le pape François, autocentrés.

C’est ce que Jésus nous dit dans ce chapitre 6 (de Saint Jean) qui est tout entier sur cette belle nouvelle de l’Eucharistie, Eucharistie comme réalité sensible signe de la Résurrection et qui nous élève et élève nos sens : la vue, mais aussi le goût avec le manger et le boire. Celui qui a faim, celui qui a soif.

Alors, pour durer, car c’est l’enjeu de ces jours qui ont suivi la Résurrection jusqu’à l’Ascension, il convient de relâcher le travail que nous avons à faire dans la paix de l’esprit pour nous attacher à tout ce qui est pratique des vertus. Les vertus ont ceci de beau qu’elles nous entraînent à toujours nous attacher, dans la foi, à Dieu. Et si nous ne nous attachons pas, dans la foi, à Dieu, ce Christ que nous venons recevoir dans l’Eucharistie chaque jour, va se transformer (dans la perception que nous en avons) en un pâle aliment, et à la fin… rien du tout ! Mais si jamais nous sommes attachés dans la foi à Dieu, ce Christ que nous venons recevoir dans l’Eucharistie jour après jour va être un festin succulent, une joie profonde et une communion fraternelle joyeuse, dont nous ne pourrons plus nous passer.

Il convient de le vivre ainsi. Sans faire semblant. Nos corps de chair en sont tout à fait capables, pourvu que nos sens soient tournés vers les réalités d’en haut. Juste après ce passage d’Evangile, nous lirons demain que les juifs expriment leurs soupçons. Ils murmurent. Ils ne croient pas que ce Jésus de Nazareth soit venu d’en haut et qu’il retourne en haut. Ils ne croient pas leurs sens capables d’une telle élévation. Nous, nous le croyons.

Deux paroles de Jésus que nous avons entendues ailleurs dans l’Evangile : « La lampe du corps, c’est l’œil. Si notre regard est pur, notre corps tout entier l’est. » Nos sens sont capables de s’élever vers les réalités d’en haut. Et « C’est ce qui sort du coeur et du corps de l’homme qui le rend impur et non pas ce qui y entre ». Nous voyons donc à quel point nos sens, attachés au cœur, peuvent être source du meilleur comme source du pire. Mais nous ne pouvons pas et nous ne devons pas faire sans eux ou bien nous renierions notre chair.

 

Demandons au Seigneur que notre faim, notre soif, notre appétit, puissent être satisfaits en Jésus.

Amen


Mercredi 11 avril : St Stanislas

Ac 5, 17-26 : Arrestation et délivrance miraculeuse des Apôtres.

Ps 33

Jn 3, 16-21 : L’entretien avec Nicodème.

 

Dit autrement : si nous sommes en paix avec nos frères, nous pouvons combattre les démons mais si nous combattons nos frères, nous sommes en paix avec les démons et la vérité, dont nous parle st Jean, c'est de ne pas être en paix avec les démons mais les combattre ; donc, être en paix avec nos frères.

 

"Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique".

"Dieu est Amour".

 

Voici quatre points qui peuvent nous aider à combattre les démons,

à être en paix avec mon frère

et donc, servir la vérité.

 

Le premier point : Dieu nous a donné son Fils unique, l'Unique engendré ; nous pouvons croire en lui.

Croire au Fils unique, engendré, c’est être comme dit le Psaume 62 : "mon âme est attachée à toi, ta droite me tient".

 

Le deuxième point, c'est toujours considérer que c'est une grâce pour nous, d'être dérangé par nos frères alors que nous pourrions croire le contraire.

 

Le troisième point, c'est de travailler (comme nous le proposait déjà le Carême, d’ailleurs) de travailler à la purification de nos sens, en particulier les oreilles,

les yeux

et la langue.

Les oreilles, c'est tout ce que nous pourrions entendre ;

les yeux, voir ;

la langue, goûter (ce n'est pas la parole qui est en question, là, mais le goût).

 

En revanche, le quatrième point : travaillons à mesurer l'activité de notre langue, la parole.

Ces quatre points peuvent nous aider à être en paix avec nos frères ;

donc, à nous appliquer à combattre les démons ;

donc, à, concrètement, travailler à l'Amour

et donc à être attachés à l'Unique engendré, celui que le Père nous donne dans son Amour.

 

Amen.


Mardi 10 avril 

Ac 4, 32-37 : La première communauté chrétienne.

Ps 92

Jn 3, 7b-15 : L’entretien avec Nicodème.

 

Pendant le Carême, pendant la semaine Sainte, on aura appris ce que signifie le zèle, l'amour de la Croix, pour que tout ce que nous avons reçu le jour de Pâques,

nous puissions le cultiver,

le faire durer, cet élan,

cette joie,

cette légèreté,

cette libération,

cette libération toute neuve qui nous entraîne au loin), nous avons appris pendant le Carême quelques exercices ou retours aux sources qui nous prévenaient,

nous aidaient,

nous ont déjà aidés à cultiver et à entretenir cette joie de Pâques car il nous faut durer, il nous faut durer.

 

Pour durer (et c'est peut-être la leçon de cet Évangile) dans cette route que nous allons avoir jusqu'à l'Ascension, nous allons avoir un grand nombre d'explorations vers le Ciel ; pour pouvoir durer, il nous faut à la fois conjuguer notre zèle,

nos fermes résolutions (vous savez, un peu comme le 1er janvier, au matin),

nos fermes résolutions

mais en même temps, une disponibilité à la force qui vient d'En-Haut que l'on appelle : la grâce car nul homme sur terre ne peut, par ses propres forces, vaincre toutes les attaques de l'ennemi ; ça n'est pas possible, même avec les meilleurs entraînements et les plus grandes résolutions du monde.

 

La vertu, c'est le tissage habile,

humble,

doué,

le tissage des résolutions avec la grâce.

 

Alors comment faire ?

On peut se rappeler de quelques petites choses que nous avons découvertes pendant le Carême et la semaine Sainte : d'abord, ne pas perdre de vue le fil de l'Amour que le Seigneur peut avoir, sa profonde miséricorde et sa patience (c'est peut-être la parabole du fils prodigue qui en est la plus belle illustration).

Nous en avons été les objets pendant le Carême ; nous avons été aussi les sujets (nous avons essayé d'être nous-mêmes à l'école de cette patience et de cet Amour) ; ne pas perdre ce fil-là, même si on a été libéré par les eaux baptismales.

 

 Ensuite la foi (alors, ça c'est vendredi Saint et Pâques), la foi en l'invincible puissance du Christ ressuscité, ne pas le perdre non plus.

Cette puissance-la demeure, elle n'est pas que d'un seul jour, elle est pour toujours.

Mais à partir du moment où je pense que j'ai moi-même, une grande puissance, je vais oublier la puissance du Christ.

 

Et puis, demander avec l'intention de la recevoir

cette force qui vient d'en haut,

ce souffle,

ce vent,

cet Esprit Saint,

ce souffle Créateur, celui qui féconda le sein de la Vierge,

celui qui planait sur les eaux au commencement du monde ; l'implorer pour chacun, pour nous avec l'intention de le recevoir.

 

Vous savez que Judas n'a pas compté sur la puissance qui vient d'En-Haut et Pierre ne l'a probablement pas reçue ; l'un et l'autre se sont cassés la figure ; l’un, plus fort que l'autre mais demandons-le, cet Esprit, pour nous.

 

Si nous ne perdons pas de vue ces trois fils, nous pourrons alors tisser cette toile où, à la fois, notre détermination,

volonté,

résolutions,

zèle et en même temps la grâce viendront ensemble faire une belle toile.

 

Nous avons, comme illustration de cet appel à la vigilance et à durer, la parabole du semeur ; ça tombe bien, nous avons à nous assurer des fruits pascals qu'ils seront abondants et qu'ils dureront et nous avons (nous l'avons entendu dans l'oraison d’introduction) nous avons demandé au Seigneur que nous puissions nous-mêmes témoigner des fruits de Pâques.

Que le semeur puisse, en nous-mêmes, semer dans la bonne terre et non pas dans la pierre ou les ronces et pour ceci alors, n'oublions pas de nous tourner vers la force qui vient d'En-Haut.

 

Amen


Lundi 9 avril : l’Annonciation

Is 7, 10-14 ; 8,10 : Seconde intervention d’Isaïe.

Ps 39

He 10, 4-10 : Inefficacité des sacrifices anciens.

Lc 1, 26-38 : L’annonciation.

 

Comme toutes les solennités qui mettent au centre la foi et le ‘oui’ de Marie, nous pouvons ressentir légitimement beaucoup d’émotion et peut-être ne pas nous sentir tout à fait dignes de ce que cette solennité révèle, en l'occurrence : le Christ, lui-même.

Mais c'est ainsi, il faut de temps à autres, venir aux sources et c'est ce que propose l'Annonciation.

 

Le Verbe fait chair, le Verbe de Dieu, nos yeux n'ont pas pu le voir, ne savent pas le voir.

Son âme humaine, nos yeux non plus, ne peuvent pas la voir, par contre son corps, oui : il s'est fait l'un des nôtres par son corps et c'est ce que les témoins de la foi ont dû contemplé.

Par son corps, son corps semblable au nôtre, (nous pouvons dire qu'il s'est incarné : c'est ce que nous célébrons à Noël) et par son corps semblable au nôtre,

il nous a enseigné,

il a accompli des miracles,

il nous a nourris,

libérés,

il a laissé une trace (et quelle trace dans l'histoire des hommes) : c'est par son corps.

 

Par son corps, l’âme du Verbe essaie de nous rejoindre dans notre monde extérieur mais pour nous entraîner vers son intimité à lui, peu à peu, dans trois dimensions :

l'attitude qu'il convient d'avoir avec Dieu (cette attitude filiale)

la bonté envers tout prochain

et la sobriété à l'égard du monde.

 

Voilà ce que nous pouvons retenir des paroles de Jésus,

ses attitudes,

ses miracles jusqu'au sacrifice lui-même de sa vie.

Le Verbe a essayé de nous rejoindre dans notre monde extérieur et de nous entraîner dans son intimité mais ne nous méprenons pas : tout ceci c'est en réponse au ‘oui’ de Marie, certes, mais d'abord au ‘oui’ du Verbe : "me voici, je viens faire ta volonté".

 

Amen.


Dimanche 8 avril 

Ac 4, 32-35 : La première communauté chrétienne.

Ps 117

1 Jn 5, 1-6 : Aux sources de la charité.

Jn 20, 19-31 : Apparitions aux disciples.

 

Nous sommes toujours dans le même élan de ce que nous avons fêté, il y a une semaine : l'Eglise a besoin de déplier,

d’étendre,

de défroisser,

d'élargir tout le contenu de ce qui a été vécu joyeusement, toute la profondeur de ce qui a été célébré, il y a huit jours : nous sommes dans ce que l'on appelle, l'Octave (les huit jours) et aujourd'hui, ça s’achève mais en fait, nous continuerons à explorer le mystère de la résurrection, au moins jusqu'à l'Ascension de Jésus, c'est-à-dire nous avons encore presque 40 jours. 

 

Aujourd'hui, sur la décision du pape Jean-Paul II, le deuxième dimanche de Pâques est le dimanche dédié à la ‘divine miséricorde’ mais, comme nous l'avons entendu dans l'Évangile de Jean, nous sommes à la fois à cheval sur ‘le soir du premier jour’ (apparition de Jésus ressuscité à ses disciples, Thomas n'était pas là) et ‘huit jours plus tard’ (c'est-à-dire un peu comme aujourd'hui) Jésus apparaît de nouveau ressuscité, Thomas y est, Thomas est présent.

Ce qui nous permet, en ce huitième jour, de mettre le doigt sur un aspect très puissant de la foi et du début de l'Eglise : les tous premiers témoins de la résurrection ont été témoins d'un tombeau vide, de quelques messagers célestes qui leur parlent de la résurrection de Jésus et, dans la foi et l'amour, vont conclure comme un don qui vient de Dieu, que celui qui n'est plus dans le tombeau, est ressuscité.

Ça va être  pour eux, l'équivalent d'un feu ardent qui va embraser leur cœur ;

ça va être puissant

et ça va les entraîner comme  une sorte de feu qui se propage : de cette puissance qui vient embraser leur cœur, va naître des codes,

des mots,

des attitudes de la foi

et vont naître des communautés.

 

 Les premiers mots de la foi vont naître de la foi en la résurrection de Jésus ; les premiers mots de la foi, lesquels ?

 ‘Jésus est Fils de Dieu, il est Christ et Seigneur’, ça naît de la résurrection.

 

Deuxième mot de la foi (j'aurais dû commencer par celui-là): ‘Jésus est mort et ressuscité’.

 

Troisième mot de la foi : ‘il faut en être témoin’.

 

Quatrième (ce n'est pas un mot mais une attitude) : ‘d'ailleurs celui qui vous le dit, lui-même en est témoin’.

Ces quatre aspects sont nés de la résurrection de Jésus :

Jésus Fils de Dieu, Christ et Seigneur, 

il est mort et ressuscité ;

soyez-en les témoins ;

d'ailleurs, celui qui vous en parle, témoigne ; un peu comme Jean l’évangéliste, d'ailleurs mais un peu comme celles et ceux (surtout ceux) qui vont s'exprimer par exemple, dans les Actes des Apôtres.

Donc, d'un feu qui embrase le cœur, naissent des mots de la foi,

des attitudes de témoins,

une communauté qui grandit.

 

Nous, nous nous situons à l'autre bout de la chaîne :

personne parmi nous, n’était au tombeau de Pâques ;

personne parmi nous, a eu le privilège de Thomas (mettre ses mains dans le côté ouvert de Jésus ou dans les blessures des mains et des pieds)

personne, parmi nous.

Nous, c'est l'inverse : par notre baptême,

par des témoins de la foi,

par une communauté qui existait avant nous, nous avons reçu les mots,

les attitudes,

les gestes,

les codes qui structurent notre vie chrétienne et permettent à notre foi de grandir comme un une plante sur son tuteur ; voyez, c'est l'inverse : nous n'étions pas au tombeau de Pâques, nous recevons ce qui est né de Pâques.

 

Mais en ce huitième jour, nous sommes mis en demeure : notre foi est-elle vraiment ardente comme celle des premiers disciples et témoins de la résurrection ?

Plusieurs fruits de la résurrection, au-delà des mots.

 

Premier fruit de la résurrection : la paix (plusieurs fois Jésus, dans l'Évangile de Jean, donne la paix : "la paix soit avec vous", "la paix soit avec vous", "la paix soit avec vous") c'est un fruit de la résurrection.

Vous savez, on le dit aussi le 1er janvier : ‘Sainte-Marie, mère de Dieu’, c'est aussi le jour dédié à la paix.

Cette paix nous est donnée, nous ne pouvons pas uniquement la fabriquer tout seuls même si nous le reconnaissons, nous avons à en être, chacun pour notre part, des cadeaux mais la paix véritable nous est donnée puisqu’elle naît dans un cœur profondément unifié ; la paix est un fruit de la foi en la résurrection.

 

Le deuxième fruit de la foi en la résurrection, c'est le partage des biens.

Le partage des biens ce n'est pas uniquement trois pièces dans la corbeille, au moment de la quête.

L’utopie communautaire des premiers siècles, elle a existé ; elle a été fragile, elle a existé.

Il n'y a plus de : ‘ça c'est à moi’ et ‘ça c'est à toi’ ; il y a : ‘c'est à nous’ et la communauté se construit sur des biens mis en commun et d'ailleurs, quand vous lisez les Actes des Apôtres, il n'y a pas :‘un peu qui reste pour moi’, il y a :‘tout qui est mis dans la communauté’(souvent, ça nous chatouille) ; ce point-ci nous chatouille et ce n'est pas notre culture mais entendez comment la foi en la résurrection construit ‘un nous’, construit une communauté qui va jusque-là.

 

Et le troisième fruit de la résurrection c'est le témoignage, le témoignage d'un cœur ardent.

Avez-vous un cœur ardent ?

 

Qu'est-ce que Thomas a bien pu voir dans les plaies de Jésus ?

Qu'est-ce qu'il a bien pu voir qui lui permette de proclamer cette très belle profession de foi ?

Jésus n'est plus en cet instant : "Jésus de Nazareth, ce prophète puissant en acte et en paroles", en cet instant, Jésus est Christ et Seigneur il est : "Mon Seigneur et mon Dieu".

 

Qu'est-ce qu’il a bien pu voir Thomas, dans les plaies de Jésus, qui lui permette de dire cela ?

Nous avons certainement déjà vu des plaies, les nôtres ou celles d’autres ; ces plaies ne nous ont jamais (certainement) conduits jusqu’à une affirmation de la foi.

 

Qu’a vu Thomas ?

Je vais vous donner la réponse de l'Eglise mais pourvu que cette réponse soit la nôtre, pourvu que nous ayons notre réponse.

Dans le Credo nous disons : "Jésus est descendu aux enfers".

Lettre de Pierre, chapitre trois : "il est parti aux enfers, prêcher aux vivants" pour les en sortir et les tourner vers les réalités d'En-Haut, les hisser vers le Ciel.

 

Celui qui croit en la résurrection, lorsqu'il voit des plaies,

lorsqu'il voit du péché,

lorsqu'il voit de l’enfer, il voit de l'Amour et de l'élévation car ce péché,

cet enfer

et ce sordide, Jésus, il l’élève.

Celui qui ne croit pas en la résurrection est englué dans ce péché,

cet enfer

et ce sordide : il y reste comme s'il en était aspiré.

Celui qui croit en la résurrection, il se dit : ‘Jésus est venu jusque-là et nous en a tirés.

Je peux me laisser aspirer par lui’ ; nous appelons ça, la miséricorde : "je ne suis pas venu pour les bien portants, je suis venu pour les malades et les pécheurs".

Si nous acceptons que le sauveur vienne se frotter aux pécheurs et aux malades, alors, nous ressuscitons avec lui ; mais si ça nous gêne, eh bien, nous avons encore du chemin à parcourir.

 

Thomas a vu dans les blessures de son Christ et Seigneur (dans son "mon Seigneur et mon Dieu") : c'est lui le… il s’est vu pardonné

et plus encore, il s'est vu sauvé,

il s'est vu détaché,

il s'est vu coupé de son propre péché,

il s'est vu exaucé et tiré vers les réalités d'En-Haut,

il s'est vu naître à nouveau : ‘me voici désormais caché en Dieu avec Jésus.

C'est son témoignage à lui.

 

Qu'en sera-t-il pour nous ?

Nous qui sommes des baptisés de la première heure?

Qu'en sera-t-il pour nous. ?

 

A travers le baptême de ces quatre enfants, nous renouvelons aussi notre baptême pour que nous puissions, dans la résurrection de Jésus, contempler sa miséricorde.

 

Amen.


Vendredi 6 avril : Octave de Pâques

Ac 4, 1-12 : Pierre et Jean devant le Sanhédrin.

Ps 117

Jn 21, 1-14 : Apparition au bord du lac de Tibériade.

 

Je ne vous dirai rien sur les 153 poissons,

je ne vous dirai rien sur Pierre qui est nu, avant de remettre son vêtement,

je ne vous dirai rien sur ces gestes de Jésus qui peuvent évoquer l’eucharistie.

 

Je vous propose plutôt de parler de la bonté de Jésus.

Par notre baptême, nous sommes (et nous avons à devenir aussi, chaque jour ce que nous sommes par notre baptême) et par notre baptême nous avons (mais il nous faut également faire fructifier chaque jour ce que nous avons) ; nous sommes et nous avons la bonté de Jésus et la meilleure façon d'être,

de demeurer

et de faire fructifier cette bonté chaque jour, (de vérifier chaque jour que nous sommes baptisés), c'est de s'exercer à cette bonté.

 

D’où peut-être, le mouvement irrépressible de ces disciples vers leur Seigneur qui, sur le rivage, est bonté pour eux.

 

Amen


Jeudi 5 avril 2018

 

Lorsque les disciples découvrent que c’est bien Jésus ressuscité qui est au milieu d’eux, c’est vraiment une révélation. Ce n’est pas simplement une prise de conscience ou tout d’un coup l’intelligence qui se met à comprendre. C’est une révélation profonde qui bouleverse tout leur être, un peu, nous l’entendrons dimanche dans l’Evangile de Jean, comme Thomas qui, regardant les plaies de Jésus, ne se met pas simplement à déduire quelque chose, mais va être complètement renversé par une révélation absolument radicale et inédite dans sa vie, comme elle l’est pour les disciples dans la lecture d’aujourd’hui.

Il y a quelque chose qui ressemble un petit peu à ce qui s’est passé au tombeau pour les femmes, sauf que là, les disciples sont remplis de frayeur, ce qui n’était pas le cas des femmes. Il y a aussi quelque chose qui ressemble à ce que les disciples ont vécu lorsqu’ils étaient dans une barque, sur l’eau, au moment où la mer étaient agitée et qu’ils ont vu Jésus marcher sur l’eau. Il y a un peu les mêmes attitudes dans ce texte. Ce que l’on ne trouve pas chez les femmes ni dans la barque, c’est la joie. On peut retenir également un autre élément dans ce texte. Nous en avions déjà un embryon hier. Ce sont les paroles de Jésus : « il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les prophètes et les psaumes. Il est écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour et que la conversion serait proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations en commençant par Jérusalem ». On a ici une profession de foi, ce qu’on appelle aussi un Kérygme.

Nous entendions dans la lecture de tout à l’heure les premiers éléments de la foi pour les tout premiers chrétiens. Ce qui nous interpelle nous qui ne sommes pas des tout premiers chrétiens : la suite de la Résurrection aujourd’hui, c’est quoi ? C’est : nous sommes nés de Dieu, parce que notre baptême dans la mort et la vie de Jésus Christ nous fait passer avec lui de la mort à la vie. Nous sommes –rappelez-vous l’affirmation de Pâques- nous sommes avec le Christ, cachés en lui ; nous sommes nés de lui. Cela ne peut pas ne pas être accompagné par une parole et par une vie, qui soient, l’une et l’autre, témoignage, qui soient explication ; non pas justification mais explication.                 

La parole c’est de dire la foi : d’où vient le fait que nous soyons nés de Dieu ? D’où vient que nous soyons dans la paix ? Et les actes, cela va être, nous le verrons dès les lectures de dimanche prochain, le partage des biens dans la communauté, la paix concrètement vécue. Ce qui nous renvoie à la qualité de ce que nous disons et de ce que nous nous témoignons les uns aux autres, et ce que nous disons et témoignons en dehors de notre communauté. Cela nous interroge sur la qualité de ce que nous disons, ce que nous montrons de nous-mêmes au-dedans et à l’extérieur. Si nous sommes nés de Dieu.

 

Amen. 


Mercredi 4 avril :

Ac 3, 1-10 : La guérison d’un impotent.

Ps 104

Lc 24, 13-35 : les deux disciples d’Emmaüs.

 

L'Amour véritable, c'est nous tourner vers les réalités d'En-Haut.

Quand on aime véritablement, nous tournons, nous faisons tourner celles et ceux que nous aimons, vers les réalités d'En-Haut et c'est ce que Jésus fait admirablement avec tous les témoins de la résurrection, (tous les témoins de Jésus ressuscité) et il le fait pour toute son Eglise avec la résurrection et bien entendu, l'Ascension où physiquement nous tournons nos regards vers le ciel.

 

Emmaüs est un très bel épisode que Luc a bien retenu, (en tout cas, heureusement qu'il l’a retenu dans sa mémoire, cet épisode).

Il avait omit, Luc, la deuxième multiplication des pains que les autres évangélistes eux, avaient bien en mémoire ; par contre il s'est bien souvenu de cette apparition à Cléophas et son compagnon, de cette longue route que ces deux disciples font, de Jérusalem à Emmaüs et d'Emmaüs à Jérusalem.

 

Nous pouvons retenir bien des choses, je vous en suggère deux :

La première, c'est cette affirmation qui est centrale : "ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? "

 Nous avons certainement là, (peut-être, je pense, humblement), un point de contact avec la foi des tout premiers chrétiens.

"Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? "

 

 Et la deuxième chose, c'est le cheminement lui-même.

Ce cheminement qui pourrait être le nôtre, de Jérusalem à Emmaüs et d'Emmaüs à Jérusalem ; le chemin, long, sans cesse à refaire, rejoint par le Christ ; un chemin presque physique que nous accomplissons au long des jours de notre vie (dont la marche de Pâques n'est qu'une image, une petite image) ; mais le chemin que nous accomplissons, chacun.

 

Dans quel but, pour quoi faire ?

Lorsque l'on désire de tout son cœur, (lorsque l'on veut un bien) eh bien, on met tout en œuvre pour y parvenir.

La plus grande des œuvres de l'homme, c'est de vouloir ce qu'il doit.

Plus il le veut, plus il y  parvient ; plus il y parvient, plus il le veut ; c'est un désir et un dynamisme vertueux.

 

Et qu'est-ce que doit l'homme ?

Il doit aimer de l'Amour vrai (ce n'est pas de la convoitise de supermarché), l'Amour vrai.

La plus grande des œuvres de l'homme c'est de vouloir ce qu'il doit, c'est-à-dire : vouloir aimer.

Plus il le veut, plus il y parvient ; plus il y parvient, plus il le veut.

 

Et vouloir le vrai Bien, cet Amour vrai, c'est l'atteindre, aussi.

C'est ce que font les disciples, c'est ce que nous faisons chacun : ils l’atteignent en Jésus et ils l’atteignent en arrivant à Emmaüs.

 

Jésus les y conduit d'une certaine façon

même si eux-mêmes, étaient décidés à y aller ; (ils sont conduits jusqu'à l'auberge)

même si eux-mêmes, étaient décidés à y aller ;

même si eux-mêmes disent à Jésus : "reste avec nous".

C'est le Christ qui les y conduit.

Même si eux-mêmes étaient décidés à manger, (pour ne pas défaillir), c'est le Christ qui les conduit au repas pascal.

 

Et signes qu'ils ont atteint ce vrai Bien : Jésus s'efface

et les voici, découvrant que leur cœur était brûlant au contact des Ecritures

et ils décident de repartir à Jérusalem, ce lieu précisément que, d'une certaine façon, ils fuyaient.

 

Notre vie de chaque jour, notre cheminement, c'est vouloir atteindre l'Amour.

Nous sommes rejoints là par celui qui est l'Amour et nous conduit au-delà de nos limites d'aimer, pour aimer comme il aime.

 

Amen.


Mardi 3 avril :

Ac 2, 36-41 : les premières conversions.

Ps 32

Jn 20, 11-18 : L’apparition à Marie de Magdala.

 

Pour Marie-Madeleine, la situation est désormais toute différente : il y a un changement, un retournement soudain : "s’étant retournée".

 

Marie-Madeleine est désormais dans une autre perspective, celle de l'Ascension, comme toute l'Eglise aujourd'hui ; on est passé, par les eaux du baptême, de la mort à la vie et nous voici tournés vers l'Ascension, prochaine perspective : "ne me retiens pas".

 

Marie-Madeleine a appris et elle va encore apprendre (nous avons appris et nous apprendrons encore) à nous réjouir et à passer en Dieu seul, à nous réjouir en Dieu seul.

Cette grande joie de la résurrection et c'est une joie en Dieu seul ; entendons par-là : nous apprenons et nous apprendrons encore à nous tourner vers ce qui ne passe pas,

à nous réjouir de ce qui ne passe pas,

à rester et à demeurer, là où Dieu est.

 

Amen.


Samedi 31 mars : Veillée pascale

Gn 1, 1- 2, 2 : L’œuvre des six jours.

Ps 103

Gn 22, 1-18 : le sacrifice d’Abraham.

Ps 15

Ex 14, 15-15, 1a : La sortie d’Egypte.

Cantique Ex 15

Is 54, 5-14 : La Jérusalem nouvelle.

Ps 29

Is 55, 1-11 : Invitation finale.

Cantique Is 12

Ba 3, 9-15.32- 4,4 : La sagesse, prérogative d’Israël.

Ps 18b

Ez 36, 16-17a.18-28 : oracle sur les montagnes d’Israël.

Ps 41-42

Rm 6, 3b-11 : La vie avec le Christ.

Ps 117

Mc 16 , 1-7 : Le tombeau vide. Message de l’ange.

 

 

Nous avons la joie d'accueillir Luc, qui est diacre permanent en Haute-Marne, à Joinville ou à côté de Joinville et il est là ce soir, un peu par hasard.

Donc, nous l'accueillons avec joie.

 

Nous avons écouté sept événements majeurs dans ces textes : cette longue énumération d'un certain nombre d'événements portés par la foi de nos aïeux, à travers ces lectures.

On est un petit peu comme Marie, voyez-vous : Marie qui veille jusque dans la fatigue ; elle veille son Fils.

Elle l’a reçu au pied de la croix et elle veille, elle et d'autres femmes ; elle guette ; une mère dont le cœur est transpercé.

Nous l'avons quittée le vendredi Saint, Marie et elle continuait à veiller et à prier son Fils et nous sommes dans cette attitude, nous-mêmes, ce soir : nous avons veillé et prié en écoutant, en faisant mémoire comme Marie elle-même, de tous ces événements dans son cœur.

 

Alors, quels événements ?

Nos événements à nous, c'est le patrimoine que nous avons en commun avec nos aïeux, de l'Ancien Testament : tous ces faits.

Comment dans les moments très difficiles, improbables, dont l'issue très incertaine, de manière laborieuse, d'alliance faite et défaite, nos aïeux ont eu foi.

Nous avons fait mémoire de la foi de nos aïeux en écoutant ces textes et nous avons entendu l'Évangile à l'instant.

 

Et cet Évangile, parce que nous sommes chrétiens, nous y voyons Jésus qui résume à lui seul dans sa propre personne, (lui, l’Agneau qui a été offert et qui est désormais pour nous : le Ressuscité), il rassemble dans sa personne toute entière, toute cette foi de nos aïeux.

Je répète : de manière laborieuse, dans des événements difficiles aux issues incertaines, nos aïeux ont eu foi et Jésus a eu foi en son Père et même, jusqu'au bout, sur la croix, il s'est adressé à son Père.

Et il a eu raison d'avoir foi, comme nous-mêmes ce soir, nous disons : nous avons eu raison d'avoir eu foi en Christ parce qu'il est le soleil invaincu : au petit matin, au lever du soleil, les femmes viennent au tombeau  (premier jour de la semaine, le jour de la création de la lumière)  le Christ est ressuscité.

 

Maintenant (et mon homélie se termine là), que nous reste-t-il à faire ?

Nous sommes tous dans l'assemblée je crois, peu ou prou des baptisés ; il nous reste à renouveler notre promesse du  baptême.

Alors c'est vrai qu’à notre baptême, nous n'étions peut-être pas en mesure de faire une promesse (eh bien, c'est le moment de la faire).

On renouvelle cette promesse de dire que chaque jour de notre vie, chaque jour, nous sommes d'accord pour vérifier dans notre existence que ce que nous vivons, nous le vivons dans la foi du Christ.

Si nous vivons de manière laborieuse notre existence,

si les issues de notre vie nous paraissent incertaines,

si nous sommes en proie au doute, à la colère, (bref nous ne sommes guère mieux que nos aïeux !), nous avons nous, le Christ ressuscité, premier-né d'entre les morts.

Parce que nous sommes baptisés dans la mort du Christ et ressuscité avec lui ce soir ; nous disons, chaque jour de notre vie : ‘oui, je crois en Christ’.

C'est-à-dire que le baptême n'est pas une chose d'une journée, le baptême est une affaire à renouveler et à vérifier chaque jour. 

 

Ce soir, par notre participation à la veillée pascale, nous disons : chaque jour, je vais vérifier que malgré,

avec,

à cause,

grâce à tout ce qui se présente dans ma vie, je tiens bon car j'ai avec moi la foi en Christ ressuscité.

Gardez bien ces mots ; ces mots sont très utiles ; ce ne sont pas que des conjonctions, comme ça : malgré,

avec,

à cause,

et grâce à tout ce que je peux vivre chaque jour (agréable,

désagréable,

injuste,

juste,

espéré,

inespéré,

bien,

pas bien,

bon,

pas bon, tout ce que l'on veut) malgré,

à cause,

grâce,

et avec, je trace ma route car j'ai foi en Jésus-Christ : il est premier-né d’entre les morts et  par mon baptême je suis passé avec lui, de la mort à la vie.

Chaque jour : à cause, malgré, avec, grâce.


Vendredi 30 mars : vendredi Saint 

Is 52, 13-53, 12 : quatrième chant du Serviteur.

Ps 30

He 4,14-16 ; 5, 7-9 : Sacrifice terrestre : au jour de sa chair.

Jn 18,1- 19, 42 : la Passion.

 

Le vendredi Saint, nous avons, dans la célébration de la Passion, (la célébration de la Croix), nous avons la grande prière universelle, très grande, très solennisée, pleine d'ampleur qui essaie d'embrasser le monde entier.

Juste après cette grande prière, il nous est proposé de vénérer la croix, une croix de bois, toute nue, que nous pouvons embrasser,

toucher,

devant laquelle nous pouvons nous incliner.

 

Cette croix flamboyante, cette croix toute belle, il y a trois voies pour y parvenir que nous avons entendues dans l'Ecriture.

 

La première voie, c'est celle de ce personnage mystérieux, anonyme, du livre d’Isaïe : ce serviteur souffrant, bafoué, conduit comme un agneau à l'abattoir ; il n’avait plus figure humaine : il est pour nous le Christ.

 

La deuxième voie, c'est le grand prêtre de l’épître aux Hébreux.

Le grand prêtre dans le temple, (celui qui ne pouvait qu'une fois par an entrer dans le Saint des Saints, offrait des sacrifices pour que le Seigneur pardonne et le sang n'était pas le sien ; c’était celui d’animaux.

Ce grand prêtre de l'épître aux Hébreux s’offre lui-même.

Pour nous, c'est : le Christ.

 

La troisième voie, c'est dans la Passion selon Saint Jean : la croix est comme un trône, un trône royal et Jésus avance comme un roi.

Il est souverain.

Avez-vous remarqué comment il maîtrisait tout ?

Il est souverain devant le grand prêtre, devant Ponce Pilate, roi de douleur mais roi.

Troisième voie.

 

Trois voies mystérieuses qui semblent s'éloigner de nous, qui conduisent à cette croix flamboyante.

Quand nous nous approcherons d'elle, tout à l'heure, nous pourrons y voir notre péché que seul, ce roi porte et nous pourrons y voir cet abîme d'Amour.

Amen.


Jeudi 29 mars : Jeudi Saint

Ex 12, 1-8.11-14 : La Pâque.

Ps 115

1Co 11, 23-26 : Le "Repas de Jésus".

Jn 13, 1-15 : Le lavement des pieds.

 

Quand les enfants, qui étaient avec Jésus (quand Jésus était lui-même un enfant), rencontraient leurs grands-parents (Jésus avait des grands-parents également ; on connaît assez bien les grands parents de Jésus du côté de sa maman : Anne et Joachim) ; quand ils étaient petits, ils voient leurs grands-parents et ils demandent : ‘papy, mamy, pourquoi est-ce qu'on fête Pâques ?’

Quand Jésus avait cette taille-là : ‘pourquoi est-ce qu'on fête Pâques ?’

 

‘Eh bien mon petit, on fête Pâques parce que nos arrière, arrière, arrière, arrière, arrière, grands-parents (tu sais, mon garçon, ma fille), c'étaient des esclaves.

Ils étaient dans une terre qui n'était pas la leur, ils étaient esclaves et le Seigneur, (ton Seigneur, mon grand !), il a vu leur condition et il s'est souvenu qu'il avait fait Alliance avec eux.

Alors il a fait lever du milieu d’eux, un homme, un type extraordinaire : Moïse.

Et à la suite de Moïse, le Seigneur les a tous conduits à l'extérieur de cette terre d'esclavage.

Et mon grand ! si on fête Pâques, c'est pour se souvenir de la libération de cette terre d'Égypte et on se souvient qu’une mer qui nous empêchait de sortir (nos arrière, arrière, arrière, arrière, arrière, grands-parents), une mer s'est ouverte ; ils sont passés, elle s’est refermée ; ils étaient sauvés.

Voilà pourquoi on fête Pâques, mon garçon’.

 

Alors Jésus et les autres, (tous pareils), fêtent Pâques tous les ans.

Et puis, il y a eu la dernière Pâques de Jésus, avant sa mort, (on pense qu'il avait autour de 33 ans).

Comme toutes les personnes (petits et grands), il monte à Jérusalem et c'est le moment de fêter Pâques : on va fêter la libération de nos arrière, arrière, arrière, arrière, arrière, de la terre d’Egypte.

Voilà ce que fait Jésus avec ses disciples cette fois-ci, il n'a plus de 12 ans, il en a 33.

 

Et après, dans ce repas, il va faire des choses différentes de tous les autres repas :

d'abord il va bénir le pain,

 bénir le vin

et il va dire des paroles inhabituelles : "désormais ce pain et ce vin, ce sont mon corps et mon sang ".

Ah bon ? pourquoi ?

‘Je vais donner ma vie : le Fils de l’Homme  va être enlevé, il va être crucifié ; je le fais par Amour, c’est moi’.

Et c'est ce qui va survenir, la nuit suivante.

"Faites-le en mémoire de moi, toujours".

Car nous avons besoin d'être libérés d'une autre terre d'esclavage (cette fois-ci, elle ne s’appelle pas l'Égypte), c'est notre cœur.

 Il y a dans notre cœur du péché qui nous rend esclave.

"Chaque fois que vous boirez à ma coupe de sang et que vous mangerez mon corps, je serai là à vous faire sortir de cette terre d'esclavage pour que votre cœur aime comme moi, j'aime.

Et c'est ce qu'on appelle, l’eucharistie, la messe. 

 

Ce soir, on se souvient de ce moment-là mais Jésus n'a pas fait qu’utiliser du pain, du vin (pour que ça devienne Corps et sang) ; vous avez entendu, il fait quoi avec ses disciples ?

 

Levez la main ceux qui savent qu'ils vont se faire laver les pieds ; vous voyez, il y en a un certain nombre.

Donc, Jésus, pendant ce repas, a aussi lavé les pieds de ses disciples et il dit : là encore, comme pour la coupe et le pain, "faites-le vous aussi, entre vous".

 

Si vous le permettez, je vais terminer mon homélie sur cette parole-là : "faites-le vous aussi entre vous, lavez-vous les pieds".

Que Jésus lave les pieds, (excusez-moi, entre nous soit dit, ce n'est pas un scoop), pendant  toute sa traversée de la Galilée jusqu'à Jérusalem,  il n’a cessé de se faire le serviteur ; ce n'est pas un scoop.

Certes, c'est la première fois qu’il lave les pieds de ses disciples (mais il se fait serviteur de ses disciples en lavant les pieds) mais il a été serviteur, d'autres façons, d'autres fois.

Ce qui est un scoop, c'est qu'il demande à ses disciples de faire de même entre eux.

 

Comment peut-on se laver les pieds, aujourd'hui, dans une communauté de disciples de Jésus ?

Faire communauté entre frères et sœurs, ça peut être source de souffrance ; il ne faut pas se le cacher, on n’est pas toujours en train de louer le Seigneur et ‘dévisser les ampoules’.

Nous sommes frères et sœurs en Christ ; si nous n'avions pas le Christ au centre, il n'y aurait pas grand-chose qui nous tiendrait ensemble.

Il y a Christ mais n'empêche que, nous sommes tous avec dans notre cœur, cet esclavage du péché.

 

Faire une communauté entre frères et sœurs, c'est souffrir de ce que le frère ou la sœur nous a dit une parole ou ne nous a rien dit (parfois ça peut être une source de souffrance que le frère ou la sœur ne nous dise rien, alors qu'on attendait qu'il dise quelque chose, nous dise une parole) ou nous fasse quelque chose ou ne nous fasse pas quelque chose, qui peut, (allez savoir pourquoi ?) nous faire du mal.

Et si vous regardez bien, une vie communautaire c'est beaucoup, ces tentatives de communion entre nous : combien de fois va-t-on se demander pardon (on va essayer de rapprocher les antagonismes, les mouvements contraires) :

nous n'avons pas tous les mêmes options politiques,

nous ne sommes pas tous originaires des mêmes ensemble paroissiaux,

nous ne sommes pas tous des hommes,

nous ne sommes pas tous des femmes,

nous pouvons parfois prier différemment,

nous pouvons être sensibles à 1000 choses dans le monde ou dans l'Eglise, très différentes ; ça ne va pas de soi !

Alors, au lieu de se contenter d'être des anonymes, les uns à côté des autres ou de faire des clans, nous sommes appelés par le Christ à nous laver les pieds.

 

Qu'est-ce que ça veut dire ?

Si notre frère ou notre sœur nous fait souffrir, (parce qu'il a dit, pas dit, fait, pas fait), la balle est dans notre camp, pas dans le camp du frère ou de la sœur qui nous a fait souffrir.

On aimerait bien, parfois que "le feu du ciel lui tombe sur la tête" pour faire justice : C’est bien le bon Dieu : il réparerait la faute, j’ai été offensé ; non, la balle est dans notre camp.

Tout va dépendre de ce que je vais faire de cette souffrance que m'a causée le frère ou la sœur.

J'ai ma liberté, j'ai mon cœur éclairé par la mort et la résurrection de Jésus, par ses sentiments lui-même (à Jésus), ses sentiments à lui.

Si je communie à la même coupe, au même Corps que mes frères (mais le Corps donné du Christ, et le sang versé du Christ par Amour) ; alors la balle est dans mon camp.

Qu'est-ce que je vais faire de cette souffrance causée par mes frères et sœurs ?

 

Première possibilité : à mon tour, je crée une souffrance à mon frère et à ma sœur en retour (voyez, du genre, tu m'as fait mal, je te fais mal : "œil pour œil, dent pour dent") eh bien, c'est le frère qui aura gagné ; il aura gagné et le démon aussi ; le démon applaudit, il va être content, le démon.

 

Mais si je ne réponds pas à la souffrance par une autre souffrance, c'est moi qui ai gagné et le ciel se réjouit: c'est ça ‘se laver les pieds’ les uns aux autres, c’est cela ‘se laver les pieds’ les uns aux autres.

 

Tout dépend de ce que je vais faire de la souffrance infligée par le frère ou la sœur.

Si à mon tour, je suis source de souffrance en réponse, c'est foutu (pas définitivement, grâce à Dieu) mais sur le moment, c'est foutu.

Et là, le démon qui est apparu dans le désert, au début du Carême et au début de la mission de Jésus, il est content, il se réjouit.

 

Mais si je réponds par la bonté, parfois par un silence (il vaut mieux se taire, parfois), par le service (ça peut arriver, également) ou toute autre attitude guidée par la charité de Jésus, alors j'ai gagné et déjà, Jésus ressuscite ; c'est la fête, c'est la joie.

 

Saint Paul dit dans une lettre qu'il a écrite aux Romains : "pour ceux qui aiment Dieu, tout concourt au bien".

Alors pendant ces trois jours : jeudi vendredi, samedi et dimanche, on se dit : Dieu nous a aimés, Dieu nous a aimés, Dieu nous a aimés et jusqu'à donner sa vie ; très bien ! mais, la question qui nous est posée, c'est : est-ce qu’on l’aime?

"Pour ceux qui aiment Dieu, tout concourt au bien".

 

Conclusion : lavons-nous les pieds les uns aux autres.

On va faire le geste, le geste que Jésus a fait dans l'Évangile de Jean ; on va le faire mais ce n'est pas un geste que l'on est amené à faire toute l'année, (de laver les pieds), c'est effectif.

Est-ce que je vais avoir cette charité même de Jésus vis-à-vis de mes frères et sœurs, de sorte que la communion que nous formons ne soit pas que formelle mais qu'elle soit effective en Jésus.

 

Amen.


Vendredi 23 mars 

Jr 20, 10-13 : Les confessions de Jérémie.

Ps 17

Jn 10, 31-42 : La véritable identité de Jésus. Jésus se retire au-delà du Jourdain.

 

Voilà, signe que nous sommes très très proches du dimanche des Rameaux : Jésus échappe une dernière fois à la lapidation et à l'arrestation, il s'enfuit près du Jourdain ; la prochaine fois, il tombera dans le filet, juste après Gethsémani.

Pour l'instant il en échappe une fois de plus.

 

Face à lui, des détracteurs qui ne veulent pas croire en sa divinité ; le grand prêtre, lui, au moment de son interrogatoire dira la vérité : « Est-il vrai que tu as dit que tu es le Fils de Dieu ?

C'est toi qui le dis ».

 

Nous pouvons nous préparer à rentrer dans ce mystère du don de Jésus (ou du don de Dieu) : l'Amour absolu,

pur,

parfait,

simple,

lumineux,

qui dure, en nous demandant si et de quelle façon, nous n’aurions pas besoin de nous laisser convertir par ce don de Jésus.

Ne serions-nous pas comme ses détracteurs ?

Ne ferions-nous pas écran entre les hommes et Dieu ?

Ne serions-nous pas en train de, nous-mêmes, produire une sorte de mort,

chaque fois que nous faisons écran entre les hommes et Dieu,

chaque fois que nous arrêtons l'Amour à nous-mêmes,

chaque fois que nous empêchant qu'un rayon de la lumière aille jusqu'à nos frères ?

Ne serions-nous pas nous-mêmes, dans une forme de péché et de péché mortel lorsque nous faisons écran entre nos frères et Dieu ?

 

 

C'est sur cette question que nous voici au seuil des Rameaux.


Mercredi 21 mars 2018

 

Nous entrons résolument dans la Passion. Nous nous préparons à entrer d’une manière plus active dans ce que nous célébrerons dimanche, de sorte que dimanche nous ne soyons pas passifs ou pris au dépourvu. Nous sommes entraînés à mieux vivre de l’intérieur la Passion de Jésus.

La puissance de la Parole de Dieu, c’est comme le désert, rappelez-vous, le désert, mercredi des Cendres, premier dimanche de Carême. La puissance de la Parole de Dieu, comme la puissance du désert, le savent ceux-là seuls qui en ont fait l’expérience. Ont goûté cette puissance ceux-là seuls qui en ont fait l’expérience. Et dans cet Evangile, c’est la primauté de la Parole et de son écoute qui est mise en avant par le Fils, dans sa relation étroite avec son Père. Il sait de quoi il parle. Et il sait aussi ce qui lui arrivera. Même s’il ne sait pas forcément d’avance si l’issue de la Croix lui sera favorable ou pas. Il est étroitement lié à son Père dans la foi, il lui obéit, il se donne vraiment tout entier comme le serviteur souffrant. Parce qu’il a entendu d’auprès du Père.

Alors nous, il nous est demandé d’entendre aussi. Il nous est demandé que ces Paroles habitent en nous, en notre espace intérieur. Ceux qui n’ont pas d’espace intérieur ou si la Parole n’y a pas encore déposé son fruit, sont ceux qui vont être préoccupés de se donner en théâtre à l’extérieur d’eux-mêmes. De cette terrible grâce de se faire entendre, de se faire voir, de susciter des opinions, favorables ou pas, d’ailleurs, cela n’a pas d’importance… Ceux qui n’ont pas encore cet espace intérieur fécondé par la Parole sont des acteurs sur une scène de théâtre imaginaire, extérieure.

C’est le nœud de l’Evangile d’aujourd’hui : ce que Jésus reproche à ses interlocuteurs c’est leur narcissisme, leur orgueil, leur toute-puissance. D’ailleurs, même, ils ont pris Dieu, ils l’ont accaparé, ils sont Dieu ! Ces lectures d’aujourd’hui font du mal aux idoles ; elles brisent nos idoles. Comme le refus de ces trois Israélites, ces trois Hébreux qui sont jetés dans la fournaise de la première lecture.

Alors, l’expérience de la puissance de la Parole dans notre intérieur, le savent ceux-là seuls qui l’ont vécu.

 

Amen.


Lundi 19 mars : St Joseph

2S 7, 4-5a.12-14a.16 : Prophétie de Nathan

Ps 88

Rm 4, 13.16-18.22 : La justice de Dieu par la foi.

Mt 1, 16.18-21.24a : Joseph assume la paternité légale de Jésus.

 

Joseph a conscience du mystère, dans cette scène.

Il a conscience de quelque chose qui est plus grand que lui et qui lui échappe et il va donc se retirer.

Il va donc se retirer pour que l'Esprit Saint fasse son œuvre et c'est là que naît la puissance même de Joseph.

 

Toute paternité spirituelle peut trouver sa source dans le modèle de Joseph.

Joseph s'est retiré, il ne s’est pas effacé;

Joseph s'est retiré, il n'a pas disparu ;

Joseph s'est retiré, il n'a abandonné personne ;

Joseph s'est retiré pour laisser cette place à ce qui doit advenir.

 

Parfois nous sommes bien encombrants et Joseph ne l’a pas été mais Joseph n'a pas quitté ses responsabilités : il a vraiment été père, faisant advenir,

laissant naître,

créant cette distance nécessaire pour qu'advienne, naisse et se déploie.

 

Alors, il y a des fruits de ce juste retrait ;

premier fruit, dans l'Évangile : doit naître l’Emmanuel, (Dieu avec nous) et naîtra Dieu avec nous.

À la fin de l'Évangile : "je serai avec vous jusqu'à la fin des temps".

Mais les autres fruits, vous les entendrez dans la préface que je dirai pendant l’eucharistie : la justice ou la justesse (Joseph, l'homme juste),

la prudence (homme prudent)

 et la fidélité.

 

Amen.


Dimanche 18 mars 

Jr 31,31-34 : La nouvelle Alliance.

Ps 50

He 5, 7-9 : Le sacrifice terrestre : au jours de sa chair.

Jn 12, 20-33 : Jésus annonce sa glorification par sa mort.

 

Chers amis, les Evangélistes : Matthieu, Marc, Luc, Jean n’ont pas eu tous, les mêmes souvenirs des mêmes épisodes et des mêmes paroles de Jésus, au même moment.

Par exemple : Matthieu, Marc et Luc se souviennent bien de ce qui s'est passé au Baptême de Jésus et ce qui s'est passé à la Transfiguration (ils se souviennent bien ! En tout cas, ils se souviennent tous les trois de la même chose).

 Saint Jean, par exemple, ne se souvient pas de la même chose du Baptême de Jésus, il ne se souvient pas de la Transfiguration et Saint Jean, par exemple, il se souvient d’une parole du Père, (celle que nous avons entendu, là), qui ne figure pas dans les trois autres Évangiles ; de même, Saint Jean va se souvenir d'une parole de Jésus (là encore, que l'on a entendue, aujourd'hui) que les trois autres Evangélistes, eux, vont situer au moment de l'agonie de Jésus, à Gethsémani.

 

Vous savez, quand nous serons réunis, dimanche prochain, ici, pour la célébration des Rameaux (ou le samedi, la veille au soir, à Ville sur Terre) on entendra la Passion et dans cette Passion, on va entendre (après le dernier repas de Jésus et avant son arrestation) : Jésus emmène quelques disciples : Pierre, Jacques et Jean au Mont des Oliviers (ou à Gethsémani).

Jésus va dire des choses et on va reconnaître, (dans l'Évangile qu'on a entendu aujourd'hui, chez Saint Jean, à un autre moment de la vie de Jésus), des choses semblables.

Regardons ensemble : il y a une voix qui vient du ciel dans cet Évangile : le Père s'adresse Jésus ; le Père s'adresse à Jésus : "je l'ai glorifié et je le glorifierai encore".

Alors, avant de se poser la question : glorifier, qu’est-ce que ça veut dire ? retenons ça : le Père s'adresse à Jésus.

Le Père s'adresse à Jésus à la Transfiguration, le Père s'adresse à Jésus au Baptême ; vous savez, il dit : "voici mon fils bien-aimé ou celui en qui j'ai mis tout mon amour" et puis à la Transfiguration il rajoute : "écoutez-le".

Le Père parle ; et là, le Père parle à Jésus : "je l'ai glorifié, je le glorifierai encore" et tout le monde entend.

C'est quand même quelque chose extrêmement merveilleux qui relève de l'intimité de Jésus, de sa relation à son Père.

Gardons cela, comme ces jours qui nous préparent à vivre la semaine Sainte et la Passion de Jésus car, que voit-on lorsque l'on célèbre la Passion de Jésus ?

Eh bien, on voit son obéissance extraordinaire (à son Père).

 

"Je l'ai glorifié, je le glorifierai encore" ; qu'est-ce que cela peut vouloir dire ?

Jean, dans son souvenir, est polarisé par une chose : c'est la croix de Jésus mais dès le début de l'Évangile (dès le début alors que la croix apparaît à la fin).

Dès le début, il est obnubilé par la croix de Jésus, c'est vraiment son horizon.

 

Regardons la croix.

Le vendredi Saint, nous serons à Montier en l’Isle et on aura une grande croix en bois, toute nue.

À la marche de Pâques, qui se passera dans la nuit du dimanche de Pâques au lundi, tous les pèlerins marcheurs suivront une grande croix ; regardons la croix de Jésus.

Eh bien, pour Saint Jean, la croix, c'est comme une sorte de pièce de monnaie : il y a deux faces sur la croix ; pour saint Jean il y a deux faces : il y a à la fois l'horreur absolue (quelque chose de pas beau, on est bien d'accord : on associe souvent à la croix à la mort) et il y a quelque chose d'extraordinaire, de beau, de magnifique ; il y a les deux faces, on ne peut pas les séparer.

Et pour saint Jean, la croix c'est le moment extraordinaire où Jésus s’offre à tous.

Il s’offre à tous et c'est le moment excellent où il s’offre aussi à son Père.

 

Gardons cela ; ça nous parle ou ça ne nous parle pas mais c'est pour ça que saint Jean, quand il nous parle de la croix, (ça traverse tout l'Évangile), il se souvient des paroles de Jésus, que Jésus se prépare à donner sa vie sur la croix ; vraiment un don !(ce n'est pas comme si on lui retirait la vie) il la donne et ça s'appelle la glorification.

 

Pour nous, la glorification, ça nous évoque peut-être les stars, la gloire, les paillettes, l'argent, le 20 heures à la télévision, les émissions brand time, la gloire ; c'est être au sommet de l'opinion publique et saint Jean a aussi cette version-là dans sa tête (c'est aussi une définition qu'il a).

D'ailleurs Jésus dans un Évangile (qu'on a lu cette semaine, chez saint Jean), Jésus dit : "vous, vous recevez votre gloire les uns des autres".

C'est comme si vous passiez à la télévision et que vous attendiez le lendemain avec impatience, pour savoir ce que l'audimat révèle de votre gloire : si beaucoup ont regardé la télévision au moment où vous êtes passés, alors votre gloire est immense.

 

Pour Jésus, ça ce n'est pas bien, pour Jésus, ça s'appelle du péché (e n'est pas pour nous cacher dans un trou de souris mais c'est pour reconnaître que notre cœur a une tendance un peu comme ça).

Quand Jésus s’est offert sur la croix, ce n'est pas pour " se la péter" (permettez-moi à ce terme un peu trivial) ce n'est pas pour que l'on en parle beaucoup à l'audimat, ce n'est pas du tout ça ; ce n'est pas la même gloire.

 

Quand il s'offre sur la croix, il sait très bien, combien ça va toucher un point du cœur, tout à fait sombre, qui va à la fois attirer notre regard et en même temps l’effacer car, (comme Jésus librement s’offre par amour), il y a quelque chose qui vient toucher dans notre cœur notre orgueil, et révéler notre amour à nous.

 

Vous avez entendu dans cet Évangile : "Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, s'il meurt il porte beaucoup de fruits".

Alors ça, les quatre Evangélistes ont retenu cette parole de Jésus et puis : "qui aime sa vie la perd et qui s'en détache en ce monde, la gardera pour la vie éternelle".

Moi, je vais montrer avec orgueil, une grande connaissance maintenant, vraiment pour qu’il se dise : ‘le Père Guillaume, il est extraordinairement intelligent’.

 "qui aime sa vie" dans le texte grec c'est : qui aime son âme,

qui aime son soi,

qui aime son identité, la perd.

On ne peut pas aimer son nombril, si vous voulez ; à partir du moment où on aime son nombril, on disparaît,

on se liquéfie,

on se dissout,

on devient insignifiant.

Donc "qui aime sa vie la perd, (vous avez compris qui aime son âme) ; qui s'en détache la garde pour la vie éternelle.

Le mot vie, ce deuxième mot, dans le texte grec, c'est la durée entre naissance et mort, ce n'est pas le même mot.

Je vous ai bien exposé mes grandes connaissances et je tiens ma gloire de vous-mêmes. Voilà.

 

Maintenant, entrons avec sérieux, dans cette dernière étape vers les Rameaux.

Vous savez que dans la nuit du jeudi Saint au vendredi Saint, après la Cène que nous célébrerons à Baroville, il nous sera proposé de veiller un peu, pour adorer Jésus,

comme pour faire à Gethsémani,

comme pour s'associer le plus proche possible de l'angoisse et l'agonie de Jésus.

 

 "Maintenant mon âme est bouleversée,

Que vais-je dire ?

Père, sauve-moi de cette heure".

Vous savez, à Gethsémani, Jésus va dire : "Père si tu peux éloigner de moi cette coupe (coupe de souffrances, entendons) non pas ce que je veux mais ce que tu veux".

Il y a cette tension intérieure de Jésus ; là, on la trouve aujourd'hui, dans l'Évangile de Jean mais vous savez qu'on va la réentendre juste après le dernier repas de Jésus.

On est invité à veiller avec lui dans la nuit du jeudi Saint au vendredi Saint.

 

Pour rentrer dans cette dernière étape de notre Carême, regardons Jésus, regardons Jésus.

Regardons sa Passion, son amour passionné ; il ne nous demande pas d'aimer de la même qualité que lui,

il ne nous demande pas dans la même excellence que lui,

il ne nous demande pas d'être dans la même perfection que lui,

il nous demande de le contempler, lui, qui se donne pour nous ; ce n'est pas nous pour lui, c'est lui pour nous.

 

Regardons son obéissance de Fils, ça peut nous paraître étonnant et peut-être excessif ; il ne nous demande pas de faire pareil, en cet instant ; en cet instant, il nous demande de le laisser s’offrir à son Père.

Réentendons les paroles de la lettre aux Hébreux : "pendant les jours de sa vie dans la chair, le Christ offrit avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort".

 

Ne le retenons pas, Jésus ; ne cherchons pas à atténuer son sort ; ça n'est pas ce qui nous est demandé ; il nous est demandé d'oser regarder la croix,

son obéissance de Fils,

son amour excellent.

Je sais, c'est dur, (peut-être obscène) mais il nous est demandé de le regarder aussi dans ses souffrances ; ce sera le vendredi Saint.

Ne le retenons pas ; c'est lui, ce n'est pas nous ; il ne nous est pas demandé de souffrir à sa place pour le salut du monde, c'est lui qui s'offre pour nous tous.

 

Contemplons-le.

Peu importe ce que cela évoque dans notre mémoire personnelle, de nos relations père-fils, de nos tentatives d'amour parfois blessé ; peu importe.

Il ne nous est pas demandé de prendre sa place ; il nous est demandé de nous laisser réchauffer, éclairer par son amour.

Tel est le sens de ce dernier dimanche car lorsque nous nous reverrons dans sept jours, nous serons palmes à la main, pour chanter : "Hosannah, le voici le Messie".

 

Préparons-nous à l'accueillir, lui et ce qu'il a à nous offrir et non pas nous, ce que nous voudrions l'empêcher de vivre, par respect.

Laissons-le, lui, aller jusqu'au bout de son don à lui.

 

Amen.


Vendredi 16 Mars 2018 :  

 

Dans cet Evangile, nous avons fait un saut, nous avons franchi un chapitre par rapport aux Evangiles des jours précédents. Et dans cet Evangile, l’intrigue, le drame et le décor de ce que sera la Passion de Jésus, commencent à se dresser : Jérusalem, la question de tuer Jésus, une fête, la fête des Tentes, qui durait sept jours, et l’occasion, pour lui et d’autres, d’aller à Jérusalem, cela nous fait penser à ce que nous vivrons le jour des Rameaux, cette montée et cette entrée à Jérusalem. Tout est là réuni.

 

Nous voyons que nous sommes résolument tournés vers la fin du carême et la Passion de Jésus. La Passion, justement, elle va commencer. Dans cet Evangile, vous avez repéré peut-être que la question : « D’où vient Jésus ? », « Qui est-il ? » apparaît, avec des qui pro quo. Quelle est l’identité de Jésus ? Dans cette passion que nous célébrerons, aux Rameaux et pendant la semaine Sainte, nous célébrerons, mot un peu savant, l’Identité de Jésus.

 

Qu’est-ce que ça veut dire l’identité de quelqu’un ? Sans entrer dans de grands détails, on peut néanmoins aller sur le terrain suivant : ce qu’aime une personne dit ce qu’elle est. Ce qu’aime une personne dit ce qu’elle est. Or, l’amour a ceci de particulier que c’est souvent un chemin à la suite d’un certain nombre d’objets et de réalités convoitées, qui, pour la plupart d’entre elles peuvent produire insatisfaction, déception, manque.

L’amour : vous aimez votre mari, votre femme, et, à un moment donné, vous vous poserez la question : qu’est-ce que je ferai lorsque mon mari, ma femme, ne sera plus là ? Aimer une maison, et déjà se pose la question de son entretien et de la possibilité de la faire durer par peur de ne plus la voir dans l’éclat des premiers jours. On aime un ami ; et déjà, derrière, se profile la crainte de le perdre. Aimer un bon plat et vient la déception de voir qu’il est déjà terminé…

 

Or, ce que le juste, le sage dans l’Ancien Testament ou Jésus nous apprennent, c’est qu’il y a un amour qui, lorsqu’on l’aime, ne peut se perdre. Il y a un amour qui, lorsqu’on l’aime, ne peut se perdre. Je répète une troisième fois : il y a un amour qui, lorsqu’on l’aime, ne peut se perdre. A votre avis ? Qu’est-ce que Jésus ne perd pas dans ces derniers instants et qui dit son identité ? Qu’est-ce qu’il est, jusqu’aux derniers instants et qu’il ne perd pas ?

- Le Père.

Amen.


Enterrement Père Lucien MORTIER : homélie de notre évèque

Cathédrale de Troyes - 12 mars 2018

 

Homélie  Mt 25, 31-40

 

Ceux qui ont connu Lucien Mortier savent que ce passage de Matthieu 25 était le cœur de son idéal sacerdotal. Mais je ne crois pas m’avancer beaucoup en disant, à partir du souvenir que j’ai gardé de nos trop rares conversations que c’était aussi le cœur de sa vie d’homme et de croyant. Je suis persuadé qu’il avait conscience, comme nous sommes invités à l’avoir aussi, que ce texte est assurément le message le plus important de tous les Evangiles.

Cette Parole du Christ a structuré sa vie d’homme et de prêtre. Ce matin avec lui nous voulons nous demander comment il structure aussi notre propre vie. Il nous dit quelque chose du P. Mortier. Que nous dit-il à nous aujourd’hui ?

La première chose qui me frappe, c’est qu’un seul critère de choix, de séparation entre les hommes (entre les brebis et les chèvres) subsistera au dernier jour : l’amour des petits. Cet amour des petits, c’est la carte d’identité des bénis du Père, des vrais disciples. Toutes nos divisions humaines, toutes ces barrières que nous avons élevées entre nous seront d’un seul coup abolies. Il n’y aura plus de distinction entre catholique, protestant, juifs, musulmans, ni même entre croyants et incroyants. Il n’y aura plus de distinction entre hommes de droite et hommes de gauche, entre riches et pauvres, entre noirs et blancs. Tout cela sera aboli ; restera une seule séparation : ceux qui ont appris à aimer leurs frères et ceux qui ne l’ont pas fait. Nous ne serons pas jugés sur notre pratique religieuse, ni sur la qualité de notre foi, ni sur l’intensité de notre prière, ni sur la fécondité de notre ministère, si nous sommes prêtres. Nous ne serons jugés, jaugés que sur l’amour. Et même pas sur l’amour de Dieu, uniquement sur l’amour de nos frères. Voilà une bonne nouvelle qui devrait certainement plaire à Lucien Mortier et qui concerne l’humanité entière. L’humanité ne peut être sauvée, libérée que par l’amour. Cet amour que comme prêtre le Père Mortier a essayé de déployer. C’est un message qui dépasse largement le cadre d’une religion, c’est un message proprement universel.

C’est parce que ce message dépasse le cadre d’une religion que Jésus nous invite à faire preuve d’initiatives concrètes.

« J’ai eu faim » nous dit-il. Certes il n’y a pas que des faims matérielles, mais il y a déjà celles-là. Quand on pense que des millions d’hommes vivent toute leur vie avec la faim au ventre. Et non seulement dans le Tiers Monde. Tout près de chez nous l’affluence aux « Restos du Cœur » s’accroit. Et il n’y a pas que des faims de nourritures. Il y a d’autres faims. La faim d’être aimé, d’être reconnu. Le désir d’être considéré par les autres comme un homme et comme un frère, des faims qui habitent le cœur de beaucoup de ceux qui sonnent au presbytère ou à la maison paroissiale. La faim de justice, la faim de paix, la faim de travail pour tant de demandeurs d’emplois. Ce sont là les faims de nos contemporains, des faims que Lucien Mortier a côtoyées et a essayé d’accueillir en prêtre qu’il était. Aujourd’hui la question qui nous est posée à nous c’est : « J’avais faim. M’avez-vous donné à manger ? ».

Il y a des étrangers parmi nous. Bien-sûr nous le savons. Les débats électoraux ne nous en laissent rien ignorer. Et il nous faut nous interroger sur nos manières d’être et de penser, sur la qualité de notre accueil. Disciples de Jésus, savons-nous reconnaître en tout étranger le visage de Jésus ? C’est la seule manière dont nous pouvons connaître et reconnaître sa présence. C’est souvent difficile. Mais il y a aussi d’autres manières d’être étranger. Dans notre propre environnement, tous ne trouvent pas toujours leur place. L’archiprêtre Lucien Mortier a croisé plus d’un de ces étrangers parmi ses paroissiens habituels ou de circonstance. A chacun de nous la question, à chacun de nous la réponse sur notre capacité de les accueillir.

Des prisonniers il n’y en a pas que dans les prisons. Mais il y a d’abord ceux qui sont dans les prisons à Clairvaux et ailleurs. Tous ceux aussi qui sont enfermés, torturés, éliminés à cause de leurs idées ou de leur foi, parce qu’ils ont voulu rester des hommes libres et fidèles. Et surtout n’allons pas dire : « qu’est-ce que nous y pouvons ? ». Il y a des organisations qui y peuvent quelque chose et qui attendent notre concours. Il y a encore d’autres formes d’enfermements dans des addictions. L’énumération n’est jamais finie. Bref, le Christ nous invite à faire preuve d’imagination pour libérer tous ceux qui sont prisonniers, car ils sont le Christ sur notre route.

Tous ceux qu’on vient d’énumérer ont été le Christ sur la route du prêtre qui se présente devant son Seigneur. Ils sont le Christ sur notre route. Il n’y a pas d’autre Christ que ceux-là. Cet incognito de Jésus nous dérange, nous aimerions des signes d’identité plus probants. Nous avons certes l’Eucharistie, mais nous avons surtout tous ces pauvres de la terre.

Donner un verre d’eau ça peut paraître banal lorsque c’est notre Seigneur et Maître que nous rencontrons. Matthieu 25 nous rappelle qu’il n’y a rien de banal là où il y a l’amour, surtout pas ces petits gestes qui manifestent que nous avons accueilli un de nos frères. On n’en parlera ni dans les journaux ni à la télé, mais ce geste aura fait sens dans l’existence de celui qui l’a posé et de celui à qui il aura été destiné, car il aura été le geste de l’amour.

La vie d’un prêtre comme la vie de chacun d’entre nous, c’est l’histoire d’un apprentissage qui va jusqu’au bout de l’amour. Lucien Mortier aura fait beaucoup de choses dans sa vie de prêtre. Nous-mêmes nous ne manquons pas d’activités que nous considérons comme importantes. Un jour, comme pour lui aujourd’hui, s’écrira pour nous le mot fin, et d’un coup notre image sera figée pour l’éternité. Sera-ce l’image de celui qui a appris à aimer ? « Au soir de cette vie, dit St Jean de la Crois, tu seras examiné sur l’amour ».

 

+Marc STENGER

Evêque de Troyes


Dimanche 11 mars : 4° dimanche de Carême

2 Ch 36,14-16.19-23 : La ruine de Jérusalem.
Ps 136

Ep 2, 4-10 : Gratuité du salut dans le Christ.

Jn 3, 14-21 : L’entretien avec Nicodème.

 

Au VIe siècle avant Jésus, (une époque que nous n'avons pas connue, très lointaine), ce que l'on appelle aujourd'hui, la terre d'Israël était partagée en deux : il y avait un royaume du nord, il y avait un royaume du sud et chacun de ces royaumes, avait son roi.

Ça a été partagé en deux, approximativement 10 siècles avant Jésus et tous les livres que nous avons dans l’Ancien Testament, (les livres prophétiques principalement, les livres des rois), vont raconter comment les rois du nord, comment les rois du sud vont être plus ou moins fidèles à leur Seigneur (d'ailleurs plus moins que plus) et les prophètes font sans cesse les interpeller, les maintenir éveillés : ‘attention ! si vous oubliez l'Alliance,

si vous oubliez pourquoi vous existez,

si vous oubliez que j'ai donné la vie à votre peuple, il va vous arriver des choses graves’.

 

Ça n'a pas loupé : huitième siècle avant Jésus, le royaume du nord se fait manger par le roi d’Assyrie, Sargon II (722-721 av J-C) et le royaume du Sud à quelques années d'intervalle, se fera manger par Nabuchodonosor  (586 av J-C) et les peuples se font déporter : c'est l'exil.

 

L'exil à Babylone (VIe siècle avant Jésus), c'est pendant cet exil que nous avons ce psaume qui a été chanté, tout à l’heure.

Je vais vous relire les versets du psaume.

Imaginez-vous des hommes et des femmes, loin de leur terre (un peu comme ça peut arriver aujourd’hui),  qui ont perdu leur capitale (leur capitale a été détruite, le temple vidé de ses objets précieux).

"Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion"  (Jérusalem).

Et pour cause, ils n’y sont plus !

"Aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes".

Mais oui ! nos cœurs ne sont plus à la fête.

"C'est là que nos vainqueurs nous demandèrent des chansons et nos bourreaux des airs joyeux".

Entendez par-là : les membres de l'armée de Nabuchodonosor qui ont vidé ce royaume et sa capitale.

 "Chantez-nous disaient-ils, (un peu comme pour se moquer, quelques chants de votre terre natale), quelques chants de Sion".

Mais comment chanterait-on au Seigneur, si nous sommes loin de chez nous ?

"Comment chanterions-nous au Seigneur sur une terre étrangère ? "

"Si je t'oublie Jérusalem, que ma main droite m'oublie".

Et dans un excès de mélancolie :

"Je veux que ma langue s'attache à mon palais si je perds ton souvenir,

si je n'élève Jérusalem au sommet de ma joie. "

 Voilà, c'est un psaume de déportation.

 

Cette déportation aura duré (comme le livre que nous avons lu en première lecture, nous le dit) 70 ans (peut-être plus ou moins) et puis, les uns, les autres vont retourner dans leur terre.

Ils vont être libérés d'une certaine façon, mais ils auront perdu définitivement (mais vraiment définitivement) la souveraineté : ils sont chez eux mais ça n'est plus à eux, comme une sorte d'époque perdue ; ils reviennent mais les fastes d'antan n'existent plus.

 

Cette terre, Jérusalem, elle est sainte ; c'est comme ça que l'on dit : la Terre sainte (il y en qui partent en pèlerinage en Terre sainte).

Pour nous les chrétiens, toute terre est sainte depuis la Pentecôte : l'Esprit habite partout, toute terre est sainte, même Bar sur Aube, même vos maisons, même nos corps sont sanctifiés par l'Esprit Saint, depuis la Pentecôte.

Mais oui, mais la Palestine, ce n'est quand même pas rien !

C'est quand même le lieu que les pieds de Jésus ont foulé

de la Galilée, marchant jusqu’à Jérusalem,

de Capharnaüm, qui était sa ville,

Jéricho,

le désert de Juda,

Jérusalem.

Mais qu’a-t-il fait Jésus ?

L’Evangile est truffé de toutes ses rencontres qui, sur cette terre, en ce temps-là, ont profondément touché les hommes et les femmes.

Ils ont rencontré celui qui s'est donné pour eux, entièrement, une fois pour toutes.

 

Prenez par exemple : l'aveugle Bartimée à Jéricho.

Qu'est-ce qui le guérit ?

Qu'est-ce qui le sauve ?

La rencontre avec celui qui, tout entier s'est donné librement pour lui ; ça l’a sauvé.

 

Que s'est-il passé pour le paralytique : vous savez à Capharnaüm, il passe par le toit de la maison, grâce à ses compagnons.

Il rencontre une fois pour toutes et une unique fois comme ça a dû arriver une seule fois dans sa vie, quelqu'un qui se donne tout entier librement pour lui ; ça le sauve.

Il n'y a aucune condition ; il ne se donne pas un petit peu, il se donne tout entier et ça va à la fois le guérir et le sauver.

 

Nous avons aussi par exemple, ce jeune garçon qui vient de décéder, le fils unique d'une femme veuve à Naïm.

Son convoi funéraire croise Jésus, il est tout entier don pour lui, ça lui ressuscite.

 

Lazare ; on pourrait multiplier les exemples.

 

Et c'est la raison pour laquelle, pour nous, cette terre est sainte : c'est le lieu où le Fils de l'homme s'est donné et le moment par excellence où il s'est donné plus que tout, c'est la Croix.

Ce n'est pas complètement à Jérusalem d'ailleurs, c'est juste à côté : le Golgotha, quand on sera le vendredi Saint, (la Passion), on parlera du lieu du crâne, le Golgotha, le calvaire, l'endroit où Jésus est crucifié, c'est à l'extérieur de Jérusalem.

Le détail a son importance : ça veut dire qu'il n'a pas été reconnu par les siens, Jésus, il est chassé de la ville.

Jérusalem, ce n’est pas n’importe quelle ville : capitale, centre religieux et politique.

 

Jésus y était à ses 12 ans, en pèlerinage ; ses parents l’ont retrouvé dans le Temple.

Ses parents ont offert ce qu'il fallait après sa naissance, à Jérusalem, au Temple.

Tout juif converge vers Jérusalem, chaque année, pour la fête de la Pâque, ce n’est quand même pas rien !

Jésus n’y sera pas reconnu, il sera chassé.

 

Cette terre n'est pas sainte pour nous comme elle l’est pour un juif : nous ne sommes pas juifs ; mais c'est quand même le lieu du don de Jésus et ce n'est quand même pas rien !

 

En ce dimanche, quand on fait mémoire de Jérusalem, c'est un peu comme pour se stimuler (voyez-vous) : Jérusalem, c'est la ville où nous allons entrer triomphalement dans deux semaines, le jour de la fête des Rameaux.

Nous serons ici, dimanche matin à 10h30, dehors plus précisément, rameaux à la main (la veille on sera à Ville sur Terre) et on entrera triomphalement dans la ville en chantant : "hosanna", en accueillant celui qui est envoyé du Seigneur.

 

Quand on prie le psaume de ce jour, nous ne sommes pas mélancoliques, au contraire, nous sommes dans la joie (la mélancolie est pour les fils d'Israël qui sont loin de leur terre) mais nous, nous sommes dans la joie d'approcher de si près de Jérusalem et d’y être dans deux semaines.

 Ce dimanche est vraiment le dimanche où on se stimule, où on s'encourage : ‘allez ! ne perdons pas patience, nous y arrivons !’

Jérusalem, le lieu du don de Jésus, le lieu de ce qui nous sauve.

 

Parlons-en de ce qui nous sauve : lui Jésus, sur la Croix, il est don total, tout de suite.

Nous, c'est beaucoup plus compliqué ; dans nos relations, dans notre affectivité, dans notre manière d'être (parfois avec nous-mêmes), on met des conditions partout ; partout, il y a des conditions.

Nos consciences sont un peu comme un contrat d'assurance avec des clauses en quantité, en quantité, en quantité, en quantité ; on est un peu comme : ‘j'aimerais bien mais je ne peux point’.

 

 J'aimerais bien aimer complètement bien, là, paf ! d'un amour simple mais cet amour, il est complètement plié et froissé comme une boule de papier.

Alors on aime mais, si c’est à la folie, c'est un amour qui n'est encore pas complètement libre (du moins, pas pour l'autre) mais on est souvent : ‘je t'aime un petit peu’ ‘et un tout petit peu plus’ mais avec plein de conditions à tous les étages.

C'est notre condition, on ne peut pas se le cacher : on est comme une boule de papier froissé.

Même si Jésus a donné sa vie une fois pour toutes, nous, il nous faut toute la vie pour accueillir ce ‘une fois pour toutes’.

Je répète ma phrase et là, vous allez tout comprendre, je l'espère : même si Jésus s'est donné une fois pour toutes, nous, il nous faut toute notre vie pour accueillir ce ‘une fois pour toutes’ ; c'est un peu comme s'il fallait toute notre vie pour déplier, défroisser tout ce qui nous est donné : il nous faut toute une vie pour grandir en liberté.

 

Nous allons donc célébrer, à Pâques, cet amour souverain et cette liberté géniale qui nous sont donnés par le Christ mais reconnaissons qu’il faut que ça se déplie dans nos vies.

 Confions très fort, donc, en cette grâce puissante que nous donne le Seigneur, tout cela ; ne nous décourageons pas, ne nous décourageons pas, notre vie va se déplier, elle va se déplier ; déjà, peut-être, elle l’est plus aujourd’hui qu’elle ne l’était, il y a quelques années ; elle va continuer à se défroisser, cette vie et elle va devenir de plus en plus simple et limpide, claire, transparente dans la vérité.

 

 On cessera de penser au jugement, on pensera davantage au cadeau que Dieu nous fait, son pardon.

"Dieu a envoyé son Fils dans le monde", nous dit l'Évangile de Jean, "non pas pour juger le monde mais pour que, par lui, le monde soit sauvé".

Voilà, ce qu’il nous offre, c'est tout gratuit.

Cheminons encore 15 jours et puis, dans quinze jours, on sera cette grande semaine Sainte et ce sera le moment, vraiment, de se reposer dans cette confiance inouïe qui nous est donnée par celui qui, sans condition, s’offre une fois pour toutes, pour nous.

Amen


Mercredi 7 mars :

Dt 4, 1.5-9 : La vraie Sagesse.

Ps 147

Mt 5, 17-19 : L’accomplissement de la Loi.

 

Nous approchons progressivement de la mi-Carême et nous avons à la fois, dans cet extrait du Deutéronome, au chapitre quatre et dans ce discours de Jésus sur la montagne, chez Matthieu, l'idée que, à la fois pendant le Carême et tout au long de notre cheminement de baptisé : le Seigneur vient nous enseigner,

il vient nous instruire, (il est comme un instituteur avec ses élèves),

nous apprendre le commandement de Dieu,

nous apprendre à les mettre en pratique, comme si cet enseignement n'était jamais acquis une fois pour toutes, qu'il nous fallait jour après jour, à nouveau, nous laisser instruire ; à la fois, écouter (comme c'est suggéré dans le livre du Deutéronome) et en même temps, imiter (comme c'est suggéré cette fois-ci dans l'Évangile) imiter le professeur.

 

Et en quoi consiste cette Loi ?

‘Jésus vient accomplir’.

D'abord cette loi vient révéler une sorte de misère (la nôtre, bien évidemment, celle de  tous, en général) ; cette misère qui consiste à ce que chacun choisisse principalement un objet et va investir toute son énergie, toute sa vie pour l’atteindre.

 

Or, la question que nous pose cet éducateur, Jésus, c'est :

et toi, que choisis-tu ?

 Qu’aimes-tu ?

Quel objet choisis-tu par amour et qui te donnerait l'Amour ?

 

Cette voix nous invite à ne pas choisir au hasard, à ne pas choisir un objet qui augmenterait notre misère mais qui, au contraire, la fera quitter au profit de l'Amour, (Celui qui est source de cet Amour), qui aime notre misère et nous en fait sortir.

 

Poursuivons: nous tous, si nous prêtons garde à notre terre de misère (dont nous sommes pétris), peut-être sommes-nous dans une forme de comparaison les uns, les autres;

peut-être que chacun va aller dans le sens de ce que qui lui paraît bon,

chacun va aller dans le sens de ce qui lui convient

ou bien va se lamenter de ne pas réussir à aller dans le sens de ce qui lui convient

et voire même, se réjouir de se lamenter de ne pas pouvoir aller jusqu'au bout de ce qui lui convient.

Et vu sous cet angle, notre vie n'a pas beaucoup d'intérêt.

 

Mais si nous connaissons l'Amour, que choisissons-nous ?

qu’aurions-nous envie de choisir ?

 

Ce petit trait de la Loi, cette toute petite lettre : le iota, (que Jésus entend ne pas abolir mais accomplir), c'est ce lieu sûr en nous-mêmes,

cette maison bien gardée,

cette citadelle fortifiée,

cette Jérusalem dont le Seigneur vient consolider les portes et renforcer les barres, c'est le lieu de l'Amour.

 

Si en connaissant Jésus et en l’ayant choisi, nous nous tenons à l'intérieur de ce lieu sûr et en sécurité, il faut y demeurer, accomplir notre tâche de ce lieu là et aimer et servir quiconque, de sorte que, en le servant et l’aimant, nous nous appliquions à ce qu'il ne dépende pas de nous-mêmes, nous le servions sans que nous devenions pour lui, un nouvel objet à conquérir, une nouvelle source de discorde ou un nouvel objet à s'approprier.

 

Servons et aimons depuis notre lieu sûr, en faisant en sorte que personne ne dépende de nous-mêmes mais que nous soyons pour chacun : service et bonté.

 

‘Que choisis-tu ?

Choisis-tu ce petit iota qui semble enfoui dans la masse de tout ce qu'il faut faire ou ne pas faire, dans la masse de notre misère ; choisis-tu l'Amour ou pas ?

En tout cas, je suis là et je frappe à ta porte ;  je suis là pour t'enseigner ; fais de moi ton Maître ; imite-moi.

 

Amen.


Mardi 6 mars :

Dn 3, 25.34-43 : Cantique d’Azarias dans la fournaise

Ps 24

Mt 18, 21-35 : La parabole du débiteur impitoyable.

 

Il n'y a que saint Matthieu qui se souvient pas de cette parabole de Jésus, qui la rapporte, elle qui nous relie directement à cette demande de la prière du Notre-Père : "pardonne-nous nos offenses comme nous-mêmes nous pardonnons aussi".

 

On voit l'énormité de la dette que chacun peut avoir avec le Seigneur : 60 millions de pièces d'argent, c'est une somme faramineuse et nous voyons, par conséquent, la patience et la miséricorde de Dieu et du coup, les conséquences morales mais plus encore, les conséquences spirituelles, humaines que cela peut avoir dans nos relations les uns avec les autres.

 

C'est toujours la même question en nous-mêmes et ça touche ce que l'on appelle le péché : lorsque quelqu'un nous fait du bien ou nous fait du mal, en nous-mêmes, cela peut susciter beaucoup de résonance (nous pouvons être, en permanence préoccupés, par le bien ou le mal que nos frères et sœurs commettent).

 

Mais la question ce n'est pas de savoir le bien ou le mal qu'ils commettent, c'est plutôt : qu’en faisons-nous, nous-mêmes?

Comment en tirons-nous profit,

Comment nous situons-nous ?

Comment parvenons-nous à garder l'amour devant ce que font les frères ?

L'idée n'est pas d'arriver en conquérant pour corriger ou sauver un frère ou une sœur qui se perd dans des actes mauvais ni même susciter des faveurs d'un frère ou d'une sœur qui commet le bien.

La question : qu'est-ce que j'en fais en moi-même ?

 

Et si nous sommes plutôt touchés par le cas de figure de ce serviteur dans l'Évangile, qui ne va pas parvenir à délier de sa dette, un frère, c’est que nous avons encore du chemin, nous-mêmes, dans la relation que nous entretenons avec nos frères et sœurs qui commettent bien ou mal.

 

Regardons donc comment nous nous situons nous-mêmes,

comment nous parvenons à considérer en nous-mêmes

et quel progrès nous tirons du bien ou du mal commis par nos frères.

 

Si un frère commet un bien, par exemple, comment sommes-nous dans l'approbation,

comment parvenons-nous à aider ce frère ?

Si un frère commet un mal, comment sera notre correction,

comment sera notre compassion ?

 

L'idée c'est que, en toute circonstance, (surtout d'ailleurs, quand le frère commet un mal) nous puissions être dans l'Amour et que ce frère-là soit aimé pour lui-même et non pas dans l'attente de quelconque retour du frère (ou de la sœur).

Dieu est amour, nous en avons la preuve dans cette parabole (60 millions de pièces d'argent d'amour et plus encore) ; nous sommes l'objet de cet amour et nous sommes invités à en devenir les sujets, également.

 

Un frère ou une sœur qui commet un mal, comment vais-je l’aimer?

Un frère ou une sœur qui commet un bien, comment vais-je l’aimer, sans me l'approprier ? (ou sans même rejeter le frère qui commet le mal).

 

Ce chemin de Carême est beau ; il nous rappelle que nous sommes objets de cet amour infini mais que nous en sommes aussi, des sujets.

 

 

"Seigneur pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés".


Dimanche 4 mars : 3° dimanche de Carême

Ex 20, 1-17 : Le Décalogue.

Ps 18b

1Co 1, 22-25 : Sagesse du monde et sagesse chrétienne.

Jn 2, 13-25 : La purification du Temple.

 

Nous allons évoquer plusieurs commencements :

par exemple comment peut-on démarrer une équipe de catéchisme, ici à Arrentières ?

Une équipe de catéchisme à Arrentières, peut démarrer comme ce matin : une maman qui fait déjà du KT a invité d'autres mamans et d'autres enfants à participer à la messe et à préparer des lectures.

Les enfants ont lu devant tout le monde et les mamans sont ravies (n'est-ce pas Virginie ?)

Ça peut être un début pour risquer une équipe de KT à Arrentières.

 

Comment peut-on avoir la messe à Arrentières et commencer à en avoir peut-être plus ?

D'abord avoir d'autres prêtres mais faire comme la commune a fait : c’est-à-dire, se mobiliser autour de l'église.

 

Comment la foi en Dieu Unique est-elle née, comment a-t-elle commencé ?

Elle a commencé par une étincelle, une étincelle que pour nous, nous croyons être une étincelle d'Amour, un acte d'Amour.

Il y a d'abord eu un acte d'Amour dans la création du monde et un acte d'Amour dans ce don de la Loi, tel qu’on le voit parfois représenté dans le film ‘les 10 commandements’ et tel que la Bible elle-même, dans le livre de l'Exode, nous le raconte.

 

Nous avons ces tables de pierre, gravées en lettres de feu qui sont données à Moïse au sommet du mont Sinaï.

Ça n'est pas une prescription qui rend triste et qui enserre, c'est une prescription qui sanctifie,  libère et conduit et dégage loin celles et ceux qui l’accueillent (c'est du moins comme ça, que le peuple juif accueille ce don de la Loi).

 

Vous  savez peut-être de mémoire, ce qui s'est passé avec ces tables (Isabelle, tout à l'heure, a lu le contenu de ces tables de la Loi) : sitôt Moïse redescendu de la montagne avec ces tables de la Loi, que constate-t-il ?

Ceux et celles à qui elles étaient destinées, étaient déjà en train de passer à autre chose et au lieu de tourner leur regard vers un horizon infini, étaient en train de regarder leur nombril : ils avaient façonné un veau d’or avec tous leurs bijoux, qu'ils avaient fondus.

 

Qu’à cela ne tienne, le Seigneur est patient et a fait à nouveau don de deux autres tables de la Loi…

Ça c'est le début, d'une aventure dans la foi, que l'on appelle l'Alliance du Ciel avec la Terre et édictée par l'Amour.

 

"Je suis un Dieu jaloux", non pas de cette jalousie qui peut vraiment nous faire souffrir et blesser les humains mais entendez par-là, une exclusivité : "je suis le Dieu unique et vous êtes mon peuple".

Il y a là, certes, une exigence mais une exigence vraiment (dans la foi), fait grandir et libère.

 

Que se passe-t-il au cours des âges, au cours des siècles ?

Cette étincelle des commencements finit par disparaître sous le boisseau : on ne sait plus pourquoi on fait les choses,

pourquoi on a une église à Arrentières,

pourquoi on ne doit pas se livrer à l'idolâtrie,

pourquoi on doit honorer son père et sa mère,

pourquoi on ne doit pas convoiter la femme de son voisin,

pourquoi on doit croire Dieu Unique ;

 on ne le sait plus, au cours des âges.

 

Il y a eu des prophètes dans l'Ancien Testament, qui ont redit : ‘Mais souvenez-vous, vous êtes aimés, vous l'avez été et vous l'êtes toujours’.

Mais ce pourquoi-là s'est perdu ou se perd ; déjà dans la Bible.

 

On arrive à l'époque de Jésus.

Jésus, dès l'âge de 12 ans jusqu'à sa trentaine d'années, n'a pas trop quitté sa Galilée natale (la Galilée pour Jésus, c'est grosso modo sa campagne) et quand il va à Jérusalem, il monte à la capitale ; il arrive au Temple, le centre de la vie politique et religieuse de sa nation et il y va comme tout bon juif, à l'occasion de la fête de la Pâques.

J'ouvre la parenthèse : ce n'est pas la fête des œufs et des cloches, c'est la fête de la sortie d'Égypte ; je referme la parenthèse.

 

Que constate Jésus ?

Une organisation dans le Temple qui est bien rodée et qui se justifie : les fameux changeurs, les marchands de colombes, les marchands de bœufs ne sont pas des vendeurs de cartes postales et de frites à la sortie des lieux touristiques; tous ces gens-là ont leur raison d'être à l'intérieur du Temple car à l'intérieur du Temple, il y a une monnaie et il y a surtout un rite : offrir des animaux en sacrifice pour demander au Seigneur qu'il vienne nous pardonner  plein de choses et qu'il rétablisse son Alliance avec nous (il n'y avait ni confessionnal ni sacrifice eucharistique ; il n'y avait rien d'autre que ça) ; il fallait des animaux, il fallait les acheter avec la monnaie locale, (voilà la raison d'être de tous ces personnages).

 

Jésus le sait, ses parents ont eu affaire (quand il était tout petit et quand ils l'ont offert au Temple), ses parents ont eu affaire à ces changeurs et à ces vendeurs ; Jésus les chasse violemment avec un fouet, c'est violent ! (imaginez que quelqu'un, ici, chasse tout le monde d'un coup, d'un seul et dise : ‘arrêtez de faire ce que vous faites’.

 

C'est ce que fait Jésus et il souhaite retrouver l'étincelle des commencements : pourquoi faites-vous tout ce que vous faites ?

Vous le faites parce que votre Dieu vous aime et vous a choisis.

Si vous l'avez oublié, tout ce que vous faites c'est lettre morte, vous perdez votre temps.

Dans un couple, si vous ne renouvelez pas votre amour, par un peu de fantaisie, que peut-il se passer ?

Il peut s’user un peu, quand même ; il en est de même pour notre foi.

S’il n’y a pas de fantaisie dans notre couple et si dans notre foi il n'y a pas la volonté de dégager cette origine ou cette source ; nous faisons de belles choses, nous décorons les églises, nous nous réunissons mais pour pas grand-chose.

 

Le pape François, dans son exhortation ‘la joie de l'Évangile’ au tout début de son pontificat, il l’a dit et redit (ce n'est pas le premier à l'avoir dit, c'est déjà dans la Parole de Dieu et tous les prophètes l'ont souligné) il va dire : ‘notre cœur a une fâcheuse tendance à s'éparpiller et à quitter sa zone d'inconfort pour aller se situer, là où ça lui est plus confortable, notre cœur.

Il va dire : on n’aime pas se tenir au centre de notre cœur (le centre de notre cœur, (pour lui, dans son image), c'est l'Amour qui vient aimer la fine pointe de notre vie qui en a le plus besoin ; mais ce centre-là, pour lui, c'est notre zone d’inconfort).

 

Je sais qu'il y a au moins une infirmière dans l'assemblée, (il y en a peut-être d'autres) ; quand il faut soigner une plaie, il faut peut-être atteindre le centre de cette plaie pour la soigner (n'est-ce pas où je m'abuse ?) pour la désinfecter ; ça pique un peu, (ça peut, ça dépend ce qu'on met), ça peut piquer mais il faut bien le faire !

 

Le centre du cœur (le siège des émotions, de la foi et de la conscience) ce centre-là (quand on dit que Dieu aime), il est aimé là, où on a besoin de l’être.

Parfois, ça vient un peu mettre en lumière, ce qui nous est le moins plaisant mais c'est pour nous en libérer.

Le cœur va plutôt se situer dans ses périphéries, ses zones plus confortables, un peu comme : ‘je n'ai pas envie de me faire soigner une plaie parce que ça va me faire mal’.

 

Les zones les plus confortables, ce sont les zones de l'habitude,

les zones où on ne fait pas trop la vérité sur soi-même

 et ce sont les zones de confort, par exemple :

il peut m’être plus confortable de rester chez moi, un dimanche matin où il caille très fort et chez moi il fait très bon et je suis tranquille.

Je vois moins de gens mais je m'en fiche puisque je suis bien, là où je suis ;

 

je ne me remets pas en question mais pourquoi faire ?

Puisqu’à chaque fois, ça me titille, ça m'embête.

 

Je peux préférer par exemple, être dans mon canapé plutôt que de rencontrer d'autres personnes.

 

L'idée du pape François (et c'est dans la droite ligne de l'Ecriture d'aujourd'hui), c'est : osons remettre en question nos zones de confort (et c'est le sens du Carême) pour nous laisser attirer par cet Amour-là, cet Amour qui nous réchauffe et nous réjouit.

Alors oui, il faut un peu se déplacer !

 

Le sens du Carême : jeûne, prière, partage en communauté, c'est pour se stimuler, pour se dire : ‘bon allez ! Moi j'ai trouvé ce qui m'était bien confortable dans ma vie mais peut-être qu'il ne faut pas que je m'en arrête là, pour rejoindre Celui qui est la source de toute sainteté et de toute liberté en moi et Celui qui me dégager, me libère’.

C'est ce que fait Jésus quand il secoue un petit peu l'arbre.

 

‘Je suis un Dieu qui vous aime, jaloux’.

Saint Paul dans sa lettre (et je termine par-là) va nous dire : nous adorons un Messie crucifié.

Nous avons dans nos églises des croix, nous avons plein d'objets qui nous rappellent Jésus, qui nous rappellent notre foi.

A temps de saint Paul, il n'y avait pas de crucifix, (pas encore) mais Jésus avait été déjà, bel et bien crucifié.

Rappelons-nous ce que nous adorons, ce ne sont pas les objets,

ce n'est pas l’autel de Bouchardon,

ce ne sont pas les merveilleux vitraux,

la merveilleuse église,

ce que nous adorons c'est ce vers qui, ils nous renvoient.

Ils nous renvoient vers qui ?

Ils nous renvoient vers un crucifié.

C'est pour adorer la mort ?

Non non !

Nous n’adorons pas la mort.

C'est pour adorer la vie ?

D'une certaine façon, mais pas la nôtre, aujourd'hui.

 

C'est pour adorer quoi alors ?

C'est pour adorer l'Amour.

 

Amen.


Jeudi 1° mars :

Jr 17, 5-10 : Sentences de sagesse.

Ps 1

Lc 16,19-31 : Le mauvais riche et le pauvre Lazare.

 

Il est bon de voir qu'il y a une petite correspondance entre le début de la première lecture : "maudit soit l'homme qui met sa foi dans un mortel" et puis le psaume qui dit la même chose mais, à l'envers : "heureux est l’homme qui n'entre pas au conseil des méchants".

 

Donc le décor est dressé : il y a un choix à faire et tous ces textes proposés par la liturgie d'aujourd'hui, nous invitent à repérer ce lien qui existe en nous entre notre corps et ce qu'on appelle : "la jouissance et l'amour" ; c'est-à-dire un lien qui nous aliène, en fait.

 

Et, le Seigneur, en Jésus (et c'est le lot du Carême et c'est le propos de toute une vie de baptisé) vient défaire ce lien de l'amour autocentré pour qu’à la place de jouissance et amour avec nous-mêmes, ce soit le lien de la Vie ; pas la vie biologique mais la Vie du Père, une Vie largement plus haute, plus grande et plus profonde que ces simples questions de nécessité qui peuvent se résumer à des choses du genre : jouissance et amour.

 

Les prophètes ont beaucoup critiqué, ce lien de jouissance-amour avec nous-mêmes ; ils ont beaucoup exposé d'ailleurs combien un homme qui était au conseil des méchants ou un homme, (comme le fait le prophète Jérémie) qui met sa foi dans un mortel, est un homme qui sera peu partageur, un homme qui ne s'occupera pas du pauvre, de l'orphelin et de la veuve, qui n’accueillera pas l'étranger ; c'est quelqu'un qui va fausser les balances sur les marchés et qui va rechercher à accumuler toujours plus de profit.

Les prophètes ont bien repéré combien ce lien de jouissance-amour avec nous-mêmes était beaucoup alimenté par l'argent, la fascination de l'argent.

 

Si on en vient ce texte, chez st Luc, on peut voir un rapport avec cet Évangile, comme le pape François lui-même l'avait fait, pour introduire  l'année de la miséricorde : une lecture morale qui viserait à vérifier en nous-mêmes, combien nous sommes ouverts ou pas, aux nécessités de celles et ceux qui, à notre porte, crient et ont faim, ceux qui n'ont pas ; on peut avoir cette lecture-là de l'Évangile.

Cette parabole est l'une des seules de tout l’Evangile qui est d'une richesse absolue, que l'on ne peut jamais trop épuiser et je vous invite à une autre lecture.

 

Regardez bien ce brave Lazare, certes il est pauvre, il a un grand désir : c'est de profiter de la richesse du riche.

Par malheur ou par providence (allez savoir !) il n'en profitera pas mais ce qui lui vaut quand même d'être dans le sein d'Abraham, c'est-à-dire dans notre tradition théologique ; on dirait : il est au paradis (je crois que l'on peut dire ça).

 

Mais il y a un abîme absolument infranchissable entre les deux, dans le sort qui leur est réservé, c'est bien le signe que Lazare certes, plus ou moins volontairement, son désir a pu ne pas être complètement perverti par des questions matérielles.

Il a pu être, comme dans le livre de Jérémie, celui qui a planté ses racines qui glissent jusque vers un ruisseau : vient la sécheresse ; il ne s’en rend pas compte ; ainsi celui qui s'enracine dans le Seigneur.

Et le riche n'aura pas eu ce bonheur, trop rempli de lui-même, qu'il était.

 

C'est une invitation à repérer où est-ce que nous plantons, nous plongeons nos racines et j'ai envie de vous dire cette petite maxime d'un spirituel du XIIe siècle (ou 13e, je crois): "À celui dont tu t'emploies à servir la volonté, réclame ton salaire.

Mais si celui de qui on sert la volonté, c'est nous-mêmes, ça devient un problème.

Il faut donc vivre de manière à ne rien te devoir à toi-même car tu ne peux rien te remettre.

Le Péché majuscule, avec l'argent ce serait spéculer avec soi-même et il y en a qui le font et on pense qu'ils sont quelque part sous terre.

 

Amen.


Mercredi 28 février :

Jr 18, 18-20 : A l’occasion d’un attentat contre Jérémie.

Ps 30

Mt 20, 17-28 : Troisième annonce de la Passion. Demande de la mère des fils de Zébédée. Les chefs doivent servir.

 

Si vous dites à un ivrogne qu'il est ivrogne, il va se fâcher, assurément et si vous dites un bavard qu'il est bavard, il va vous condamner durement ; par contre, si vous leur mentez et vous leur dites tout l’inverse, ils seront contents, cela leur sera agréable et vous vous serez faits des amis.

Voilà, tel est le sort de la vérité.

 

Jésus, dans cette troisième annonce de la Passion, parle de lui-même comme celui qui sera livré, flagellé, crucifié et qui ressuscitera ; il est cette vérité-là, vérité paradoxale qu'on doit poser au milieu comme une très belle chose et

qu'on doit adorer sans éclat ni splendeur,

qu'on doit adorer comme le crucifié,

qu'on doit adorer comme amour bafoué.

Rappelez-vous l'ivrogne à qui on dit qu'il est ivrogne et qui se fâche ; rappelez-vous l’ivrogne à qui on dit un mensonge et qui sera content.

 

Alors, adorer cette vérité-là, (c'est donc l'adorer comme le Crucifié-livré, l'amour qui se livre, qui se risque) mais c'est aussi adopter la tenue du serviteur, ceindre le tablier du serviteur dans deux directions : la première direction, c'est que, si vous avez devant vous, des personnes qui exècrent la vérité, ne les juger surtout pas ;

aimez-les, ne les jugez surtout pas ;

ayez pitié d'elles.

 

Et la deuxième direction : être en tenue de serviteur, c’est aussi être très humble soi-même et demander en permanence que le Seigneur fasse la vérité en nous,

que toujours, nous nous convertissions,

que la question en réalité ne soit pas celle de l'ivrogne qui ne peut pas entendre la vérité ;

que la question en réalité soit à nous-mêmes : ‘où suis-je devant la vérité ?’

 

Amen.


Mardi 27 février

Is 1, 10.16-20 : Contre l’hypocrisie.

Ps 49

Mt 23, 1-12 : Reproches aux scribes et aux pharisiens.

 

En Jésus, qui est l'Amour, il y a trois dimensions ; trois dimensions que, pendant le Carême, nous pouvons revisiter.

 

Ce jeûne, cette prière, cette aumône, que nous sommes appelés les uns, les autres à vivre, nous conduisent au-delà de nous-mêmes, ce n'est pas simplement une performance à laquelle nous sommes livrés mais une contemplation renouvelée de l'Amour, en Jésus.

 

Voilà donc trois dimensions :

La première dimension c'est que Jésus est tout entier, contemplation de son Père ; Jésus reçoit tout de lui, il lui rend tout, (lui donne tout, lui offre tout) ; contemplation de son Père.

La deuxième dimension c'est que Jésus est profonde bonté pour les hommes, profonde bonté pour les hommes.

Et la troisième dimension, c'est la sobriété de Jésus à l'égard du monde ; ce n'est pas à l'égard des hommes, c'est à l’égard du  monde, sa sobriété.

 

Nous pouvons tout au long de ce Carême, repérer dans ce que la liturgie nous offre à contempler, chacune de ces trois dimensions.

Et la liturgie va accentuer, selon les jours, l'une ou l'autre dimension ; il est vrai d'ailleurs que, plus nous allons approcher de la semaine Sainte, plus ces trois dimensions vont vraiment s'aiguiser, s’accentuer ; on va arriver à la pointe de chacune d'entre elles.

Et la fine pointe, l'extrême pointe, ce sera le vendredi Saint :

la contemplation à l'égard de son Père,

la bonté à l'égard des hommes,

la sobriété à l'égard du monde.

 

Si nous regardons chacune de ces dimensions, dès aujourd'hui et un petit peu, en ayant en filigrane ce texte du jour, nous pouvons nous rappeler que Jésus, par rapport à son Père, n'a rien préféré d'autre à lui.

En renonçant à être à l'égal de Dieu, (ce que nous célébrons à Noël, "le Verbe se fait chair", ce n'est pas qu'il abandonne son Père, c'est qu'il ne préfère rien d'autre à lui : le Père l'envoie.

La deuxième dimension, cette bonté à l'égard des hommes, Jésus va se confronter à ces différents ‘fruits de la chair’, comme dirait Saint-Paul (vous savez saint Paul, dans ses lettres, va lister les fruits de l'Esprit et il va lister les fruits de la chair ; je vous en rappelle comme ça, de mémoire : la convoitise, la gourmandise, l'adultère, l'inconstance, la cupidité etc.) il va se confronter à cela ; c'est-à-dire qu’à chaque fois qu'on va le voir en relation avec des pharisiens,

chaque fois qu'on va le voir en relation avec des malades, avec des pécheurs de toutes sortes, il va se confronter à ces fruits de la chair.

 

Mais que fait-il ?

Il est bonté et même à l'égard des pharisiens d'ailleurs, car, à l'égard des pharisiens, même s'il va jusqu'à leur dire : "malheureux êtes-vous", il ne les condamne pas ; il n'est pas venu pour juger, il est venu pour sauver.

C'est important pour nous-mêmes, d'ailleurs.

 

La troisième dimension, c'est la sobriété à l'égard du monde ; nous en avons encore un exemple dans l'Évangile d'aujourd'hui.

Ce qui peut être mondanités,

ce qui peut être orgueil,

ce qui peut être cupidité, accumulation, Jésus va le mettre de côté pour lui-même ; ce qu’une spiritualité que nous connaissons, parfois résume en disant : Jésus va choisir la pauvreté, il va choisir les renoncements.

 

Ces trois dimensions sont bonnes à contempler et plus nous approchons d'elles, plus elles produisent en nous, du fruit ; c'est-à-dire, effectivement, plus nous allons nous laisser aimer et d'un Amour qui n'est pas simplement pour nous conforter dans notre propre péché mais un Amour qui va nous mettre en route pour notre propre conversion.

Plus nous allons convertir nos regards à l'Amour de Jésus, plus cet Amour-même va nous convertir.

Voyez, c'est un cercle vertueux.

 

Amen.


 

Dimanche 25 février 2018 - Baptême Octave Mandelli  (Monseigneur Stenger)

Homélie Mc 9, 2-10

 

L’Evangile de ce dimanche nous présente le récit de la transfiguration, un récit très scénarisé avec des jeux d’ombre et de lumière, avec des voix off. On a un peu l’impression d’être transporté dans un autre monde. Or la transfiguration est une expérience parfaitement courante pour ceux qui savent voir. Un certain nombre d’entre nous ont, j’en suis sûr, déjà vécu cet événement.

Quelques exemples : dans un visage de souffrance, on croise soudain un regard vivant ; dans un corps vieilli tout à coup on perçoit une intensité ; chez un être qui ne paie pas de mine, on voit la lumière d’une présence. La transfiguration exprime ce mystère qu’on peut vérifier : dans la chair fragile une ferveur, un éclat se laissent parfois constater. Cela veut dire que la chair dont nous sommes faits parle : elle témoigne que la vie à accueillir se trouve bien en elle. Quand il s’agit de la conception d’un enfant, cette chair est même particulièrement éloquente. Mais la chair témoigne aussi que cette vie vient de plus loin que nous : M. et Mme Mandelli en savent quelque chose. Et aussi ce qu’on trouve beau dans certains corps flétris et flageolants, c’est cette évidence de vie qui déborde des yeux, alors que les apparences disent l’usure, la dégradation. La chair, alors qu’elle n’est plus capable de produire de la vie reste pourtant habitée par la vie, révélée par la vie.

Jésus invite aujourd’hui trois de ses disciples à une expérience de ce type : percevoir dans son corps qu’ils connaissent, la lumière d’une vie inconnue qui vient d’ailleurs. Cette lumière se manifeste là largement, dans tout ce qui fait la personne de Jésus : son corps, ses vêtements. Elle s’étend même à l’espace qui entoure l’homme, là où d’autres personnes se tiennent qui contribuent à projeter une lumière sur lui. Ici il y a autour de Jésus Moïse et Elie. Ils sont comme des projecteurs pour mettre Jésus en pleine lumière.

C’est dans le visible que se révèle tout l’invisible, le secret, le profond de Jésus, Dieu lui-même. Mais où se révèle-t-il de préférence ? Dans la chair de ceux qui l’accueillent. Est-ce que cela voudrait dire que la chair des croyants est lumineuse, alors que celle des incroyants demeurerait opaque ? Regardons-nous : où est l’opacité et où est la transparence ? Non, il y a une réalité beaucoup plus profonde. Il y a parfois des gens qui sans connaître Dieu ont compris que la vie vient de plus loin : on ne la maîtrise pas, on ne la fabrique pas. Ils l’ont compris et leur chair aussi l’a compris. Elle devient poreuse à la vie venue d’ailleurs ; elle s’ouvre, elle reçoit et quelle beauté parfois se révèle en eux.

Puis il y en a d’autres – ce peut être des croyants – qui prétendent tout maîtriser, y compris l’image qu’ils donnent. Ils ne reçoivent rien, ils se flattent de tirer d’eux-mêmes ce qu’ils sont. Alors leur chair se ferme à tout ce qui vient d’ailleurs.

Jésus est transfiguré aujourd’hui. Mais chaque jour il exerce ses disciples à voir les êtres transfigurés que l’on croise en chemin, regarder ce lépreux, cette femme pécheresse. Mais il apprend aussi à ses disciples à ne pas se laisser prendre par les faux semblants de ceux qui paradent devant les autres. Avant d’apprendre à lire les âmes, Jésus apprend à lire la chair, à la contempler, à la percevoir, et non pas à jeter seulement un regard clinique sur elle. Ce n’est possible que si ce regard est dû à l’Esprit Saint. Cette vie venue d’ailleurs c’est la vie de l’Esprit. Celui qui perçoit cette vie dans un être contre toute apparence, c’est par l’Esprit qu’il arrive à l’apercevoir. Qu’on soit croyant ou pas, quand on voit une lumière, une beauté, une noblesse dans une chair qui apparemment n’a rien pour elle, alors on fait l’expérience de l’Esprit. Regardez maintenant autour de vous comme tous sont beaux dans la lumière de l’Esprit.

Jésus éduque les siens, nous éduque, à voir comme Dieu voit dans la lumière de l’Esprit dont il est lui-même rempli. Qui aurait pu penser qu’une prostituée de village apportant un parfum dont elle masse les pieds de Jésus serait un jour présentée en pleine lumière dans la beauté de son geste ? Qui aurait cru qu’un bandit crucifié à côté de Jésus serait pour nous celui qui fait briller la lumière du paradis ? Qui aurait cru qu’un corps crucifié deviendrait l’image rayonnante de notre foi. Ce sont des expériences de transfiguration de la chair envahie par la vie venue du Père. Cette chair habitée par l’Esprit manifeste qu’elle n’a pas dit son dernier mot, qu’on n’a pas encore tout vu de sa gloire.

C’est ce qui a été révélé aux parents qui baptisent leur enfant aujourd’hui. On ne sait pas, Dieu le sait et en lui on peut le savoir, quand on a tout vu de la gloire de Dieu qui se déploie dans la chair de l’homme.

Que faire de cette expérience ? Les disciples ont vu la gloire rayonnante du Fils pour entrer eux-mêmes dans cette gloire. Ils ne retournent pas à la grisaille du monde habituel comme si rien ne s’était passé. Ils vont dans l’obscurité du quotidien, faire ce travail d’ouverture à la chair lumineuse qui vient de Dieu. Les parents qui attendent un enfant font-ils autre chose que cela ? Ils apprendront aussi à reconnaître la lumière de la vie chez ceux en qui elle brille et à ne pas se laisser tromper par le clinquant des faux éclats. C’est cet apprentissage que nous devons faire nous aussi : la vie lumineuse qui vient de Dieu, on ne saura la reconnaître et en parler que si on en est devenu soi-même familier.

La transfiguration n’est donc pas un miracle qui se produit une fois ; c’est un style de vie. Dans ce qui n’a l’air de rien la splendeur de Dieu s’installe et il faut habituer notre cœur à la reconnaître. C’est ce que nous sommes appelés à nous habituer à faire chaque dimanche dans cette eucharistie que nous allons poursuivre : un peu de pain, un peu de vin, pas grand-chose. C’est pourtant mine de rien, la chair glorieuse du Christ. C’est ce que nous sommes appelés à faire dans le baptême que nous allons célébrer tout à l’heure : un enfant, un peu d’eau, un peu d’huile, c’est pourtant tout la vie de Dieu qui fait irruption en lui et le remplit d’Esprit.

 

+Marc STENGER

 

Evêque de Troyes


Mercredi 21 février :

Jon 3, 1-10 : Conversion de Ninive et pardon divin.

Ps 50

Lc 11, 29-32 : Le signe de Jonas.

 

Nous avons ici deux figures : la figure de Jonas et puis, nous avons la figure de la reine de Saba.

La figure de Jonas, nous l'avons entendue dans la première lecture ; la figure de la reine de Saba, il faut aller voir (si ma mémoire est précise) au premier livre des Rois, chapitre 10 et nous allons avoir la venue de cette reine, de ce royaume que l'on situerait entre le dixième siècle et le cinquième siècle avant Jésus, quelque part au sud de l'Arabie ; un royaume qui s'était beaucoup enrichi, qui avait une certaine puissance.

Une reine vient à la rencontre de Salomon et elle s’extasie sur la sagesse de Salomon ; cette femme païenne va reconnaître en Salomon, le roi d'un royaume qui a fait alliance avec le Dieu unique.

C'est de toute beauté surtout, lorsque l'on sait que Salomon est un homme qui a eu le cœur très dispersé finalement, notamment avec beaucoup de femmes païennes.

 

Peu importe, Jésus va utiliser ces deux figures pour répondre à ceux qui attendent un signe.

Qui sont ces gens qui peuvent attendre des signes ?

C'est déjà bien d'en attendre, et d'en chercher, des signes ; ça serait presque condamnable de ne pas en chercher, des signes !

On pourrait les comparer ces gens qui cherchent des signes, à ces aveugles que Jésus rencontre dans l'Évangile ; vous savez qu’aux aveugles, il va leur permettre de retrouver la vue ; il ne va pas les laisser dans leur cécité.

 

Ceux qui ouvrent les yeux, (dans la rencontre avec le Christ), sont ceux qui vont retrouver le chemin de l'Amour, un Amour qui précède,

un Amour qui enveloppe

et un Amour qui oriente.

Ceux qui ont les yeux fermés, sont ceux qui ont perdu cette trace en eux, de cet Amour et ceux qui le cherchent, (qui cherchent un signe), sont ceux qui activement, sont prêts à se mettre en route et à se convertir (c'est là qu'on retrouve les habitants de Ninive) : soit faire pénitence, soit se convertir.

 

La conversion (l'idée d'un retournement) c'est aller au-delà de cette ancienne disposition du cœur, qui nous a conduit à commettre des actes que nous désapprouvons et nous voulons aller au-delà, un peu comme si je ne connaissais pas l'Amour et tout d'un coup, je le connais et je suis conduit à avancer et non pas à faire du surplace ni à reculer ; je suis prêt à avancer.

Voyez, un peu comme ceux qui cherchent un signe.

Ceux qui ne le cherchent pas peut-être, sont-ils condamnables ; ceux qui ne sont pas prêts à avancer ou à se convertir, peut-être sont-ils tout autant méprisables.

 

Et puis, il y a : faire pénitence.

Faire pénitence : j'ai un regret si important d'actes que j'ai pu commettre, un regret si important que je veux punir ces actes et je veux avancer, là encore.

 

Eh bien, si je n'avance pas, je suis comme ceux qui ne cherchent pas de signe ; si j'avance, je suis comme ceux qui cherchent un signe.

Trouvons-le en Jésus en se décidant,  personnellement à avancer : faire pénitence ou se convertir ; se laisser aller à l'Amour, être touché par l'Amour.

 

Et les fruits qui sont signe que nous avançons sur notre chemin de l'Amour, c'est notre capacité à être dans la bonté et notre capacité à être dans le pardon.

Là, où il y a résistance au pardon et à la bonté, peut-être que tout simplement, c'est la manifestation d'un état stationnaire : je n'avance pas, je reste sur place, (peut-être même, je recule) et j'ai renoncé à chercher un signe.

Je ne cherche pas la lumière.

 

Au fond, le Christ peut passer sur ma route comme le Christ qui passe à Jéricho ;  je ne cherche pas à le rencontrer.

Mais si je veux avancer,

si je suis touché par l'Amour,

si je suis prêt à vivre conversion et pénitence, ça veut dire que je suis touché par l'Amour, j'avance.

 

Seigneur sauve moi, que je retrouve la vue.

 

Amen.


Mardi 20 février :

Is 55, 10-11 : La Parole de Dieu comme la pluie et la neige.

Ps 33

Mt 6, 7-15 : La vraie prière : le Notre Père.

 

Dans cet extrait du livre d’Isaïe, il est question de cette parole qui, telle la pluie et la neige, ne retourne pas vers le ciel sans avoir fécondé la terre ; cette parole nous l'avons fêtée à Noël ; nous pouvons l'entendre comme étant le Christ lui-même.

Et au fond, si nous associions cet extrait du livre d’Isaïe à l'Évangile, nous pourrions voir comment l'Amour, dans son unité, vient faire en nous son œuvre pour nous unifier et pour nous tourner vers Celui qui est la source de tout amour.

 

Et nous avons alors, la prière du Notre-Père avec ses deux versants : ce versant tourné vers le Père (justement) et ce versant tourné vers les frères.

 

Je vous propose trois principes pour entrer dans ce travail de fermentation de l'Amour,

ce travail de fermentation qui vient nous unifier et nous rendre semblable à lui ;

ce travail qui nous tourne vers le Père, celui qui est la source de tout amour.

 

Trois principes : le premier principe (je ne dis pas que ce sont des principes simples, mais après tout, le carême n'est pas simple) premier principe : nous ne savons pas de quoi demain sera fait.

Dans notre prière, essayons de nous détacher, autant que possible, de la préoccupation permanente de demain.

 

Le deuxième principe (parce que nous avons une mémoire qui, toujours, fixe les choses) essayons de nous détacher, de nous mettre à distance de nos souvenirs de peine et de nos souvenirs de joie.

Pourquoi nous séparer ou nous mettre à distance de nos souvenirs de joie ?

Parce que, lorsque nous avons un souvenir de joie dans le cœur, la barre est haute et nous serons immédiatement tristes, si la joie suivante n'est pas égale ou supérieure à la première (le problème du souvenir de joie c'est qu'il engendre très souvent tout de suite après, une déception ; donc une tristesse).

Et le souvenir de tristesse, (si nous pouvons nous en détacher quelque peu !), car si nous sommes trop prêts de nos souvenirs de tristesse, nous croyons alors, que le progrès est impossible et que la joie jamais ne surviendra.

Oui, il y a des joies et des tristesses dans nos vies et si nous pouvons les mettre à distance, cela évite d'avoir trop d'embûches sur notre parcours.

 

Et le troisième principe, c'est de ne jamais séparer l'amour pour le Père : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit" de l'amour pour le prochain et soi-même ; ne jamais les séparer.

Ils sont unis ; Jésus n'a jamais séparé les deux, il portait les deux.

 

Alors, lorsque nous prierons le Notre-Père, notamment tout à l'heure et si nous avons au cœur, ces trois principes (qui peuvent nous guider peut-être, pendant ces jours de Carême) alors, nous nous rendrons compte que le Père est d'abord celui qui donne et non pas celui qui entend ce dont nous avons besoin ; il donne.

Il donne sans mesure et il donne assurément ce dont nous avons besoin et sans doute ce dont nous ne savons pas vraiment que nous avons besoin.

Ensuite, quand nous prierons le Notre-Père, nous ne nous prierons pas nous-mêmes, nous prierons bien le Père.

Ensuite, quand nous prierons le Notre-Père nous ne nous prierons pas nous-mêmes, nous prierons bien pour nos frères ;

et enfin, quand nous prierons le Notre-Père, nous demanderons bien le pain de ce jour et pas celui d'hier ni celui de demain.

 

Amen.


Mercredi 14 février : les Cendres

Jl 2, 12-18 : Appel à la pénitence.

Ps 50

2 Co 5, 20-6,2 : L’exercice du ministère apostolique.

Mt 6, 1-6. 16-18 : Faire l’aumône en secret. Prier en secret. Jeûner en secret.

 

Dans la première partie de la Bible, l'Ancien Testament, il y a une pratique que l'on n’exerce plus aujourd'hui, une pratique qui consiste à montrer à Dieu qu'on regrette plein de choses mauvaises qu’on a pu faire : on prend un grand sac rempli de cendres ; ce sac, on l’ouvre et on laisse tomber sur soi la cendre ou bien, on se met dans la cendre.

Cette pratique-là peut paraître assez étrange mais c'est une pratique d'un cœur qui veut se laisser profondément convertir, pardonner et aimer par Dieu ; c'est une pratique de pardon et de conversion.

 

C'est une pratique qui peut nous paraître (comme je vous ai dit) étrange mais qui n'est pas si oubliée que ça, puisque c'est ce que nous allons faire dans quelques instants : dans quelques instants, je vais bénir les cendres qui sont ici ; elles ont été réalisées avec les rameaux que dans cette église, nous avions bénis, il y a un peu moins d'un an, au moment de la célébration des Rameaux, une semaine avant Pâques.

Il y avait des branches de buis comme celles-ci, du buis tout frais ; tout le monde en avait dans cette église et le prêtre, moi, les avait bénies et puis,beaucoup de gens sont repartis avec leurs rameaux à la maison.

Et qu'est-ce qu'on a fait avec ses rameaux de buis ?

Beaucoup les ont mis sur des crucifix, des croix de Jésus qu’il y a dans des pièces, à la maison.

Ces buis, un an plus tard, sont tout secs et on n'en a plus besoin parce que l'on va renouveler, bientôt, la grande fête des Rameaux.

En attendant, on s’en sert pour qu'ils soient brûlés ; une fois qu'ils sont brûlés, ça fait de la cendre.

Cette cendre, je vais la bénir tout à l'heure, je vais la mettre sur le front de tous ceux qui viendront, un peu pour faire comme ceux et celles de l'Ancien Testament qui voulaient montrer devant tout le monde et devant le Seigneur qu'ils avaient fait quelque chose de pas bien et qui demandaient au Seigneur de leur pardonner.

 

Quand on va recevoir les cendres sur le front, les diacres et moi-même allons dire : deux choses : soit on va dire "convertis-toi et crois à l'Évangile" (la phrase est claire)

ou bien "souviens-toi que tu es poussière et que tu vas retourner à la poussière" (cette phrase est un peu plus délicate).

Si vous l'entendez, vous pourrez vous dire : ‘de quelle poussière s'agit-il ?’

Il s'agit de la poussière du livre de la Genèse, des commencements du monde : Dieu, par amour, créa le ciel et la terre et façonna l'humain : il prit de la poussière du sol et il modela l’Adam, le Terreux, (le premier homme).

Eh bien, c'est de cette poussière-là dont il s'agit, ce n'est pas de la poussière sur la commode du salon, ni même des cendres ; il s'agit de la poussière des origines : de celle-là nous sommes faits, par amour.

"Tu es poussière, tu redeviendras poussière", ce n'est pas que tu vas être décomposé quand tu seras mis dans la tombe, mais ça veut dire que tu reviendras à ton origine : tu n'es que le fruit de l'Amour du Seigneur pour toi.

 

Alors vous savez, quand on dit : la pénitence, les fautes, le péché, il y a quand même quelque chose de très triste et très lourd ; alors, on commence drôlement le carême s'il faut porter, montrer à tous, tout le mal qu'on peut faire.

Ce n'est pas tellement le mal qu'on peut faire qui compte, ce n'est pas ça qui devrait nous mettre le cœur en joie, ce soir mais ce qui est beau et ce qui est joyeux dans cette célébration, c'est que nous confessons l'Amour de Dieu.

Si nous osons dire qu'il y a en nous du péché (du pas bien) c'est parce que nous croyons très fort en l'Amour de Dieu ; c'est l'Amour de Dieu que nous célébrons ce soir, c'est l'Amour de Dieu que nous confessons.

 

Est-ce que vous pensez que ça vaut la peine de présenter au Seigneur, tout ce qu'il y a de moche dans nos vies, si le Seigneur est pour nous, quelqu'un de méchant, quelqu'un de dur, quelqu'un plein de colère ?

Pas du tout.

Sinon, d'abord, nous serions déjà des hommes et des femmes les plus malheureux du monde et nous ne voyons vraiment pas en quoi, ce Seigneur-là nous sauverait.

Si nous sommes dans une démarche de pénitence, de reconnaissance de ce qui est en nous, pas parfait et pas juste, c'est parce que nous croyons profondément que le Seigneur nous aime.

Il nous a créés dès l’origine, avec cet Amour et nous sommes faits pour cet Amour.

 

La troisième chose, c'est que dans nos cœurs ( nos cœurs sont faits pour aimer comme Jésus ; nos cœurs sont faits pour aimer comme le Seigneur nous aime) sauf que dans nos cœurs, il y a de multiples attaches ; ça c'est la grande différence entre Dieu et nous : en Dieu, il n'y a pas d'attache ; dans nos cœurs, il y a des attaches.

Ces attaches, on peut en faire une liste mirobolante ; les attaches les plus grandes, il y en a deux : l'orgueil et la présomption.

Qu'est-ce que c'est ?

Eh bien : ‘je suis meilleur que tous les autres’, ce n'est pas compliqué ; ‘je suis parfait’.

Ça te fait rire, tu ne me crois pas ?

Tu me crois, mais tu ne devrais pas, d’ailleurs ; parce qu’en disant ça je fais montre d'orgueil ou je fais montre de présomption.

Mais ça fait exactement pareil entre potes, entre membres d'une communauté, dans une famille : ‘de toute façon, lui, ce qu'il pense, je m'en fiche ; moi, je suis bien mieux que lui’.

Et puis vous pourriez décliner de 1000 façons, ces deux attaches majuscules.

Mais il y a plein d'autres attaches dans notre vie, que l'on a besoin de débusquer parce que : comment pourrions-nous nous laisser aimer par le Seigneur, si en fait, nos cœurs sont attachés à un autre amour ?

Comment pouvons-nous aimer le Seigneur, si nous aimons d'abord, notre propre nombril ?

Comment pouvons-nous aimer le Seigneur, si nous aimons d'abord, notre lit ?

Comment pouvons-nous aimer le Seigneur, si nous aimons d'abord, notre propre succès ?

Comment pouvons-nous aimer le Seigneur, si nous aimons d'abord, la bouteille de vin sur la table ? (Je peux faire pareil avec la console de jeux, hein !).

Comment pouvons-nous aimer le Seigneur, si… (vous pouvez vous-même terminer la phrase).

 

Nous ne savons pas toujours sur quoi il faut que nous soyons vigilants et où est-ce que commence et finit notre cœur malade ; nous ne savons pas toujours ; c’'est la raison pour laquelle pendant ces 40 jours de carême, nous allons nous appliquer à faire tomber nos masques.

Pendant le carnaval, nous mettons des masques, nous nous cachons derrière un masque ; eh bien, notre péché, il nous cache aussi.

On va essayer de l'enlever, ça c'est pendant les 40 jours de carême.

 

Alors, on a trois pistes, qu'on a entendues dans l'Évangile : le jeûne, la prière et le partage.

Alors, pareil : on peut être avec un grand masque, quand on jeûne ; par exemple :

ah ! il faut manger du poisson le vendredi, ça tombe bien, je n'aime pas la viande.

Ou alors, pour la prière, le Seigneur nous dit qu’il faut que je me cache dans ma chambre ; ça tombe bien, j'ai envie de dormir.

Et "que ta main droite ignore ce que donne ta main gauche", ça tombe bien, je n'ai pas de main gauche.

Voyez, on peut aussi multiplier les choses : le but du jeu c'est : qu'à travers ces petits exercices de jeûne, prière et partage, nous apprenions à défaire les masques que nous avons sur nous et qui nous font confondre l'Amour du Seigneur avec l'amour de notre console de jeux.

 

Le jeûne, c'est bien la pratique la plus difficile parce que nous, les chrétiens, nous sommes obnubilés par le jeûne alimentaire, c'est-à-dire : eh bien voilà, il ne faut pas manger de viande, le vendredi et puis il faut manger moins, et puis, pas boire d'alcool etc. etc.

C'est très bien mais le jeûne qui serait sans doute plus efficace dans nos vies, est sans doute beaucoup plus subtil, plus caché.

Essayons déjà, pendant 40 jours, de repérer ce dont il serait souhaitable que nous nous privions, pour voir ce que ça fait ; pas se priver des autres, interdit ;

pas se faire du mal, interdit aussi ;

pas se priver du Seigneur non plus : on pourrait dire ‘je vais jeûner de la prière, je prie tellement ! Non non non !

Mais qu'est-ce qui se cache dans la pratique quotidienne de ma vie, qui peut être un vrai masque, une vraie attache, qui me fait confondre le Seigneur avec moi-même ?

 

Les enfants, vous allez peut-être commencer déjà, par vous appliquer à ce qu'on vous aura appris au catéchisme : manger un peu moins,

faire un petit peu attention au temps que vous allez passer seuls, (avec vos jeux, par exemple)

et le temps que vous passez avec votre vos parents

et le temps que vous avez passé avec votre vos frères et sœurs ; ça, vous pouvez soigner cela.

 

Mais les grandes personnes, attention à 1000 choses que votre conscience connaît bien et qui peuvent valoir la peine d'être visitées, pour vous en affranchir déjà un peu et ensuite un peu plus.

Le but du jeu ce n'est pas de souffrir, c'est de confesser l'Amour du Seigneur ; l'Amour est si grand, ce serait quand même dommage de s'en priver.

 

Et c'est par amour qu’on le fait, ce n'est même pas pour faire du bien ni à son corps ni aux autres ni au bon Dieu, c'est par amour, c'est gratuit.

 

Alors, quand nous allons nous approcher pour recevoir les cendres, c'est vrai tout le monde va nous voir et puis, on aura une grosse tache sur le front en sortant, c'est vrai ce n'est pas très joyeux mais ça devrait l’être car on confesse l'Amour du Seigneur.

 

Amen.


Vendredi 9 février :

1 R 11, 29-32 ; 12, 19 : La révolte de Jéroboam.

Ps 80

Mc 7, 31-37 : Guérison d’un sourd-bègue.

 

Dans l'Évangile de Jean, l'Amour, en Jésus, dit de lui-même (quand Jésus parle de lui) il dit qu'il est le Fils unique envoyé par le Père et qu'il n'est pas venu pour juger mais qu'il est venu pour sauver et ceux qui ne croient pas en lui, se jugent eux-mêmes.

L'amour ne juge pas ; l'amour, il aime ; c'est tout simple et nous sommes faits pour cet amour-là mais il se peut que nous ne le connaissions pas.

Alors nous cherchons, nous cherchons ce qui pourrait ressembler à cette lumière radieuse de l'amour et nous savons que tout ce qui brille n'est pas d’or ; il peut y avoir des faux amours, des amours qui jugent, en fait et qui ne sauvent pas.

Il n'y a qu'un amour qui sauve, c'est celui de Dieu.

Il y a des amours qui jugent.

 

Saint-Paul en parle (et plein d'autres avant lui), en terme d'idolâtrie : pour lui, ces amours-là nous tournent vers notre ventre ; ce sont des amours qui nous jugent, qui nous enferment nous-mêmes dans le jugement, qui nous privent de la parole, qui nous privent des oreilles et qui font gonfler nos ventres.

 

De quoi s'agit-il ?

Dans la lettre aux Philippiens : "leur dieu, c'est leur ventre" ;

aux Romains : "ceux-là ne servent pas Dieu, mais leur ventre" ;

aux Ephésiens et aux Colossiens : "la cupidité est une idolâtrie".

 

Jésus ne juge pas, il aime ; ce sont ceux qui ne croient pas en cet amour, qui finissent par s'enrouler en eux-mêmes et leur Dieu n'est pas quelque part du côté du Ciel, ni dans la parole, ni dans l'écoute ; il est dans la bouche, l'estomac et comme a dit Jésus, les jours précédents, dans les lieux d’aisance.

 

Mais l'amour, il aime et il ouvre ; celui qui rencontre cet amour, qui ne se laisse pas piéger, celui qui ne cherche pas d'ailleurs à être jugé mais qui veut être sauvé, rencontre Jésus et il s'ouvre comme ce sourd muet ; il s'ouvre, il est ouvert : "effata ! ouvre-toi".

 

L'amour ne juge pas, il sauve.

Qu’on se le dise : les démons ont peur de Jésus.


Jeudi 8 février :

1 R 11, 4-12 : Les femmes de Salomon.

Ps 105

Mc 7, 24-30 : Guérison de la fille d’une Syro-phénicienne.

 

Dans l'Amour en Dieu, (dans l'Amour qui vient de Dieu, cette beauté de l'Amour de Dieu), il n'y a pas de compartiment : il n'y a pas de première classe et de deuxième classe ; il n'y a pas ‘du dedans et du dehors’ ; de même, d’ailleurs, qu'on a l'habitude de dire que c'est un Amour qui est de toute éternité, donc il n'y a pas d'avant ni d'après.

En l'occurrence là ce qui est important c'est qu'il n'y a pas de compartimentation à  l'intérieur de l'Amour même qui vient de Dieu.

La seule exclusive, d'une certaine façon, (la seule façon de compartimenter à la rigueur, que l'on trouve dans l'Évangile de Jean), c'est lorsque Jésus dit de lui-même qu'il est l'Unique engendré.

Il n'est pas venu pour juger le monde, il est venu pour le sauver.

 

Ceux ne qui ne croient pas en lui, se jugent eux-mêmes ; c'est éventuellement la seule possibilité de trouver dans l'Évangile quelque chose qui serait de l'ordre ‘du dedans et du dehors’, du jugement, au sens d'être loin de l'Amour : ce sont ceux qui ne croient pas en l'Amour, c'est aussi simple que ça ; ceux qui ne croient pas en ce foyer lumineux.

Raison pour laquelle, Jésus est pour nous cette lumière et que Jean dit que les ténèbres ne l'ont pas accueilli.

 

Mais évidemment, il y a ‘du dedans et du dehors’ à cause de nos cœurs qui compartimentent, en fait : il y a les Syro-Phéniciens et les autres, les juifs et les non-juifs, il y a ceux qui sont proches et ceux qui sont loin, ceux qui obéissent bien à la Loi et ceux qui obéissent moins à la Loi et il y a cette femme.

 

Cette femme, elle croit ; elle est jugée par l'Amour; nous pourrions dire qu’elle aime.

Si nous aimons, si nous essayons d'aimer comme ce foyer d'Amour qui vient de Dieu et qui est manifesté en Jésus, (si nous le disons et si nous le vivons) alors, nous aimons nos frères aussi et nous ne les excluons pas et nous ne les jugeons pas ; c'est ce que nous rapporte Jean dans sa première lettre.

 

Cette femme, elle a aimé Jésus ; il y a d'autres femmes qui ont aimé  Jésus dans l'Évangile (il y a aussi cette femme Hémorroïsse dont on avait entendu parler, il y a quelques jours et puis il y a cette belle femme, pécheresse, dans l'Évangile de Luc qui va oindre les pieds de Jésus et d'autres encore), à commencer par Marie.

 

Laissons-nous aimer et aimons à notre tour.

 

Amen.


Mercredi 7 février :

1 R 10, 1-10 : Visite de la reine de Saba.

Ps 36

Mc 7, 14-23 : Enseignement sur le pur et l’impur.

 

L'amour divin, celui qui ravit le cœur de celles et ceux qui se laissent approcher par lui, est un amour qui unifie ; c'est un amour qui est dans l'unité : "Mon père et moi sommes un" dit Jésus, dans l'Évangile de Jean, chapitre 17 et notre cœur est le berceau, le réceptacle de cet amour-là comme Marie est réceptacle du Verbe.

 

Ceci étant, nous ne sommes pas l'amour divin, nous sommes son réceptacle, en chemin.

Notre cœur est perfectible, est capable de cet amour-là ; il en est capable.

Il est marqué par ce que nous avons l'habitude d'appeler ‘le péché’ et notre cœur lui, se laisse facilement aller à la duplicité, c'est-à-dire que : oui, il sort du cœur, ce que Jésus dit ( "inconduite, vol, meurtre etc. ") toujours en lien avec ce qui rentre (non pas dans l'estomac) mais dans le cœur par nos sens : l'odorat, la vue, l’ouïe, le toucher, le goût.

Notre cœur peut se laisser aller à de multiples illusions et des attractions et des attaches très éphémères, qui ne conduisent à rien du tout, en réalité mais qui viennent par nos sens : telle image, telle saveur, telle odeur.

 

Rien de ce qui nous environne n'est mauvais, en soi, rien, absolument rien, (aucun corps, aucun objet) mais c'est ce qui interagit avec notre cœur, (ce qui vient de ce monde extérieur à nous-mêmes), qui peut produire de multiples attaches, des attaches qui peuvent être très aliénantes et produire ce que dit Jésus.

 

La meilleure façon de voir où en est notre cœur par rapport à ce qui l’environne, c'est de vérifier comment nous sommes nous-mêmes, des facteurs d'unité, comment nous construisons l'unité, comment nous la servons.

Parfois, on peut se tromper sur l'unité qui règne en nous-mêmes mais le meilleur de sa moyen de savoir s’il y a de l'unité en nous-mêmes en nous, c'est voir l'unité que nous servons autour de nous : si nous ne voyons que division autour de nous, demandons-nous en quoi cette division, nous la servons, au lieu de toujours se demander en quoi c'est la faute des autres.

C'est ça la vérité : "ta parole, Seigneur, est vérité".

 

Dans l'Évangile de Jean, chapitre 17, Jésus dit : "mon Père et moi sommes un" et il prie pour que ses disciples le soient aussi, comme le Père et lui, le sont.

Cet amour qui ravit nos cœurs, que nous venons mendier dans l’eucharistie, il nous permet de grandir, de confesser l'amour du Seigneur pour chacun d'entre nous, de nous laisser travailler par l'Esprit Saint pour purifier notre façon d'aimer, pour que l'amour qui est en nous, nous ne le vendions pas mais qu'au contraire, cet amour-là, nous fasse croître nous-mêmes et croître dans l'unité, ceux qui sont autour de nous.

 

 Amen.


Dimanche 4 février : 5° du temps ordinaire

Jb 7, 1-4. 6-7 : L’homme accablé connaît seul sa misère.

Ps 146

1 Co 9, 16-19.22-23 : L’annonce de l’Evangile.

Mc 1, 29-39 : Guérison de la belle-mère de Simon. Guérisons multiples. Jésus quitte secrètement Capharnaüm et parcourt la Galilée.

 

Ce sont des textes, où il y a (je ne sais pas si vous avez prêté attention) plusieurs figures relativement dépressives : Job, dans ce qu'il dit,

Paul, il est au bord

et puis ces gens malades et possédés qui, de nuit comme de jour (surtout de nuit), sont amenés à Jésus.

 

Ça peut rejoindre des états intérieurs que nous pouvons connaître, parfois.

Ça dit quelque chose qui est fondamental dans la Bible : la Bible n’ignore pas cet état ; elle ne l’ignore pas et même elle essaie d'en donner une explication.

 

Lorsque nos aïeux, dans le jardin d’Eden (Adam et Eve) se sont laissés aller à la ruse du serpent, ils ont consommé ce fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal.

Vous savez, dans ce jardin, tout était harmonieux : il n'y avait pas de honte, il n'y avait aucun effort à fournir.

Lorsqu'ils ont consommé de ce fruit, ça a été pour eux, le début d'un grand désarroi, d'un grand labeur et d'une grande souffrance.

Vous savez qu'ils sont expulsés du jardin, (ce que certains pères de l'Eglise appellent : (le monde extérieur au jardin, dans lequel ils sont), le tartare ; les enfers, si vous le voulez) ; ils sont expulsés de ce jardin et il est prédit à Adam que désormais, il souffrirait dans son travail, (ayant besoin de travailler d'ailleurs, pour vivre) et que ce travail serait laborieux et Eve, qu'elle souffrirait à chaque fois qu'elle enfanterait.

Bon, on fait ce qu'on peut avec ça !

 

Quand on entend Job parler du labeur des jours, son espèce de mélancolie, de son acédie, on aurait envie de se dire : Job est complètement à l'image de ce qui a été promis.

Or, le fruit (non pas le fruit de la connaissance du bien et du mal) mais le fruit de l'Amour, lui, existe toujours et nous pouvons toujours goûter de ce fruit.

 

Pourquoi vous dis-je qu'il existe toujours ?

Parce que quand nous regardons le ministère de Jésus, nous ne sommes pas dans ‘du  labeur, de la souffrance’ ; nous sommes dans ‘de la guérison et de la bonté’.

Donc, cette espèce de blessure qui se transmet de génération en génération, est promise à la guérison et déjà nous le sommes, par la beauté du ministère de Jésus qui est guérison et qui est bonté : par Jésus, nous pouvons à notre tour,  goûter du fruit (pas de la connaissance du bien et du mal) mais de l'Amour.

Si vous regardez le ministère de Jésus dans l'Évangile d'aujourd'hui, vous aurez envie (c'est un rapprochement que je suggère)…

Vous savez que dans le credo, on dit que Jésus est descendu aux enfers et le troisième jour, il est ressuscité.

Il y a une seule allusion dans l'Ecriture, à ce qu'il fait pendant les trois jours, dans les enfers : première lettre de Pierre, chapitre 3, verset 19 ; il va prêcher aux vivants qui sont parmi les morts, sous terre.

Quand vous voyez ce que fait Jésus de nuit, n’est-il pas en train de prêcher aux vivants qui sont quelque part, sous terre ?

Les souterrains de la tristesse et de la mélancolie,

les souterrains du labeur

et en tout cas, on peut au moins dire, les souterrains de la sécheresse, c'est-à-dire de l'amour qui s’est tari dans les cœurs.

Un cœur dont l'Amour s'est tari, c'est un cœur dont les journées sont laborieuses.

Jésus vient leur parler et il vient les réhydrater (si je peux utiliser ce mot),

leur redonner à boire,

leur redonner de l'Amour,

leur faire quitter leur nuit

et les faire se redresser, (comme la belle-mère de Simon Pierre),

prendre une posture de ressuscité

et passer à une vie nouvelle.

 

Comment pouvons-nous communier nous-mêmes à ce fruit de l'Amour ?

Je vous suggère une image, puisque Jésus est médecin, dans cet Évangile.

Imaginez que vous soyez attachés à quelqu'un qui est malade.

Ce quelqu'un ne peut pas recourir seul au médecin, vous allez donc chercher un médecin.

Si jamais vous désespérez de l'état du malade, jamais vous ne trouvez un médecin qui le sauvera, jamais ! parce que vous désespérer de l'état du malade ; au mieux, vous trouverez un médecin que vous critiquerez et qui n'obtiendra aucune guérison.

Mais si vous avez confiance, vous croyez que cet état du malade n'est pas pour la mort, vous trouverez l'issue : ça s'appelle aimer la vérité.

 

Pour goûter au fruit de l'Amour, commençons par ne pas désespérer de nos frères,

commençons par ne pas désespérer de nous-mêmes,

c'est-à-dire voulons, de tout notre vouloir, ne pas nous complaire dans l'obscurité de notre cœur ;

alors le médecin fera des merveilles ; Celui qui est source de tout Amour, fera des merveilles.

Il viendra nous relever en parlant à notre cœur; nous nous redresserons et nous passerons de l'obscurité à la lumière.

 

Pour goûter au fruit de l'Amour, aimons la vérité, c'est-à-dire : ne désespérons ni de nos frères, ni de nous-mêmes.

Amen


Vendredi 2 Février 2018 :  Présentation de Jésus au Temple, Fête des consacrés

 

L’amour naturel que nous pouvons ressentir dans notre âme  est un amour très différent de celui qui est suscité par l’Esprit Saint. Le premier se laisse facilement aller aux illusions et aux attraits des esprits mauvais, tandis que l’amour qui est suscité par l’Esprit Saint est un amour qui dure, fragile, certes, comme cette flamme de nos cierges, mais qui produit une paix et une joie véritable. L’amour qui est suscité par l’Esprit Saint c’est un amour qui produit en nous un attachement très grand pour celui qui est la Source même de l’Amour, le Christ, comme ce petit enfant dans le temple.

Et attaché à cet amour, à cette source de l’amour, le désir de Dieu devient notre désir à nous. D’où cette joie et cette paix. Il y a aussi un amour naturel, qui vient de notre âme, cet amour-là peut aussi nous faire ressentir de la joie et de la paix. Mais d’abord éphémère et la première joie ne sera pas finalement la nôtre mais celle de l’esprit mauvais qui va se réjouir de voir qu’une âme aura eu l’illusion de pouvoir parvenir par elle-même à l’amour. Nous ne pouvons pas parvenir par nous-mêmes à l’amour. C’est l’Esprit qui nous rapproche de la source et du feu, c’est l’Esprit qui permet que le désir de Dieu soit notre désir et que notre désir soit celui de Dieu.                                                          

Dans ce feu intérieur que nous ressentons, s’il y a, à un moment donné le moindre doute, la moindre petite question, la moindre ombre, nuage, obscurité, le moindre désir de compromis, de vouloir en découdre, de jugement, d’agitation, alors nous ne sommes pas encore mus par le désir divin.

 

En fêtant cette belle fête de la Présentation au temple, nous disons avec nos cierges allumés : oui nous croyons que nous pouvons parvenir, que nous connaissons et que nous connaîtrons l’amour même de Dieu dans l’Esprit. Jésus, nous le recevons dans l’Eucharistie, mais en même temps il nous faut purifier notre âme comme Marie elle-même s’est purifiée. Nous avons encore du chemin à faire. Car en quelque recoin intérieur demeure une question, un nuage, un doute. Comment faire alors pour croire, pour purifier notre âme comme Marie, pour nous laisser aller au travail de l’Esprit Saint ? Ce sont nos frères et sœurs consacrés ces témoins qui nous disent et sont enflammés d’une joie profonde et durable, et essaient de s’enraciner sur ces trois conseils évangéliques. C’est valable aussi pour nous, cela vient de notre baptême. La pauvreté, la chasteté et l’obéissance. Merci mes sœurs, merci Pierre-Marie, tous ceux et toutes celles qui sont consacrés dans notre communauté, de nous rappeler le chemin qui permet de faire croître en nous l’amour qui vient de Dieu dans l’Esprit Saint.

 

Amen.


Jeudi 1er février : 

 

Que vivent les disciples à proximité de Jésus avant qu’il les envoie en mission ? Ils sont tout proches du maître. Ils ne sont pas simplement à enregistrer des informations comme un écolier va apprendre des rudiments de grammaire ou de calcul. Ce n’est pas ce maître-là qu’ils ont choisi de suivre et qui les a appelés. Le maître est comme un feu, un feu brûlant, ardent, un feu d’amour, et ils sont attirés par ce feu, cet amour. Ils se laissent réchauffer par ce feu d’amour. Ils sont saisis par ce feu. Et ce feu brûle en eux, ce feu de l’Amour. Il brûle en eux. Cela devient un amour ardent. Ils font l’expérience de l’Amour de Dieu en eux à tel point qu’ils sont connus de Dieu. Ils sont connus de Dieu.

C’est simplement à partir de ce moment-là qu’ils peuvent commencer à prendre la route et être envoyés, comme ils le sont aujourd’hui dans l’Evangile. Mais de quoi vont-ils témoigner s’ils sont comme une cheminée éteinte ? Ils n’ont rien à témoigner sinon l’odeur des cendres froides. Non. Ils vont témoigner de cet Amour.

C’est pareil pour nous : il y a en nous cet Amour de Dieu qui aime d’un amour débordant. Alors seulement nous pouvons commencer à prendre la route et à témoigner. Il vaut mieux ne pas le faire avant, s’il n’y a pas cet amour. Pourquoi ? Parce que nous risquons d’être des guerriers. A chaque adversité, nous risquons de vouloir couper les têtes ou régler des comptes avec ceux qui n’accueillent pas. Il risque d’y avoir beaucoup d’impatience. Nous risquons de transformer notre aventure en un commerce, cherchant beaucoup de gratifications et de retours… Il faut que ce soit une affaire qui fonctionne !

Donc, s’il n’y a pas d’amour, il ne vaut mieux pas, effectivement. Si Jésus les envoie, c’est qu’il y a eu un début. Il y a ce qu’il faut ; ils sont déjà connus de Dieu, car ils ont fait l’expérience, déjà, de cet Amour ardent.

Amen.


Dimanche 28 janvier :

Dt 18, 15-20 : Les prophètes.

Ps 94

1 Co 7, 32-35 :

Mc 1, 21-28 : Jésus enseigne à Capharnaüm et guérit un démoniaque.

 

Chers amis, vous pouvez visualiser la scène de ce qui vient de se passer dans cette synagogue, à Capharnaüm ; visualisez-la dans la tête pour que vous puissiez bien comprendre le cœur de la rencontre entre Jésus et cet homme.

 

Une renommée importante se répand dans toute la région de la Galilée avant cet épisode et après ; les gens sont étonnés : "un enseignement nouveau, c'est inédit, beaucoup d'autorité dans ce qu'il dit".

 

Et nous avons ce démon qui parle : "je sais très bien qui tu es, tu es le Saint de Dieu".

La question qu'on peut se poser, c'est : est-ce que le démon bluffe ?

Est-ce qu’il sait vraiment qui est Jésus ?

En partie, oui.

Oui, Jésus c'est le saint de Dieu, ce n'est pas la première fois qu’on trouve dans l'Évangile cette affirmation : le Saint de Dieu.

On la retrouve notamment dans l'Évangile de Jean.

Jésus, le Saint de Dieu, c'est celui qui vient du Père ; c'est celui, qui venant du Père, reçoit tout ce que le Père lui donne et c'est celui qui va retourner au Père.

En disant que Jésus est le Saint de Dieu, nos aïeux chrétiens, (tout premiers chrétiens) et saint Jean lui-même, vont dire : ‘en Jésus, nous voyons l'Amour’ et c'est un amour particulier, c'est un Amour que nous désirons, nous et qui n'est pas le nôtre car notre façon d'aimer, c'est un amour qui s’aime lui-même.

 

Notre façon d'aimer au quotidien, c'est un amour qui s’aime lui-même, qui est tourné sur lui-même.

Or Jésus est le visage d'un autre Amour puisqu'il vient du Père et qu'il retourne au Père : nous disons de lui que c'est un Amour qui aime plus grand que lui.

L'Amour de Dieu, ce que l'on dit dans notre vocabulaire de chrétien : la charité, c'est un Amour qui aime plus grand que lui et c'est un Amour qui attire à lui et qui élève, il entraîne et se répand.

Il entraîne et il élève ; quiconque rencontre cet Amour, est quelqu'un qui s'élève et qui se déplie de lui-même, qui se dégage de lui-même, qui sort de son cœur trop étroit pour se tourner vers des réalités plus grandes que lui ; c'est un Amour qui se dépasse c'est un Amour comme ceux qui se marient quand ils prennent la lettre de saint Paul aux Corinthiens : c'est un Amour qui prend patience, qui ne jalouse pas qui rend service, c'est tout autre chose qu'une cymbale qui résonne.

 

Quand on dit de Jésus qu'il est le Saint de Dieu, on dit qu’il est cet Amour-là (magnifique) et c'est cet Amour-là que nous rencontrons dans l’eucharistie, c'est cette lumière qui nous éclaire et c’est cette source qui nous fait vivre et que nous quêtons de tout notre cœur.

Notre cœur a soif de cet Amour-là.

 

Le démon a un peu raison dans son affirmation : oui, Jésus, c'est cet Amour-là mais il bluffe le démon, il nous trompe, il ne connaît pas cet Amour-là, contrairement à ce qu'il dit,  donc il a tort.

Pourquoi ?

Parce que cet Amour-là, puisqu'il n'est pas enroulé sur lui-même, puisqu’il ne s’aime pas lui-même, puisque cet Amour-là n'est pas enfermé en lui, il ne peut pas faire de mal, il ne peut pas tourmenter, il ne peut pas diviser, il ne peut pas !

Par conséquent il ne connaît pas Dieu.

Quand le démon dit : "je le connais", il se trompe ; il nous trompe parce qu'il sait très bien qu'il se trompe, lui, (puisque c'est le démon) ; il nous trompe.

L'Amour connaît Dieu ; celui qui aime, aime Dieu ; celui qui connaît Dieu, il aime ; celui qui connaît Dieu, connaît l'Amour et celui qui connaît l'Amour, connaît Dieu ; il est tourné vers le plus grand que lui.

 

Alors, chers amis, la question ce n'est pas simplement de nous réjouir qu'un homme ait été libéré de la sorte ; la question pour nous, c'est : comment pouvons-nous rentrer dans cet Amour ?

Nous le faisons en communiant à l’eucharistie, nous nous déplions, notre amour se tourne vers plus grand que nous.

 

Nous avons aussi cette puissance de l'Ecriture.

L'Ecriture c'est ce lieu, absolument unique, c'est le pouvoir des mots, dans l'Esprit.

Celui qui puise à la source de l’Ecriture, puise à une réalité qui le tourne vers au-delà de lui-même et plus grand que lui-même.

L'Ecriture fait du bien, l'Ecriture nous fait respirer, l'Ecriture (divine, j'entends) nous ouvre, comme le Christ le fait dans cette synagogue de Capharnaüm.

 

Raison pour laquelle, dans le livre du Deutéronomme (Première lecture que nous avons entendue), il y avait cette injonction : "malheur au prophète qui ne rapporte pas fidèlement mes paroles" car l'Ecriture que nous recevons, trouve sa source en Dieu.

Si jamais elle est divisée, elle-même, si jamais elle est falsifiée, cette Ecriture, (d’abord, elle va nous tromper, un peu comme le fait le démon, si vous voulez) elle va nous faire du mal et elle n'est plus l'Ecriture qui vient de Dieu, donc le prophète doit absolument être le fidèle porte-parole de ce qu’il entend.

 

Quant à la deuxième lecture, nous avons entendu un mot qui est revenu souvent dans cette lettre que Paul adresse aux Corinthiens, c'est le mot : ‘souci’ ; (alors évidemment, on a entendu des affaires autour des femmes etc.) c'est le mot souci qui revient.

Le mot souci, dans la grande tradition spirituelle chrétienne, ce souci-là, a donné lieu à une réalité que l'on connaît bien, c'est l’acédie.

 

L’acédie c’est la perte de la soif, c'est la perte du désir ; nous n'avons plus envie d'aimer : pffff !  ça nous fatigue.

Comme ça, on est sûr de ne pas se tromper : on n’est ni tourné vers en haut, ni tourné vers nous-mêmes, on n’aime pas ;  comme ça, au moins, on est tranquille.

L’acédie, c'est au fond, l'amour de tout ce qui va nous empêcher d'aimer, comme ça, au moins c'est : électro-encéphalogramme plat.

 

Le problème de l’acédie, c'est que ça rend triste, ça peut nous faire déprimer ; le problème de l’acédie, c’est qu'on ne peut plus se lever du lit, le matin, on ne peut plus prier et on ne peut plus être attentif à tous les appels qu’il y a autour de nous.

Ça a donné lieu à ça, le souci et le souci des choses présentes, (c'est-à-dire des choses qui nous dispersent, qui nous distraient), ce n'est pas bon.

En revanche, il y a un bon souci : le souci de ce qui nous élève, de ce qui nous édifie, de ce qui nous construit, de ce qui ne nous disperse pas ; ça c'est bon ; par exemple (je ne sais pas comment vous êtes fabriqués) mais ce n'est pas évident que l'écran de télévision nous élève, ce n'est pas évident mais ça peut être évident qu'une rencontre gratuite nous élève, par contre.

On peut ne plus être soucieux d'éteindre sa télévision et soucieux de rencontrer quelqu'un : vous voyez, il y a des bons soucis et des mauvais soucis.

Eh bien, pour saint Paul, (son idée à lui), c'est d’édifier les uns et les autres pour qu'ils rentrent dans des bons soucis, des soucis qui élèvent et non pas des soucis qui nous enroulent sur nous-mêmes.

Visons toujours cet Amour qui nous tourne vers les réalités supérieures à nous-mêmes, plutôt que cet amour qui nous enserre à l'intérieur de la gangue d'un cœur trop étroit.

 

Amen.


Mercredi 24 janvier : St François de Sales

2 S 7, 4-17 : Prophétie de Nathan

Ps 88

Mc 4, 1-20 : La parabole du semeur et son explication.

 

La lumière de Dieu est d'une suprême évidence, la lumière de Dieu est extrêmement évidente et l'avoir, c'est produire du fruit; l’avoir, c'est donner du fruit, c'est donner un fruit abondant, un très grand rendement.

La lumière de Dieu est d’une grande évidence et pour l'avoir, il faut passer par le Christ.

"Personne ne peut aller vers le Père s'il ne passe par moi", dit Jésus dans l'Évangile de Jean : il faut passer par le Christ.

Et passer par le Christ c'est à la fois écouter, (le verbe revient souvent dans cette parabole) et c'est en même temps creuser, approfondir pour obtenir cette bonne terre qui est à la fois un travail de la grâce en nous mais aussi un effort de notre volonté.

Pour produire du fruit et du fruit en abondance, passer par le Christ, il faut aussi s'élever ; creuser va ensemble avec s’élever, d’ailleurs.

La bonne terre produit une tige et un rendement important.

Et tout ça, le temps qu'il faut.

Vous avez lu que ce qui est semé dans les pierres, ça lève mais ça sèche ; ça lève mais aussitôt ça sèche.

Il faut le temps de creuser pour le temps de voir s’élever ; passer par le Christ et ça, c'est crucifiant : "celui qui veut s'attacher à moi", dit Jésus "doit porter sa croix chaque jour".

Il y a une lutte, une lutte tenace qui jamais, jamais, jamais, ne doit être abandonnée pour que cette parole produise son fruit, pour que cette lumière évidente de Dieu soit évidente, pour qu’un jour, elle ne s’obscurcisse pas, (qu'elle ne soit pas lumière un jour et obscurité le lendemain).

La lumière de Dieu est évidente.

Nous avons dans cette parabole, à un moment donné, nous revenons à la réalité et Jésus prend ses disciples : ils partent dans la solitude, à l'écart ; une sorte de conciliabule divin où cette lumière est évidente.

Jésus donne les clefs des mystères du Royaume, il explique la parabole.

Qu'est ce conciliabule en nous ?

C'est d'abord notre cœur et dans l'Eglise c'est l’eucharistie, ce lieu où cette lumière est évidente.

Si j'ai besoin de la retrouver (un peu comme j'ai besoin de retrouver l'orientation du soleil) eh bien, je vais à l’eucharistie.

Si malheureusement, cette lumière de Dieu dans nos vies n'est pas si évidente, si elle ne l'est pas, laissez couler quelques larmes d'un cœur contrit, d'un cœur qui veut changer, d'un cœur qui veut se convertir, qui se laisse baptiser dans les larmes de son propre péché pour tout à coup, reconnaître sa cécité.

Celui qui reconnaît sa cécité, pourra plus aisément à nouveau rentrer dans la communion avec le Père, par Jésus.

Apprenons à écouter la parole, qu'elle creuse en nous et qu’elle élève en nous, le temps qu'il faut et n'ayons pas peur de reconnaître notre cécité pour que cette parole produise son fruit.

 

Amen.


Mardi 23 janvier

2 S 6, 12b-15. 17-19 : L’arche à Jérusalem.

Ps 23

Mc 3, 31-35 : La vraie parenté de Jésus.

 

Ce souvenir qu’a st Marc de cette rencontre : la famille de Jésus qui reste à l'extérieur et cette réponse de Jésus, ce souvenir vient illustrer des propos de Pierre, de Paul et de Jean que nous trouvons dans leurs lettres ou dans l'Évangile.

 

Saint-Pierre, dans sa deuxième lettre, dit : ‘nous devenons participants de la nature divine’ ; Jésus nous fait rentrer dans la vie même de Dieu.

Saint-Paul, dans sa lettre aux Galates dit : ‘je vis, ou plutôt, ce n'est plus moi qui vis mais c'est le Christ qui vit en moi’

 et Saint-Jean, qui se souvient : ‘ceux qui ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair ni de la volonté d'un homme, mais de Dieu, à ceux-là il a été donné le pouvoir devenir enfant de Dieu’.

 

Nous sommes de la famille de Dieu, en Jésus, parce que nous écoutons sa parole ;

en Jésus nous apprenons à obéir au Père, nous apprenons à nous y soumettre tout à fait librement et dans l'amour ;

en Jésus, nous sommes tout à fait disponibles et mobiles pour suivre le souffle de l'Esprit Saint, ses appels, ses inflexions, ses mélodies.

L'Esprit Saint nous conduit souvent par des chemins qui sont complètement opposés à ce que la raison et la prudence humaines ont coutume de concevoir.

 

Nous sommes, en Jésus, tournés vers le Père, nous sommes rendus participants de la nature divine, nous sommes des fils et filles de Dieu parce que nous écoutons sa parole.

 

Tenons ferme dans cette obéissance du petit enfant tourné vers son Père.

 

Amen.


Lundi 22 janvier : St Vincent à Bligny

Ga 5, 13-23 : Liberté et charité.

Ps 88

Lc 6, 46-49 : La maison sur le roc et la maison sur le sable.

 

On ne peut pas célébrer la messe sans le vin et tout à l'heure, on va le symboliser, au moment de l'offertoire, puisque Frédéric et quelqu'un d'autre, mettra un peu de vin dans le calice et ce vin, vous le savez bien, c'est vous qui le produisez.

Donc en cette fête de la Saint Vincent, c'est un peu la fête et la vôtre et de l’eucharistie.

 

Que signifie la messe pour nous ?

C'est l'occasion de se rassembler (bon, très bien !), ça commémore la dernière Cène de Jésus (c'est vrai !), mais cette coupe et ce pain que le prêtre présente et consacre viennent célébrer avec joie ce ‘oui d'amour’ que le Seigneur nous adresse à chacun d'entre nous ; un  ‘oui d’amour’.

 

Au commencement du monde on dit : eh bien oui, le Seigneur a parlé, et puis, il y a eu le ciel, la terre, les étoiles, l'eau et la mer, très bien !

Mais au commencement de notre vie, qu'est-ce qu'il y a ?

Effectivement, il y a un papa et une maman, (c'est vrai aussi) mais il y a ‘oui d’amour’ ; un ‘oui d’amour’ que le Seigneur nous adresse un chacun.

Et quand on célèbre la messe, on vient de lui dire merci, c'est tout simple.

L'amour et ce ‘oui d’amour’, vous en avez l'expérience vous et moi (pas simplement les viticulteurs) dans les relations que vous avez au quotidien, que nous avons au quotidien ; des relations heureuses, parfois moins heureuses avec des proches, des moins proches ; il y a de l'amour tout le temps et même quand il y a de la haine, c'est de l'amour à l'envers.

À chaque fois qu'il y a quelque chose de l’ordre de la relation avec quiconque, ça engage de l'amour (et même la haine, c'est de l'amour à l'envers ; donc, voyez c'est de l'amour !).

 

Vous avez aussi une relation, j'imagine, que vous seuls avez, (que moi, je ne peux pas avoir), avec la vigne.

Peut-être parmi vous, y en a-t-il qui ont une relation (avec ce patrimoine vivant), une relation d'amour.

Qui parmi vous, a une relation d'amour avec sa vigne ?

Et la vigne est comme une personne, voyez-vous, elle n'est pas simplement un amas de branchages plus ou moins contraignant.

Qui parmi vous, a une relation d'amour, il l’aime sa vigne ?

Personne ? Personne n’aime sa vigne ici ?

Bon alors, on va faire un petit exercice : il suffit de lever la main ; qui aime sa vigne?

Il y en a 2,3,4,5,6 ; qui est-ce qui aime sa vigne ?

Vous n'allez quand même pas le matin tailler, en disant : ‘zut alors, il faut encore bosser aujourd'hui !’

Mince !

Vous aimez vos vignes, vous êtes plusieurs à les aimer vos vignes et c'est beau.

Moi, ça me touche ; moi, j'aime ma communauté, (c'est ma vigne à moi) et vous, vous aimez vos vignes ; c'est normal, vous y passé tellement de temps !

Et cette vigne, elle vous fait vivre.

Soignez-la, soignez-la.

Vous soignez votre vigne, (vous êtes obligés, d’ailleurs, parce que sinon ça ne va pas).  

Puisque vous connaissez cette vigne, au point de la soigner et de l’aimer, faites de même avec vous-mêmes, faites de même avec vous-mêmes : aimez-vous et soignez-vous de la même façon que vous soigneriez votre vigne.

Donnez-vous à vous-mêmes, de la même façon que vous vous donnez à votre vigne et soyez vigilants de la même façon avec vous, que vous le faites avec elle.

Vous êtes capables de rogner, tailler, accompagner la croissance, vendanger (et tout autre geste que vous savez bien mieux que moi); pourquoi ne faites-vous pas pareil avec vous-mêmes ?

En fait, je ne vous accuse pas puisque, nous sommes tous pareils : ‘pourquoi moi, je ne m'aimerais pas autant que j'aime ma communauté ?’

 

S’aimer cela signifie creuser, creuser profond, rejoindre l'endroit des fondations dans notre vie, dans notre cœur ; l'endroit des fondations (comme dans l'Évangile que je viens de lire), l'endroit où je peux fonder sans que les torrents, le vent, les inondations n’aient raison de ma vie, sans que les soucis, les tempêtes, les discordes (Michael a lu une longue liste : ripailles, beuveries, orgies) sans que tout ceci n'ait raison de mon âme.

Creusez profond, aimez-vous comme vous aimez votre vigne et vous verrez que l'injonction qui souvent, est le propre des chrétiens : « aimez-vous les uns les autres » viendra tout naturellement, (à partir du moment où je creuse profond en moi, comme je taille ma vigne), très naturellement, ‘sans que je ne me mettre la rate au court-bouillon’, j'arriverai à aimer ‘le ce qu'il faut’, les autres ;‘le ce qu'il faut’.

 

Cette belle fête de la saint Vincent au cours de laquelle, nous allons célébrer l’eucharistie avec ce pain et ce vin (je sais : il y en a plein qui ne vont pas vouloir communier

parce qu’on ne communie jamais dans le reste de l'année,

parce qu’on ne se croit pas digne,

on va nous regarder,

je suis un vilain pécheur,

d'autres croient que je suis un vilain pécheur,

(enfin bref ! n’empêche que vous pourriez venir quand même ; la foudre ne va pas tomber sur vous), mais à ce moment-là, (au moment de la communion), dites-vous : c'est le moment, c'est le point de contact entre moi, Celui qui m'a dit ‘oui par amour’, le premier (le bon Dieu) et tous ceux et toutes celles qui sont autour de moi et même ceux que je n'aime pas : c'est le point de contact.

C'est le moment de la réconciliation, c'est le moment de la joie, c'est le moment de la fête.

 Tout à l'heure on fera la fête, là, maintenant, on est invité à une autre fête, celle où le ‘oui de Dieu’ pour moi, vient rejoindre mon cœur et celui de mes frères.

 

Belle fête à vous en tout cas et merci de nous donner cette occasion de la célébrer grâce à ce vin que vous produisez.

Et continuez longtemps.

Amen.


Dimanche 21 janvier

JO 3, 1-5.10 :

Ps 24

1 Co 7, 29-31 :

Mc 1, 14-20 :

 

Hier, à l'occasion celle de la Saint-Vincent, on évoquait l'amour qu’un travailleur de la terre, (en l'occurrence un vigneron) peut avoir pour sa vigne. 

Aujourd'hui, on va plutôt parler de l'amour que des êtres peuvent avoir entre eux, (des personnes).

 

Nous faisons l'expérience, plus ou moins heureuse, de cet amour entre les êtres.

Quand il n'y a pas d'amour, quand il n'y a pas l'Amour, on est entre personnes un peu comme quelqu'un qui, anxieusement, va dans une gare et regarde l'écran SNCF pour savoir si le train est venu ou s’il passera et à quelle heure il passera et à quel quai il va s'arrêter, car les personnes qui ne sont pas encore dans l'amour, sans cesse, se cherchent et s'attendent.

Elles se cherchent, elles s'attendent, elles hésitent : ‘Passera-t-il, ne passera-t-il pas, le bien-aimé ou la bien-aimée ?’

Ou que pensera-t-il ?

Quel sera le moment et l’heure favorables ?

 

C'est bien la question qui taraude nos cœurs ; quand il n'y a pas l'Amour c'est la question du moment favorable.

Quel est-il ce moment favorable ?

Quand interviendra-t-il dans ma vie ?

Quand est-ce que je vais comprendre l'autre ?

Quand est-ce que nous allons nous entendre ?

Et quand allons-nous nous rencontrer ?

Vous le savez tous, il ne suffit pas d'être dans la même pièce pour se rencontrer, se comprendre, se connaître, s’entendre ; il ne suffit pas d'être dans la même pièce.

 

Ce que nous appelons l'Amour, c'est le moment favorable (et toujours), pas un instant, c'est toujours.

Pensez à cette image du quai de la gare : le train est-il passé ?

L’ai-je raté ?

Passera-t-il ?

Est-il annulé ?

À quelle heure passera-t-il, par quel quai ?

Voilà ce que peut être un cœur qui n'est pas dans l'amour.

 

L'amour n'est pas une chose acquise et mûre tout de suite.

L’amour, ça pousse, ça grandit, ça mûrit ; c'est là que l'image de la vigne est de nouveau intéressante : ça mûrit, ça se travaille.

 

Entre Jésus et son Père, cet Amour est mûr depuis toujours ; ils ne se cherchent pas l'un, l'autre ; ils ne sont pas en train de s'attendre comme un voyageur sur le quai d'une gare ; ils se connaissent ; c'est le moment favorable, toujours, entre le Père et le Fils.

 

Quelle est la mission du Fils, la mission de Jésus ?

C'est d’associer des personnes pour qu'ils grandissent dans cet amour.

Il se les associe, il les appelle à lui pour les former, pour les émonder (s’il faut que je file la métaphore de la vigne), pour les faire croître dans l'amour.

Nous avons dans ce texte de l'Évangile : Simon, André, Jacques et Jean, ceux dont on parle au catéchisme avec les enfants : ‘voilà il vous appelle, vous, les enfants’ ; il nous appelle depuis notre baptême, (nous sommes des disciples en puissance, les uns les autres), pour être associés à cet amour, nous qui sommes un peu comme un voyageur sur le quai d'une gare.

Il vient, par sa parole et sa grâce, nous faire mûrir dans la connaissance du moment favorable.

 

Vous n'avez pas entendu dans l'Évangile le moment favorable, parce que le mot n'y est pas ; vous avez entendu : "les temps sont accomplis".

Mais derrière cette expression "les temps sont accomplis", il aurait fallu entendre : "le moment favorable".

Celui qui est disciple de Jésus, devient expert dans ce moment favorable ; il n'y a plus à se chercher ; il n'y a plus à être toujours dans le compromis, la négociation entre les êtres et avec eux, nous nous comprenons : tout est pur, tout est simple, nous nous aimons.

"Heureux les cœurs purs" dit Jésus.

Nous avons vocation à la pureté de notre cœur ; nous nous connaissons, c'est simple.

 

Vous savez que nous sommes héritiers de ce que l'on appelle depuis les origines, ce péché dans la Genèse, dans le jardin : un cœur divisé et fêlé, qui fait que l'homme, depuis les origines, va jusqu'à se chercher lui-même (le voyageur sur le quai de la gare).

Le train, cette fois-ci, n’est pas l'autre mais lui-même : il se cherche.

 

Mais celui qui suit le Christ, qui entend sa parole, laisse cette parole produire son fruit, descendre au plus profond de lui-même, celui-là, celle-là n'est plus comme ce voyageur esseulé sur le quai de la gare ; il n'a plus à se chercher ni à s'attendre ; il n'a plus à chercher et à attendre l'autre : il se connaît, il connaît, il aime, c'est tout simple.

 

Combien dans nos communautés, nous le savons, dans nos relations à l’extérieure, sommes-nous dans ces quêtes, ces compromis, ces disputes et ces réconciliations, dans ces négociations permanentes entre nous et avec les autres (mais oui, nous sommes normaux, finalement !).

 

Mais entendez l’appel que Jésus nous adresse, vous adresse : Simon, André, Jacques, Jean, tu vas devenir pêcheur d'hommes, tu vas devenir expert de ce moment favorable, tu n'auras plus à attendre et à chercher comme le voyageur sur le quai de la gare.

 

Le livre de Jonas est très beau et très rigolo, c'est celui dont on parle le plus facilement dans la prédication parce qu'il est simple à lire et à comprendre : ‘un prophète récalcitrant, (sur quatre chapitres), va se laisser retourner comme une crêpe, lui qui ne croit pas un instant, en la capacité des gens de Ninive à se convertir.

Mais Ninive, vous savez, c'était dans les faubourgs de l'actuelle Mossoul, en Irak : très grande ville (ce dont l'historiographie se souvient), très grande ville de l'époque, Ninive.

 

Jonas, à son corps défendant, se rend compte que la Parole du Seigneur est beaucoup plus puissante qu'il ne le pensait et tous, d'un seul cœur, se convertissent.

Ce que l'on n’entend pas dans le texte (parce que celui qui prépare les textes de la liturgie, coupe les morceaux du livre), c'est que même les bêtes se convertissent : même les moutons, les veaux, les vaches, tout le monde se convertit et il n'y a pas que les hommes.

Jonas fait l'expérience que l'amour est puissant et que lui-même a besoin de s’y laisser convertir lui-même. 

Ce dimanche, (comme nous sommes le troisième dimanche du temps ordinaire) est quand même un dimanche programme.

Ça y est, on commence l'année, c'est comme si on commençait l'année de KT.

Voilà, le Seigneur nous appelle, on se met à sa suite.

Est-ce qu'on entend son appel ?

"Simon, André, Jacques, Jean, venez à ma suite, je fais de vous des pêcheurs d'hommes "

Rentrez dans mon Amour et associez-vous d'autres, dans cette découverte d'un amour qui vient purifier vos cœurs et vous faire devenir expert des moments favorables.

Amen.


Vendredi 19 Janvier : Là-haut sur la colline, pèlerinage à Ste Germaine

Rm 8, 31-39 : Hymne à l’amour de Dieu.

Ps 39

Mt 13, 44-46 : Parabole du trésor et de la perle

 

Dans cette première lecture, (un extrait de la lettre de Paul aux Romains), je vous redis (pour que l'on ait bien en mémoire) la grande affirmation de Paul : "si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? "

Et puis il va dire : "rien ne peut nous séparer de l'amour du Christ".

Il va faire une liste avec des points d’interrogation : "La détresse ?

L’angoisse ?

La persécution ?

La faim ?

Le dénuement ?

Le danger ?

Le glaive ?

Rien de tout ça ne peut nous séparer de l'amour du Christ".

Et il va  refaire une autre liste et il va dire  : "ni la mort ni la vie,

ni les anges ni les principautés célestes,

ni le présent ni l'avenir,

ni les puissances, hauteurs et abîmes,

ni aucune créature ne peut nous séparer, (cette fois-ci, il va dire) de l'Amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur".

Avec trois verbes : "qui peut nous accuser ?

Qui peut nous condamner ?

Et qui peut nous séparer ? "

En fait : qui ?

Alors, réponse : personne mais il y a en nous ce péché ou cette idée, selon laquelle il pourrait y avoir caché quelque part, soit en nous soit autour de nous (en fait, on croit que c'est souvent quelque part autour de nous, quelqu'un ou quelque chose)

qui viendrait nous condamner,

viendrait nous priver d'un bien supérieur,

viendrait nous faire du mal ;

quelqu'un qui, finalement, nous séparerait de ce qui est le trésor le plus précieux, enfermé au fond de notre cœur.

Et Paul va dire : non ! il n'y a pas ! il n'y a pas ! il n’y a pas !

 

Ce qui est premier dans nos vies (ce trésor au fond du cœur) c'est l'Amour pour nous ; l'Amour pour nous.

 

Or, à cause du péché des origines dont nous avons toujours encore, aujourd'hui et demain, une trace en nous, il y a cette espèce d'écharde ou d'illusion (mais qui est bien réelle) qui nous fait croire que cet Amour en nous, il ne nous est donné qu'à condition.

 Alors nous, on se fait des listes de conditions :

à condition que je ne mange pas trop de chocolat,

à condition que je n'embête pas trop mon mari ou ma femme,

à condition que je récite mon chapelet tous les jours,

à condition de je ne sais pas quoi,

donc mille conditions, transformant en loi divine, des règles qui sont plutôt là pour nous aider et on transforme ces règles en loi et en fardeau, en fait.

 

Et Paul va redire que la centralité de l'Amour pour nous, gratuit, est première et que rien ne peut nous séparer, nous condamner ou nous accuser, rien, rien du tout :

le premier c'est Celui qui nous a aimés.

 

Les saints et les saintes, qu'ils soient martyrs ou pas, des origines, jusqu'à aujourd'hui, ont tous cela, soit parce qu'ils nous l'auraient dit (on en aurait conservé les paroles : il y a des saints qui ont écrit, dont nous avons encore les textes) soit parce qu'ils en ont témoigné tout simplement par leur vie ; chez eux, il est manifeste qu'il y a une liberté, liberté qui crée, qui sert, qui aime ; il n’y a chez eux aucune recherche d'aucun dividende, aucun bénéfice pour eux-mêmes, pour cette vie ; la leur, qui va être offerte.

Et on sent bien en eux, qu'il y a rien qui soit de l'ordre : qui peut nous accuser ?

qui peut nous condamner ?

qui peut nous séparer ?

Rien, ils sont affranchis de cela, non pas parce que ce sont des créatures supérieures aux autres, mais parce qu’ils ont, dans leur vie, trouvé cette petite voi(e)x (le chemin ou la parole) qui les conduit au centre de ce trésor, au cœur de ce trésor qui demeure en eux : l'Amour du Christ.

Ce n'était pas des dieux, ils ont réussi dans leur vie (alors ça n'a jamais été définitif, c'était à chaque instant, il fallait à nouveau se batailler contre ce péché, cette illusion) ; ils ont trouvé en eux cette voi(e)x qui les conduisait au trésor.

 

C'est là que les paraboles que vous avez entendues sont extraordinaires : (je reviens donc aux paraboles), deux paraboles que nous avons entendues : "le Royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ, l'homme qui l'a découvert, le re-cache, il vend tout ce qu’il a", il n'a plus rien à la fin, parce qu'il va acheter ce champ et donc le trésor qui est dedans.

Ou bien "cet homme qui cherche des perles fines, il en trouve  une, extraordinaire : il vend tout ce qu'il a et il acquiert la perle".

Dans ces paraboles, ce qui est très beau que ces deux-là, recherchent au départ, leur cœur est en quête, en quête d'une source d'investissement et sans doute peut-être une source de profit, (comme nos propres cœurs : toujours, on revient à la même chose : des dividendes).

Qu'est-ce qui pourrait être dividende dans nos vies ? Les honneurs,

la reconnaissance,

ne pas avoir d’ennemis,

être protégé,

l'argent, le bonheur, l'amour (tout ce qu'on peut souhaiter le 1er janvier),

la santé, toutes sortes de dividendes de toute nature.

Ces hommes recherchaient un trésor ou des perles (on voit bien : le deuxième, c’est un négociant donc ce n'est pas uniquement pour perdre de l'argent, c'est pour en gagner!)

 

Le trésor, (un trésor au départ c'est une vraie plus-value) sauf que, ce qu'ils ont trouvé renverse complètement la situation.

Ils vont se dépouiller de tout, donc c'est signe que le trésor et la perle étaient en fait, différents de tout ce qu'ils avaient jusque-là pu acheter (peut-être pour revendre).

Ils arrêtent là leur négoce, ils ne sont plus dans l'achat et la vente, ils se dépouillent de tout ce qu'ils ont et ils gardent ce qu'ils ont trouvé et ils en restent là.

Ils ne recherchent plus de dividendes dans leur vie, ils ne recherchent plus à accumuler un capital, ils ont trouvé Le trésor.

Et on revient toujours à la même chose : Celui qui nous a aimés le premier.

 

C'est une autre façon de dire que nos cœurs pécheurs vont être trop souvent dans une recherche de dividendes quelconques, (pas toujours financiers, vous avez entendu : ça peut être : le regard des autres,

le souci d'être aimé (mais d'un amour qui serait de l'ordre de la reconnaissance),

ne pas avoir d’ennemis (on comprend bien, c'est compliqué d'avoir des ennemis).

 

Eh bien non ! à un moment donné, le saint et le disciple de Jésus, il abandonne ça, ‘il s'en fout’ (‘il s’en fout’, excusez-moi l'expression) mais c'est assez simple de comprendre que finalement, ‘il finit par s'en fiche’, pour lui.

Ce qui va être premier, c'est le Christ.

 

Ce n'est pas quelqu'un d’isolé ; un disciple du Christ n'est jamais seul, même si certains peuvent être dans une forme de solitude, ce n'est jamais sans les autres.

Un disciple de Jésus-Christ n'est jamais sans les autres et jamais sans lui-même.

On pourrait imaginer des disciples du Christ qui vont se faire brûler, manger uniquement par plaisir de se faire brûler et manger.

Non ! ce n'est pas vrai, ce n'est jamais sans lui-même et jamais sans les autres.

 

Mais ils ont trouvé un trésor qui va leur permettre d'être affranchis de toute cette recherche de profit, de capital ou de dividendes, (très horizontale, très mondaine) qui empoisonne nos vies, au quotidien.

Germaine en est un exemple : on aura retenu d'elle, qu'elle n'aura pas voulu perdre sa virginité en se souillant avec un méchant d'une compagnie d'Attila ou bien encore qu’elle aura sauvé la cité, (un peu comme Sainte-Geneviève aura sauvé les parisiens).

Mais d'abord, on retient cela d'elle (et de tous les autres saints, pareil !), finalement : pas de recherche de bénéfice ou de capital ; c'est pour ça d'ailleurs, que de notre vivant, il ne vaut pas mieux rêver d'avoir notre statue, un jour, dans l'église, parce que ça veut dire que, déjà on est dans la recherche (voyez !) d'un dividende ou d'un capital quelconque.

"Réjouissons-nous d'abord que nos noms sont inscrits dans les Cieux", quelque part dans cette Jérusalem céleste.

 

En recevant dans l’eucharistie, le Corps du Christ, on vient recevoir l'Amour, cet Amour gratuit mais qui vient toucher l'amour qui est déjà en nous dès notre conception (l'amour : papa-maman, évidemment !) mais, l'Amour de notre Père du Ciel et que cet Amour-là vient toujours en nous, être comme ce bâton de marcheur et de pèlerin pour nous faire avancer sur le chemin de la sainteté, de la perfection.

 

Reconnaissons Celui qui est le visage de cette sainteté : le Christ, visage de la sainteté du Père, du Fils et de l'Esprit.

Et continuons à vivre dans notre vie communautaire, un moyen de devenir saint, c'est-à-dire les uns les autres, qui sont autant de visages de conversion.

Chacun d'entre nous, nous sommes des saints en devenir ; donc, nous nous efforçons chacun pour notre part, de grandir en sainteté mais chacun d'entre nous est offert aux autres comme un vrai appel à la conversion : untel m’agace ;  tel autre, je ne peux pas le voir en face ; tant mieux !

Ça veut dire que j'ai du progrès sur cette route.

Merci Jésus.

 

Amen.


Jeudi 18 janvier :

1 S 18, 6-9 ; 19, 1-9 : David vainqueur est présenté à Saül. Jonathan intercède pour David.

Ps 55

Mc 3, 7-12 : les foules à la suite de Jésus.

 

Ce petit passage de l'Évangile nous situe au début de la vie publique de Jésus, dans cet Évangile de Marc.

On a le droit d'utiliser notre imagination pour imaginer cette scène.

 

La première chose qui peut nous sauter aux yeux, c'est l'activité de Jésus, une activité de guérison, de salut des foules atteintes de maux divers : il les guérit et il y a ceux qui ont déjà été guéris.

Il y a un autre aspect qui peut nous sauter aux yeux, c'est : comment cette foule (guérie ou en voie de guérison, sauvée ou en voie de salut) est agressive : elle le presse, elle le touche.

Il y a un troisième aspect, c'est la proximité de la mer.

Quel drôle d'endroit pour se réunir !

À tel point que d'ailleurs, (ce que le texte nous suggère) on pourrait imaginer que : un petit peu plus et Jésus tombe dans l’eau, tellement la foule est pressante et peut-être oppressante.

 

Et puis, il y a cette barque, bizarre et mystérieuse.

Jésus demande à ses disciples de tenir une barque en permanence prête, là, au bord ; il ne rentre pas dedans. (Je précise parce que ceux qui connaissent par cœur l'Évangile, pensent à d'autres épisodes de l'Évangile où Jésus monte dans la barque ; il ne monte pas dedans).

 

La mer a une connotation (immédiatement, pour le lecteur de la Bible), la mer c'est le lieu (pas du tout des vacances, ni du voyage, on peut aller d'une rive à l'autre), mais c'est surtout le lieu de la mort, le lieu de l'obscur, (ça peut présenter aussi la signification du combat primordial pour la création) ; mais c'est quand même le lieu des ténèbres.

Et Jésus, plus tard dans l'Évangile, va faire se précipiter un troupeau de porcs possédés, ce troupeau de porcs va aller dans la mer ; c'est pour dire à quoi sert la mer!

Ce n'est pas du tout le lieu joyeux où on patauge et on se baigne.

C'est aussi le lieu, tout simplement, du mal et Jésus va marcher plus tard sur la mer et c'est moins l'aspect miraculeux qui retient notre attention, que tout simplement l'identité de Jésus : il est plus fort que le mal puisqu'il marche dessus.

Jésus, à un moment donné, la mer est agitée, (et c'est vrai il est sur la mer, les disciples aussi), d'une voix forte, va calmer la mer et les disciples vont se poser la question : mais finalement est-ce qu’on connaît bien ce Jésus-là ?

Et qui est-il pour calmer à ce point, les éléments ?

Vous voyez la mer ?

 

Une fois qu'on a dit tout ça, je ne sais pas ce que vous avez envie de retenir ;

est-ce que c'est les foules nombreuses, en voie de salut ou déjà sauvées ?

Est-ce que ce sont ces foules qui peuvent ressembler comme à des vagues et qui se choqueraient contre Jésus (imaginez le ressac : on a la mer d'un côté, les foules de l'autre mais qu'est-ce qui paraît le plus agressif ? Peut-être la foule)

et on a toute cette idée de la mer.

 

Mon attention s'est posée sur la barque, en lisant le texte.

Et je me suis dit : ‘oui, c'est vrai, ma vie à moi, (alors, celle des autres aussi) peut paraître bien agitée, parfois laborieuse, d'ailleurs’ et il peut y avoir une vraie satisfaction d’aider des personnes (Jésus sauve des gens, on ne le menace pas de mort, il sauve des gens donc c'est super !), mais il y a besoin de la permanence de cette barque, au cas où ( voyez ! au cas où !).

Je me dis : dans l'Eglise ou dans une communauté, cette barque, ça peut être tous ceux et toutes celles qui ont un cœur pur, ça peut être les priants, les orans, les moines, les moniales, la permanence de ceux qui sont dans la prière.

On a l'impression qu'ils ne servent à rien : ben oui ! Ils ne servent à rien, on ne les voit pas dans la rue, ils ne viennent pas nous sauver …et pourtant si !

Car eux, ils sont permanents.

Il peut y avoir des agitations, qui de toute part, nous assaillent, ils sont là, ils demeurent ; et au cas où, on peut s'appuyer sur eux car ils sont toujours là.

Qu'est-ce qui permet cette permanence et cette force ?

Ils sont enracinés en Christ par cette prière.

 

Ça me fait du bien de le penser et on a des évènements dans nos vies (la famille de Fanny le savait sans doute) où c'est bien d'avoir des personnes comme ça, sur lesquelles on peut s'appuyer ; elles peuvent nous écouter, par exemple, on peut pleurer devant elles (on sait que ça ne va pas les anéantir), on peut s'appuyer sur elles.

Quand on a besoin de s'écrouler devant quelqu'un, il faut avoir ces gens-là, il n'y en a pas partout : des amis, des voisins, des proches de toutes sortes ; ils sont là, ils sont là.

Je crois que dans l'Eglise, cette grâce ce sont les cœurs purs, ce sont ceux qui prient, ils sont un vrai signe de la puissance du Ressuscité, quoi qu'il se passe.

Cette barque, au bord de l’eau.

Amen.


Mercredi 17 janvier : St Antoine du désert.

1 S 17,32-33.37.40-51 : David s’offre pour relever le défi lancé par Goliath.

Ps 143

Mc 3,1-6 : Guérison d’un homme à la main sèche.

 

Vous savez qu’au cœur de notre foi, il y a cette affirmation : "Dieu est amour" et Jésus est à la fois l'agent et la manifestation de cet amour.

Et on dit aussi que : "Dieu est créateur du ciel et de la terre" et son acte créateur consiste à distinguer la lumière des ténèbres, le ciel de la terre, les eaux du  dessus le ciel des eaux du dessous du ciel ; distinguer.

Eh bien, dans la synagogue, dans laquelle Jésus rentre, cet amour distingue.

Tout en créant, il distingue ce qui est mal de ce qui est bon ; ce qui est lumière de ce qui est ténèbres.

 

Alors que nos regards sont centrés sur la main de cet homme, le sort qui lui est réservé, (cet homme est au centre), ce qui se joue, ce qui apparaît, c'est précisément ce qui est invisible : le cœur des pharisiens et des partisans d’Hérode, ce cœur.

Et dans l'Évangile (nous le verrons dans Marc, ç’est vrai pour les autres) l’œuvre même de Jésus, c'est le cœur.

 

J'ai trouvé quelques citations : "ce qui sort de l'homme c'est cela qui rend l'homme impur et non pas l'apparence".

Vous savez qu'avec l'Ancien Testament, nous héritons de deux choses ;

la première c'est : ‘la crainte de Dieu pouvait être une peur’.

Les prophètes ont beaucoup travaillé pour transformer cette peur en crainte véritable, c'est-à-dire en amour (donc tout ce qui va avec la peur, notamment par rapport à la Loi), c'est le premier aspect.

Le deuxième aspect, c'est : toute forme de tare sur les corps (donc qui se voit), est  signe de malédiction ;  ce qui se voit est signe de malédiction et voici ce que Jésus dit : "ce qui sort de l'homme, c'est cela qui rend l'homme impur.

En effet, c'est de l'intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les intentions mauvaises".

Et ailleurs : "Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, vous qui purifiez l'extérieur de la coupe et du plat alors que l'intérieur est rempli des produits de la rapine, (cupidité) et de l'intempérance.

Pharisiens aveugles, préférez d'abord le dedans de la coupe  pour que le dehors aussi devienne pur".

 

Si nous étions Saint-Antoine, un moine versé dans l'Ecriture, nous ferions alors ce que l'on appelle savamment une ‘lecture anagogique’ et on dirait : ce qui est le plus important, c'est le cœur, un cœur pur : "heureux les cœurs purs", un cœur tout centré sur le Maître, un cœur qui est dans l'amour.

Qu'est-ce qu'un cœur pur ?

Il est comme ce petit David : il a raison du grand Goliath ; les cœurs purs sont assurés de la victoire devant la ténèbre du mal et de la méchanceté, tel que Goliath en est une figure, dans cette lecture.

 

Amen.


Mardi 16 janvier :

1 S 16, 1-13 : Onction de David.

Ps 88

Mc 2, 23-28 : Les épis arrachés.

 

Nous avons dans cet Évangile, cette parole qui est souvent reprise : "le sabbat a été fait pour l'homme et non pas l'homme pour le sabbat".

Entendons par-là : le repos du septième jour a été fait pour le repos de l'homme, pour qu'il puisse se reposer dans son Créateur, qu'il puisse connaître le repos de son cœur et le repos du cœur de l'homme, c'est (sans doute sa vocation première) ce qui apporte le bonheur, (nous avons vocation au bonheur) et ce bonheur est possible par le repos du cœur.

Le repos, ce que les traditions spirituelles et chrétiennes (en particulier, entre autres) cherchent, ont cherché et chercheront car nos cœurs sont semblables à une mer agitée ; tous, le cœur de tout le monde, (même le cœur du moine, enfermé dans sa cellule), est semblable à un cœur agité.

Et l'idée (pour atteindre ce repos) n'est pas de dire : ‘je vais calmer la mer’ mais ‘je vais en épouser les contours, les vagues et les courants’ et pour que ce soit possible, il faut un point fixe, un arrimage solide, sûr : le Christ, qui est posé sur nos cœurs comme un sceau.

Sans lui, c'est sûr, nous serons semblables à un bouchon sur la mer, connaissant la violence des vents contraires et sans lui, c'est sûr, nous aurons la prétention bien souvent, de vouloir rendre cette mer agitée du cœur, aussi lisse que de l’huile ; ça n'est pas possible.

 

S’attacher au Christ, (qui a été le premier à s’attacher, pour nous),  c'est la clef du repos et elle s'accompagne (dans toutes les traditions) d'une discipline, d'une ascèse, elle ne tombe pas sur nous comme par enchantement ; on en a le désir mais ça s'accompagnera par un certain nombre d'habitudes, (d'habitus, dirions-nous), que nous pouvons installer dans nos vies pour parvenir progressivement à ce repos ; se reposer le septième jour en fait partie.

 

Comment pouvons-nous atteindre cette assurance d'être fondés en Christ, si nous sommes extérieurement toujours agités ?

Comment parvenir à cette confiance du cœur s’il n'y a aucune confiance dans notre ‘paraître’, dans nos activités de tous les jours, si à aucun moment il n'est possible de dire : je me pose ?

 Comment est-il possible de retrouver ce sceau sur mon cœur si à aucun moment je n'ai la possibilité de renouveler mon amour pour lui ?

 

Tout le débat qui va accompagner la vie de Jésus sur le sabbat, sur Jésus qui "n'est pas venu abolir mais accomplir la Loi", tout ce débat va consister à mettre au centre de notre vie, à nous, l'amour de ce à quoi nous devons tenir ; que ne ce ne soit pas une obligation venant de l'extérieur mais un désir intérieur : qu'on ait soif de s'accrocher à Christ et que cela ne soit pas imposé de l'extérieur.

"Tu es comme un sceau sur mon cœur, Seigneur".

 

Devrais-je vous relire ce que Jésus dit dans l'Évangile de Jean, au chapitre 14 ?

On avait travaillé ce passage avec des jeunes qui se préparent à la confirmation : "celui qui s'attache à mes commandements et qui les observent, celui-là m’aime.

Or celui qui m'aime, sera aimé de mon Père et à mon tour, je l'aimerai et je me manifesterai à lui.

 

Amen.


Mercredi 10 janvier : sainte Léonie-Françoise de la Sales Aviat.

1S 3, 1-10.19-20 : L’appel de Dieu à Samuel.

Ps 39

Mc 1, 29-39 : Guérison de la belle-mère de Simon. Guérisons multiples.

 

C'est un peu la fête de toutes les belle-mères, aujourd'hui, qui ont la grâce, comme celle de Simon, d'être sauvées de leur fièvre.

 

Plus sérieusement, on peut regarder (chacun pour sa part), reprendre son Évangile de Saint-Marc et repasser les pages, notamment de l'Évangile d'hier et celui d'aujourd'hui où l'on voit Jésus à l'œuvre et avoir dans le cœur (comme grille de lecture, si vous voulez), l'épisode de la résurrection de Jésus et essayer de faire dialoguer la résurrection de Jésus avec l'épisode d'hier.

Par exemple : "tais-toi, sors de cet homme ! ", Jésus qui muselle le mauvais esprit et qui en le muselant, libère cet homme ligoté et aujourd'hui, cette femme qui est allongée et sur laquelle Jésus se penche.

 

Tout ce qui est de l'ordre de la position debout ou de l'action qui consiste à quitter une position couchée en faveur d'une position debout doit, dans nos cœurs, nous faire penser à la résurrection de Jésus.

De même, tout ce qui se passe la nuit ou à l'aube, doit nous faire penser à la résurrection de Jésus.

À quel moment les femmes, sont-elles allées au tombeau pour constater qu'il était vide ? (Elles ne savaient pas qu'elles allaient constater qu'il était vide !).

Pareil, très tôt, tellement tôt le matin, qu'il faisait encore nuit, précédant les premières lueurs du jour.

Et que se passe-t-il après la rencontre de Jésus avec les femmes ?

 "Allez en Galilée, dites à mes disciples que je les précède en Galilée", ce que fait Jésus : "partons ailleurs, c'est pour cela que je suis sorti" et "il parcourut toute la Galilée".

 

Nous sommes dans l'Évangile de Marc ; en cet instant, profondément tournés, un peu moins, vers cette crèche qui nous a ravis mais déjà, un peu plus, vers le tombeau pascal qui se profile à notre horizon.

 

Et réjouissons-nous car le Seigneur se penche sur nous : c'est peut-être ce qui peut nous faire penser, d'ailleurs, à Noël : il se penche sur nous comme le Fils de Dieu a quitté son rang qui l’égalait à Dieu et il s'est anéanti pour devenir l'un des nôtres et même plus encore et mourir sur la croix.

Il se penche, Dieu ; il se penche sur notre humanité, sur nos cœurs désertiques, plats et il les ressuscite.

On peut faire ce petit travail, tout tranquille, de relecture des textes de Marc, d’aujourd'hui et d'hier, en ayant en filigrane la résurrection de Jésus.

 

Amen.


Dimanche 7 janvier : l’Epiphanie

Is 60, 1-6 : Splendeur de Jérusalem.

Ps 71

Ep 3, 2-3a. 5-6 : Paul, ministre du Mystère du Christ.

Mt 2, 1-12 : La visite des mages.

 

Demain, il y aura la fête du Baptême du Seigneur et nous rentrons à nouveau dans le temps ordinaire.

On pourrait dire de l'Epiphanie, que l'on fête aujourd'hui, vient un peu comme conclure (pas clôturer complètement) mais conclure ce temps que nous avons commencé, le livre que nous avons ouvert, au moment de Noël.

Et voici qu'aujourd'hui, nous en avons quelques conclusions, quelques fruits.

 

Permettez-moi un petit rapprochement ; avant que je vais vous poser une question : qu'est-ce que l'on fête 50 jours après Pâques ?

Les enfants, 50 jours après Pâques ?

La Pentecôte et ce qui est extraordinaire avec la Pentecôte, c'est que cet événement tout petit, petit (l'événement est très grand mais situé en un lieu tout petit : c'est le tombeau de Jésus, à côté de Jérusalem, un petit matin de Pâques, le tombeau est vide, les femmes le découvrent vide, des messagers célestes disent : "celui que vous cherchez n'est pas parmi les morts mais parmi les vivants", Jésus dira aux femmes : "allez dire à mes frères que je les précède en Galilée" ; cet événement qui donne naissance à la foi en la Résurrection de Jésus  (on dit de Jésus qu’il est Seigneur et Christ) eh bien, 50 jours plus tard, on dit que cette bonne nouvelle, elle s'adresse à tous, tous, tous, tous, tous, dans la puissance de l'Esprit Saint.

Et d'ailleurs, les apôtres qui étaient enfermés dans leur maison, à Jérusalem, des flammes tombent sur eux, des langues de feu : l'Esprit Saint les envahit et "tout le monde entend proclamer les merveilles de Dieu dans leur langue". 

 

Aujourd'hui, c'est l'Epiphanie : ce petit événement singulier qui se passe quelque part à côté de Jérusalem, dans ce tout minuscule village qu’on appelle Bethléem, que seuls quelques bergers avaient vu (parce que des anges dans le ciel  leur ont dit : "allez à Bethléem") ; cet événement tout singulier de quelques-uns, (alors là, ce n'est pas 50 jours plus tard mais moins, je n'ai pas compté) aujourd'hui, c’est un événement pour tout le monde, c'est un événement qui s'adresse à tous, cette bonne nouvelle du "Verbe qui s'est fait chair" et qui fait que Jésus est Seigneur, il est pour tous.

La preuve en est : toutes les nations sont représentées par ces trois personnages qui viennent de très loin, qui ont été guidés, cette fois-ci, non pas par des anges mais par cette étoile et arrivent et contemplent celui qui est la vérité.

C'est extraordinaire !

 

Vous voyez, un peu le même phénomène ; alors, s’il fallait que, par exemple, je le traduise dans des choses qui nous sont tout à fait contemporaines : ce matin, qui n’habite pas, en temps normal, dans le département de l'Aube ?

Ici à ma droite, là au milieu, derrière ; pourriez-vous dire de quel département vous êtes ?

 la Saône-et-Loire, l’Yonne, le Nord.

Eh bien voyez, les mages, ils sont venus de Saône-et-Loire, de l’Yonne et du Nord ; (ce n'est pas tellement l’Orient, mais voilà !) ; une toute petite communauté de rien du tout : Couvignon, Bar sur aube, on vient de loin.

Prenons un exemple tout près : Baroville ; imaginons que la naissance de Jésus ait eu lieu à Baroville ; eh bien les bergers auraient gardé la nouvelle pour eux tout seuls : ‘c'est chez nous qu'il est né Jésus et c'est chez nous qu'il restera’ sauf que quelques jours plus tard qu'est-ce qu’on fête ?

L'Epiphanie ; on vient des autres villages adorer et emporter dans notre cœur cette merveille !

Ce n’est pas pour faire gamin mais c'est pour dire que cette vérité magnifique du Seigneur, elle n'est pas pour quelques-uns, en un lieu particulier ; et c'est vrai pour Pâques et c'est vrai également pour Noël.

 

Maintenant, on va regarder ces trois cadeaux qui sont offerts par les mages.

Trois cadeaux, vous vous souvenez des cadeaux?

De l'or, le deuxième : l'encens et le troisième : de la myrrhe ; or, encens, myrrhe magnifiques cadeaux.

 

C’est là qu'on voit le résumé de tout Noël :

l’or que l'on offre à des rois.

Roi : quand on a fêté la fête du Christ-Roi de l'Univers, à la fin du temps ordinaire, on a dit : ‘la fonction royale dans la Bible, c'est un peu comme un père de famille’.

Il engendre, il rassemble, il oriente et il donne confiance pour aller vers l'avenir (imaginez le père idéal, comme on a tous dans nos rêves : il rassemble, il engendre, donne la vie, il fait l'unité et il nous envoie vers demain pour qu’on n’ait pas peur ; c'est ça un roi pour un peuple : Fonction royale).

Jésus engendre un peuple et d'ailleurs, il engendre un peuple tellement grand qu'il enveloppe toutes les nations, un immense peuple de disciples, d'apôtres, de témoins qui naissent à la foi en étant plongés dans l'eau du baptême et en communiant à l’eucharistie : Roi.

 

L’encens, on utilise l'encens dans les temples, dans les fonctions liturgiques, pour Dieu.

Ce petit enfant, mignon comme il est, c'est Dieu ; Dieu qui vient de naître, nous faire naître, avec lui.

C'est bon de se le redire mais combien parmi nous, sont absolument convaincus que cet enfant de la crèche, c'est Dieu ?

Une seule personne a levé la main, à ma droite, une deuxième, qui dit mieux ?

Qui est absolument convaincu que cet enfant de la crèche, c'est Dieu ?

Eh bien, il n'y en a pas beaucoup qui sont convaincus, parmi nous !

- Oh si !

- Eh bien alors, levez la main !

-Ah ! on est convaincu : cet enfant de la crèche c’est Dieu.

Ça demande un peu un travail du cœur parce que ce Dieu, il se fait l'un des nôtres.

Un enfant, c'est tout mignon et puis on dit : ‘il est tellement mignon qu'on aimerait le croquer’ et quand il grandit, on regrette de ne pas l’avoir fait.

Ce Dieu-là va descendre dans notre humanité la plus profonde jusqu'à en mourir et jusqu'à être au creux de ce qui est notre péché.

Alors justement, à Noël, ce n’est pas encore le cas mais c'est ce Dieu-là.

 

Si on accepte comme Dieu, ce petit enfant de la crèche, c’est pour aller jusqu'au bout et prenons le chemin qu'il va nous faire faire.

Il va nous faire faire le chemin (alors j'anticipe le troisième cadeau), il va nous faire faire le chemin qui part de Bethléem pour aller à Nazareth, de Nazareth, remonter à Jérusalem : c'est le troisième cadeau : la myrrhe.

 

La myrrhe, c'est ce précieux parfum que l'on utilise pour embaumer les morts ; c'est la mort, la myrrhe

Eh bien cet enfant tout beau, c'est le futur crucifié.

Ah ! voilà Gaby lève les yeux au ciel.

Eh bien oui, je suis désolé ! cet enfant de la crèche est le futur crucifié, celui que l'on fête à chaque eucharistie : nous célébrons sa mort et sa  résurrection.

Alors évidemment, crucifié ça sonne mort et ça sonne résurrection et ce crucifié nous faire prendre le chemin que l'on appelle : de la Croix.

C'est ce qui nous offre pardon et salut définitifs, qui nous réconcilient partout où c’est brisé en nous-mêmes et autour de nous.

Ce crucifié est source de tout amour, ce crucifié panse les plaies, nous libère de nos chaînes mais nous oblige à vivre des passages.

Ce petit enfant qui est tout gentillet, va nous faire vivre de sérieux passages, il faut que nous en soyons convaincus et d’accord.

 

Je vais vous lire, pour terminer, un petit extrait de ce que je vais redire tout à l'heure, après la prière du Notre-Père.

Voilà ce que dit le prêtre : "Seigneur Jésus-Christ, tu as dit à tes apôtres : je vous laisse la paix, je vous donne ma paix.

Ne regarde pas seulement nos péchés mais la foi de ton Eglise.

Pour que ta volonté s’accomplisse, donne-lui toujours cette paix et conduis-la vers l'unité parfaite, toi qui vis et règne pour les siècles des siècles. "

Vous avez les trois cadeaux : or, encens, myrrhe, dans ce que je viens de lire.

 

L’or du Roi : Christ a un peuple, il a une Eglise (Eglise : ça veut dire assemblée et c’est ce que nous formons ce matin).

 Et cette Eglise est toujours conduite vers une unité toujours plus grande : quand on voit nos têtes et quand on sait d'où l’on vient et qui nous sommes, on se dit : il y a un sacré Roi qui travaille pour rassembler tout ce monde-là, un sacré Roi.

 

"Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix" : c'est un don, la paix, un don qui vient de Dieu seul, c'est ce que nous célébrons d'ailleurs, à Noël, la nuit du 24 au 25 décembre : ce petit enfant est le don de  la paix.

Le Dieu, l’encens.

 

La myrrhe : "ne regarde pas nos péchés".

Ne regarde pas nos péchés, c'est sous-entendu : libère-nous-en, que nous traversions nos péchés, que nous allions vers le Seigneur.

 

Je me dis : quand on sait qu’on vient de Baroville, de Couvignon, de Saône-et-Loire, du Nord et de l’Yonne et puis de Bar sur aube, il faut bien un Roi, un Dieu et un crucifié comme lui, pour faire de nous un beau peuple.

Amen.


Vendredi 5 janvier :

1 Jn 3, 11-21 : Garder les commandements de Dieu, surtout celui de la charité.

Ps 99

Jn 1, 43-51 : Les premiers disciples.

 

Si vous ouvrez votre Évangile, vous verrez que cette séquence commence par cette parole : le lendemain.

Nous sommes dans un nouveau jour qui nous rapproche de cette belle manifestation de Dieu, au moment de l'Epiphanie.

 

On semble s’éloigner un tout petit peu de la figure tutélaire de Jean le Baptiste : hier et avant-hier et encore avant, c'était Jean-Baptiste qui désignait Jésus et ensuite, qui désignait Jésus à ses disciples, ses disciples qui eux-mêmes en appellent d'autres et cette fois-ci,  on en arrive à ce que Jésus lui-même, appelle et de cet appel, des disciples s'appellent.

Donc, la figure de Jean-Baptiste semble déjà un peu derrière notre dos et nous voici tournés vers une nouvelle étape du ministère de Jésus ; c'est pratiquement le début de sa vie publique: il n'est plus sous la tutelle de Jean-Baptiste.

 

Nous avons cette grande rencontre avec Nathanaël, qui en tous points, ressemble à cette rencontre de Dieu (du Seigneur) avec Jacob, dans le livre de la Genèse au chapitre 28, sauf que Jacob était rusé.

Jacob n'était pas un homme droit, Nathanaël : " il n'y a pas de ruse en lui".

Et voyons dans cette rencontre entre Jésus et Nathanaël, une nouvelle Alliance qui est scellée et promise : ce n'est plus l'Alliance, qu'on pourrait appeler, ancienne ou qui précède et qui a été jusque-là incarnée  par Jean-Baptiste, mais une Alliance nouvelle en Jésus.

Le peuple dont Jésus est appelé, roi : "tu es le roi d'Israël", ce peuple, c'est le peuple de la nouvelle Alliance fondée sur les 12 colonnes que sont les 12 futurs apôtres.

 

Regardons ce que dit Nathanaël : "c'est toi le Fils de Dieu, c'est toi le roi d'Israël".

Et Jésus, de rajouter : "tu verras des choses plus grandes encore, les anges de Dieu monter et descendre".

Fils de Dieu, la divinité de Jésus, c'est le sens de cet encens qui sera offert dimanche.

"Roi d'Israël", la royauté de Jésus, c'est le sens de cet or qui va être offert dimanche.

 "Tu verras les cieux ouverts et les anges de Dieu monter et descendre" : une nouvelle Alliance entre ciel et terre qui va être scellée non pas par une échelle mais par la croix ; le crucifié, c'est le sens de cette myrrhe qui va être offerte dimanche.

 

Que Jésus soit roi et qu'il soit Dieu, ça ne nous pose, en général, pas trop de problèmes.

Qu'il soit le crucifié, c'est une ‘autre paire de manches’.

L'Epiphanie nous tourne vers la suite de notre route, avant d'arriver dans le temps ordinaire : c'est la marche vers la Passion de Jésus.

 

Puisqu'on dit que la foi est comme une lumière ; et que l'Epiphanie est une manifestation de cette lumière, imaginons plutôt (non pas une lumière qui viendrait éclairer et mettre en valeur Jésus) mais imaginons une lumière qui viendrait de par derrière la croix et qui projetterait son ombre et cette ombre, devant nous ; comme si la croix nous traçait un chemin ; c'est peut-être le sens de cette Epiphanie, dimanche.

 

Le Christ est pour nous, Roi ; il est pour nous, Dieu et il est pour nous, le crucifié.

 

Amen.


Mercredi 3 janvier : Ste Geneviève

1 Jn 2,29-3, 6 : Vivre en enfants de Dieu.

Ps 97

Jn 1, 29-34 : le témoignage de Jean.

 

On a une belle semaine parce que, chaque jour à la messe, nous entendrons un  Evangile proposé par la liturgie, qui commencera par : "le lendemain", le lendemain et le lendemain.

 

Dans l'Évangile de Jean, ces extraits qui ont été choisis par ceux qui ont organisé la liturgie, sont des extraits qui se situent dans une grande semaine inaugurale qui précède la manifestation de la gloire de Dieu, en Jésus.

Chez saint Jean, cette manifestation de la gloire de Dieu en Jésus, (ce n'est pas ‘les rois mages’ ;  il n'y en a pas chez saint Jean), ce sont les noces de Cana : premier grand signe, grand signe excellent qui manifeste la gloire ; on appelle ça une épiphanie, une manifestation de la gloire de Dieu.

Mais on serait chez Saint Matthieu, (comme ça va être le cas dimanche), on va avoir ce texte de la visite des mages qui sont témoins de cette gloire qui se manifeste à eux.

Chez saint Jean, cette manifestation de la gloire, dans les noces de Cana, est précédé par une semaine inaugurale.

On a le droit à chacun des jours ; donc aujourd'hui, on a le lendemain et demain on a encore le lendemain et après-demain on aura un autre jour et comme ça jusqu’à dimanche.

 

C'est une façon pour nous, d'ailleurs, de rythmer toute notre année ; (parce que je vous ai parlé d'une semaine), mais ça pourrait être valable pour toute l'année : si toute notre année était une préparation à la manifestation de la gloire de Dieu ; ce serait extraordinaire !

Imaginez : toute l'année on serait en marche comme des mages et que toute l'année on se prépare à voir cette manifestation.

 

Jésus nous est donné à voir, ce n'est pas nous qui le fabriquons par tous nos efforts au quotidien, dans nos bonnes œuvres, dans nos belles prières et dans notre vie en communauté.

Il se donne à voir à nous ; il se donne à voir à travers tout cela mais c'est lui qui est souverain, qui se donne à voir (il fait ce qu'il veut, à la limite !) ; eh bien complètement, d’ailleurs, il fait ce qu'il veut : il se donne à voir, il se manifeste.

 

Et si toute notre année pouvait être comme ça : chaque jour, un pas nouveau, fait vers cet événement extraordinaire de Jésus qui se donne à voir !

 C'est un des beaux vœux qu'on peut se faire en ce début d'année.

 

Et puis, nous avons saint Jean, le Baptiste qui nous parle : hier, il disait qu'il était témoin du Messie et aujourd'hui, il dit qu'il est témoin de la descente de l'Esprit Saint.

Il va parler dans ce petit extrait de l'Evangile de l’ "Agneau de Dieu".

Quand, toute à l'heure, je vous présenterai le Corps du Christ fractionné et qu’on chantera "Agneau de Dieu", on pourra penser à ce passage : "voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, c'est de lui que j'ai dit…".

 

L’agneau de Dieu, vous savez que c'est à la fois l’agneau pascal qui est offert en sacrifice pour le rachat d'Israël, dans l'Ancien Testament et (dans l'Ancien Testament, toujours), ce même agneau de Dieu, c'est le serviteur souffrant du livre d’Isaïe qui s'offre également, ‘tel un agneau, conduit à l'abattoir’ : il s'offre.

Ça nous fait penser à l’eucharistie et à la Passion.

 

Ensuite il dit : "j'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe", ça peut nous faire penser à la Pentecôte.

Nous avons deux moments importants, deux balises importantes sur notre route qui vont nous dire également, quelque chose de notre année à passer ensemble : on va avoir la Passion de Jésus et cette lente préparation à la Passion de Jésus et on va avoir cette autre balise importante de la Pentecôte, comme deux balises dans la vie de notre Eglise.

 

On peut être plein d'action de grâce pour cette manifestation dans nos vies, de la lumière de Jésus.

 

Demandons-lui qu'il vienne inscrire cette même foi, dans notre vie, que celle de saint Jean le Baptiste.